Note critique

La crise d’Octobre 1970… quarante ans plus tard[Record]

  • Guy Lachapelle

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Les événements d’Octobre 1970 continuent, même quarante ans plus tard, à passionner les historiens, politistes, journalistes ainsi que les membres des forces policières et de l’armée. « Octobre 2010 » aura donc vu divers auteurs et de nouveaux acteurs apparaître, qui chacun à leur manière nous ont dévoilé une partie de la « vraie » histoire, celle que les Québécois ont vécue au premier chef mais qui a aussi laissé des traces profondes dans la psyché du Canada anglais. Radio-Canada, pour ne pas être en reste, nous a également offert, les 23 et 24 septembre 2010, deux émissions spéciales d’une heure de Tout le monde en parlait ainsi qu’une série d’émissions sur la place de ces événements dans notre imaginaire collectif, la littérature et les arts. Faire la recension des ouvrages publiés quarante ans plus tard oblige donc à poser une seule question : qu’avons-nous appris de nouveau ? Pour le citoyen qui veut objectivement comprendre ce qui s’est vraiment passé en Octobre 1970, chacune des contributions de ce cru 2010 a certainement le mérite de nous replonger dans l’atmosphère de l’époque, de mieux saisir les causes de cette crise, de comprendre les tensions entre les partisans de la ligne dure et ceux qui privilégiaient la négociation entre le gouvernement du Québec et les ravisseurs, et entre ceux qui estimaient qu’il s’agissait d’abord et avant tout d’une crise québécoise. Pour d’autres cette crise demeurera toujours un moment charnière, une longue suite d’événements à travers lesquels le Canada a perdu pour toujours son innocence. Mais derrière le rideau de cette pièce historique aux multiples facettes, il y a eu aussi de nombreux drames personnels. Celui des 497 personnes emprisonnées en vertu du Règlement prévoyant des pouvoirs d’urgence pour le maintien de l’ordre public au Canada, mieux connu sous le vocable de la Loi des mesures de guerre, celui des familles de MM. Cross et Laporte et celui de l’entourage des ravisseurs. Pour les principaux acteurs publics de cette crise, c’est leur autorité qui était mise en cause ; certains jouèrent leur rôle avec brio et un sens aigu des responsabilités, d’autres avec la peur de voir certains de leurs privilèges disparaître, avec la crainte de voir des changements de société arriver plus tôt que prévu. Car ce qui s’est passé à la fin des années 1960 au Québec peut aussi s’évaluer à l’aune d’un monde en pleine effervescence. La lecture de tous ces ouvrages ne permet malheureusement pas de comprendre les causes sociales et politiques de cette crise même si Radio-Canada a essayé à travers l’une de ses émissions de se demander pourquoi les Paul Rose et autres n’avaient vu la porte de sortie face à une société qui minorisait les Québécois que dans la violence. La question « Why Men Rebel ? » posée par l’un de mes anciens professeurs, Ted Gurr, et qui repose sur l’hypothèse psychosociale d’une somme de frustrations et d’agressions pouvant culminer par des actes violents, demeure en partie sans réponse bien que le Manifeste du FLQ témoigne grandement du mécontentement et du fort sentiment d’inégalité qui régnaient à l’époque. Quand une société reste fermée sur elle-même et qu’elle offre peu d’espoir à certains groupes, un grand malaise s’installe. Les Éditions Lux nous ont offert trois textes essentiels pour bien comprendre Octobre 1970 : une nouvelle édition du Procès des Cinq et des rééditions du Manifeste du Front de libération du Québec ainsi que du livre de Francis Simard, Pour en finir avec Octobre, préfacé par Pierre Falardeau, qui décrit la séquestration et la mort de Pierre Laporte. Le contenu de ce livre a …

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