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Publié à l’occasion du 50e anniversaire du Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF), cet ouvrage atteint pleinement son objectif qui est de refléter les multiples volets du « plus ancien centre de recherche sur la littérature, la culture et l’histoire du Canada français » (p. 9). Objet de mémoire pour les nombreuses personnes qui l’ont fréquenté et qui le fréquentent encore, cette publication est agréable à lire et à feuilleter, car elle est agrémentée d’une riche iconographie issue du fonds d’archives du Centre. Outre les témoignages du fondateur, Paul Wyczynski, professeur de littérature d’origine polonaise qui, tout au long de sa carrière, a fait d’Émile Nelligan le sujet principal de ses recherches, et de Yolande Grisé, une autre littéraire, mais « de souche » canadienne-française cette fois, qui dirigea le Centre de 1985 à 1997, l’ouvrage se divise en quatre parties qui, tour à tour, traitent d’histoire, du fonds d’archives, des publications et de la communauté franco-ontarienne.

Malgré que le CRCCF ait eu des directeurs issus de disciplines variées, il demeure que son port d’attache est, depuis les tout débuts, le Département des lettres françaises. Les premiers projets de recherche concernaient essentiellement des auteurs canadiens-français tels qu’Émile Nelligan et François-Xavier Garneau avant de regrouper les recherches autour des genres littéraires. L’histoire a toujours été intégrée à ces projets, mais, au fil des ans, un plus grand décloisonnement des disciplines a permis de penser plus globalement la civilisation d’ici. Les années 1970-1980 virent l’éclatement du Canada français favorisant l’émergence d’identités plus circonscrites spatialement. Le Centre choisit alors de s’investir pleinement dans le développement des études sur l’Ontario français, alors en pleine expansion institutionnelle et culturelle. L’éventail de ses activités scientifiques s’élargit alors. Aux archives conservées par les professeurs-chercheurs, s’ajoutent celles de divers organismes dont l’Association canadienne-française d’Ontario, l’Ordre de Jacques Cartier, et de divers politiciens, artistes, écrivains, etc., qui ont oeuvré dans tout le Canada francophone et en Ontario français. On parle aujourd’hui de plus de 500 fonds.

Non content d’accueillir des documents archivistiques, le Centre en produit en quelque sorte. Il s’agit de la collection « Archives des lettres canadiennes ». Mise sur pied en 1959-1960, cette collection compte aujourd’hui treize titres. Publié chez Fides depuis 1972, chaque numéro traite d’un seul sujet à la fois : le roman, la poésie, le théâtre, la biographie, etc. Outre les études, on y trouve des témoignages – d’auteurs, de metteurs en scène ou de comédiens, par exemple –, et une bibliographie parfois très élaborée. Une mine de renseignements historiques et littéraires en somme ! Le dernier volet du programme du Centre est particulièrement intéressant pour les sociologues, il s’agit du lien tissé avec la communauté franco-ontarienne. Non seulement a-t-on mis sur pied une série de causeries, mais des chercheurs ont aussi présidé des groupes d’études et se sont regroupés en réseaux à la grandeur de la province ; « désormais, l’Ontario français constituerait le sujet de plusieurs projets de recherche et d’activités de diffusion » (p. 107). Parmi ces derniers, il y eut bien sûr des expositions, mais surtout, la publication de manuels scolaires. La population de son côté cédait volontiers ses archives. En 1993-1994, 20 % des 1 200 usagers du Centre venaient du grand public (p. 112) (aujourd’hui la proportion est de 30 %). C’est ainsi que, en 1997, lorsque l’existence même du Centre fut remise en question, la communauté franco-ontarienne, déjà aux aguets pour sauver l’Hôpital Montfort, monta de nouveau aux barricades : le Centre fut maintenu dans son intégrité (p. 113) et, depuis, il intensifie sa collaboration avec le milieu associatif de l’Ontario français. Cet ouvrage n’est pas du type essai comme on en voit habituellement dans les milieux universitaires. Il est un livre-souvenir, mais il a la propriété de nous inviter à devenir un usager du Centre, notamment si le Canada français et, surtout, l’Ontario français nous intéressent. La consultation de cette belle et brève publication donne un avant-goût de ce que l’on y trouvera. Son site WEB – http://www.crccf.uottawa.ca – vous informe des activités en cours.