Toute personne intéressée à découvrir où en est la sociologie de la jeunesse au Canada, curieuse de connaître quelles étapes elle a franchies et ce vers quoi elle se dirige lira ces actes à profit. Il s’agit, en effet, d’un bilan où apparaissent aussi bien les grandes conclusions auxquelles est parvenue cette sociologie que les grandes questions qui se posent à elle. Ce bilan, cependant, s’avère quelque peu éclaté, comme c’est souvent le cas dans ce genre de publication. L’« Introduction » de Madeleine Gauthier s’intitule « La recherche sur les jeunes au Canada ». Elle signale d’entrée de jeu le problème de définition qui caractérise l’objet de la sociologie de la jeunesse : s’il est de plus en plus reconnu que la jeunesse constitue maintenant cette période qui « suit l’adolescence », le moment où elle se termine, lui, s’étire dans les sociétés postindustrielles avec, entre autres, l’allongement du temps qui est consacré à l’éducation et les difficultés qui sont liées à l’insertion sur le marché du travail. L’introduction examine les travaux canadiens et les distingue selon qu’ils ont été effectués en anglais ou en français. D’abord, l’auteure note une tendance à l’interdisciplinarité. Ensuite, elle observe qu’une forte proportion des recherches se subdivise en deux catégories, celles qui se penchent sur les « problèmes » et celles qui ont trait à « l’insertion professionnelle » ; la première catégorie pratiquée davantage par les anglophones, la seconde, par les francophones. Le chapitre I, écrit par Dianne Looker, Lesly Andres, Paul Anisef, Harvey Krahn, Victor Thiessen et Pamela Magee, s’intitule : « Études et emploi selon le sexe : d’après une recherche longitudinale sur les jeunes au Canada anglais de 1970 à 1990 ». Il confirme des tendances connues. Pour ce qui est des aspirations éducationnelles, la recherche observe qu’il y a peu de différence entre les garçons et les filles ; elle relève, cependant, que, des années soixante-dix aux années quatre-vingt, une proportion légèrement plus grande de filles se destine aux études universitaires (de 36 % à 45 %) et, en contrepartie, la proportion chez les garçons baisse (de 41 % à 37 %). Comme bien d’autres études, cette enquête fait apparaître une augmentation générale des niveaux d’aspiration. En ce qui a trait aux aspirations professionnelles, elle fait état de la persistance des modèles traditionnels en fonction des sexes, les métiers suscitant la préférence des hommes, les emplois de bureau, celle des femmes. Les changements qu’a connus la structure des occupations au cours des années soixante-dix et quatre-vingt se sont produits plus particulièrement chez les femmes. Cette étude longitudinale montre que les femmes qui possèdent une formation universitaire ont, durant les années quatre-vingt, réussi aussi bien que les hommes, mais que ce n’est pas le cas pour les femmes les moins instruites. Le chapitre II porte sur les jeunes « à risque » au Canada anglais, écrit par Katharine Kelly et Tullio C. Caputo. Le texte, fondé sur une revue bibliographique, met en évidence les conclusions paradoxales de la recherche sur les jeunes de la rue. D’une part, celle-ci présente ces jeunes comme victimes, parce que la société les marginalise, souvent violemment et, d’autre part, elle les décrit comme agresseurs, à cause de la violence qu’ils manifestent parfois. Les auteurs concluent que la sociologie ne dispose probablement pas de l’appareil conceptuel pour comprendre adéquatement la réalité des jeunes de la rue, jeunes « à risque ». Madeleine Gauthier signe le chapitre III, « Les représentations sociales de la jeunesse chez les sociologues de langue française au Canada ». Elle y explique la manière dont les sociologues ont dépeint les jeunes, …
Madeleine Gauthier et Diane Pacom (dirs),Regard sur... La recherche sur les jeunes et la sociologie au Canada, Sainte-Foy, Éditions de l’IQRC, 2001, 169 p. (Regards sur la jeunesse du monde.)[Record]
…more information
Simon Laflamme
Département de sociologie,
Université Laurentienne.