Comptes rendus

Marcien Ferland, Au temps de la Prairie. L’histoire des Métis de l’Ouest canadien racontée par Auguste Vermette, neveu de Louis Riel, Saint-Boniface, Les Éditions du Blé, 2000, 143 p.[Record]

  • Linda Cardinal

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  • Linda Cardinal
    Département de science politique,
    Université d’Ottawa.

Ce livre de Marcien Ferland, ethnologue et folkloriste réputé, est aussi celui de Auguste Vermette, neveu de Louis Riel. Comme l’indique le sous-titre, l’ouvrage présente l’histoire des Métis de l’Ouest racontée par un de ses enfants, Auguste Vermette. Les témoignages que l’on retrouve dans ce livre ont d’abord été recueillis par M. Ferland, de 1985 à 1986, en vue d’être publiés dans l’hebdomadaire franco-manitobain, La liberté. L’auteur a ensuite décidé de les regrouper sous la forme d’un livre en hommage à son informateur et au peuple métis. Le livre se divise en trois parties. La première porte sur « la vie au jour le jour au temps de la Prairie ». On y apprend une foule de détails sur la vie des Métis, sur leur façon de s’habiller, de se nourrir, de voir à leur hygiène, à la construction des maisons, de gérer les fréquentations et les mariages. Les sages-femmes occupent une place d’honneur dans cet ouvrage. La deuxième partie du livre porte sur le temps des grandes chasses. Notre informateur nous fait carrément revivre les expéditions des Métis dans la Prairie, au moment de la chasse au bison. Il raconte les détails de la préparation et de l’organisation du voyage. Il explique, notamment les règles de conduite à suivre avant le départ, pendant le voyage et les défis que les hommes avaient à relever une fois la chasse commencée. Rien ne semblait plus important et excitant pour un Métis que d’aller chasser le bison. La troisième partie présente l’histoire de la Rivière-Rouge. Telle que racontée par A. Vermette, cette histoire prend une tout autre allure que celle présentée dans les ouvrages savants. Sa source principale est le souvenir de son père, Toussaint Vermette. Or, selon A. Vermette, son père ne lui racontait que des bouts d’histoire. Pour cette raison, il a décidé de tout rapiécer et de tisser sa propre trame historique, son propre récit de l’histoire de son peuple. L’esprit vif, il rappelle le moment déclencheur des Rébellions, lorsque les Métis ont eu à faire face au rêve de John A. Macdonald incarné par la présence de ses arpenteurs unilingues anglais sur leurs terres. Ces derniers étaient venus mesurer les terres le long des lots de rivières afin de les diviser en carrés. Les gens, habitués à vivre le long des rivières, ont eu très peur à la vue des arpenteurs. Ils ont craint également d’être parqués dans des réserves, comme les Indiens. Ils ont cru, avec raison, qu’ils allaient perdre leurs terres, d’autant plus que les arpenteurs refusaient de leur parler. Selon Vermette, le premier à aider les Métis à se défendre contre les fonctionnaires du gouvernement canadien a été Mgr Ritchot, le seul, selon lui, qui comprenait leurs revendications. Mais c’est Louis Riel, un Irlandais, dont le nom était d’abord O’Rielly, qui a pris la situation en main afin de repousser les arpenteurs. Nous connaissons bien la suite de l’histoire. Vermette nous l’a transmise à nouveau mais avec les particularités du quotidien que peuvent souvent oublier ou négliger les ouvrages savants. Ainsi, il raconte, dans le détail, les rivalités entre les familles métis au moment des Rébellions, l’absence de solidarité entre les Métis et les Canadiens français, mais la solidarité entre les Métis et les colons écossais de Selkirk, situés dans le nord du Manitoba, que les Orangistes ont pourtant tenté de rallier à leur cause. Pour le lecteur francophone, l’absence de reconnaissance des Métis par les Canadiens français de l’époque peut surprendre. Habitués à associer la lutte pour la survie du français dans l’Ouest à celle des Canadiens français, Vermette explique que ceux-ci ne …