Volume 6, Number 2, 1965
Table of contents (14 articles)
Articles
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La génération de la Relève
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L'échec du mouvement insurrectionnel, 1837-1839
Fernand Ouellet
pp. 135–161
AbstractFR:
Le mouvement insurrectionnel de 1837-38 a été interprété de multiples façons. Certains historiens y ont vu le fruit d'une poussée subite de colère et d'indignation, évidemment non préméditée, qui aurait été déclenchée par les résolutions de Lord Russell qui violaient un principe constitutionnel. Cette vue des choses nous paraît assez peu conforme à la mentalité canadienne-française. Le recours spontané aux armes n'a jamais été le moyen de prédilection utilisé par les Canadiens français pour réaliser leurs objectifs collectifs ou pour faire valoir leurs réclamations. La Fontaine qui les connaissait bien disait que leur arme principale était l'inertie et, ajoutons-le, l'agitation verbale. Les insurrections ne s'expliquent principalement ni par une réaction spontanée ni par le souci de défendre des principes, soit politiques, soit constitutionnels. La masse paysanne ne vivait pas encore à l'âge du libéralisme ni à celui de la démocratie.
D'autres historiens, parfois les mêmes, ont parlé d'aboutissement logique d'un long conflit politique et constitutionnel, par conséquent non nationaliste en ses dimensions principales mais ultimement de portée nationale. Quelques-uns cependant, tel Filteau, n'ont pas hésité à postuler le caractère nationaliste des troubles de 1837-38. On a aussi parlé d'explosion de caractère réformiste ; on a opéré un rapprochement avec le mouvement chartiste anglais, avec celui de la démocratie jacksonnienne ; finalement, on a annexé à une même réalité les insurrections des deux Canadas.
On a voulu montrer par là qu'il s'agissait en définitive d'abattre des oligarchies coloniales afin de promouvoir un système colonial édifié sur des bases plus libérales. En somme, le phénomène insurrectionnel, pour autant que ses origines réelles, son caractère, son ampleur et ses conséquences sont mis en cause, a été simplifié à l'extrême. On ne doit pas non plus oublier les condamnations systématiques, appuyées sur le droit canon et les préceptes moraux, dont ce mouvement a été l'objet de la part de nombreux historiens. À cet égard, Chapais fait figure de modèle. Il est parvenu à surclasser bien des historiens-clercs sur leur propre terrain, soit, celui de la ferveur moralisante. Que beaucoup de ces interprétations soient partiellement justes, on l'admettra volontiers. Mais ce qui, dans l'ensemble, fait le plus défaut, c'est une perspective globale qui restitue à ce phénomène son sens et sa complexité.
Il nous paraît évident que si le mouvement insurrectionnel n'avait eu que des racines politiques, même lointaines, il n'aurait pas eu lieu. Il est non moins clair que s'il n'avait engagé que des principes abstraits, il n'aurait en aucune façon mobilisé la masse rurale, pas plus, du reste, que les professions libérales. La crise qui prépara l'explosion insurrectionnelle était d'abord économique et sociale avant d'être politique. La crise agricole, les tensions démographiques et sociales, la situation particulièrement critique des professions libérales, sont les fondements principaux de la réaction nationaliste qui mobilise certaines élites et rallie une portion importante de la masse. On ne niera pas non plus l'influence des idéologies autres que le nationalisme. Nous avons déjà dit pourquoi elles ont fait intrusion dans la société canadienne-française et quelles fonctions elles y ont assumées. Le libéralisme français et anglais, le radicalisme britannique, la démocratie jeffersonnienne et jacksonnienne ont, tour à tour et à des degrés divers, influencé les élites politiques en fonction même des besoins qui leur étaient propres. Mais ces courants idéologiques n'ont jamais rejoint la masse rurale pas plus que la minorité ouvrière. Au total, on dira que ces systèmes de valeurs et de pensée demeurent tributaires des fins poursuivies par l'idéologie dominante, le nationalisme. Ajoutons qu'avant de s'exprimer dans deux insurrections successives, la réaction nationaliste, parce qu'elle visait au contrôle des structures politiques au profit des professions libérales et de la nationalité canadienne-française, s'affirme au niveau politique. A partir de 1806, les conflits politiques s'enracinent en même temps que les malaises économiques, les pressions démographiques et les tensions sociales. De temps à autre, en regard même des améliorations passagères survenues dans l'un ou l'autre secteur, on assiste à un amenuisement relatif des conflits. Même si l'initiative majeure appartient à l'économique, l'interdépendance des différents niveaux d'activité éclate à chaque instant. Il en est de même de la mentalité et des oscillations de la psychologie collective qui se situent en regard même de ce contexte global. L'heure est au pessimisme, aux visions tragiques et à l'agressivité. G.-J. de Lotbinière écrira en 1852 : « Il me semble que nous sommes dans un âge où l'on sent plus vivement qu'autrefois. Nos Pères savaient conserver jusqu'à la fin leur vivacité et leur gaieté malgré toutes les vicissitudes de la vie, maintenant nous prenons tout au sérieux : vie intime, vie publique. Nos blessures ne se cicatrisent plus. À qui la faute ? ». On ne doit pas oublier non plus le rôle capital des personnalités dominantes, en particulier le rôle de Papineau. Ce dernier est à la fois le reflet de la situation, un de ses principaux définisseurs et l'instrument par lequel s'exprime la réaction nationaliste. Ses ambitions, ses intérêts et surtout sa personnalité en font l'homme de cette réaction Arrivé à la tête du mouvement nationaliste pour toutes sortes de motivations, il parvient à en conserver la direction pendant près de vingt-cinq ans. Après 1830, il forme même le projet de devenir président d'une république canadienne-française indépendante ou rattachée à l'Angleterre par des liens fort ténus.
Mais Papineau était l'homme de l'opposition, de l'obstruction systématique et de l'agitation verbale. Il n'était pas taillé pour l'action. Idéaliste, doctrinaire, indécis, profondément tiraillé entre des tendances contraires, son royaume était la Chambre d'Assemblée. Il était davantage un symbole que l'animateur d'un mouvement révolutionnaire. En somme, rien ne le prédisposait, si ce n'est son ambition et la fidélité au mythe qu'il incarnait, à être le chef d'une insurrection et à le demeurer malgré tout. Pourtant ses attitudes politiques conduisaient directement à une prise d'armes.
L'obstruction systématique qu'il pratique après 1831-32 et l'intransigeance de ses revendications ne pouvaient avoir d'autre issue à moins que l'Angleterre et la minorité britannique du Bas-Canada ne consentissent à des concessions globales. Or, l'une et l'autre se refusent absolument à envisager cette option. Au moment où débute l'année 1837, les conflits politiques paraissent insolubles. En somme, les insurrections de 1837-38 seraient l'aboutissement logique d'un ensemble de facteurs, dont certains jouaient depuis les premières années du XIXe siècle. Est-ce à dire que cela suffisait à garantir le succès de l'opération ?
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La connaissance politique de Montréal : bilan et perspective
Guy Bourassa
pp. 163–179
AbstractFR:
C'est par un curieux paradoxe que l'un des secteurs les plus importants de la vie politique, du moins dans la société américaine, a été presque entièrement négligé par les chercheurs jusqu'à une époque toute récente. Il y a à peine sept ans qu'un politicologue faisait paraître, dans l 'American Political Science Review, un article intitulé « The Lost World of Municipal Government ». Une fausse et tenace division du travail n'avait voulu voir jusque-là dans le gouvernement municipal, fût-il aussi vaste que celui de New-York, qu'une entité administrative, la véritable politique se jouant à un niveau supérieur. Ainsi, pendant de longues années, les chercheurs se sont-ils satisfaits d'étudier l'aspect administratif, dans une perspective d'ailleurs nettement orientée vers une réforme visant surtout à introduire une certaine éthique dans des comportements politiques où, jusque-là, le boss symbolisait tout un système. Au mieux, tous ces travaux aboutirent à considérer la vie d'une grande ville de la même manière que celle d'une entreprise et à lui appliquer les mêmes critères d'économie et d'efficacité. C'est en ce sens que l'on peut qualifier de sous-développée cette importante partie de la recherche politique. Des caractéristiques fondamentales de la vie urbaine, telles la définition de la démocratie à ce niveau, la formation d'une communauté, l'activité des groupes d'intérêt, bref, ce qui constitue l'essentiel du phénomène politique : les relations de pouvoir et d'influence, n'a presque pas été abordé.
Pourtant, la science politique progressait et déplaçait son centre d'intérêt de la seule étude des institutions politiques vers l'examen du comportement et de la structure d'autorité à tous les niveaux : dans un parti politique, au sein d'un comité ministériel, dans un puissant groupe d'intérêt. En même temps, la rapide croissance des milieux urbains interdisait de ne pas tenir compte de la complexité du problème. La nécessité, une fois de plus, allait susciter des travaux importants : le problème de la banlieue, la faiblesse du vote dans les grandes villes, l'unification des structures municipales dans un ensemble métropolitain, pour ne citer que ces trois questions, furent à l'origine de recherches qui représentent maintenant des étapes majeures dans le progrès de la science politique et même, de la façon la plus large, vers l'élaboration d'une théorie politique générale. On assiste donc depuis quelques années à une véritable explosion dans ce domaine. Floyd Hunter a ouvert la voie en 1953, mais c'est depuis cinq ans surtout que les travaux se sont multipliés, à tel point que ce secteur est aujourd'hui devenu, sans aucun doute, l'un des principaux champs de la science politique. Un peu partout, d'importants projets de recherche sont mis en œuvre aux États-Unis : à Chicago, à New-York, à Saint-Louis, à New-Haven, et chaque trimestre apporte sa moisson d'articles sur la vie politique, entendue cette fois au sens le plus large, des grandes villes.
Comment, par rapport à cette évolution, se situe l'étude politique de Montréal ? La première impression, et elle s'avère malheureusement trop juste, indique que le retard est ici considérable. L'importante bibliographie publiée en 1961 sur les « Matériaux pour une sociologie politique du Canada français » ne mentionne qu'une étude proprement académique sur le Montréal politique. Pourtant, dans certains secteurs, divers travaux ont été entrepris et menés à bonne fin. Il y a donc lieu d'établir le bilan de la recherche réalisée jusqu'ici pour mieux faire ressortir tout ce qui a été laissé de côté. Après avoir identifié les tâches à entreprendre, nous serons amenés à proposer, en nous appuyant sur l'importante contribution américaine, les éléments d'un plan général de recherches sur la vie politique montréalaise.
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Les dimensions sociologiques du vote créditiste au Québec
Vincent Lemieux
pp. 181–195
AbstractFR:
Le propos de cet article est de montrer qu'une étude du vote créditiste au Québec, dans la tradition de la sociologie électorale française, peut éclairer ce qui demeure plus ou moins caché à d'autres voies d'analyse, à condition toutefois de ne négliger aucune dimension de ce vote. Nous considérerons les élections fédérales de 1962 et de 1963. Quant à la méthode suivie et aux techniques utilisées, elles sont très sommaires : il s'agit de montrer ici l'utilité d'une approche, quitte à en raffiner plus tard la méthode et les techniques.
Comptes rendus
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Fernand DUMONT, Pour une conversion de la pensée chrétienne
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Edmond de NEVERS, L'avenir du peuple canadien-français
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John PORTER, The Vertical Mosaic
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André VACHON, Histoire du notariat canadien, 1621-1960
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John MEISEL, ed., Papers on the 1962 Election : Fifteen Papers on the Canadian General Election of 1962
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André RAYNAULD, Institutions économiques canadiennes
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Claude FRANCIS et Sibylle SINVAL, L'évolution de la civilisation canadienne d'après les témoins
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Roland LAMONTAGNE, Succès d'intendance de Talon
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John and Irma HONIGMANN, Eskimo Townsmen