FR:
À la conception largement répandue dans le grand public que «l’accent» québécois reflète surtout les usages linguistiques des dialectes ruraux des provinces d’origine des colons du xvii e siècle, on opposera ici une analyse des traits de prononciation qui caractérisent cet accent. Ce sont surtout la prononciation des mots outils, les valeurs spécifiques des allophones, la base d’articulation, la prosodie et l’intonation qui établissent les caractéristiques phonétiques dominantes d’un «accent» particulier. Celles-ci sont cependant très fluctuantes au cours de l’histoire et peuvent difficilement être rapportées aux usages anciens. Seules les distributions des distinctions phonémiques suffisamment fréquentes permettent des comparaisons historiques. Dans presque tous les cas, l’usage québécois moderne reflète les usages parisiens — souvent ceux de la norme — du xviie siècle, plutôt que les patois ou les français de l’Ouest de la France.
EN:
Does the modern Québec French «accent» really reflect the dialects of the Western French provinces from which many earlier settlers originated, as popular belief would have it? The pronunciation of frequent function words, the allophonic realization of phonemes, the basis of articulation, the specifics of prosody and intonation are the constitutive clues of a given «accent». These are however subject to frequent fluctuation in the course of time and cannot be easily related to earlier linguistic habits. Only the evolution of phonemic distributions that are frequent enough to characterize specific accents may be used to establish their historical sources. In most such cases, modern Québec habits have been inherited from seventeenth-century standard — and less frequently colloquial — Parisian usage, not from other dialectal and regional standard varieties elsewhere.