Revue québécoise de linguistique
Volume 25, Number 2, 1997
Table of contents (5 articles)
Articles
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S’opposer dans une conversation à quatre : de quelques moyens
Astrid Berrier
pp. 13–33
AbstractFR:
Cet article traite, à partir d’un corpus de conversations à quatre personnes d’origine québécoise, dans une perspective d’analyse conversationnelle, de quelques moyens pour marquer l’opposition en conversation naturelle. Les résultats montrent que les participants (hommes, femmes) préfèrent se lancer sur une piste sécurisante quand il s’agit de s’opposer, cf. l’emploi de marqueurs qui ont l’air d’avoir un sens positif (wouin), et donner certaines explications avec des reprises, des répétitions... plutôt que d’énoncer un non trop catégorique et, par là-même, menaçant pour la « face » des divers participants et pour l’équilibre de la situation. Enfin, les participants préfèrent l’attente, le non-dit ou l’évitement plutôt que l’emploi d’un non catégorique menant à la confrontation.
EN:
Based on a study of four-party conversations among people of Québécois origin, this paper addresses the various means of expressing opposition in natural conversation from a conversational analysis perspective. The results of the study show that the participants preferred to adopt an unthreatening approach when expressing opposition. For example, instead of expressing a categorical "no", which might cause an interlocutor to lose face and destabilize the situation, the participants used markers that appear to have a positive meaning (e.g. wouin) and provided explanations using repetitions, enumerations, etc. The study also reveals that participants preferred waiting, remaining silent or being evasive rather than expressing a categorical "no" which could lead to confrontation.
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Étude sociolinguistique de quelques caractéristiques des emprunts à l’anglais par des franco-américains du Massachusetts
Jacinthe Dupuis
pp. 35–61
AbstractFR:
On entend souvent dire que le français parlé par les Franco-Américains comporte un grand nombre d’anglicismes. L’étude d’un corpus recueilli auprès de 25 locuteurs franco-américains du Massachusetts permet de quantifier plus précisément la situation. On constate que le nombre d’emprunts à l’anglais dans le discours français est comparable à plusieurs points de vue à celui d’autres communautés francophones minoritaires en Amérique du Nord, soit en général moins de 1 %. De plus, on observe un certain degré de variation sociologique, les hommes empruntant davantage que les femmes, tout comme les plus âgés par rapport aux plus jeunes. Quoique très limitée, cette analyse exploratoire indique que des perceptions et des jugements parfois subjectifs demandent une étude plus approfondie et à partir de données nombreuses et représentatives.
EN:
French spoken by Franco-Americans is often considered full of anglicisms. This analysis of recordings gathered from 25 Franco-Americans living in Massachusetts allows us to quantify more precisely that influence of English in French's natural discourse. Our results show that the rate of borrowed forms from English (less than 1% for most speakers) is similar to those in other French speaking communities in North America. Variation can be found at the social level between men and women and, older speakers also show a tendency to borrow more than younger. This preliminary investigation can only sketch a tendency but emphasize the need for a extensive study based on natural occurring data.
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Les modèles de représentation syllabique, l’analyse du redoublement et la condition de satisfaction
Emmanuel Nikiema
pp. 63–97
AbstractFR:
Au cours de la dernière décennie, le modèle hiérarchisé de la syllabe à été remis en question en faveur d’une représentation morique de la syllabe sans unités temporelles et sans structure interne en constituants. Le redoublement a été l’un des phénomènes utilisé dans les travaux pour alléguer la supériorité du modèle morique sur le modèle hiérarchisé. Nous présentons, à partir d’une analyse des patrons de redoublement du ponapéen, une évaluation des deux modèles de représentation syllabique. Il ressort de l’analyse que, pour rendre compte de certains faits de redoublement, le modèle morique doit incorporer les positions temporelles, des positions vides et assigner un statut de constituant à l’attaque. Nous rejetons ainsi la condition de satisfaction qui interdit les positions vides pour introduire la contrainte de satisfaction structurale comme condition de légitimation des relations prosodiques.
EN:
Since the last decade, the hierarchical theory of the syllable has been questionned. A moraic representation without both timing units and internal structure for constituents has been proposed. Reduplication is a phenomenon often used to demonstrate the superiority of moraic models over hierarchical ones. We present an evaluation of those two models of syllablic representation based on an exhaustive analysis of Ponapean reduplicative patterns. It appears that the moraic approach has to resort to timing units, empty positions and assign a constituent status to the onset. Finally, we show that the requirement that all prosodic units be licensed (satisfaction condition) is too restrictive. We propose a Structural Licensing Constraint as a well-formedness condition on prosodic structures (relations).
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Négation, interrogation et accord spécificateur-tête
Daniel Valois
pp. 99–120
AbstractFR:
Dans cet article, je propose, dans un premier temps, des explications concernant certaines asymétries entre constructions négatives et constructions interrogatives qui paraissent problématiques pour les différentes analyses qui préconiseraient le déplacement des quantificateurs négatifs en Forme Logique, réaffermissant ainsi la proposition de plusieurs chercheurs à l’effet qu’il existe un parallèle étroit entre constructions interrogatives et constructions négatives. Ceci m’amènera, dans un deuxième temps, à traiter des phrases négatives à interprétation écho. Nous verrons que ces constructions ont des propriétés syntaxiques et distributionnelles semblables à celles des questions écho, parmi lesquelles on compte la propriété de pouvoir contenir le quantificateur dans des positions qui sont généralement réfractaires au déplacement.
EN:
In this article, I begin by proposing an account of some apparent asymmetries between interrogative and negative constructions which appear, at first sight, problematic for movement analyses of sentence negation, therefore allowing us to retain the widely accepted view that there is a parallel between the two types of constructions. This will lead me to discuss a lesser known variety of negative sentences, i.e. echo negative sentences. It will be shown that these constructions share a number of syntactic and distributional properties with echo wh-questions, among which the ability to allow quantifiers to appear in contexts which generally block overt movement.