Abstracts
Résumé
Les clitiques et les affixes, comme on l’a souvent observé, proviennent d’anciens morphèmes lexicaux. En français, une particule interrogative s’est développée d’une façon tout à fait inusitée, c’est-à-dire à partir de la fusion de la consonne finale d’un verbe avec le pronom de la troisième personne du singulier, et cet élément s’est propagé graduellement aux autres personnes sous l’effet de divers processus phonologiques, syntaxiques et analogiques. Bien que ce ti soit devenu obsolète en français hexagonal, son substitut tu est toujours très vivant en français canadien, la construction sujet + verbe + tu s’avérant la façon la plus usuelle de formuler des interrogations fermées dans ce dialecte. En dépit de tout ce qu’on sait sur l’histoire de ce morphème, cependant, on n’en est pas encore arrivé à en déterminer le statut grammatical précis. Or les critères que l’on a proposés depuis quelques années pour distinguer entre les clitiques et les affixes semblent indiquer que ce morphème est effectivement un suffixe.
Abstract
Clitics and affixes are known to originate from erstwhile independent words. In French, a question marker has developed in a most peculiar way through the combination of a verb-final consonant and the third person masculine singular pronoun, and has gradually spread to other persons through a singular series of phonological, syntactic and analogical processes. Although this ti is now all but moribund in Continental French, its offshoot tu is alive and well in Canadian French, the construction subject + verb + tu having become the most usual way of formulating yes-no questions in this dialect. Despite the long history of ti/tu, however, its exact grammatical status has yet to be established. Various criteria that have been proposed in recent years to distinguish clitics from affixes would seem to indicate that this morpheme should be properly classified as a suffix.