Volume 35, Number 2, 2022
Table of contents (14 articles)
Études
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Mythes, erreurs et paradoxes dans l’interprétation de la règle de conflit sur les obligations non contractuelles
Naivi Chikoc Barreda
pp. 1–26
AbstractFR:
Ce texte contient une réflexion critique de l’interprétation de l’article 3126 du Code civil du Québec (CcQ) qui domine dans la jurisprudence québécoise. Le raisonnement préconisant la primauté de la lex loci delicti fondé sur le mythe de la territorialité des lois dans ce domaine révèle une conception dépassée de la responsabilité civile. La justification territorialiste basée sur l’arrêt Tolofson contredit le fondement de la règle de conflit en la matière, qui repose sur la proximité et la prévisibilité de la loi applicable au rapport délictuel. Les arrêts analysés démontrent que le recours à la lex loci delicti s’est avéré l’instrument pour éviter certains résultats perturbateurs, notamment l’application éventuelle d’une pluralité de lois. Le territorialisme est ainsi instrumentalisé au détriment de la solution codifiée par le législateur. Il en résulte un renversement de l’ordre des critères de rattachements prévu à l’article 3126 du CcQ motivé par des erreurs et des paradoxes interprétatifs que l’auteure se propose de dévoiler et de corriger.
EN:
This paper provides a critical reflection on the interpretation of article 3126 of the Civil Code of Quebec (CcQ) that dominates Quebec jurisprudence. The reasoning supporting the primacy of the lex loci delicti, based on the myth of the territoriality of laws in this field, reveals an outdated conception of civil liability. The territorial rationale based on Tolofson contradicts the foundation of the conflict rule in this matter, which is based on the proximity and foreseeability of the law applicable to the tort. The decisions reviewed show that recourse to the lex loci delicti has proved to be the tool for avoiding certain disruptive results, notably the possible application of multiple laws. Territorialism is thus used to the detriment of the solution codified by the legislator. As a result, the order of connecting factors set out in article 3126 CcQ is reversed, leading to interpretative errors and paradoxes that the author intends to identify and resolve.
ES:
Este artículo ofrece una reflexión crítica sobre la interpretación del artículo 3126 del Código Civil de Quebec (CcQ) que domina la jurisprudencia quebequense. El razonamiento que sustenta la primacía de la lex loci delicti, basado en el mito de la territorialidad de las leyes en este ámbito, revela una concepción obsoleta de la responsabilidad civil. La lógica territorial basada en Tolofson contradice el fundamento de la norma de conflicto en esta materia, que se basa en la proximidad y previsibilidad del derecho aplicable al hecho ilícito. Las decisiones analizadas muestran que el recurso a la lex loci delicti ha demostrado ser la herramienta para evitar ciertos resultados perturbadores, en particular la posible multiplicidad de leyes aplicables. Se utiliza así el territorialismo en detrimento de la solución codificada por el legislador. En consecuencia, el orden de los puntos de conexión previsto en el artículo 3126 del CcQ se invierte, dando lugar a errores interpretativos y paradojas que la autora pretende identificar y resolver.
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D’une gestion de crise à une gestion internationale concertée des migrations : la nécessaire évolution vers un droit international de la migration
Olivier Delas and Baptiste Jouzier
pp. 27–61
AbstractFR:
Les États analysent le phénomène migratoire international comme traversé par une succession de « crises » et, face à ce constat, ils entendent trouver des réponses à ces dernières, renforçant pour cela la coopération internationale. Si la proposition d’une réponse est, en soi, un progrès, l’idée de « mieux gérer » les différentes crises correspond selon nous à une erreur de compréhension du phénomène. La prise d’un pas de recul permet de constater que le phénomène de « crises successives » peut en réalité être analysé comme une crise globale, continue, de la gestion internationale du phénomène migratoire. Par la mobilisation du concept de creeping crisis, issue des sciences politiques, et l’étude de la réponse migratoire apportée à trois crises (crise de la COVID-19, crise syrienne, crise ukrainienne), cet article entend démontrer l’existence d’une creeping crisis, résultant de l’approche actuelle de la gestion des migrations internationales. Il est avancé que la crise s’explique notamment par une inertie des États et de la communauté internationale à adopter un cadre de coopération prévisible et fondé sur le droit, le cadre de gouvernance amorcé en 2016 et 2018 demeurant encore trop limité. Dans ce contexte, une réflexion sur la place devant revenir au droit international dans l’élaboration d’une approche internationale de la gestion des migrations est proposée.
EN:
States analyze the international migratory phenomenon as a series of “crises”. They intend to find specific solutions to these “crises”, reinforcing international cooperation to this end. While proposing a response is in itself a step forward, the idea of “better managing” the various crises is, in our view, a misunderstanding of the phenomenon. If we take a step back, we can see that the phenomenon of “successive crises” can in fact be analyzed as a global, ongoing crisis in the international management of migration. Using the political science concept of creeping crisis and examining the migratory response to three crises (the COVID-19 crisis, the Syrian crisis and the Ukrainian crisis), this article sets out to demonstrate the existence of a creeping crisis resulting from the current approach to managing international migration. It is argued that the crisis can be explained in particular by the inertia of States and the international community in adopting a predictable, law-based framework for cooperation, the governance framework initiated in 2016 and 2018 being too limited. Against this backdrop, we offer a discussion on the role that international law should play in developing an international approach to migration management.
ES:
Los Estados analizan el fenómeno de la migración internacional afectado por una sucesión de “crisis” y, ante esta observación, pretenden encontrar respuestas a ellas, fortaleciendo así la cooperación internacional. Si la propuesta de respuesta es, en sí misma, un progreso, la idea de “gestionar mejor” las diferentes crisis corresponde, en nuestra opinión, a un error en la comprensión del fenómeno. Un paso atrás nos permite ver que el fenómeno de las “crisis sucesivas” puede en realidad analizarse como una crisis global y continua de la gestión internacional del fenómeno migratorio. Al movilizar el concepto de crisis progresiva, desde las ciencias políticas, y el estudio de la respuesta migratoria dada a tres crisis (crisis de COVID-19, crisis siria, crisis ucraniana), este artículo pretende demostrar la existencia de una crisis progresiva, resultante del enfoque actual de la gestión de la migración internacional. Se argumenta que la crisis se explica, en particular, por la inercia de los Estados y de la comunidad internacional al adoptar un marco de cooperación predecible y basado en el derecho, mientras que el marco de gobernanza iniciado en 2016 y 2018 sigue siendo limitado. En este contexto, se propone una reflexión sobre el lugar que debe darse al derecho internacional en el desarrollo de un enfoque internacional para la gestión de la migración.
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Les États du Sahel ont-ils un droit à la solidarité internationale ?
Awalou Ouedraogo
pp. 63–92
AbstractFR:
La notion de solidarité internationale demeure une vexata questio en droit international. Elle suscite toujours un débat au sein de la doctrine avec le processus d’humanisation progressive de l’ordre juridique international. Elle découle de la sociabilité naturelle de l’homme et implique une communauté de responsabilités et d’intérêts entre les individus, les peuples, les nations et les États. La solidarité internationale est une valeur fondamentale, en vertu de laquelle les défis mondiaux doivent être gérés de manière à répartir les coûts et les charges de façon équitable, conformément aux principes fondamentaux d’équité et de justice sociale. Cet article montre que la solidarité est un principe ontologiquement rattaché à la doctrine classique des droits imparfaits et s’enracine dans l’éthique moderne utilitariste avec pour corollaire l’impératif hypothétique. Il montre également que, sur le plan de la normativité internationale, la solidarité est un principe général du droit international qui a progressivement joué un rôle de catalyseur à l’émergence d’un véritable droit des peuples et des individus à la solidarité internationale.
EN:
The concept of international solidarity remains a vexata questio in international law. It still gives rise to a doctrinal debate with the process of progressive humanization of the international legal order. It derives from the natural sociability of man and implies a community of responsibilities and interests between individuals, peoples, nations and States. International solidarity is a fundamental value, according to which global challenges must be managed in such a way that costs and burdens are shared equitably, in accordance with the fundamental principles of equity and social justice. This paper shows that solidarity is a principle ontologically connected to the classical doctrine of imperfect rights and rooted in modern utilitarian ethics with the corollary of the hypothetical imperative. It also shows that, in terms of international normativity, solidarity is a general principle of international law that has progressively played a catalytic role in the emergence of a genuine right of peoples and individuals to international solidarity.
ES:
La noción de solidaridad internacional sigue siendo una vexata quaestio en el derecho internacional. Siempre da lugar a un debate dentro de la doctrina con el proceso de humanización progresiva del orden jurídico internacional. Surge de la sociabilidad natural del hombre e implica una comunidad de responsabilidades e intereses entre individuos, pueblos, naciones y Estados. La solidaridad internacional es un valor fundamental, según el cual los desafíos globales deben gestionarse de manera que se distribuyan los costos y las cargas de manera equitativa, de acuerdo con principios fundamentales de equidad y justicia social. Este artículo muestra que la solidaridad es un principio ontológicamente vinculado a la doctrina clásica de los derechos imperfectos y tiene sus raíces en la ética utilitarista moderna con el imperativo hipotético como corolario. También muestra que, en términos de normatividad internacional, la solidaridad es un principio general del derecho internacional que gradualmente ha desempeñado un papel catalizador en el surgimiento de un derecho real de los pueblos e individuos a la solidaridad internacional.
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Le devoir de vigilance des entreprises dans les instruments juridiques africains
Rodrigue Anicet Tayo
pp. 93–122
AbstractFR:
Cet article a pour objectif d’apporter une approche nouvelle à la question de la transposition de l’obligation de diligence raisonnable en droit interne et régional. Il s’agit de mettre en lumière une conception distinctive de la diligence raisonnable dans l’espace africain. De fait, le devoir de vigilance des entreprises en matière des droits de l’homme et de l’environnement connaît un développement remarquable ces dernières années. L’Afrique n’est pas en marge de ce mouvement. Si certaines législations nationales africaines contiennent des dispositions expresses relatives à la diligence raisonnable, reste que la notion est encore en débat en Afrique. L’article fait un état des lieux de la réglementation du devoir de vigilance dans les instruments juridiques africains. Il met en lumière les mérites du dispositif normatif africain actuel et suggère des pistes de réflexion pour la formulation du devoir de vigilance dans la convention générale en cours d’élaboration au sein de l’Union africaine sur la question des entreprises et des droits de l’homme.
EN:
The purpose of this article is to bring a new approach to the issue of transposing the due diligence obligation into national and regional law. The aim is to highlight a distinctive conception of due diligence in the African space. In fact, the duty of vigilance of companies in terms of human rights and the environment has seen remarkable development in recent years. Africa is not on the margins of this movement. While some African national laws contain express provisions on due diligence, the concept is still being debated in Africa. The article provides an overview of the regulation of due diligence in African legal instruments. It highlights the merits of the current African normative system and suggests avenues for reflection for the formulation of the duty of vigilance in the general convention currently being developed within the African Union on the issue of business and human rights.
ES:
El objetivo de este artículo es aportar un nuevo enfoque a la cuestión de la transposición de la obligación de debida diligencia a la legislación nacional y regional. El objetivo es poner de relieve una concepción distintiva de la diligencia en el espacio africano. De hecho, el deber de vigilancia de las empresas en materia de derechos humanos y medio ambiente ha experimentado un notable desarrollo en los últimos años. África no está al margen de este movimiento. Si bien algunas leyes nacionales africanas contienen disposiciones expresas sobre la diligencia debida, el concepto aún se está debatiendo en África. El artículo ofrece una visión general de la regulación de la debida diligencia en los instrumentos jurídicos africanos. Destaca los méritos del actual sistema normativo africano y sugiere vías de reflexión para la formulación del deber de vigilancia en la convención general que se está elaborando actualmente en la Unión Africana sobre la cuestión de las empresas y los derechos humanos.
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Propriété intellectuelle et santé publique : vers une prise de conscience de la part des pays africains ?
Ismaelline Eba Nguema
pp. 123–160
AbstractFR:
Le débat relatif à l’incidence de l’Accord sur les aspects de la propriété intellectuelle touchant au commerce (Accord sur les ADPIC) sur la santé publique a été remis à l’ordre du jour par la communication de l’Inde et de l’Afrique du Sud visant à lever provisoirement les engagements des membres en matière de propriété intellectuelle pour permettre aux Membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de lutter contre la COVID-19. L’implication des pays africains dans le processus de négociation en vue de garantir un meilleur accès aux médicaments date du début des années 2000, voire de la Conférence ministérielle de Seattle de 1999. Elle est motivée par les défis démographiques et sanitaires auxquels sont confrontés les pays africains. Pourtant, malgré quelques victoires symboliques à l’OMC, la santé publique et la propriété intellectuelle semblent difficilement conciliables, comme l’atteste la récente décision ministérielle sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). Par ailleurs, alors que le rôle proactif des pays africains à l’OMC est en phase avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine, à l’échelle régionale, des ambiguïtés demeurent. Celles-ci semblent avoir un effet dommageable sur la santé publique dans certaines régions. Toutefois, l’Afrique étant le continent de bien des contrastes, une solution pourrait également y émerger avec l’Initiative Pharma. Une telle perspective dépend grandement de l’harmonisation des politiques menées sur le continent en matière de promotion de la santé publique et de propriété intellectuelle. Par conséquent, l’objectif de cet article est d’analyser le changement de stratégie déployé par les pays africains à l’OMC afin de faire valoir les préoccupations de santé publique dans le cadre de l’Accord sur les ADPIC, puis d’en évaluer la cohérence au sein des organisations africaines de la propriété intellectuelle et enfin à l’échelle continentale. Pour ce faire, la méthode retenue consiste à analyser les différentes approches déployées par les pays à des niveaux multidimensionnels (multilatéral, national, au sein des organisations africaines de la propriété intellectuelle et continentale) afin de faire ressortir la cohérence, les limites et les perspectives de celles-ci. Cette méthode a permis de démontrer que malgré un rôle proactif au niveau multilatéral, les pays africains peinent à coordonner et harmoniser leurs politiques au sein des organisations africaines de la propriété intellectuelle afin de tirer profit des flexibilités offertes par l’Accord sur les ADPIC. L’existence de telles ambiguïtés serait susceptible d’entraver les initiatives déployées à l’échelle continentale.
EN:
The debate on the impact of Trade-Related Aspects of Intellectual Property Rights (TRIPS) on public health was brought back to the fore by the communication from India and South Africa to temporarily lift members' intellectual property commitments to enable WTO members to fight COVID-19. The involvement of African countries in the negotiation process to ensure better access to medicines dates back to the early 2000s and even to the Seattle Ministerial Conference. It is motivated by the demographic and health challenges facing African countries. Yet, despite some symbolic victories at the WTO, public health and intellectual property seem difficult to reconcile, as the recent Ministerial decision on TRIPS attests. Furthermore, while the proactive role of African countries at the WTO is in line with the African Union's Agenda 2063, at the regional level ambiguities remain. These seem to have a damaging effect on public health in some regions. However, as Africa is a continent of many contrasts, a solution could also emerge with the Pharma Initiative. Such a prospect is highly dependent on the harmonization of public health promotion and intellectual property policies on the continent. Therefore, the objective of this paper is to analyze the change in strategy deployed by African countries at the WTO in order to promote public health concerns within the framework of the TRIPS Agreement, and then to assess the coherence of the policy of African countries at the regional and then continental levels. To do this, the method adopted consists of comparing the different approaches that African countries are deploying at the multilateral, regional and then continental levels in order to highlight their coherence, limitations and prospects. This method has shown that despite a proactive role at the multilateral level, African countries are struggling to coordinate and harmonize their regional policies in order to take advantage of the flexibility offered by TRIPS. The existence of such ambiguities would be likely to hamper initiatives deployed at the continental level.
ES:
El debate sobre el impacto de los ADPIC en la salud pública volvió a salir a la palestra con la comunicación de India y Sudáfrica de levantar temporalmente los compromisos de propiedad intelectual de los miembros para permitir a los miembros de la OMC luchar contra el COVID-19. La participación de los países africanos en el proceso de negociación para garantizar un mejor acceso a los medicamentos se remonta a principios de la década de 2000 e incluso a la Conferencia Ministerial de Seattle. Está motivado por los retos demográficos y sanitarios a los que se enfrentan los países africanos. Sin embargo, a pesar de algunas victorias simbólicas en la OMC, la salud pública y la propiedad intelectual parecen difíciles de conciliar, como atestigua la reciente Decisión ministerial sobre los ADPIC. Además, aunque el papel proactivo de los países africanos en la OMC está en consonancia con la Agenda 2063 de la Unión Africana, a nivel regional sigue habiendo ambigüedades. Estos parecen tener un efecto perjudicial para la salud pública en algunas regiones. Sin embargo, como África es un continente de muchos contrastes, también podría surgir una solución con la Iniciativa Farmacéutica. Esta perspectiva depende en gran medida de la armonización de las políticas de promoción de la salud pública y de la propiedad intelectual en el continente. Por lo tanto, el objetivo de este trabajo es analizar el cambio de estrategia desplegado por los países africanos en la OMC para promover las preocupaciones de salud pública en el marco del Acuerdo sobre los ADPIC, y luego evaluar la coherencia de la política de los países africanos a nivel regional y luego continental. Para ello, el método adoptado consiste en comparar los diferentes enfoques que los países africanos están desplegando a nivel multilateral, regional y luego continental, con el fin de poner de manifiesto su coherencia, sus limitaciones y sus perspectivas. Este método ha demostrado que, a pesar de un papel proactivo a nivel multilateral, los países africanos se esfuerzan por coordinar y armonizar sus políticas regionales para aprovechar las flexibilidades que ofrece el ADPIC. La existencia de tales ambigüedades podría obstaculizar las iniciativas desplegadas a nivel continental.
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L’ambivalence du droit d’intervention de l’Union Africaine
Stéven Modeste Yombi
pp. 161–194
AbstractFR:
L’article 4(h) de l’Acte constitutif de l’Union africaine du 11 juillet 2000, amendé par le Protocole du 3 février 2003 prévoit le droit de l’Union d’intervenir dans un État membre dans certaines circonstances graves, à savoir : les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l’humanité ainsi qu’une menace grave de l’ordre légitime afin de restaurer la paix et la stabilité dans l’État membre de l’Union. Cette disposition constitue une nouveauté en ce qu’elle consacre l’intervention de l’organisation pour faire cesser ou éviter la perpétration de crimes internationaux dans un État membre incapable ou peu disposé à les empêcher. De ce fait, elle rompt avec l’article 13 de la Charte de l’Organisation de l’unité africaine de 1963 où les principes d’égalité souveraine de tous les États membres et de non-ingérence dans les affaires intérieures des États étaient consacrés sans aucune exception. Cependant, cette belle recette africaine n’est-elle pas un cadeau empoisonné ? Le but de cet article est de soumettre le droit d’intervention de l’Union africaine à une analyse sans complaisance afin de mieux cerner ses différentes facettes.
EN:
Article 4(h) of the Constitutive Act of the African Union of July 11, 2000, as amended by the Protocol of February 3, 2003, provides for the right of the Union to intervene in a Member State in certain serious circumstances, namely: war crimes, genocide, and crimes against humanity as well as a serious threat to legitimate order as a way to restore peace and stability in the Member State of the Union. This provision constitutes a novelty in that it establishes the intervention of the organization to stop or avoid the perpetration of international crimes in a Member State that is incapable or unwilling to prevent them. As a result, it breaks with Article 13 of the Charter of the Organization of African Unity of 1963 where the principles of sovereign equality of all Member States and non-interference in the internal affairs of States were enshrined, without any exception. However, isn’t this beautiful African recipe a poisoned gift? The aim of this article is to subject the African Union’s right of intervention to an uncompromising analysis in order to better understand its different facets.
ES:
El artículo 4(h) del Acta Constitutiva de la Unión Africana de 11 de julio de 2000, modificada por el Protocolo del 3 de febrero de 2003, establece el derecho de la Unión a intervenir en un Estado miembro en determinadas circunstancias graves, a saber: crímenes de guerra, genocidio y crímenes contra la humanidad, así como una grave amenaza al orden legítimo, con el fin de restablecer la paz y la estabilidad en el Estado miembro de la Unión. Esta disposición constituye una novedad ya que establece la intervención de la organización para detener o evitar la perpetración de crímenes internacionales en un Estado miembro que es incapaz o no está dispuesto a impedirlos. En consecuencia, rompe con el artículo 13 de la Carta de la Organización para la Unidad Africana de 1963 donde se consagraban los principios de igualdad soberana de todos los Estados miembros y de no interferencia en los asuntos internos de los Estados, sin excepción alguna. Sin embargo ¿no es esta hermosa receta africana un regalo envenenado? El objetivo de este artículo es someter el derecho de intervención de la Unión Africana a un análisis exhaustivo para comprender mejor sus diferentes facetas.
Concours de dissertation Jacques-Yvan Morin
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Femmes autochtones et discrimination au canada : analyse du droit à la réparation des peuples autochtones à la lumière de la notion de fait internationalement illicite à caractère continu
Éloïse Décoste
pp. 195–232
AbstractFR:
Durant plus d’un siècle, les dispositions de la Loi sur les Indiens relatives à l’admissibilité au statut « Indien » étaient discriminatoires envers les femmes autochtones. En vertu de ce régime législatif, lorsqu’une femme autochtone mariait un homme allochtone, elle perdait son statut « Indien » et les enfants issus de ce mariage n’y avaient pas droit non plus. Ce n’était pas le cas toutefois pour les hommes autochtones qui eux dans des circonstances semblables conservaient le leur. Or, sans statut, ces femmes n’étaient plus perçues formellement comme autochtones aux yeux de l’État canadien. Par conséquent, elles ne pouvaient plus vivre dans leur communauté, ni y participer à la vie politique et sociale, et se voyaient privées de la possibilité d’élever leurs enfants au sein de leur culture, de leur langue et de leurs traditions. Cette exclusion contribua à la marginalisation économique, à l’isolement social et à la dévalorisation de la vie des femmes autochtones.
EN:
For more than a century, the provisions of the Indian Act relating to eligibility for “Indian” status discriminated against Indigenous women. Under this legislative regime, when an Aboriginal woman married a non-Aboriginal man, she lost her “Indian” status, and the children born from this marriage were not entitled to it either. This was not the case, however, for indigenous men who, in similar circumstances, kept their status. However, without this status, these women were no longer formally perceived as Indigenous in the eyes of the Canadian state. As a result, they could no longer live in their community or participate in political and social life and were deprived of the opportunity to raise their children within their culture, language, and traditions. This exclusion contributed to the economic marginalization, social isolation, and devaluation of the lives of indigenous women.
ES:
Durante más de un siglo, las disposiciones de la Ley Indígena relativas a la elegibilidad para obtener la condición de “india” discriminaron a las mujeres indígenas. Según este régimen legislativo, cuando una mujer aborigen se casaba con un hombre no aborigen, perdía su condición de "india" y los hijos nacidos de ese matrimonio tampoco tenían derecho a ella. Este no fue el caso de los hombres indígenas que, en circunstancias similares, conservaron el suyo. Sin embargo, sin estatus, estas mujeres ya no eran percibidas formalmente como indígenas a los ojos del Estado canadiense. Como resultado, ya no podían vivir en su comunidad ni participar en la vida política y social, y se les privaba de la oportunidad de criar a sus hijos dentro de su cultura, idioma y tradiciones. Esta exclusión contribuyó a la marginación económica, el aislamiento social y la devaluación de la vida de las mujeres indígenas.
Notes et commentaires
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Les disparitions forcées dans le monde contemporain : les contributions récentes du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ou involontaires
Bernard Duhaime
pp. 233–255
AbstractFR:
Bien que les disparitions forcées soient souvent associées aux anciens régimes répressifs latino-américains, elles se produisent encore aujourd’hui, et ce, dans le monde entier et dans divers contextes. En plus de servir de stratégie d’oppression politique, elles sont utilisées dans le contexte de conflits armés, dans le cadre de mesures antiterroristes, lors de transferts transnationaux, ou encore dans un contexte migratoire. Dans cet article, il est proposé de passer en revue les conceptions traditionnelles concernant cette violation odieuse des droits de la personne et de traiter de ce que certaines personnes appellent les nouvelles formes de disparitions forcées. L’auteur se questionne notamment sur les caractéristiques communes des disparitions forcées du passé et du présent, ainsi que sur la façon dont cela devrait nourrir les débats contemporains sur le sujet. Il aborde aussi les apports du Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées ainsi que les obligations étatiques en la matière. Il en ressort que l’interdiction de ce crime est une norme de jus cogens et que les États ont une obligation erga omnes de le prévenir et de le sanctionner, sans limite spatiale ou temporelle. Il conclut avec un appel à la communauté internationale à lutter contre l’impunité et à soutenir les victimes de disparitions forcées et leurs proches.
EN:
While enforced disappearances are often associated with former Latin American repressive regimes, they still occur today, all over the world and in a variety of contexts. In addition to serving as a strategy of political oppression, they are used in the context of armed conflict, anti-terrorism measures, transnational transfers, and migration. This paper proposes to review traditional understandings of this odious violation of human rights and to address what some people call the new forms of enforced disappearance. In particular, the author questions the common characteristics of past and present enforced disappearances, and how this should fuel contemporary debates on the subject. He also discusses the contributions of the United Nations Working Group on Enforced Disappearances as well as state obligations in this regard. It is shown that the prohibition of this crime is a norm of jus cogens and that States have an erga omnes obligation to prevent and punish it, which has neither spatial nor temporal limits. It concludes by calling the international community to fight against impunity and to support the victims of enforced disappearances and their relatives.
ES:
Si bien las desapariciones forzadas se asocian a menudo con los antiguos regímenes represivos latinoamericanos, siguen produciéndose hoy en día, en todo el mundo y en diversos contextos. Además de servir como estrategia de opresión política, se utilizan en el contexto de los conflictos armados, las medidas antiterroristas, los traslados transnacionales y la migración. Este artículo se propone revisar las concepciones tradicionales de esta repugnante violación de los derechos humanos y abordar lo que algunos llaman las nuevas formas de desapariciones forzadas. En particular, el autor se pregunta por las características comunes de las desapariciones forzadas del pasado y del presente y cómo esto debería informar los debates contemporáneos sobre el tema. También analiza las intervenciones del Grupo de Trabajo de la Naciones Unidas sobre Desapariciones Forzadas y las obligaciones de los Estados en este ámbito. Se constata que la prohibición este delito es una norma de jus cogens y que los Estados tienen una erga omnes obligación de prevenirlo y castigarlo, que no tiene límites espaciales ni temporales. Concluye con un llamamiento a la comunidad internacional para que luche contra la impunidad y apoye a las víctimas de las desapariciones forzadas y a sus familiares.
Recensions
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Cheryl Lawther et Luke Moffet, dir, Research Handbook on Transnational Justice, 2e éd, Cheltenham (R-U), Edward Elgar Publishing, 2023
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Niklas Luhmann, Droits de l’homme et différenciation sociale : une contribution à la sociologie politique, traduit et présenté par Lukas K Sosoe, Gatineau (QC), Presses de l’Université Laval, 2022
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Damien Scalia, Génocidaire(s) : au coeur de la justice internationale pénale, Paris, Dalloz, 2022
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Dzovinar Kévonian, La danse du pendule : les juristes et l’internationalisation des droits de l’homme, 1920-1939, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2021
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Fayçal Hatri, Droit du contentieux international aérien, Paris, L’Harmattan, 2021
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Emmanuelle Tourme-Jouannet, Le droit international, le capitalisme et la terre : histoire des accaparements de terres d’hier à aujourd’hui, Paris, Bruylant, 2021