La protection de l’environnement figure très certainement parmi les grandes priorités internationales du XXIᵉ siècle. L’entrée en vigueur de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants en 2004, du Protocole de Kyoto à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques en 2005, du Protocole de Nagoya sur l’accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des avantagesdécoulant de leur utilisation relatif à la Convention sur la diversité biologique en 2014, et même de l’Accord de Paris en 2016 témoigne de la coopération grandissante entre les États sur les questions environnementales et de leur intérêt à répondre aux grands enjeux environnementaux de notre siècle. Cet intérêt se reflète aussi à travers une prise de conscience marquée, qui s’est opérée tant au niveau des scientifiques, de la société civile que du monde des affaires, ce qui a facilité la reconnaissance de cette problématique à tous les niveaux. Toutefois, contrairement à d’autres domaines des relations internationales, la gouvernance environnementale mondiale demeure éclatée à travers une multitude de régimes internationaux. Cet éclatement n’en signifie pas moins que des avancées significatives ont pu être faites dans certains secteurs comme celui des pluies acides ou encore des polluants responsables de la destruction de la couche d’ozone. Néanmoins, dans d’autres secteurs, il semble complexe, voire impossible, de faire avancer la cause environnementale de manière plus globale, et le cas de la problématique des changements climatiques en est l’exemple le plus patent. L’objectif de cette contribution est d’offrir quelques clefs de compréhension face à cette complexité de la gouvernance environnementale mondiale. D’abord, nous présentons les fondements et caractéristiques des problèmes environnementaux contemporains, ainsi que certains moments phares de la gouvernance environnementale mondiale. Nous présentons ensuite ses principaux acteurs et institutions, et enfin, nous abordons ses principaux défis et enjeux, en explorant de manière plus spécifique le cas de la gouvernance climatique mondiale. La protection de l’environnement à l’échelle mondiale comporte son lot de défis et d’enjeux, découlant d’une interrelation très forte entre les systèmes naturels et politiques/sociaux à l’échelle mondiale. Cette interrelation entre les systèmes contribue à une complexification des problèmes environnementaux et des solutions pouvant être envisagées pour y répondre. Quatre éléments caractérisent d’ailleurs les défis et enjeux des problèmes environnementaux contemporains, soit (1) la notion de territorialité ; (2) l’incertitude et l’imprévisibilité des enjeux environnementaux ; (3) l’interdépendance de l’environnement avec d’autres secteurs d’activités humaines ; et (4) la difficile catégorisation du « bien environnemental ». Un premier élément caractéristique des problèmes environnementaux contemporains relève de la notion de territorialité. Si l’on reconnait aisément l’aspect territorialisé d’un État, on oublie que cette notion de territoire existe également au niveau environnemental, bien qu’elle s’exprime à travers une logique différente. Les écosystèmes naturels forment des territoires qui ignorent les frontières politiques des États. Par exemple, des cours d’eau, des montagnes ou encore des espèces animales migratrices peuvent traverser deux, trois, voire un nombre plus important d’États, ce qui nécessite une collaboration à l’échelle internationale afin de protéger ces ressources et écosystèmes partagés. Dans le même esprit, il existe des problèmes environnementaux qui, malgré leurs sources ou origines parfois plus locales, ont des incidences régionales ou globales majeures comme la problématique des changements climatiques, de la pollution plastique dans les océans ou de l’amincissement de la couche d’ozone. Ces problèmes requièrent une action concertée de la communauté internationale. Un deuxième élément concerne l’incertitude et l’imprévisibilité des enjeux environnementaux. Les connaissances scientifiques sur la question se développent et s’affinent, comme le montrent périodiquement les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Cependant, ces savoirs scientifiques conservent parfois une …
La gouvernance environnementale mondiale : évolution et enjeux[Record]
Annie Chaloux, Professeure à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, co-directrice du Groupe d’études et de recherche sur l’international et le Québec (GÉRIQ) et directrice du Climatoscope.
Philippe Simard, Professionnel de recherche pour le Groupe d’études et de recherche sur l’international et le Québec, Université de Sherbrooke.