L’année 2015 marquait le soixante-dixième anniversaire de l’Organisation des Nations unies (ONU), créée à l’issue de la Deuxième Guerre mondiale pour promouvoir la paix internationale, les droits humains, la justice et le progrès social. Douglas Roche, un ancien parlementaire canadien devenu président de la Commission du désarmement de l’ONU, dresse le portrait de l’organisation internationale dans son livre The United Nations in the 21st Century. Riche d’une grande expérience au sein de l’organisation et de nombreux contacts qui ont pu l’aider à développer sa vision, Roche parvient à présenter l’ONU sous ses différentes coutures et à donner assez succinctement une bonne idée des réalisations de l’organisation. Profondément interventionniste et multilatéraliste, Roche est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages portés sur la politique et le droit internationaux, au centre desquels l’ONU occupe le rôle de pacificateur. En 1984, il publiait United Nations: Divided World, une sorte de version antérieure de son ouvrage de 2015, considérablement teintée par la Guerre froide, mais aux conclusions très similaires à ses constats actuels. En effet, il considérait déjà le militarisme comme un obstacle majeur à la paix internationale et suggérait que l’ONU communique son message de façon plus convaincante. Roche se porte comme grand défenseur des Nations unies et en excuse la plupart des défauts, contrairement à la plupart des juristes et des politologues qui s’y intéressent. Dans son livre, Roche se questionne à savoir si l’ONU est véritablement capable d’assurer la sécurité humaine, qui, pour lui, se définit par quatre piliers : le désarmement, le développement économique et social, la protection de l’environnement et l’avancement des droits humains. Il argumente que l’ONU est le meilleur outil dont dispose le monde pour faire face aux défis du XXIe siècle, parfois en réglementant l’ordre international, mais aussi, et surtout, en attirant l’attention sur les problèmes. Il plaide également pour une plus grande reconnaissance des mécanismes onusiens par les grandes puissances, qui recherchent à son avis des solutions instantanées à des problèmes structurels que l’ONU s’efforce de régler avec peu de moyens. L’argument de Roche est divisé en huit chapitres qui abordent chacun des piliers de la sécurité humaine parfois sous des angles différents. Dans le premier chapitre, l’auteur souligne les réussites diplomatiques de l’ONU, particulièrement lors de la crise des missiles de Cuba. Il croit que ce sont les manoeuvres diplomatiques de M. U Thant, alors Secrétaire général, qui ont calmé les ardeurs des États-Unis et de l’URSS et qui ont à terme évité une troisième guerre mondiale. L’heure de gloire de la coopération étatique n’a pourtant pas duré; les décolonisations pilotées par l’ONU dans les années soixante ont fait émerger quantité de petits États qui ont réussi à imposer certaines de leurs revendications, ce qui déplaisait fortement aux grandes puissances. Un sentiment que l’ONU devenait un « Third-World Club » a tranquillement exaspéré les puissances occidentales, à commencer par les Etats-Unis, où la participation financière aux activités de l’ONU a été de plus en plus questionnée. Ce sont finalement les massacres du Rwanda et de Srebrenica dans les années quatre-vingt-dix qui ont permis à l’ONU de faire valoir sa mission et son importance dans le rétablissement de la paix internationale. La création de la Cour pénale internationale (CPI), l’émergence de la doctrine de la responsabilité de protéger et l’instauration des objectifs du Millénaire pour le développement, notamment, ont relancé l’ONU sur une trajectoire nouvelle où elle se fait défenseure des droits humains et du droit international avec des taux d’approbation élevés. Au deuxième chapitre, Roche déplore l’emprise du militarisme sur les États, qu’il qualifie d’obstacle principal auquel l’ONU est confrontée dans sa mission …
Douglas Roche, The United Nations in the 21st Century, Toronto, Lorimer, 2015[Record]
Étudiante à la maîtrise en science politique à l’Université du Québec à Montréal.