
Special Issue, December 2015 La justice pénale internationale comme projet politique et sélectif Sous la direction de Julien Pieret and Marie-Laurence Hébert-Dolbec
Table of contents (8 articles)
Propos introductif
Études
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EXPÉRIENCE DE JUSTICE INTERNATIONALE PÉNALE : PERCEPTION DE DOMINATION PAR D’ANCIENS DOMINANTS
Damien Scalia
pp. 15–33
AbstractFR:
Cette contribution présente la justice internationale pénale telle que vécue par les personnes jugées par les tribunaux pénaux internationaux (TPI). Fondée sur une série d’entretiens effectués avec les personnes condamnées ou acquittées par les TPI, elle intègre, dans l’analyse de la justice pénale internationale, le ressenti des acteurs des procès souvent oublié par la littérature : les accusés. L’analyse empirique permet de mettre en exergue le positionnement des personnes jugées tout autant que « les points de fixation et les points aveugles » de cette justice universelle. Il en ressort un sentiment d’être confronté à une justice hors du groupe, politisée et dans laquelle la guerre se poursuit. Les participants vivent cette expérience en « boucs émissaires ». Cette analyse témoigne de l’incertitude de l’impact international et judiciaire de la justice pénale internationale sur les personnes jugées.
EN:
This article presents international criminal justice as individuals judged by international criminal courts experience it. Based on a series of interviews with individuals condemned or acquitted by such courts, it seeks to put forward the feelings of the actors most often forgotten by the literature analyzing international criminal justice. This empirical analysis highlights the positioning of the individuals judged, as well as the fixation points and blind spots of this universal justice. It concludes to a feeling of being confronted to an outsider justice that is politicized and within which war continues. Participants feel they are experiencing such justice as “scapegoats”. This article demonstrates the uncertainty of the international and legal impact of international criminal justice on the individuals judged.
ES:
Esta contribución presenta la justicia internacional penal tal como ha sido vivida por las personas juzgadas por los tribunales penales internacionales (TPI). Fundada sobre una serie de entrevistas efectuadas con las personas condenadas o absueltas por el TPI, integra en el análisis de la justicia penal internacional, el sentir de uno de los actores de los procesos a menudo olvidado por la literatura. El análisis empírico permite poner de relieve el posicionamiento de las personas juzgadas, lo mismo que "de los puntos de fijación y de los puntos ciegos" de esta justicia universal. De eso sobresale un sentimiento de ser confrontado con la justicia fuera de grupo, politizada y en la cual la guerra continúa. Los participantes viven esta experiencia como "chivos expiatorios". Este análisis demuestra la incertidumbre del impacto internacional y judicial de la justicia international penal sobre las personas juzgadas.
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TOWARDS BUREAUCRATIZATION: AN ANALYSIS OF COMMON LEGAL REPRESENTATION PRACTICES BEFORE THE INTERNATIONAL CRIMINAL COURT
Marie-Laurence Hébert-Dolbec
pp. 35–61
AbstractEN:
The status of victims in the international criminal project since the establishment of the International Criminal Court (ICC) is largely dealt with in the literature. Article 68(3) innovated as it allows victims of mass crimes to present their views and concerns before the first permanent international criminal jurisdiction. Yet, the case law over the last two decades shows that victims will not have the opportunity to directly take part in the ICC proceedings. Those who will participate to the trials are rather their legal representatives. This article explores victim participation through this new actor of international criminal trials. Common legal representation – i.e. the representation of hundreds, or even thousands, of victims by a sole lawyer – was promptly presented as unavoidable. To ensure operational efficiency, the selection of the legal representative was institutionalized. The practice of the Court prompted some impersonal lawyer-clients relationship. The author demonstrates the similarities between the organization of common legal representation in the ICC and the ideal-type of bureaucracy imagined by Weber.
FR:
La place des victimes dans le projet pénal international a, depuis l’établissement de la Cour pénale internationale (CPI), été largement traitée par la littérature tant technique que critique. D’une manière tout à fait innovatrice, l’article 68(3) du Statut de Rome permet aux victimes de crimes de masse de présenter leurs vues et préoccupations devant la juridiction pénale internationale permanente. Or, l’évolution de la jurisprudence au cours de la dernière décennie indique que, à l’instar de leur rôle devant les autres tribunaux pénaux internationaux, les victimes n’auront finalement pas l’opportunité de participer directement aux procédures devant la CPI. En effet, le véritable acteur, voire la véritable voix des victimes, sera celle de leur représentant légal. C’est donc à travers cet acteur que le présent article souhaite traiter de la problématique de la participation des victimes devant la CPI. La représentation légale commune – soit la représentation de centaines, voire milliers de victimes par un seul avocat – s’est rapidement révélée inévitable. Dans un souci d’efficacité, la pratique actuelle a fait de la sélection du représentant légal, un choix institutionnalisé et incité à la dépersonnalisation de la relation avocat-clients. L’auteure s’attache à démontrer les similarités entre l’organisation de cette représentation légale commune et l’idéal type d’une bureaucratie imaginée par Weber.
ES:
La situación de las víctimas en el proyecto penal internacional desde el establecimiento de la Corte Penal Internacional (CPI) ha sido analizada de fondo en la literatura. De manera totalmente innovadora, el artículo 68(3) del Estatuto de Roma permite a las víctimas de crímenes en masa presentar sus puntos de vista y preocupaciones ante la jurisdicción penal internacional permanente. Sin embargo, la jurisprudencia en las últimas dos décadas demuestra que las víctimas no tendrán la oportunidad de participar directamente en los procedimientos de la CPI. Los que participan en los juicios son sobre todo sus representantes legales. Este artículo explora la participación de las víctimas a través de este nuevo actor de juicios penales internacionales. La representación legal en común - es decir, la representación de cientos, o incluso miles, de víctimas por un solo abogado – resulto rápidamente inevitable. En aras de eficiencia, la selección del representante legal se institucionalizó. La práctica de la Corte llevó a una despersonalización de la relación abogado-cliente. El autor demuestra las similitudes entre la organización de la representación legal en común en la CPI y el tipo ideal de burocracia imaginado por Weber.
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LA RECONNAISSANCE TIMIDE DE LA RESPONSABILITÉ PÉNALE DES KHMERS ROUGES
Mélanie Vianney-Liaud
pp. 63–100
AbstractFR:
En mars 2015, le co-juge d’instruction international des « Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens » (CETC) mettait en examen in abstentia trois anciens cadres Khmers rouges pour des crimes commis au Kampuchéa démocratique (régime mis en place par les Khmers rouges au Cambodge entre 1975 et 1979). Plusieurs mandats d’amener ont été délivrés à l’encontre de ces suspects. Cependant, la police cambodgienne ne les a pas exécutés. Malgré l’ampleur des atrocités perpétrées pendant la période du Kampuchéa démocratique, la reconnaissance de la responsabilité pénale des Khmers rouges impliqués dans la commission des crimes internationaux a été longue et difficile. Aujourd’hui encore, près de dix ans après le lancement des CETC (la juridiction pénale internationalisée en charge de les juger), une telle reconnaissance fait toujours l’objet de controverses. Cet article étudie les enjeux liés à l’établissement de ces responsabilités. Aussi, dans une première partie, sont examinés les facteurs juridiques et politiques qui sont à l’origine – en partie du moins – du caractère tardif des poursuites pénales engagées contre des Khmers rouges. Ensuite, dans une seconde partie, sont analysés le cadre très particulier des CETC, ainsi que les obstacles rencontrés dans les procédures initiées devant ces chambres. Cet article conclut que les CETC n’ont permis qu’une reconnaissance limitée des responsabilités pénales de Khmers rouges, très en deçà de l’étendue et de l’intensité des exactions commises.
EN:
In March 2015, the International Co-Investigating Judge of the "Extraordinary Chambers in the Courts of Cambodia" (ECCC) charged in absentia three former Khmer Rouge cadres for crimes committed under the Democratic Kampuchea (the regime set up by the Khmer Rouge in Cambodia between 1975 and 1979). Several arrest warrants were issued against these suspects. However, the Cambodian police has not executed them. Despite the scale of the atrocities committed during the period of Democratic Kampuchea, the recognition of the criminal responsibility of the Khmer Rouge involved in the commission of international crimes has been long and difficult. Even today, almost ten years after the launch of the ECCC (the internationalized criminal court in charge of trying them), such a recognition is still a subject of controversy. This article examines the issues related to the establishment of these responsibilities. In the first part, the legal and political factors that are behind - at least partly - the belated criminal proceedings against the Khmer Rouge are examined. In a second part, the particular context of the ECCC and the obstacles faced in the proceedings initiated before these Chambers are analyzed. The article concludes that the ECCC has only allowed a limited recognition of the criminal responsibilities of the Khmer Rouge, well short of the extent and intensity of the abuses committed.
ES:
En marzo de 2015, el Conjuez Internacional de Instrucción de las "Cámaras Extraordinarias en el seno de los Tribunales Camboyanos" (Extraordinary Chambers in the Courts of Cambodia (ECCC)) examinaba in abstentia tres antiguos dirigentes Jemeres Rojos por crímenes cometidos en Kampuchea Democrática (régimen colocado por los Jemeres Rojos en Camboya entre 1975 y 1979). Varias órdenes de arresto han sido emitidas en contra de estos sospechosos. Sin embargo, la policía camboyana no las ha ejecutado. A pesar de la amplitud de las atrocidades perpetradas durante el período de Kampuchea Democrática, el reconocimiento de la responsabilidad penal de los Jemeres Rojos implicados en la comisión de crímenes internacionales fue largo y difícil. Todavía hoy, cerca de diez años después del lanzamiento del ECCC (la jurisdicción penal internacionalizada encargada de juzgarlos), dicho reconocimiento sigue siendo objeto de controversias. Este artículo estudia los retos relacionados al establecimiento de estas responsabilidades. En una primera parte, son examinados los factores jurídicos y políticos que son al principio, por lo menos en parte, del carácter tardío de los procesos penales contra los Jemeres Rojos. En una segunda parte, son analizados el marco muy particular del ECCC, así como los obstáculos encontrados en los procedimientos iniciados ante estas cámaras. Este artículo concluye que el ECCC ha permitido sólo un reconocimiento limitado de las responsabilidades penales de los Jemeres Rojos, muy por debajo del alcance y de la intensidad de los abusos cometidos.
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THE POLITICS OF TRUTH: ON LEGAL FETICHISM AND THE RHETORIC OF COMPLEMENTARITY
Patricia Naftali
pp. 101–128
AbstractEN:
This paper questions the rhetoric of complementarity between truth commissions and criminal courts in the light of the normalization of a “right to truth” in international legal discourse. Once regarded as mutually exclusive institutions, they are now praised by the international community, human rights and transitional justice advocates as complementary in the fight against impunity. This paper reveals, beyond the consensus on complementarity, how the competition between truth commissions and criminal justice continues as truth advocates strive to negotiate the contours of the “right to truth” in international law. First, it highlights the role of global promoters of the “right to truth” in consolidating the theory of complementarity before international bodies. However, it then stresses their competing visions of complementarity and examines the tensions surrounding the normalization of the “right to truth” in relation to criminal justice and amnesties. Finally, it discusses why these tensions are nonetheless accommodated through the discourse on complementarity, especially in the context of an emerging “truth order” and globalized truth “industry” characterized by the rise of new types of expertise, practices and truth-seeking technologies concerned with the ascertainment and adjudication of mass atrocities.
FR:
Cet article interroge la rhétorique de la complémentarité entre les tribunaux pénaux et les commissions de vérité à la lumière de la formalisation d’un « droit à la vérité » dans le discours du droit international. Autrefois perçus comme des dispositifs qui s’excluent mutuellement, ils sont aujourd’hui célébrés par la communauté internationale, ainsi que les militants des droits humains et de la justice transitionnelle, comme « complémentaires » dans la lutte contre l’impunité. Cet article révèle, au-delà du consensus sur la complémentarité, la perdurance de la compétition entre commissions de vérité et la justice pénale à mesure que les entrepreneurs de vérité s’efforcent de négocier les contours du « droit à la vérité » en droit international. Il met d’abord en lumière le rôle des promoteurs globaux du « droit à la vérité » dans la consolidation de la théorie de la complémentarité. Toutefois, il souligne ensuite leurs visions concurrentes de la complémentarité et examine les tensions qui entourent la formalisation du « droit à la vérité » par rapport à la justice pénale et aux amnisties. Enfin, il suggère les raisons pour lesquelles ces tensions sont néanmoins accommodées dans le discours de la complémentarité, en particulier dans le contexte de l’émergence d’une ère et d’une industrie globale centrées sur la « vérité », caractérisée par la montée de nouveaux types d’expertises, de pratiques et de technologies de recherche de vérité spécialisées dans l’établissement et le jugement des crimes de masse.
ES:
Este artículo cuestiona la retórica de la complementariedad entre los tribunales penales y las comisiones de la verdad a la luz de la formalización de un "derecho a la verdad" en el discurso del derecho internacional. Anteriormente visto como dispositivos que son excluyentes entre sí, ahora se celebran por la comunidad internacional, los activistas de derechos humanos y de la justicia transicional como "complementarios" en la lucha contra la impunidad. Este articulo revela, más allá del consenso sobre la complementariedad, la forma en que la competencia perdura entre las comisiones de la verdad y la justicia penal, mientras los defensores de la verdad se esfuerzan para negociar los contornos del "derecho a la verdad" en el derecho internacional . En primer lugar, se destaca el papel de promotores mundiales del "derecho a la verdad" en la consolidación de la teoría de la complementariedad ante los organismos internacionales. Sin embargo, a continuación se enfatizan sus visiones opuestas de la complementariedad y se examinan las tensiones en torno a la formalización del "derecho a la verdad" en relación con la justicia penal y las amnistías. Por último, se analiza por qué estas tensiones están siendo alojadas en el discurso de la complementariedad, en particular en el contexto de la emergencia de una época y de una industria global centradas en la "verdad", que se caracteriza por el aumento de nuevos tipos de conocimientos, prácticas y tecnologías de búsqueda especializados en el establecimiento de la verdad y el juicio de crímenes masivos.
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CRIMINALITÉ ET JUSTICE SANS SOUVERAINETÉ DANS LES CAMPS DE RÉFUGIÉS DU HCR : DES SYSTÈMES DE JUSTICE PARALLÈLE À L’IMPUNITÉ POUR LE PERSONNEL HUMANITAIRE
Éloïse Benoit
pp. 129–155
AbstractFR:
L’établissement de camps de réfugiés n’est pas spécifiquement prévu en droit international des réfugiés. C’est informellement que les camps de réfugiés du Haut Commissariat des Nations unies (HCR) pour les réfugiés sont mis sur pied, puis gérés. Les structures d’autorité qui gouvernent les camps de réfugiés diffèrent de celles retrouvées au sein des États : absence de souveraineté comme source du droit et inexistence de toute forme de contrat social comme assise légitimant cette autorité au sein des camps. Les camps – comme espaces de contrôle des indésirables – sont administrés par les différents acteurs non‐étatiques présents. Ces derniers tentent d’y asseoir leur autorité et leur légitimité en calquant les pouvoirs normalement exercés par l’État. Dans cet espace d’exception qu’est le camp, les réfugiés n’ont pas accès aux mécanismes étatiques de justice comme l’exige pourtant la Convention relative au statut des réfugiés. À l’inverse, par l’instauration de systèmes de règlement des différends (Camp Dispute Resolution System (DRS)), les Nations unies et l’État hôte semblent régulièrement encourager les réfugiés à y organiser eux-mêmes et de façon informelle leur justice. C’est ainsi qu’au nom d’un certain relativisme culturel, les réfugiés d’un camp sont hiérarchisés et que des dominations d’exception sont exercées par certains groupes contre d’autres, plus vulnérables. Par ailleurs, ces systèmes se révèlent inadéquats pour s’attaquer à une réalité dérangeante des camps; le personnel humanitaire commettant des atteintes à l’égard des droits des réfugiés échappent à ces systèmes, en plus de passer entre les mailles des systèmes juridiques étatiques et de se dérober à toute obligation de répondre de ces actes.
EN:
The establishment of refugee camps is not legally provided for by international refugee law. The refugee camps are rather set up and handled informally by the United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR). Therefore, the structures of authority that govern refugee camps differ from those found within states: these camps suffer from a lack of sovereignty as a source of law and a lack of any form of social contract as the basis legitimizing the authority in the camps. As areas of control for undesirables, refugee camps are administered by various non-state actors attempting to establish their authority and legitimacy by reproducing the state powers. The camp exists as a space of exception, where refugees cannot access to the existing state justice mechanisms as required by the Convention relating to the Status of Refugees. By establishing the alternative Camp Dispute Resolution System (DRS) the United Nations and the host State appear to encourage justice to be informally managed and enforced by the refugees themselves. Thus in the name of cultural relativism, a hierarchy among refugees is formed within the camps, which leads some members of the camps to dominate vulnerable groups. Moreover, this exceptional justice system is inadequate to address a disturbing reality in the camps: humanitarian workers committing violations against the rights of refugees remain immune from prosecution, managing to slip through the state legal systems and avoiding any accountability for their acts.
ES:
El establecimiento de campos de refugiados no está previsto de manera específica dentro del derecho internacional de los refugiados. Es informalmente, que los campos de refugiados del Alto Comisionado de las Naciones Unidas para los Refugiados (ACNUR) son instalados y posteriormente administrados. Las estructuras de autoridad que gobiernan los campos de refugiados difieren de las encontradas en el seno de los Estados: la ausencia de soberanía como fuente del derecho y la inexistencia de toda forma de contrato social que constituye la base, legitimando esta autoridad en el seno de los campos. Estos, como espacios de control de los indeseables, son administrados por diferentes actores no estatales presentes. Estos últimos intentan sentar allí su autoridad y su legitimidad calcando los poderes normalmente ejercidos por el Estado. En este espacio de excepción que es el campo de refugiados, donde estos últimos no tienen acceso a los mecanismos estatales de justicia como lo exige sin embargo la Convención sobre el Estatuto de los Refugiados. A la inversa, por la instauración de sistemas de resolución de controversias (Camp Dispute Resolution System (DRS)), las Naciones Unidas y el Estado huésped parecen regularmente animar a los refugiados a organizar entre ellos mismos y de modo informal su justicia. Así es como en nombre de un cierto relativismo cultural, los refugiados de un campo son jerarquizados y las dominaciones de excepción son ejercidas por ciertos grupos contra otros, más vulnerables. Por otro lado, estos sistemas se revelan inadecuados para enfrentarse a una realidad inquietante de los campos; el personal humanitario que atenta contra los derechos de los refugiados escapa de estos sistemas, además de escaparse de los sistemas jurídicos estatales y de librarse de toda obligación de responder de estos actos.