Abstracts
Résumé
L’hégémonie, à l’échelle globale ou régionale, est un thème récurrent au sein de la discipline des relations internationales et d’approches d’inspiration gramscienne ou néogramscienne. Ces approches prennent en compte, par delà la puissance économique et militaire, l’existence d’un modèle de gouvernance globale appuyé par des normes qui soutiennent une idée d’universalité et une image d’un ordre mondial, et issu de l’expérience européenne, entre étatisation et colonisation, jusqu’aux expériences hégémoniques, anglaises puis américaines, leurs normes et leurs institutions. Les études néogramsciennes donnent à voir un modèle hégémonique occidental en même temps qu’elles forment un appareil critique de référence pour le comprendre. Cet article élargit ces références à des modèles hégémoniques non occidentaux liés aux théories dites « postoccidentales », qui n’entrent que rarement dans les réflexions contemporaines, en dépit d’une évolution rapide du système international au profit d’acteurs émergents, et en particulier de la Chine. Celle-ci est un sujet d’étude légitime pour les thèmes néogramsciens, entre élargissement de la classe sociale dominante au niveau global (transpacifique) ou modèle contrehégémonique. Au-delà, les discours universels postoccidentaux, notamment chinois, pourraient être comparables au modèle hégémonique issu des réflexions gramsciennes, à travers une épistémé propre à la domination considérée. Enfin, à partir de l’exemple hégémonique, la compatibilité entre les approches gramsciennes et non occidentales – et les critiques sur l’eurocentrisme subliminal ou l’orientalisme « soft » – est examinée afin de comprendre les enjeux de l’émergence d’approches théoriques concurrentes du grand récit centré sur le monde atlantique, dominant dans la discipline des relations internationales.
Abstract
Hegemony, on a global or regional scale, is a recurring theme in international relations and in Gramscian-inspired and neo-Gramscian theory. In addition to economic and military power, these approaches take into account the existence of a model of global governance, which is guided by standards that promote universality and world order, and their norms and institutions, which are derived from the European experience from the establishment of State control and colonization to the hegemonic experiences of Britain and the United States. Neo-Gramscian perspectives provide not only important insight into the model of Western hegemony, but also a critical reference point for understanding said views. This article extends these approaches to non-Western hegemonic models of so-called “post-Western” theories, which, despite a rapidly changing international system that favors emerging actors, especially China, are rare in contemporary analysis. Whether it be the rise of the global (transpacific) ruling class or the counter-hegemonic model, this is a valid area of neo-Gramscian research. Moreover, post-Western universal discourses, particularly those of the Chinese, could be regarded as a hegemonic, in the Gramscian sense, episteme of domination. Finally, drawing from the concept of hegemony, the similarity between Gramscian and non-Western perspectives—and the critiques of subliminal Eurocentrism or “soft” Orientalism—is examined to understand the issues surrounding the emergence of competing theoretical approaches in the grand narrative of the Atlantic world that prevails in international relations.