Abstracts
Résumé
Les Chambres de première instance et d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) ont développé une toute nouvelle jurisprudence dans les affaires Lubanga et Katanga et Ngudjolo Chui établissant un test de conformité au regard de l’article 21(3) du Statut de Rome, désormais revêtu d’un statut supérieur. Ce test devra être effectué dès lors que l’application d’une disposition du Statut, ou d’une règle de ses instruments juridiques connexes, serait susceptible de porter atteinte aux droits de l’homme internationalement reconnus.
Ce courant jurisprudentiel a été développé suite au dépôt de requêtes sollicitant la suspension de l’application de l’article 93(7)(b), afin de permettre à quatre témoins, appelés devant la CPI et détenus en République Démocratique du Congo (RDC), de faire valoir leur demande d’asile auprès des autorités néerlandaises — une situation qui n’a pas été prévue par les fondateurs du Statut de Rome. Ces requêtes ont posé la question de savoir si une application immédiate de cet article constituait une violation des droits reconnus aux témoins détenus de présenter une demande d’asile — consacré par plusieurs instruments internationaux — et de bénéficier de l’application du principe de non-refoulement — reconnu comme norme de droit international coutumier.
En plus de développer la genèse desdites requêtes et le raisonnement juridique adopté par les Chambres, cet article analyse brièvement les obligations juridiques nationales et internationales du gouvernement néerlandais face aux demandes d’asile et met en lumière les conséquences juridiques et les effets politiques survenus suite à l’escalade de procédures engendrée par ces saisines.
Abstract
The jurisprudence of the Trial and Appeal Chambers of the International Criminal Court (ICC) in the Lubanga and Katanga and Ngudjolo Chui cases has given rise to the Court’s test for compliance with Article 21(3) of the Rome Statute. This test must be undertaken whenever the application of a provision of the Statute or a related instrument would be inconsistent with internationally recognized human rights, and establishes that Article 21(3) is held as paramount in regards to other provisions.
This jurisprudence follows the filing of motions for the ICC to delay the application of Article 97(3)(b) of the Statute and thereby allow four witnesses, detained in the Democratic Republic of Congo, to proceed with requests for asylum to the Dutch government — a matter unforeseen in the drafting of the Statute. These motions raised the question of whether an immediate application of this article would constitute a violation of the detained witnesses’ rights to apply for asylum — embodied in multiple international instruments — and to fully enjoy the application of the non-refoulement principle — considered to be a norm of customary international law.
Aside from setting out the genesis of these motions and the legal reasoning of the Court’s chambers, this article analyzes briefly the national and international legal obligations of the Dutch government in assessing the witnesses’ claims and highlights the legal consequences and political effects of this novel jurisprudence.