Compte rendu

Musique et sorties de guerres (xixe-xxie siècles). Compte rendu du colloque international, 18-20 octobre 2018, Faculté de musique, Université de Montréal[Record]

  • Matilde Legault,
  • Gabrielle Prud’homme,
  • Alexandre Villemaire,
  • Isabel Almario and
  • Nataliia Avramova

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  • Matilde Legault

  • Gabrielle Prud’homme

  • Alexandre Villemaire

  • Avec la collaboration de
    Isabel Almario
    Nataliia Avramova

Organisé conjointement par l’équipe de recherche « Musique en France aux xixe-xxe siècles. Discours et idéologies » (émf) de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (oicrm) et par le réseau international de recherche « Musique et nation », le colloque international et interdisciplinaire Musique et sorties de guerres (xixe-xxie siècles) se proposait d’entamer une réflexion sur l’utilisation de la musique dans les transitions vers la paix à la suite d’un conflit armé. Se déroulant du 18 au 20 octobre 2018 à la Faculté de musique de l’Université de Montréal, le colloque a réuni une trentaine de chercheurs internationaux, qui ont étudié les restructurations du monde musical découlant d’une sortie de guerre. L’événement a donné lieu à une grande diversité de communications s’interrogeant sur la réorganisation d’institutions musicales, sur la contribution des pratiques musicales aux ajustements identitaires et leur mise au service des relations internationales, ainsi que sur le rôle de la musique dans un processus de deuil et de transition à l’issue d’une guerre. C’est d’ailleurs en fonction de ces fils rouges qu’est organisé le présent compte rendu. Proposant une structure qui diffère de celle suggérée par le programme du colloque, cette recension s’appuie sur les diverses thématiques soulevées par les communications, sans suivre l’ordre chronologique des séances. À la suite d’un conflit, l’ensemble de la société se mobilise dans le but de se reconstruire et de recréer ses organisations. Toutefois, les tensions découlant des hostilités continuent de résonner lors des remaniements de différents établissements, notamment les institutions musicales. Un cas illustrant cette dynamique a été étudié par l’historien Aurélien Poidevin dans son analyse de l’organisation de l’Opéra et l’Opéra-Comique de Paris de la période d’Occupation au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En exposant les diverses tensions, les compromissions, les exclusions et la réintégration des artistes et des cadres – parmi lesquels des collaborateurs et des résistants du régime de Vichy – au sein de ces organisations, l’historien a démontré la complexité du processus culturel du retour à la paix. Le musicologue Emmanuel Reibel s’est, quant à lui, intéressé au cas de la presse musicale française à la fin de la guerre franco-prussienne (1870-1871), en se penchant sur les enjeux inhérents à la reprise de la publication après une interruption causée par un conflit. En explorant l’ambiguïté qui surgit entre la nécessité de cultiver une mémoire musicale de la guerre, de contribuer à l’actualité et d’entamer un réveil de la vie artistique, Reibel a souligné que l’utilisation de la critique musicale à des fins de régénération esthétique, morale et sociale engendrait une relative paralysie du jugement critique puisqu’elle répondait à une volonté de démontrer une fierté patriotique. L’édition musicale française a également fait l’objet d’analyses par les musicologues Rachel Moore, Barbara Kelly et Deborah Mawer. La première a abordé les stratégies employées par les éditeurs français pendant la Grande Guerre pour contrer l’hégémonie des institutions allemandes et favoriser la publication de partitions françaises visant la promotion d’une culture dite « nationale ». Toujours dans le contexte de la Grande Guerre, Kelly s’est quant à elle penchée sur les éditions d’oeuvres de Mozart réalisées par Saint-Saëns dans lesquelles le compositeur français s’est éloigné de l’influence de l’interprétation romantique allemande. La musicologue a par ailleurs démontré que ces publications favorisaient la présentation de Mozart comme figure implicitement apolitique et neutre, appartenant à une tradition européenne plus vaste, afin de maintenir l’artiste « au-dessus du champ de bataille ». Enfin, Mawer a analysé la collection de partitions L’École moderne publiée en 1926. Servant à rivaliser avec …

Appendices