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Volume 4, Number 2, 2017 Enjeux culturels dans la presse musicale française, 1900-1925
Table of contents (14 articles)
Articles
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Les traces de l’évolution du statut des compositrices au début du xxe siècle dans la revue Musica
Sylvain Caron
pp. 1–18
AbstractFR:
Au début du xxe siècle, en France, rares sont les femmes qui osent s’aventurer professionnellement dans le domaine de la composition. Les pionnières franchissent des obstacles sociaux et institutionnels importants, au prix de luttes et de stratégies que nous avons aujourd’hui peine à imaginer. La revue Musica, publiée mensuellement entre 1902 et 1914 à l’intention d’un lectorat principalement féminin, offre une vitrine incomparablement riche sur cette réalité, non seulement par ses textes, mais également par les nombreuses photographies qu’elle contient. Dans cet article, une attention particulière est portée à Lili Boulanger qui, en 1913, sera la première femme à remporter le premier grand prix de Rome.
EN:
At the beginning of the twentieth century, in France, few women dared to venture professionally into the field of music composition. The pioneers overcame important social and institutional obstacles, at the cost of struggles and strategies that we can hardly imagine today. The journal Musica, published monthly between 1902 and 1914, especially for women, offers a very rich showcase of this reality, not only through its texts, but also through the many photographs it contains. In this article, particular attention is devoted to Lili Boulanger who is the first woman to win the Premier Grand Prix of Rome in 1913.
Musique et musicologie : Grande Guerre et paix
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La Revue musicale ou le phoenix musical
Michel Duchesneau
pp. 19–34
AbstractFR:
Lorsque le directeur de La Revue musicale sim, Jules Écorcheville, part pour le front en 1914, il écrit à son ami Émile Vuillermoz :
Si je ne reviens pas, je vous recommande notre oeuvre, cher ami. Et surtout, si vous tenez à me faire plaisir dans l’autre monde, efforcez-vous de maintenir la concorde et l’harmonie entre les différents éléments qui vont se trouver en présence à ma disparition. Notre revue est faite de différentes pièces ajustées (Amis, sim, etc.), qui tiennent en équilibre par miracle, quelques années de cohésion sont absolument nécessaires encore et c’est précisément cette concentration de nos différentes forces qu’il faudrait maintenir. En tout cas, il ne faudrait pas que ma disparition entraînât celle d’une oeuvre qui nous a coûté, à tous, tant de peine. N’est-il pas vrai ?
Malgré le souhait d’Écorcheville, La Revue sim disparaîtra, mais pas pour longtemps puisqu’elle donnera naissance à deux nouveaux organismes en 1917 et 1920. Pendant la guerre, les anciens de La Revue sim dont Lionel de La Laurencie, vont créer la Société française de musicologie (sfm) sur les ruines de la Société internationale de musique et publieront un Bulletin qui deviendra la Revue de musicologie. Loin de l’actualité, s’écartant délibérément du contexte sociopolitique et culturel, la sfm et son Bulletin favoriseront une approche très « scientifique » et relativement nouvelle en France, de la musicologie, bien qu’encore teintée par les tendances historicisantes à la manière de la Schola Cantorum et écartant pour un temps toute la musicologie germanique. En parallèle, sous les auspices du musicologue Henry Prunières qui s’écarte résolument de la sfm, est créée La Revue musicale. C’est à partir d’un réseau international qui place la musicologie française au coeur de l’action musicale contemporaine que Prunières établit de nouvelles alliances avec le milieu des arts et de la littérature pour fonder l’une des plus célèbres revues musicales de la première moitié du xxe siècle. À partir de documents inédits, nous étudierons les circonstances qui mènent à la refondation de La Revue musicale sur les cendres de la Revue sim entre 1915 et 1919. Nous verrons ainsi comment les hasards de la guerre mènent Prunières à entreprendre la carrière d’éditeur et comment le musicologue conçoit le projet international de la revue dans un contexte de guerre qui contribue à une redéfinition des cultures nationales.
Il est difficile d’extrapoler sur ce qu’aurait pu être l’avenir de La Revue musicale sim si la guerre n’avait pas eu lieu. Il est par contre possible de documenter et de comprendre le rôle que la Grande Guerre jouera dans l’essor d’une nouvelle dynamique pour la musicologie française dont la division d’abord justifiée par le conflit aura des conséquences à long terme sur l’échiquier international de la discipline.
EN:
When the director of La Revue sim, Jules Ecorcheville, left for the front in 1914, he wrote to his friend Émile Vuillermoz:
If I do not come back, I recommend our work, dear friend. And above all, if you want to please me in the other world, try to maintain concord and harmony between the various elements that will be in the presence of my disappearance. Our periodical is made of different adjusted pieces (Friends, sim, etc.), which balance by miracle, a few years of cohesion are absolutely necessary again and it is precisely this concentration of our different strengths that should be maintained. In any case, my disappearance should not entailed that of a work which cost us, all, so much trouble. Is not it true?
Despite the wish of Écorcheville, La Revue sim will disappear, but not for long since it will give birth to two new organizations in 1917 and 1920. During the war, the alumni of La Revue sim including Lionel de La Laurencie, will create the Company French musicology (sfm) on the ruins of the Société internationale de musique and will publish a Bulletin that will become the Revue de musicologie. Far from the current events, deliberately departing from the socio-political and cultural context, the sfm and its Bulletin will favor a very “scientific” and relatively new approach in France, of musicology, although still tinged by the historicizing trends in the manner of the Schola Cantorum and dismissing for a time all Germanic musicology. In parallel, under the auspices of the musicologist Henry Prunières who resolutely deviates from the sfm, is created La Revue musicale. It is from an international network that places French musicology at the heart of contemporary musical action that Prunières establishes new alliances with the world of arts and literature to found one of the most famous musical journals of the world of the first half of the 20th century. From unpublished documents, we will study the circumstances that lead to the re-founding of La Revue musicale on the ashes of the Revue sim between 1915 and 1919. We will thus see how the chances of war lead Prunières to undertake the publishing career and how the musicologist conceives the international project of the journal in a context of war that contributes to a redefinition of national cultures.
It is difficult to extrapolate what the future of La Revue sim would have been if the war had not taken place. On the other hand, it is possible to document and understand the role that the Great War will play in the development of a new dynamic for French musicology whose division first justified by the conflict will have long-term consequences on the chessboard. international discipline.
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Le Courrier musical et le premier conflit mondial (1904-1923). Propagande, mobilisation culturelle et sortie de guerre
Martin Guerpin
pp. 35–57
AbstractFR:
Cet article étudie et remet en perspective le rôle joué par Le Courrier musical dans la mobilisation culturelle du monde musical français pendant la Grande Guerre. Il montre tout d’abord que, de 1916 à 1918, la revue sert d’organe de diffusion d’un discours de propagande nationaliste et antigermanique. Une comparaison de ce discours avec les articles publiés avant et après le conflit permet ensuite de nuancer l’idée selon laquelle la guerre constitua une période d’exception dans l’histoire du positionnement esthétique et idéologique de la revue. Elle marqua bien plutôt une reconfiguration de discours nationalistes très présents dans Le Courrier musical dès les années 1900. D’autre part, ces discours perdurent plusieurs années après 1918. Dans la lignée des travaux récents sur les entrées et sorties de guerre, cet article entend montrer que la compréhension de l’histoire de la musique pendant les conflits implique de ne pas se cantonner à la chronologie traditionnelle et officielle des déclarations de guerre et des traités de paix.
EN:
This article explores the role of the Courrier Musical in the cultural mobilization of the French musical world during the Great War. It shows how, from 1916 to 1918, the journal played a crucial role in spreading a nationalist and anti-German propaganda. A comparison between this propaganda and articles published before and after the war then leads to qualify the idea that the war years were a singular and exceptional period in the history of discourses published in the Courrier musical. In fact, the war only brought to the foreground ideas and claims that had been regularly featured in the journal since the 1900s. Besides, Le Courrier musical also perpetuated these ideas and claims well after the official end of the Great War. Following recent historical studies on periods preceding and following the war, this article make a case for an understanding of the history of music during conflicts that does not restrict itself to the official dates of declarations of war and peace treatises.
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L’« Union sacrée » esthétique dans La Musique pendant la guerre. Trêve des débats pour la refondation du projet national
Liouba Bouscant
pp. 58–74
AbstractFR:
La notion d’« Union sacrée » contre l’Allemagne invoquée par le président français Raymond Poincaré, le 4 août 1914, rejaillit sur l’art, car la guerre est également menée sur le front culturel. La revue La Musique pendant la guerre, dont le rédacteur en chef est le musicien Francis Casadesus, est très proche du gouvernement, et, plus précisément, bénéficie de la protection du responsable de la propagande culturelle de guerre, Albert Dalimier, très investi dans l’aide aux musiciens. Le mot d’ordre de La Musique pendant la guerre pourrait s’énoncer en ces termes : la musique patriote. Le projet esthétique de la revue, consacrée au « mouvement de l’art musical », est incontestablement français et unificateur. En effet, la mission endossée consiste à se focaliser sur le mouvement de l’art musical français, à endiguer l’interruption de la vie musicale française et de l’art en temps de guerre et à accélérer la revalorisation à plus grande échelle temporelle et spatiale de la musique française. Nous montrerons dans cet article que le patriotisme musical offensif dicté par les circonstances est en réalité lié à une conception nationaliste plus anciennement ancrée. Clairement argumenté, il est doté d’un programme d’action. Tout d’abord, nous verrons que celui-ci s’emploie à redonner à la musique française, à l’occasion de la guerre, ses droits de promotion et de diffusion considérés comme bafoués depuis 40 ans. Il s’agit d’un discours collectif à teneur structurelle et non pas uniquement d’une revendication conjoncturelle et isolée qui émanerait d’une minorité de l’Action française maurrassienne. Deuxièmement, ce programme s’engage à maintenir cet état après le conflit et pose les jalons d’un débat esthétique de l’après-guerre.
EN:
The notion of “Union Sacrée” against Germany invoked by the French President Raymond Poincaré, August 4, 1914, reflects on art, because the war is also conducted on the cultural front. The journal La Musique pendant la guerre, whose editor-in-chief is the musician Francis Casadesus, is very close to the government, and, more precisely, enjoys the protection of Albert Dalimier, head of cultural war propaganda, who is heavily invested in helping musicians. The motto of La Musique pendant la guerre could be stated in these terms: patriotic music. The aesthetic project of the journal, devoted to “the movement of musical art”, is unquestionably French and unifying. Indeed, the mission is to focus on the movement of French musical art, to contain the interruption of French musical life and art in war and accelerate the revaluation of French music on a larger scale, temporal and spatial. We will show in this article that the offensive musical patriotism dictated by the circumstances is in fact linked to a more entrenched nationalist conception. Clearly argued, it has a program of action. First of all, we will see that this one is used to give back to French music, on the occasion of the war, its rights of promotion and diffusion considered as flouted for 40 years. It is a collective discourse with a structural content and not only a cyclical and isolated claim that would emanate from a minority of the Action française maurrassienne. Secondly, this program is committed to maintaining this state after the conflict and lays the foundation for a post-war aesthetic debate.
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Chanter l’athlète moderne, entre ridiculisation et glorification
Federico Lazzaro
pp. 75–98
AbstractFR:
En 1922, le quotidien culturel Comoedia lance le concours de musique, de poésie et d’architecture « L’art et le sport », « pour glorifier l’athlète moderne ». La pièce musicale gagnante, Cortège d’athlètes de Louis Vuillemin, est une oeuvre ouvertement militaire et nationaliste. Cet article retrace les liens entre la gymnastique, le sport et la musique en France entre 1870 le début des années 1920 afin de comprendre les origines et les raisons de la militarisation de la musique à sujet sportif.
EN:
In 1922, the daily cultural journal Comoedia launches the competition “Art and Sport”, which asks musicians, poets and architects to “glorify the modern athlete”. The winning musical piece, Cortège d’athlètes by Louis Vuillemin, is an overtly military and nationalistic work. This article traces out the relationship between gymnastics, sport and music in France from 1870 to the beginning of the 1920s, in order to understand how and why a military music connected to sport came about.
Contributions libres
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La chute du voile de tulle. Considérations sur la fonction de la mélodie dans L’enfant et les sortilèges de Ravel
Andrea Malvano
pp. 99–117
AbstractFR:
Cet article est dédié aux processus musicaux utilisés par Ravel pour créer une identification émotionnelle entre les personnages et les auditeurs dans L’enfant et les sortilèges. La méthodologie mélange réception et analyse, en utilisant la sensibilité des premiers auditeurs pour souligner certaines réactions qui pourraient être ignorées par les auditeurs modernes. La recherche prend en considération quelques scènes de la fantaisie lyrique particulièrement intéressantes pour notre sujet : « Ding, ding, ding » (l’Horloge), « Toi, le coeur de la rose » (l’Enfant), « La cage, c’était pour mieux voir ta prestesse » (l’Écureuil). L’analyse de ces scènes montre que les outils utilisés par Ravel pour créer empathie avec le public produisent une distance avec l’idée poétique exprimée dans L’heure espagnole. La dernière partie de l’article est dédiée à la comparaison entre L’enfant et les sortilèges et les Histoires naturelles, en évaluant le parallélisme entre les caractères et les portraits émotifs des animaux anthropomorphes. Les résultats de la recherche révèlent un fort changement de perspective avec la composition de L’enfant et les sortilèges, sur le plan de la définition des stratégies utilisées par Ravel pour entrer en contact avec les émotions des auditeurs.
EN:
This article focuses on the musical processes used by Ravel to create emotional identification between characters and listeners in L’enfant et les sortilèges. Methodology consists in merging reception and analysis, using the sensitivity of the audience at the first performance, to reach some reactions that could be ignored by the modern listener. The study considers some parts of the opera that could be relevant to the topic: « Ding, ding, ding » (l’Horloge), « Toi, le coeur de la rose » (l’Enfant), « La cage, c’était pour mieux voir ta prestesse » (l’Écureuil). The analysis of these scenes shows that instruments used by Ravel to activate empathy with the audience create a distance from the poetic idea expressed in the previous opera L’heure espagnole. The final part of the article is focused on the comparison between L’enfant et les sortilèges and the Histoires naturelles, establishing a parallelism among temperaments and emotional profiles of the anthropomorphic animals. The results of the research reveal a huge change in prospective while composing L’enfant et les sortilèges, in defining strategies used by Ravel in emotional communication with listeners.
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L’incorporation d’éléments du jazz dans le tango d’Astor Piazzolla
Thomas Fontes Saboga Cardoso
pp. 118–135
AbstractFR:
Nous examinons dans cet article la combinaison entre tango et jazz proposée par le compositeur et bandonéoniste argentin Astor Piazzolla (1921-1992). Les traits du tango y sont privilégiés, constituant les éléments de base repérables principalement dans des gestes mélodiques, des modèles d’accompagnement et des timbres caractéristiques très fréquemment employés, qui assurent aussi bien la cohésion et l’unité musicale que l’identité de ce genre urbain argentin, la centralité du tango figurant comme le principal moyen d’articuler ces univers. Nous observerons également une autre stratégie employée par le compositeur, consistant à profiter des caractéristiques communes des musiques métissées comme moyen pour atteindre l’alliance sonore – le métissage par intersection.
EN:
This article seeks to understand the articulation of tango and jazz in the production of the composer and bandoneonist Astor Piazzolla (1921-1992). Tango features are favored in this junction in which they serve as basic elements, mainly through the presence of melodic gestures, accompaniment models and characteristic timbres very frequently used, which assure the cohesion and musical unity as well as the identity of this Argentine urban genre. Another strategy is considered, in which the composer uses common characteristics of different music genres as a mean for reaching the musical combination he is looking for.
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La création d’Another Brick in the Wall – l’opéra de Julien Bilodeau. Les différents enjeux du crossover entre opéra et rock
Danick Trottier
pp. 136–161
AbstractFR:
En date du 11 mars 2017 avait lieu à Montréal la création d’Another Brick in the Wall – l’opéra du compositeur Julien Bilodeau. Représentée par l’Opéra de Montréal dans le contexte du 375e anniversaire de fondation de Montréal, l’oeuvre a été l’objet d’une importante campagne de publicité et a mobilisé l’attention des médias, comme l’a rarement fait une création opératique dans l’histoire de Montréal. Cette attention est aussi secondée par le crossover classique qui est à l’origine de l’oeuvre, soit le fait de métamorphoser The Wall en opéra avec l’accord de son principal créateur Rogers Waters. L’opéra de Bilodeau est donc à l’origine d’une multitude de questions dans son rapport à l’oeuvre d’origine, ces questions se posant autant du côté de la production avec le langage musical adopté par le compositeur que du côté de la réception avec le croisement des conventions appartenant à l’opéra et au rock. L’article met en relief ces questions et tente d’y répondre en prenant en considération le phénomène du crossover entre opéra et rock, la partition de Bilodeau ainsi que les critiques publiées dans la foulée de la première.
EN:
On March 11, 2017, the creation of Another Brick in the Wall—The Opera by composer Julien Bilodeau took place in Montreal. Performed by the Opéra de Montréal in context of Montreal’s birthday for its 375th anniversary, the work was deployed through an amazing campaign of advertising in addition to the attention given by the media, as it was never been the case before for a creation of that kind in Montreal. That attention was also the result of the classical crossover at the core of the work, namely the metamorphosis of The Wall into a truly opera with the agreement of its principal leader Roger Waters. The opera composed by Bilodeau is then at the confluence of a plethora of questions in front of The Wall, these questions being on the side of production through the composer’s choices for musical language as well as on the side of reception though the crossover of conventions from opera and rock. The article addresses these questions regarding the phenomena of classical crossover between opera and rock, Bilodeau’s score and the critiques published in the aftermath of the première.
Notes de terrain
Dossier Esthétique musicale en France, 1900-1950
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Présentation des Notes de terrain
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Le discours esthétique dans la presse musicale française. Cadre théorique et méthodologie du projet de recherche « Histoire de l’esthétique musicale en France, 1900-1950 » (phem)
Federico Lazzaro
pp. 163–175
AbstractFR:
Le projet de recherche « Histoire de l’esthétique musicale en France, 1900-1950 » (phem) vise à reconstruire le débat esthético-musical de l’époque à travers un dépouillement systématique de la presse périodique et la constitution d’une banque de données. Cet article introduit une série de publications liées au projet tout en illustrant le cadre théorique et la méthodologie.
EN:
The research project “History of Musical Aesthetics in France, 1900-1950” (phem) aims at uncovering the music-aesthetic debate of that period through a thorough examination of the press and the development of a data-base. This paper provides an introduction to a series of publications linked to the phem. It discusses the theoretical frame and methodology of the project.
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« Critiques musicaux de jadis et de naguère ». Raymond Bouyer, la musique et l’art (« Anthologie du phem » / Musicographes, 1)
Michel Duchesneau
pp. 176–188
AbstractFR:
Écrivain et critique d’art, Raymond Bouyer (1862-1939?) aura une activité de chroniqueur musical intense notamment au Ménestrel de 1898 à 1939. S’interrogeant notamment sur la pratique de la critique musicale, Bouyer publie dans Le Ménestrel en 1909 une série d’articles sur la situation de la critique musicale face à l’histoire de la critique d’art. Convoquant le monde grec qui occupe depuis un certain temps déjà l’esprit des musiciens, le critique se penche sur une généalogie de la critique pour en tirer un certain nombre de conclusions sur la critique moderne, rappelant qu’elle possède au moins une constante : l’autoréférentialité (« en dépit des progrès de l’érudition, chaque époque de l’art juge à son point de vue… c’est humain ! »).
EN:
Writer and art critic, Raymond Bouyer (1862-1939?) was a prolific music chronicler especially for Le Ménestrel from 1898 to 1939. Questioning in particular the practice of musical criticism, Bouyer published in Le Ménestrel in 1909 a series of articles on the situation of music criticism facing the history of art criticism. Alluding to the Greek world, which has occupied the minds of musicians for some time, the critic turns to a genealogy of criticism to draw a number of conclusions about modern criticism, recalling that it has at least one constant: self-referentiality (“in spite of the progress of erudition, every era of art judges from its point of view... it’s human!”).
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Internationalisme, cosmopolitisme (« Anthologie du phem » / Mots clés, 1)
Judy-Ann Desrosiers and Federico Lazzaro
pp. 189–215
AbstractFR:
Ce premier chapitre de la section Mots clés de la série « Anthologie du phem » s’intéresse à une des questions cruciales du débat musicographique parisien dans l’entre-deux-guerres, à savoir les rapports entre musique et internationalisme (ou cosmopolitisme). Les trois articles sélectionnés expriment trois positions très différentes et articulées : l’universalisme francocentrique, la condamnation de l’internationalisme considéré comme illusoire et l’utopie cosmopolite. À une époque traversée par l’idéal d’une coopération internationale pacifique et par les nationalismes les plus exacerbés, les discours développés dans ces articles permettent de faire la lumière sur les enjeux politiques et esthétiques qui sous-tendent le débat musical.
EN:
This first chapter of the Keyword section of the collection “Anthologie du phem” (phem’s source readings) addresses the relationship between music and internationalism (or cosmopolitanism), that is one of the most crucial issues arising from the Parisian musical debate of the interwar period. The three selected articles defend three different positions: a francocentric universalism, the condemnation of internationalism considered as illusory, and the utopia of cosmopolitanism. In the interwar period, the ideal of a pacific international cooperation coexisted with the most extreme nationalisms, and the discourse presented in this articles provides a deeper insight into the political and aesthetical issues behind the musical debate.
Comptes rendus
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Musique et nation dans l’entre-deux-guerres (Europe-Amériques). Compte rendu de la journée d’étude inaugurale du projet de recherche, 10 décembre 2015, Maison de la Recherche, Paris
Johanna Amar, Tristan Lebaud and Cecilia Gomes Pires
pp. 216–219
AbstractFR:
Le 10 décembre 2015 se tenait à la Maison de la Recherche à Paris la journée d’étude Musique et nation dans l’entre-deux-guerres (Europe-Amériques). Musicologues et historiens ont questionné l’articulation du fait musical et de l’idée nationale dans les démocraties de l’entre-deux guerres. Ce lien avait déjà fait l’objet de diverses études pour le xixe siècle et les régimes autoritaires. La journée d’étude est la première étape d’un projet de recherche international coordonnée par le Centre d’Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines de l’Université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, le laboratoire Synergies Langues Arts musique (slam) de l’Université d’Evry-Val d’Essonne et l’Institut de Recherche en Musicologie (cnrs, Université Paris-Sorbonne). Le lien entre « musique et nation » fut à nouveau questionné lors d’un colloque en 2016 à Manchester puis prochainement en octobre 2018 à Montréal.
EN:
A one-day conference about Music and nation in the inter-war period (Europe-The United States and South America) took place on 10th December 2015 at the Maison de la Recherche in Paris. Musicologists and historians questioned the connection between music and the national feeling that can be found in interwar democracies. In studies about the 19th century and authoritarian regimes, this link has already been put forward. However, this day is the first step of an international research project launched by the Department of Cultural History of Contemporary (or Modern) Societies at the University of Saint-Quentin-en-Yvelines and by the laboratory of Synergy, Languages, Arts and Music (slam) of the University of Evry-Val d’Essonne as well as the Institute of Research in Musicology (cnrs, University Paris-Sorbonne). The association between “music and nation” was questioned again in 2016 in Manchester. In the near future, the issue will be at stake in Montreal during a symposium which will take place in October 2018.