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Volume 3, Number 1, 2018 Genre, sexualité et normativités dans le passage à la vie adulte Guest-edited by Gabrielle Richard
Table of contents (8 articles)
Articles
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Présentation du numéro
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Perspectives théoriques pour une définition des études sur le genre, les sexualités et les normativités
Gabrielle Richard
pp. 4–20
AbstractFR:
Des travaux en sociologie de l’éducation, en sociologie de la jeunesse, et en études féministes et de genre ont historiquement mis au jour l’existence de normes sociales genrées dans les principales instances de socialisation comme la famille, l’école, les groupes de pairs ou les médias. Ces normes de genre réfèrent aux attentes sociales et culturelles ciblant les personnes en fonction de leur assignation de sexe à la naissance, et contribuant à établir lesquels des corps, des comportements et des identités sont considérés comme « normaux » (attendus, adéquats ou désirables) dans une société donnée, à un moment spécifique. En continuité directe avec ces analyses, les études sur les normativités de genre et de sexualité qui ont émergé depuis le début des années 2000 ont interrogé les processus normatifs de mise en genre et en sexualité, particulièrement auprès d’une population jeune. À partir d’une variété d’approches théoriques et méthodologiques, ces travaux observent les mécanismes d’entrée dans la sexualité et dans les dynamiques de séduction hétérosexuelle, analysent l’hétérosexualité comme institution, et interrogent les modèles s’émancipant des conceptions hétéronormatives dominantes ou encore reconduisant une bicatégorisation par sexe. Cet article suggère un pas de côté favorisant le recul nécessaire à la proposition des fondations d’un champ de recherche sur le genre, les sexualités et les normativités.
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GRIS-Montréal, témoin et acteur de l’évolution des attitudes des élèves du secondaire envers la diversité sexuelle
Olivier Vallerand, Sylvie Marcotte, Kévin Lavoie, Amélie Charbonneau and Marie Houzeau
pp. 21–55
AbstractFR:
L’article compare l’évolution des attitudes des jeunes rencontrés par le GRIS-Montréal, un organisme qui lutte contre l’homophobie et favorise, par le témoignage, une meilleure connaissance des réalités homosexuelles et bisexuelles en milieu scolaire. Quatre temps de mesure échelonnés entre 2001 et 2017 ont permis de dépouiller 7 122 questionnaires remplis par des élèves du secondaire âgés de 12 à 18 ans (moyenne de 15 ans). Les résultats montrent d’abord qu’un plus grand nombre d’élèves mentionnent aujourd’hui des attirances sexuelles autres que seulement pour le genre opposé. Ils montrent ensuite une évolution positive sur quinze ans des niveaux d’aise des jeunes pour l’ensemble des dimensions étudiées à l’aide du questionnaire. Toutefois, si les niveaux d’aise par rapport à la plupart des dimensions augmentent alors que les jeunes avancent vers l’âge adulte, avec un changement particulier entre 14 et 15 ans, le niveau d’aise par rapport aux droits des personnes gaies et lesbiennes diminue avec l’âge chez les jeunes rencontrés. De plus, alors que le niveau d’aise par rapport aux lesbiennes n’est pas affecté par le genre des répondants, le niveau d’aise par rapport aux gais est significativement plus petit chez les garçons. L’article se termine en discutant la nécessité pour le GRIS-Montréal de répondre aux besoins des jeunes quant à leurs conceptions de plus en plus sophistiquées de l’orientation sexuelle et du genre, ainsi que les défis que posent de tels changements.
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Humiliation, responsabilisation et moralisation dans les discours sur le partage d’images intimes chez les jeunes
Élisabeth Mercier
pp. 56–77
AbstractFR:
Cet article porte sur les discours entourant le partage, consensuel ou non, d’images à caractère sexuel (sextage, porno revancharde) chez les jeunes. Ce phénomène suscite inquiétude et indignation à l’heure actuelle et fait l’objet d’une couverture médiatique intense, de campagnes de prévention et de mesures législatives spécifiques au Québec et ailleurs en Occident. L’article présente les résultats d’une analyse critique des discours médiatiques et légaux qui produisent le partage d’images intimes chez les jeunes comme un problème public nécessitant des solutions. Les documents soumis à l’analyse proviennent des articles et des reportages publiés dans la presse écrite francophone ainsi que des principales mesures de prévention mises en place au courant de l’année 2017 au Québec. Réalisée à partir d'un cadre théorique féministe dit sexe-positif, l'analyse montre comment les discours à l'égard du partage d'images intimes chez les jeunes reproduisent les normes conventionnelles de la sexualité et le double standard qu'elles supportent. Notamment, ces discours produisent le partage d’images intimes comme une pratique foncièrement malsaine et dangereuse, surtout pour les jeunes filles. Conséquemment, la majorité des mesures proposées ciblent d’abord les filles qui sont invitées à se responsabiliser et se soucier d’elles-mêmes afin d’éviter les risques liés au partage d’images intimes, à commencer par celui de leur humiliation sexuelle (slut-shaming).
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Les initiations sexuelles de jeunes Dakarois : mises en scène viriles et hiérarchies masculines
Nicolas Faynot
pp. 78–97
AbstractFR:
Cet article a trait aux manières dont de jeunes hommes dakarois mobilisent des contenus pédagogiques pour se former aux questions sexuelles. Il s’agira de montrer que les espaces de réunions entre groupes de pairs masculins peuvent être perçus comme des lieux d’apprentissages et d’initiation à la sexualité hétérosexuelle. Or, ce sont aussi des cadres de rivalités qui se focalisent autour de certaines compétences et de passifs sexuels considérés comme l’apanage d’une masculinité conquérante. La mise en récit de leurs expériences permet de comprendre sur quelles bases sont pensées les hiérarchies qui se mettent en place entre les membres du groupe. Si le passif relationnel et sexuel s’avère être au centre de ces jugements honorifiques, la perte de virginité de ces jeunes hommes semble symboliquement le critère initiatique par excellence de l’accès à une respectabilité. Les mécanismes et le contexte d’entrée dans la sexualité contribuent alors à réaffirmer des rapports de pouvoir entre hommes et femmes, mais aussi entre hommes. La perte de virginité des hommes peut alors être pensée comme un marqueur initiatique qui s’incarne dans ce cadre hétéronormatif.
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Jeunes femmes de la rue et féminités marginalisées. Que nous révèlent les récits des principales intéressées ?
Catherine Flynn, Mélissa Cribb and Dominique Damant
pp. 98–113
AbstractFR:
Les travaux menés auprès de jeunes femmes en situation d’itinérance s’articulent souvent autour de la notion de risque. S’ils présentent la rue comme un milieu dangereux pour les jeunes femmes, notamment en raison des risques de subir une ou plusieurs agressions à caractère sexuel, ils contribuent également à présenter ces jeunes femmes comme une population délinquante, voire criminelle. Lorsqu’elle est étudiée à l’aide d’une méthodologie qualitative axée sur la parole de ces femmes, et analysée dans une perspective féministe, l’expérience des jeunes femmes en situation d’itinérance nous renseigne sur la façon dont leurs attitudes et comportements peuvent être compris à travers une matrice traversée par des rapports de pouvoir liés au genre et à l’âge. Cet article présente une analyse féministe intersectionnelle du « traitement » subi par les jeunes femmes de la rue à travers les différentes institutions qu'elles ont côtoyées entre 15 et 25 ans, lorsqu’elles ont adopté une conduite en tension avec celle associée aux stéréotypes sexistes de féminité. Cette analyse repose sur les récits des participantes tels que colligés dans le cadre d’une recherche-action participative réalisée entre le printemps 2013 et l’été 2014 avec sept jeunes femmes en processus de sortie de rue de la région de Québec. Cette étude avait pour objectif de documenter les violences structurelles expérimentées par celles-ci, de même que leurs stratégies pour y faire face.
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Normes sociales, sexuelles et genrées des jeunes détenus en France au moment de leur passage à l’âge adulte
Yaëlle Amsellem-Mainguy, Benoît Coquard and Arthur Vuattoux
pp. 114–132
AbstractFR:
Cet article se base sur une enquête de terrain menée dans cinq prisons pour mineurs françaises, interrogeant à la fois le moment de la détention, le parcours antérieur et les aspirations des jeunes pour l’avenir. Le regard des jeunes sur leur vie amoureuse et sexuelle présente, mais également sur leur quotidien carcéral et sur leurs aspirations, révèle une grande conformité de leurs attentes à des modes de vie de classe populaire, principalement marqués par la valorisation du travail et de la conjugalité stable hétérosexuelle. De ce point de vue, leur discours dessine un continuum entre les normes sociales, de genre et de sexualité entretenues dans la prison, dans leur quartier et dans ce qu’ils imaginent de leur avenir. Cet article permet également de comprendre le rapport qu’entretiennent ces jeunes à « la jeunesse » dans son ensemble, dont ils font partie tout en s'en sentant exclus, et la manière dont leur situation présente, dévalorisée et dévalorisante à leurs yeux, est le terreau d’une aspiration à la conformité, notamment en matière de position sociale, de genre et de sexualité.
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Au-delà des apparences : analyse intersectionnelle de vécus de jeunes trans migrants et racisés au Québec
Dalia Tourki, Edward Ou Jin Lee, Alexandre Baril, William Hébert and Annie Pullen Sansfaçon
pp. 133–153
AbstractFR:
Depuis quelque temps, on observe une prise de conscience publique concernant les enjeux que vivent les personnes trans migrantes et les jeunes trans, surtout au Québec. Néanmoins, il existe très peu de littérature sur le vécu des jeunes trans migrants et racisés. Notre article vise à pallier cette lacune apparente dans les recherches francophones sur les personnes trans migrantes, en particulier chez les jeunes, en présentant les résultats préliminaires d’un projet de recherche-action participative communautaire visant à mieux comprendre les expériences des jeunes trans âgés de 15 à 25 ans vivant au Québec. Le présent article discute des facteurs d’oppression ainsi que de certains privilèges, de même que de l’influence qu’ils ont sur l’expérience des jeunes trans migrants et racisés lorsqu’ils naviguent les normes de genre préétablies. L’article traite des manières dont des facteurs tels que l’identité de genre, la citoyenneté, la race et l’âge s’entrecroisent et interagissent, et ultimement influencent les transitions médicales, sociales et légales de ces jeunes. De plus, nous discutons des axes de différenciation sociale, ainsi que la manière dont ils façonnent les difficultés qui marquent le parcours de ces jeunes et qui empêchent parfois l’affirmation de leurs multiples identités. Nous reconnaissons également la force et la résilience chez les jeunes trans migrants et racisés ainsi que la manière dont ces jeunes réagissent aux oppressions multiples.