Abstracts
Résumé
Comme toute autre pratique, la prévention se fonde sur une connaissance des effets attendus à la suite d’une ou plusieurs actions. Si les débats sur la prévention tournent autour de la validité des connaissances prétendant légitimer l’action, il reste que le spécialiste de la prévention est loin de détenir l’exclusivité de la validation des actions préventives; d’autre part, les pratiques de prévention ne sont pas souvent et même rarement en accord avec les recommandations ou légitimations des experts. Les auteurs, se plaçant « du point de vue de l’expert » et cherchant à savoir d’où proviennent les représentations de la réalité et comment ces représentations pèsent sur les décisions prises en matière de prévention, constatent à partir de quelques exemples tirés de la réalité helvétique, la déception des experts par rapport à l’usage politique de la prévention ou par rapport aux représentations populaires des « fléaux sociaux ». Présentant un bref aperçu des principaux concepts de psychologie sociale ou de sociologie de la connaissance indispensable pour cerner la problématisation populaire du fléau social, ce qui revient à comprendre pourquoi les gens craignent certaines réalités — par exemple, la drogue — et en valorisent d’autres, les auteurs de l’article dégagent l’enjeu politique que recèle la fonction de préservation de l’ordre symbolique rempli par la problématisation des fléaux sociaux. Cet enjeu politique renvoie au retour de l’expert sur le terrain où se déterminent les représentations sociales. Se référant au « modèle italien », moins aux pratiques sociales mises en oeuvre qu’aux conceptions qui sont à leur origine, l’analyse dégage les tentatives où la prévention est susceptible de diminuer les « fléaux sociaux » en agissant sur les facteurs qui les produisent aussi bien dans leur réalité que dans les représentations qui leur sont sous-jacentes, en faisant de cette lutte l’affaire de la population en tant que sujet historique.
Abstract
Prevention policy, like any other policy, is based on our knowledge of the consequences of one or more actions. Discussion on prevention is generally concerned with the validity of knowledge on which prevention policy is based but the specialist on prevention is far from being able to stake an exclusive claim on the validity of preventive actions. Furthermore, the daily reality of prevention is often a far cry from the recommendations of the experts. The authors look at the situation "from the point of view of the experts" and try to understand their vision of reality and how these perceptions influence decision making on prevention. On the basis of an analysis of certain experiences in Switzerland, the authors have found that the experts are generally disappointed both with the political uses to which prevention policy is often put and also with popular conceptions concerning social problems.
After a brief discussion of various concepts used in social psychology and the sociology of knowledge which are necessary to understand popular conceptions of social problems—why people fear certain realities like drugs for example and value others—the authors try to show how studies on social problems fulfill an essentially political function by reinforcing the existing symbolic order. This political function is important when we try to understand the expert's perception of reality in the field. A discussion of the "Italian model" and its underlying theoretical framework points the way to an approach which can deal effectively with social problems by acting on the factors that cause them, as much in reality as in our perceptions of these realities.
Resumen
Como toda otra práctica, la prevención se funda sobre el conocimiento de los resultados esperados como consecuencias de una o varias acciones. Si los debates sobre la prevención giran en torno de la validez de los conocimientos que pretenden legitimar la acción, el especialista de la prevención está lejos de tener la exclusividad de la validación de las acciones preventivas. Por otra parte, las prácticas de prevención no están ni frecuentemente ni aún raramente de acuerdo con las recomendaciones o las legitimaciones de los expertos. Los autores, tomando "el punto de vista del experto" buscan el origen de las representaciones de la realidad, y cómo estas representaciones pesan sobre las decisiones en materia de prevención, constatando, a partir de algunos ejemplos de la realidad suiza, la decepción de los expertos en cuanto a la utilización política de la prevención o a las representaciones populares de los "males sociales".
Después de presentar los conceptos principales de psicología social o de la sociología del conocimiento, indispensables para situar la problematización popular de mal social, lo que equivale a comprender porqué la gente terne ciertas realidades, como, por ejemplo, la droga, y porqué valoriza otras, los autores muestran el área política oculta por la función de preservación del orden simbólico tal como expresada en la problematización de los males sociales. Este conflicto político refiere, a su vez, a la vuelta del experto al terreno en el que se determinan las representaciones sociales. Refiriéndose al "modelo italiano", menos como prácticas sociales que como las concepciones que son su origen, el análisis muestra las tentativas en las que la prevención es susceptible de disminuír los "males sociales", actuando sobre los factores que los producen, tanto en su realidad como en las representaciones que les son subyacentes, haciendo de esta lucha la de la población misma en cuanto sujeto histórico.