Relations industrielles
Industrial Relations
Volume 70, Number 2, Spring 2015 Le syndicalisme en quête d’autonomie et de renouvellement en Europe : études de cas : Grèce, Espagne, Portugal et France Unionism in Search of Autonomy and Renewal in Europe: Case Studies: Greece, Spain, Portugal and France Guest-edited by Anne Dufresne and Jean Vandewattyne
Table of contents (12 articles)
Symposium
Articles
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Lost in the Ocean of Deregulation? The Greek Labour Movement in a Time of Crisis
Lefteris Kretsos and Markos Vogiatzoglou
pp. 218–239
AbstractEN:
The 2008 financial crisis had a tremendous impact on the Greek economy and society. Since 2010, widespread popular mobilizations have emerged against the austerity measures that were part of the bail-out package proposed to the Greek governments by the Troika of creditors (EU-ECB-IMF). Yet the institutional trade unions have failed to impede the reduction of wage earners’ income, which, by 2013, had dropped by 50% compared to 2008 levels. These unions have also been largely unable to confirm their leading role in mobilizing the working population. This article examines the reasons for the failure of the institutional trade unions to adequately address the austerity challenge. We consider that the explanation of their shortcomings lies in the generic challenges and problems contemporary trade unions are facing, as documented in the relevant international literature, as well as the specific particularities and traits of the Greek socio-political context. We also investigate the alternatives proposed by militant, grassroots labour organizations, such as neighbourhood-based workers’ clubs, industry sector or company-based unions populated by precarious workers, and occupied, self-managed companies. After identifying the strong points of the latter’s contributions, as well as the problems and challenges they are facing, we conclude that a diversified and innovative approach is required on the part of the labour movement in order to simultaneously address and exploit all sources of workers’ power. The article concludes that a process of strategic rapprochement between mainstream and radical unions in Greece is necessary.
FR:
La crise financière de 2008 a eu un impact énorme sur l’économie et la société grecques. Depuis 2010, de grandes mobilisations populaires ont émergé contre les mesures d’austérité du plan de sauvetage que la troïka des créanciers (UE-BCE-FMI) a proposé aux gouvernements grecs. Pourtant, les syndicats institutionnels ont échoué à empêcher la réduction des revenus des salariés, à hauteur de 50% en 2013 par rapport à ceux de 2008. En outre, ils furent largement incapables de confirmer leur rôle de leader dans les mobilisations des classes ouvrières et des salariés. Dans cet article, nous examinons les raisons de l’échec des syndicats institutionnels à répondre de manière adéquate au défi de l’austérité. Nous considérons que l’explication de cet échec réside dans les défis et les problèmes génériques auxquels les syndicats contemporains sont confrontés — dont la littérature internationale a documenté le sujet —, ainsi que dans les particularités et les caractéristiques spécifiques du contexte socio-politique grec. Ensuite, nous étudions les alternatives proposées par des groupes de militants et des travailleurs de la base, par exemple, des associations de quartier formées par des travailleurs, des syndicats d’entreprise composés par des travailleurs précaires et des entreprises autogérées en état d’occupation. Après avoir identifié les points forts de leur contribution, ainsi que les problèmes et les défis auxquels ils sont confrontés, nous concluons qu’une approche diversifiée et innovante est requise, au nom du mouvement ouvrier, afin de simultanément tenir compte et exploiter toute source de pouvoir ouvrier. L’article conclut qu’un processus de rapprochement stratégique entre les syndicats traditionnels et radicaux est nécessaire en Grèce.
ES:
La crisis financiera de 2008 tuvo un impacto enorme sobre la economía y la sociedad griega. Desde 2010, grandes movilizaciones populares han surgido contra las medidas de austeridad del plan de rescate que la troika de acreedores (Unión Europea, Banco Central de Europa, Fondo Monetario Internacional) ha propuesto a los gobiernos griegos. Sin embargo, los sindicatos institucionales han fracasado a impedir la reducción de los ingresos de asalariados, a la altura del 50% en 2013 respecto los de 2008. Además, ellos fueron completamente incapaces de confirmar su rol de líder en las movilizaciones de clases obreras y de los asalariados. En este artículo, examinamos las razones del fracaso de los sindicatos institucionales a responder de manera adecuada al reto de la austeridad. Consideramos que la explicación de este fracaso se encuentra en los desafíos y problemas genéricos a los cuales los sindicatos contemporáneos son confrontados — como la literatura internacional lo ha documentado —, así como en las particularidades y las características específicas del contexto socio-político griego. Enseguida estudiamos las alternativas propuestas por los grupos de militantes y los trabajadores de base, por ejemplo, de las asociaciones de barrio formadas por trabajadores, sindicatos de empresa compuestos por trabajadores precarios y las empresas de autogestión en estado de ocupación. Después de haber identificado los puntos fuertes de su contribución, así como los problemas y desafíos a los cuales son confrontados, concluimos que se requiere un enfoque diversificado e innovador, en nombre del movimiento obrero, con miras a orientar y explotar toda fuente de poder obrero. El artículo concluye que un proceso de acercamiento estratégico entre los sindicatos tradicionales y radicales es necesario en Grecia.
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“They don´t represent us!” Opportunities for a Social Movement Unionism Strategy in Spain
Holm-Detlev Köhler and José Pablo Calleja Jiménez
pp. 240–261
AbstractEN:
Our goal is to analyze strategies of union revitalization that have been successful elsewhere and have the potential to become so in Spain. Within these practices, Social Movement Unionism focuses on alliances with other groups to improve unions’ social efficiency. In this article, we address the applicability of the principles of Social Movement Unionism in the specific case of Spain. Given the transformations in the Spanish economy and labour laws tending towards further deregulation, Spanish unions have had to react. The emergence of new social movements such as the Indignados or Mareas Ciudadanas (civic tides) and the declining confidence in unions among the Spanish population, make this approach timely and appropriate.
For this article, we will take certain aspects from the trade union revitalization debate and combine them with the main theories on New Social Movements. We will apply these approaches to a specific case study: The viability of cooperation between the largest Spanish trade unions and the recent social movements arising from the Indignados movement. For this purpose, we will primarily use data from secondary sources and transcripts of interviews conducted with unionists and social movement activists. With all these elements taken into consideration, we will conclude by showing the inhibiting and facilitating conditions for the development of a Social Movement Unionism strategy for the referred actors.
FR:
Notre but est d’analyser les stratégies de renouveau syndical qui ont obtenu du succès ailleurs et qui sont susceptibles d’en avoir en Espagne. Dans le cadre de ces nouvelles pratiques, le « syndicalisme de mouvement social » se centre sur des alliances avec d’autres groupes sociaux afin d’accroître son efficacité. À l’intérieur de cet article, nous étudions la possibilité d’appliquer les principes du « syndicalisme de mouvement social » au contexte particulier de l’Espagne. Étant donné les transformations de l’économie espagnole et de ses lois du travail orientées de plus en plus vers une déréglementation, les syndicats du pays ont dû réagir. L’émergence de nouveaux mouvements sociaux, tels les indignés (Indignados) et les Mareas Ciudadanas (marées citoyennes visant la démocratie participative) ainsi que la diminution de la confiance dans les unions par la population d’Espagne, ont rendu pertinente cette approche nouvelle.
Dans cet article, nous nous attarderons à certains aspects du débat sur le renouveau du syndicalisme et les comparerons avec les principales théories sur les nouveaux mouvements sociaux. Nous désirons appliquer ces approches à une étude spécifique de cas : la viabilité de la coopération entre les grandes centrales syndicales espagnoles et les récents mouvements sociaux émergent des mouvements d’indignés (Indignados).
À cette fin, nous utiliserons des données secondaires sur le mouvement syndical ainsi que des transcriptions d’entrevues effectuées avec des syndicalistes et des activistes des nouveaux mouvements sociaux. En prenant en considération la totalité de ces éléments, nous conclurons en soulevant tant les facteurs peu propices, que les conditions favorables au développement d’un « syndicalisme de mouvement social » pour les acteurs concernés.
ES:
Nuestro propósito es analizar aquellas estrategias de revitalización sindical que han sido exitosas en otros lugares y que tienen el potencial de serlo en España. Dentro de estas prácticas, el Sindicalismo de Movimiento Social se caracteriza por establecer alianzas con otros grupos sociales para aumentar la eficiencia del sindicato. En este artículo abordamos la aplicabilidad de los principios del Sindicalismo de Movimiento Social a la especificidad del contexto español. Las transformaciones recientes en la situación económica y en la legislación laboral, encaminadas a una mayor desregulación, deben provocar una reacción de los sindicatos españoles. La eclosión de nuevos movimientos sociales como el de los Indignados o las Mareas Ciudadanas, unida a la creciente desconfianza de la población española en los sindicatos, hacen que nuestro planteamiento sea pertinente y oportuno.
En este artículo tomaremos ciertos aspectos del debate sobre revitalización sindical y los combinaremos con las principales teorías sobre los nuevos movimientos sociales. Queremos aplicar estos enfoques al estudio de un caso específico: La viabilidad de una posible cooperación entre los principales sindicatos españoles y los recientes movimientos sociales surgidos en torno a los Indignados. Con esta finalidad, utilizaremos información de fuentes secundarias y transcripciones de entrevistas con sindicalistas y activistas de movimientos sociales. Una vez tomados en consideración todos los elementos, concluiremos el artículo mostrando las condiciones que dificultan y favorecen el desarrollo de una estrategia de Sindicalismo de Movimiento Social por parte de ambos actores.
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Le syndicalisme portugais et l’austérité : entre la force des protestations et la fragilité des alliances
Hermes Augusto Costa
pp. 262–284
AbstractFR:
L’adoption de mesures d’austérité pour surmonter la crise des dettes souveraines de ces dernières années a accentué la fragilité des syndicats en tant qu’institutions, en mettant aussi à l’épreuve leur capacité de résistance en tant que mouvements. Il n’en demeure pas moins que les syndicats ont cherché à réagir, en s’insurgeant contre les politiques d’austérité. Toutefois, le syndicalisme demeure «orgueilleusement seul», touché par des divisions internes et influencé par des tendances partisanes, semblant dès lors peu enclin à former des alliances avec d’autres groupes et mouvements. Ces derniers, pourtant, partagent souvent des préoccupations semblables à celles des syndicats (la lutte contre la précarité au travail en constituant le meilleur exemple).
Dans la première partie de l’article, nous synthétisons quelques-unes des mesures d’austérité, décrivons brièvement les deux principales confédérations syndicales portugaises ainsi que certains acteurs socioprofessionnels, et analysons leurs discours face à la crise. Dans la seconde partie, nous abordons les caractéristiques et les moments principaux des réactions syndicales et de la protestation sociale plus ample face à l’austérité. Finalement, nous identifions certains défis externes et internes auxquels le syndicalisme est confronté au Portugal. D’une part, les syndicats doivent résister aux pressions externes dictées par les politiques d’austérité; d’autre part, ils doivent adopter une action proactive «à partir de l’intérieur», en s’ouvrant à de nouveaux publics (travailleurs précaires non syndiqués, fortement touchés par la crise et l’austérité) et, par conséquent, à de nouvelles formes de protestation sociale. La création d’un syndicat dans le secteur de la musique, du spectacle et de l’audiovisuel et la lutte dans un centre d’appels dans le secteur de la santé sont, à cet égard, deux défis à l’autonomie et à la rénovation des pratiques syndicales, et elles constituent, peut-être, la voie d’un «syndicalisme de travailleurs précaires», inexistant jusqu’à présent.
EN:
In recent years, the adoption of austerity measures to overcome the sovereign debt crisis has highlighted the weakness of trade unions as institutions, but has also represented a test of the latter’s capacity to offer up resistance as a movement. It is a fact that trade unions have sought to react against austerity policies. However, trade unionism continues to soldier on “proudly” yet alone, internally divided and influenced by partisan tendencies, and little disposed to form alliances with other groups/movements that are also targeting the precariousness of the world of work.
The first part of the article summarizes some of the austerity measures that have been adopted and presents the main Portuguese trade union confederations and socio-occupational actors as well as their discourses regarding the crisis. The second part identifies the key moments of trade union reaction and social protest against the austerity measures (highlighting both strikes and large social demonstrations). The third and last part points out some external and internal challenges currently facing trade unionism in Portugal. On the one hand, trade unions have to resist the external pressures caused by austerity policies; on the other hand, they need to adopt purposeful action “from within,” opening up to new audiences (precarious and non-unionized workers, also strongly affected by the crisis and austerity measures) and therefore to new forms of articulation of social protest. The creation of a trade union in the music, show business and audiovisual sector and the struggle in a call center in the health sector are, in this regard, two challenges to the autonomy and renewal of trade union practices, perhaps pointing the way to a “trade unionism of precarious workers,” heretofore non-existent.
ES:
La adopción de medidas de austeridad para superar la crisis de la deuda soberana en los últimos años ha puesto en evidencia la debilidad de los sindicatos como instituciones, y se presenta al mismo tiempo como un desafío a su capacidad de resistencia como movimiento.
Es un hecho que los sindicatos han tratado de reaccionar contra las políticas de austeridad. Sin embargo, el sindicalismo continúa «orgullosamente sólo», dividido internamente e influenciado por tendencias partidistas y poco disponible a formar alianzas con otros grupos/movimientos también interesados en la lucha contra la precariedad del mundo del trabajo.
En la primera parte del artículo, se sintetizan algunas de las medidas de austeridad y se caracterizan brevemente las dos principales confederaciones sindicales de Portugal y algunos actores socio-profesionales, así como sus discursos relacionados con la crisis. La segunda parte identifica los momentos clave de la reacción sindical y la protesta social contra la austeridad (destacando las huelgas, por una parte, y las grandes protestas sociales, de otra parte). Por último, en la tercera parte se identifican algunos retos externos e internos que enfrenta el movimiento sindical en Portugal. Por un lado, los sindicatos tienen que resistir a las presiones externas resultantes de las políticas de austeridad; por el otro, los sindicatos deben adoptar una acción de tipo propositivo «desde dentro», abriéndose a nuevos públicos (trabajadores precarios y no sindicalizados, también fuertemente afectados por la crisis y la austeridad) y, por lo tanto, a las nuevas formas de articulación de la protesta social. La creación del sindicato en la industria de la música, espectáculo y audiovisual, o la lucha en un centro de llamadas en el sector de la salud son, en este sentido, dos retos para la autonomía y la renovación de las prácticas sindicales, que indican quizás el camino hacia un «sindicalismo de trabajadores precarios», inexistente entonces.
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La reconnaissance de représentativité comme source d’intégration ? L’Union syndicale Solidaires à la recherche d’un positionnement original
Sophie Béroud and Jean-Michel Denis
pp. 285–305
AbstractFR:
Constituée à la fin des années 1990, l’Union syndicale Solidaires a pris une part importante dans les mobilisations sociales. Au travers de ses syndicats SUD, elle apparaît comme l’une des composantes radicales du mouvement syndical en France, tout comme l’un des acteurs majeurs dans la contestation des effets de la crise économique et des politiques de rigueur. Cet article montre que, tout en jouant un rôle important dans la contestation sociale, l’Union syndicale Solidaires (USS) est également engagée dans un processus de reconnaissance de sa représentativité et de sa place dans le système de relations professionnelles. Pour faire vivre le syndicalisme combatif qu’elle entend défendre, l’organisation est, en effet, obligée de gagner en audience et en visibilité. Tout en contestant les règles du système de relations professionnelles, tel qu’elles bénéficiaient aux acteurs dominants au sein de ce dernier, Solidaires réclamait un changement de celles-ci. La réforme des règles de représentativité, lancée en 2008, a été de ce point de vue plutôt positive pour l’Union. Cependant, elle a engendré des dynamiques ambivalentes en son sein : elle a facilité les conditions d’implantation de ses syndicats dans le secteur privé, tout en l’obligeant à rationaliser ses structures, mais aussi ses pratiques, dans un souci d’efficacité. Une tension existe ainsi entre, d’un côté, une stratégie de développement syndical pensée d’une certaine façon « à froid », non plus dans les phases de mobilisation sociale, mais davantage en lien avec les opportunités créées par le nouveau régime de représentativité et, de l’autre, l’importance de certains référents identitaires très présents dans l’organisation (reconnaissance de l’autonomie des structures de base, refus de toute centralisation, critique des permanents syndicaux).
EN:
Established at the end of the 1990s, the Union syndicale Solidaires (USS) has played an important role in social conflict in France. Through its SUD unions, it appears to be one of the components of the radical labour movement in France, and a major player in the protest movement against the effects of the economic crisis and austerity policies. This article shows that, while playing an important role in social protest, USS is also engaged in a process of recognition of its representativeness and its place in the industrial relations system. To support the radical unionism that the organization aims to defend, USS needs to obtain a wider audience and greater visibility. While challenging the rules of the industrial relations system, which were benefiting the dominant players, USS demanded a change in these rules. The reform of the rules of representativeness, through a law adopted on August 20, 2008, was positive for this Union. However, the reform has generated ambivalent dynamics inside the organization, having facilitated the implantation conditions of its unions in the private sector while forcing USS to rationalize its structures, but also its methods for the sake of efficiency. A tension exists between a development strategy in connection with the opportunities created by the new union representativeness scheme and the importance of some identity referents that are very active in the organization (recognition of the autonomy of the basic structures, refusal of any centralization, criticism of union officials).
ES:
Fundada a finales de la década de 1990, la Unión sindical Solidaires ha jugado un papel importante en las movilizaciones sociales. A través de sus sindicatos, llamados SUD, aparece como uno de los componentes de la rama radical del movimiento sindical en Francia y como un actor importante en la protesta contra los efectos de las políticas de crisis y austeridad económica. Este artículo muestra que mientras juega un papel importante en la protesta social, Solidaires también está involucrada en un proceso de reconocimiento de su representatividad y de su lugar en el sistema de relaciones laborales. Para apoyar el sindicalismo radical que quiere promover, es necesario para la organización ganar audiencia y visibilidad. Mientras contestaba las reglas del sistema de relaciones laborales, ya que beneficiaban a los actores dominantes de este, Solidaires exigió desde su nacimiento un cambio en ellos. La reforma de las normas de representatividad, puesta en marcha con la ley del 20 de agosto del 2008, ha sido en esta perspectiva muy positiva para la unión. Pero ha generado dinámicas ambivalentes en su seno: facilita las condiciones de implantación de sus sindicatos en el sector privado, mientras que le obliga a racionalizar sus estructuras, así como sus prácticas con la idea de tener más eficiencia. Una tensión existe ahora entre, por un lado, una estrategia de desarrollo de la unión pensada sin tener en cuenta los momentos de movilización social y más bien en concordancia con las oportunidades creadas por el nuevo régimen de representatividad y, por otra lado, la importancia de ciertos componentes de su identidad (fuerte reconocimiento de la autonomía de las estructuras básicas, rechazo de cualquier centralización, críticas de los puestos de dirigentes “permanentes”).
Hors-thème / Other Issues
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Négocier sous contrainte : les modalités d’appropriation du rôle de « partenaire social » par les représentants de la CGT
Baptiste Giraud
pp. 306–326
AbstractFR:
Cet article étudie les stratégies de négociation et de mobilisation des dirigeants confédéraux de la CGT à l’occasion de réformes gouvernementales de la protection sociale qui préfiguraient celles qui ont été engagées depuis 2008 en réponse à la “crise” économique. L’analyse de l’autonomie des syndicats dans la négociation de ces réformes doit être réinscrite dans un examen au plus long cours des transformations des formes et des conditions de possibilité de la lutte syndicale. L’étude des pratiques de ces dirigeants syndicaux permet, en particulier, de s’interroger sur les ressorts de leur enrôlement dans ces processus de négociation, ainsi que sur les effets et les dilemmes qu’implique cette action institutionnelle sur leur manière de contester les projets gouvernementaux.
Leur engagement dans ces procédures de concertation n’a rien de mécanique ni de consensuel. Il est, d’abord, le fruit de leur affaiblissement politique et militant. Cette situation modifie leur perception des profits qu’ils peuvent retirer à réinvestir les manières d’être et les outils légitimes dans l’espace de la négociation. Elle les porte notamment à valoriser la production de contre-expertise et de contre-propositions pour justifier leur opposition aux projets gouvernementaux. L’investissement de ces modes d’action institutionnels n’exclut pas le recours à l’arme de l’action collective, mais il contribue à en modifier les usages. D’une part, ces dirigeants syndicaux s’imposent des limites dans leurs stratégies de mobilisation des salariés pour asseoir leur légitimité dans la négociation. D’autre part, ils doivent composer avec de multiples contraintes organisationnelles qui entravent leur capacité à mobiliser leurs adhérents au cours de ces négociations interprofessionnelles.
Contre la tendance à opposer l’institutionnalisation des syndicats à leur capacité à entrer en conflit, l’étude des pratiques des dirigeants de la CGT met donc davantage en évidence les contraintes institutionnelles, politiques et organisationnelles qui influencent la manière dont s’articulent et se reconfigurent les usages syndicaux des outils de la négociation et de l’action collective.
EN:
This article focuses on the strategies of negotiation and mobilization of some French trade union leaders (Confédération générale du Travail-CGT) facing important governmental reforms of the welfare system. This period (2003-2006) initiated a long process of structural reforms that have been accelerated since 2008, in answer to the economic crisis. The analysis of trade union autonomy during the negotiations of these reforms has to be included in the framework of the wider issue of the transformations of trade union action. Analysing the action of the trade union leaders contributes to highlight the mechanisms of their involvement in collective bargaining. It also helps to understand the effects of their institutional involvement in their manner of protesting against governmental decisions.
Their commitment in these procedures of dialogue has nothing mechanical or of consensual. At first, it is the consequence of their political and militant weakening. This situation modifies their perception of their own interest to reinvest the game of the collective bargaining. It incites them in particular to value the production of economic arguments and counterproposals to justify their opposition to the governmental projects. The investment of these institutional modes of action does not exclude the use of collective action. But, it contributes to change trade union strategies: because of the limits that these union leaders stand out to increase their legitimacy in the negotiation, and also because of their difficulties to organize collective action.
Analysing the strategies of CGT’s leader shows that the institutionalization of labour unions obstacles necessary to enter in conflict. It rather highlights the institutional, political and organizational factors that determine how they adapt and combine the practices of the negotiations and the collective action.
ES:
Este artículo estudia las estrategias de negociación y de la movilización de los dirigentes confederales de la CGT con ocasión de las reformas gubernamentales de la protección social que anticipaban aquellas que han sido emprendidas desde 2008 en respuesta a la “crisis” económica. El análisis de la autonomía de los sindicatos en la negociación de esas reformas debe ser reinscrito en un examen más vasto de las transformaciones de las formas y de las condiciones de posibilidad de lucha sindical. El estudio de las prácticas de estos dirigentes sindicales permite, en particular, de interrogarse sobre las implicaciones de su adhesión a estos procesos de negociación, así que sobre los efectos y dilemas que envuelven esta acción institucional en cuanto a la manera de contestar los proyectos gubernamentales.
Su adhesión a estos procedimientos de concertación no tiene nada de mecánico ni de consensual. Antes de todo, es el fruto de su debilitamiento político y militante. Esta situación modifica su percepción de las ganancias que pueden obtener al adoptar las maneras de ser y los instrumentos legítimos en el espacio de la negociación. Esto los lleva a valorizar la producción de contra-experticia y de contraproposición para justificar su oposición a los proyectos gubernamentales. La implicación en estos modos de acción institucionales no excluyen el recurso a la arma de acción colectiva, pero ello contribuye a modificar los usos y esto en razón de los límites que estos dirigentes sindicales se imponen para asentar su legitimidad en la negociación así que de las múltiples restricciones organizacionales que entraban su capacidad a movilizar sus adherentes durante estas negociaciones interprofesionales.
Contra la tendencia a oponer la institucionalización de los sindicatos a su capacidad a entrar en conflicto, el estudio de prácticas de los dirigentes de la CGT pone sobre todo en evidencia las restricciones institucionales, políticas y organizacionales que influencian la manera cómo se articulan y se reconfiguran los usos sindicales de los instrumentos de la negociación y de la acción colectiva.
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The Influence of External Information on Collective Bargaining: Survey Evidence of Union and Firm Negotiators in the Netherlands
Alex Lehr, Agnes Akkerman and René Torenvlied
pp. 327–352
AbstractEN:
This paper seeks to answer two questions: 1- To what extent are negotiators in collective bargaining influenced by different types of external information? 2- How can differences in the influence of external information between negotiators be explained by the characteristics of the negotiators and bargaining units? A standardized questionnaire measuring self-reported influences of different types of external information was developed and administered to a representative sample of union and firm negotiators in the Netherlands. In total, 123 negotiators participated in the survey. Four types of external information were investigated: 1- economic information; 2- information on organizational power; 3- institutional information; and 4- information spillovers. Descriptive analyses show that economic information, particularly when referring to the sector level, was very influential, as was institutional information on national and sectoral collective agreement developments. Information reflecting organizational power, e.g. militancy, carried less weight, while information on other bargaining events, i.e. spillover, was also very important. From extant theory, empirical findings and common assumptions in labour relations literature, the paper developed and tested a number of hypotheses concerning the influence of external information. It was found that the influence of spillovers increased with the proximity of their source. Union negotiators were generally more influenced by external information than firm negotiators. There was some evidence that influence increased with experience, but this effect was rather modest. Evidence that negotiators in sector bargaining were less affected by the economic environment than negotiators in company bargaining was weak, but they were found to be less influenced by spillovers and international collective agreement developments.
FR:
Cet article cherche à répondre à deux questions : 1- dans quelle mesure les personnes négociant une convention collective sont-elles influencées par divers types d’information externe; et 2- comment les différences d’influence de l’information externe entre les personnes négociatrices peuvent être expliquées par les caractéristiques de ces personnes et les unités de négociation. Un questionnaire standardisé cherchant à mesurer les influences auto-déclarées de divers types d’information externe a été développé et administré à un échantillon représentatif de négociateurs et négociatrices de syndicats et d’employeurs dans les Pays-Bas. Au total, 123 négociateurs ont participé à l’enquête.
Quatre types d’information externe ont été étudiés : 1- information de nature économique; 2- information relative au pouvoir organisationnel; 3- information de nature institutionnelle; et 4 information relative aux effets de débordement des négociations. Les analyses descriptives montrent que l’information de nature économique, particulièrement au niveau sectoriel, s’avère très influente, tout comme l’information de nature institutionnelle portant sur les développements nationaux et sectoriels des conventions collectives. L’information reflétant le pouvoir organisationnel, tel le militantisme, aurait moins de poids, alors que l’information concernant d’autres aspects liés à la négociation — par exemple, l’effet de débordement —, s’avère très important.
Selon la théorie existante provenant de résultats de recherches empiriques et d’hypothèses couramment admises dans la littérature des relations de travail, cet article développe et vérifie un certain nombre d’hypothèses concernant l’influence de l’information externe. Il s’avère que l’influence des effets de débordement s’accroit à mesure qu’on se rapproche de leur source. De plus, les négociateurs syndicaux sont généralement davantage influencés par l’information externe que leurs vis-à-vis patronaux. Il appert aussi que l’influence s’accroît avec l’expérience, bien que cet effet demeure modeste. L’idée que les personnes négociant au niveau sectoriel sont moins influencées par l’environnement économique que celles négociant au niveau de l’entreprise n’est pas vraiment accréditée par les résultats. Dans cette enquête, il ressort qu’elles sont moins influencées par les effets de débordement et par les développements de convention collective au niveau international.
ES:
Este artículo pretende responder dos preguntas: 1- ¿Hasta qué punto los negociadores de la convención colectiva son influenciados por los diferentes tipos de información externa? 2- ¿Las diferencias en la manera cómo la información externa influencia los negociadores pueden ser explicadas por las características de dichos negociadores y de las unidades de negociación? Un cuestionario estandarizado fue elaborado con medidas auto-reportadas de la influencia de los diferentes tipos de información externa. El instrumento fue administrado a una muestra representativa de negociadores sindicales y patronales en los Países Bajos, obteniendo la participaron de un total de 123 negociadores. Cuatro tipos de información externa fueron investigados: 1- la información económica; 2- la información sobre el poder organizacional; 3- la información institucional; y 4- las externalidades de la información. Los análisis descriptivos que la información económica, particularmente aquellas que conciernen el sector, fueron muy influentes, mientras que la información institucional influenció el desarrollo de la negociación a nivel nacional y sectorial. La información sobre el poder organizacional, por ejemplo, el militantismo, tuvo un peso menos importante, mientras que la información sobre otros aspectos de la negociación, tales que las externalidades, fue también muy importante. A partir de la teoría, los resultados empíricos y los postulados comunes en la literatura sobre relaciones laborales, el artículo desarrolló y verificó algunas hipótesis sobre la influencia de la información externa. Fue corroborado que la influencia de las externalidades aumenta con la proximidad de la fuente. Los negociadores sindicales fueron en general más influenciados por la información externa que los negociadores patronales. Los resultados sugieren que la influencia se incrementa con la experiencia pero este efecto fue más bien modesto. Fue también débil el resultado indicando que los negociadores de nivel sectorial fueron menos afectados por el contexto económico que los negociadores de nivel empresarial. Pero la evidencia fue sólida en el sentido que los negociadores de nivel sectorial fueron menos influenciados por las externalidades y el desarrollo de la negociación colectiva internacional.
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Salaires et productivité du travail au Canada depuis le début du 20e siècle : les travailleurs bénéficient-ils de la croissance économique?
Jacques Rouillard and Jean-François Rouillard
pp. 353–380
AbstractFR:
Notre article évalue la croissance des salaires réels des travailleurs au Canada du début du 20e siècle jusqu’à 2013, en considérant à la fois les salaires des travailleurs syndiqués et non syndiqués. Cette évolution est mise en relation avec la hausse de la productivité du travail afin de vérifier la théorie de l’économiste Robert Solow voulant que la croissance des salaires réels progresse au même rythme que la productivité du travail. Nous relevons l’évolution des salaires en trois temps selon les modes dominants de régulation des relations de travail : 1900-1939, 1940-1979 et 1980-2013. La première phase, celle du libéralisme, est marquée par la négociation individuelle des conditions de travail et l’amorce de la syndicalisation. La deuxième se situe dans la mouvance keynésienne et est caractérisée par le militantisme syndical et l’aide de l’État. La troisième, qui s’inscrit dans l’affirmation du néolibéralisme, voit le recul du syndicalisme et de l’appui apporté par les gouvernements. De notre analyse, il ressort que trois importants facteurs influencent la détermination des salaires : 1-la croissance économique ; 2-l’action de l’État ; et 3- le militantisme syndical.
Notre recherche montre que les salaires réels moyens des travailleurs au Canada n’ont guère augmenté au-delà de l’inflation depuis les trois dernières décennies malgré un accroissement de la productivité du travail. Ce quasi-gel du pouvoir d’achat des travailleurs est notamment attribuable à des transformations du marché du travail, à l’érosion du rapport de force des salariés dans les entreprises et aux valeurs néolibérales qui s’imposent auprès des gouvernements.
En revanche, les années antérieures se présentent sous un tout autre jour puisque les salariés profitent de la croissance économique et de la hausse de la productivité du travail. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, leur pouvoir d’achat fait plus que doubler, en même temps qu’ils peuvent bénéficier d’une réduction de leurs heures de travail et de nombreux autres avantages sociaux. Cet avancement est le résultat de la forte croissance économique, de la hausse du taux de syndicalisation et de politiques gouvernementales keynésiennes axées sur la stimulation de la consommation. De 1901 à 1940, les salariés profitèrent également du développement industriel, même si les rapports qui déterminent l’embauche et les conditions de travail sont surtout de nature individuelle basés sur les lois du marché. Au cours de cette période, l’action de l’État demeure marginale, mais des syndicats réussissent à imposer la négociation collective.
EN:
This article assesses the growth in real wages of workers in Canada from the beginning of the 20th century to 2013, considering the wages of both unionized and non-unionized workers. This growth is compared with the increase in labour productivity, testing Robert Solow’s economic theory suggesting that real wages increase at the same rate as labour productivity. The wage growth is examined during three time periods based on the dominant modes of industrial relations regulation: 1900-1939, 1940-1979 and 1980-2013. The first phase, that of liberalism, was ruled by linked to free labour market and the beginnings of unionization, The second in an area of Keynesian ideas, is characterized by union activism and help of the state. The third, in the assertion of neoliberalism, saw the decline of trade unionism and the support provided by governments. Our analysis brought out three important factors influencing wage determination: 1- economic growth; 2- state action; and 3- union activism.
Our research shows that the average real wages of workers in Canada have hardly increased beyond inflation over the last three decades despite an increase in labour productivity. This quasi-freeze in the purchasing power can be related to changes in the erosion of the balance of the balance between labour and management and the neoliberal values prevailing in governments.
On the other hand, the years prior 1980’s evolved in a completely different light, with employees benefitting from economic growth and increased labour productivity. Following the Second World War, the purchasing power of employees more than doubled while they also enjoyed a decrease in their working hours and numerous social benefits. This progress was the result of strong economic growth, a higher rate of unionization and Keynesian government policies focused on stimulating consumption. As for the period from 1901 to 1940, employees also benefitted from industrial development, even though the relations that determined hiring and working conditions were mainly based on free market rules. During this period, state action remained marginal, but some unions were successful in imposing collective bargaining.
ES:
Nuestro artículo evalúa los salarios reales de los trabajadores en Canadá desde el inicio de siglo XX hasta 2013, considerando a la vez los salarios de los trabajadores sindicalizados y no-sindicalizados. Esta evolución es puesta en relación con el alza de la productividad del trabajo con miras a verificar la teoría del economista Robert Solow en el sentido que el crecimiento de los salarios reales progresa al mismo ritmo que la productividad del trabajo. Rebelaremos la evolución de los salarios en tres tiempos según los modos dominantes de regulación de las relaciones de trabajo 1900-1939, 1940-1979 y 1980-2013. La primera fase, la del liberalismo, está marcada por la negociación individual de las condiciones de trabajo; la segunda, en el contexto keynesiano, está influenciada por el militantismo sindical y conduce al advenimiento del Estado-Providencia; mientras que la tercera fase, calificada de neoliberal, conlleva un retroceso de estos dos factores. El análisis hace resaltar tres elementos importantes que han influenciado la determinación de los salarios: 1- el crecimiento económico; 2- la acción del Estado; y 3- el militantismo sindical.
Nuestro estudio muestra que los salarios reales promedio de los trabajadores en Canadá no han, en ningún momento, aumentado más allá de la inflación desde las tres últimas décadas a pesar de un cierto crecimiento de la productividad del trabajo. Este casi-congelamiento del poder de compra de los trabajadores es atribuible, específicamente, a las transformaciones del mercado de trabajo, a la erosión de la correlación de fuerza de los asalariados en las empresas y a los valores neoliberales que se imponen en el seno de los gobiernos.
En cambio, los años anteriores se presentaron bajo un horizonte muy diferente puesto que los salarios aprovecharon del crecimiento económico y del alza de la productividad del trabajo. Después la Segunda Guerra Mundial el poder de compra de los trabajadores se mejoró más que el doble al mismo tiempo que pudieron beneficiar de una reducción de las horas de trabajo y de muchas otras ventajas sociales. Este avance fue el resultado del fuerte crecimiento económico, del alza de la tasa de sindicalización y de las políticas gubernamentales keynesianas basadas en la estimulación del consumo lo que condujo a la instauración del Estado-Providencia. De 1901 a 1940, los asalariados beneficiaron igualmente del desarrollo industrial, aunque las relaciones que determinaron la contratación y las condiciones de trabajo fueron sobre todo e naturaleza individual basadas en las leyes del mercado de trabajo. A lo largo de este periodo, la acción del Estado se mantuvo marginal pero los sindicatos comenzaron a imponer la negociación colectiva.
Recensions / Book Reviews
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The Future of the International Labour Organization in the Global Economy, By Francis Maupain, Oxford : Hart Publishing, 2013, 320 pages. ISBN : 978-1-8494-6502-1
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People with Disabilities: Sidelined or Mainstreamed?, By Lisa Schur, Douglas Kruse and Peter Blanck. New York, NY: Cambridge University Press, 2013. 306 pages. ISBN: 978-1-10700047-6
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Solidarités provinciales. Histoire de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Nouveau-Brunswick, Par David Frank, 2013. Edmonton : Athabasca University Press, 2013, 324 pages. ISBN : 978-1-9273-5629-6
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Sociologie des outils de gestion : introduction à l’analyse de l’instrumentation de gestion, Par Chiapello, Eve et Patrick Gilbert. Paris : Éditions La Découverte, 2013, 294 pages. ISBN 978-2-7071-5145-2