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RecensionsBook Reviews

Le travail : une sociologie contemporaine, Par Michel Lallement, Paris : Gallimard, 2007, 676 p., ISBN 978-2-070340-75-0.[Record]

  • Gilles Marcoux

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  • Gilles Marcoux
    Université Laval

Compte tenu de divers phénomènes, tels que le chômage massif, la délocalisation internationale des entreprises, la flexibilité et la pluriactivité, tout pourrait nous amener à croire que l'époque contemporaine demeure le théâtre d'une profonde remise en cause du travail. Dans ces conditions, il devient légitime de se demander si le travail fait toujours société (p. 13). Telle est la question de départ de Michel Lallement dans cet ouvrage. Et il y répond sans équivoque tout au long de son analyse en admettant, d'une part, que le travail et les travailleurs se sont transformés au fil du temps tout en affirmant, d'autre part, qu'en étant « moteur et révélateur des mutations contemporaines, le travail a plus que jamais statut d'institution » (p. 13). Cette dernière affirmation constitue le fil conducteur de l'ouvrage de Lallement. Elle vient renverser en quelque sorte l'idée reçue de certains observateurs alléguant que l'époque actuelle se caractérise par « la fin du travail ». Pour effectuer sa démonstration, l'auteur s'appuie sur quatre processus distincts permettant de comprendre comment le travail, en tant qu'institution sociale, s'est transformé tout en conservant un rôle prépondérant dans l'évolution actuelle de la société. Le premier processus, celui de la division, « fait référence aux manières de bâtir et de voir le monde social au travers de filtres cognitifs qui tiennent le travail pour une catégorie pertinente d'ordonnancement et de hiérarchisation » (p. 28). Empruntée au sens qu'accorde Bourdieu à ce concept, la division met en lumière dans cette première partie les modalités de construction de la réalité sociale qui façonnent notre rapport au travail. Ainsi, « le travail, l'emploi, le chômage, les professions sont des constructions qui rassemblent autant qu'elles excluent » (p. 40) et provoquent des divisions matérielles et organisationnelles sur les plans de la division du travail, des qualifications et de la rémunération. Dans ces conditions, l'analyse de ce premier processus permet de saisir que nos représentations du travail se modifient. Cependant, le travail ne disparaît pas pour autant : une meilleure compréhension de ses transformations nous permet de mieux saisir le sens évolutif de la société contemporaine. Le second processus, celui de l'indivi-duation, fait référence à l'avènement de la société d'individus. Faisant écho aux travaux durkheimiens portant sur la transformation de la solidarité sociale, Lallement s'interroge dans cette deuxième partie sur « la place du travail comme vecteur d'individuation » (p. 29) en analysant, par exemple, le taylorisme, la tension « individu-organisation », le travail et le soi ainsi que le « drame » lié à la relation de service. Dans cette deuxième partie, l'auteur parvient en bout de piste à démontrer que le travail rend possible l'individuation des acteurs sociaux bien que cette individuation n'édulcore en aucun point le caractère institutionnel du travail. Le troisième processus, l'intégration, met en lumière que malgré la portée du mouvement d'individuation précédemment décrit, le travail assure aux acteurs sociaux un statut et une raison d'être sur le plan social, notamment en vertu de leur incorporation dans les systèmes de production. S'interrogeant alors sur l'intégration de l'individu social par le travail, l'auteur en arrive à démontrer le lien étroit entre le travail et l'intégration. Par une analyse de la société salariale contemporaine, de la notion d'encastrement et de la fonction intégrative des organisations, Lallement affirme que « l'emploi reste un point d'ancrage majeur à la société » (p. 341), le travail contribuant à cet égard à transformer le travailleur en tant qu'être social. Le quatrième processus, la régulation, fait référence aux règles considérées à la fois comme contraintes et comme productrices de sens aux pratiques, aux interactions et aux représentations liées à la …