RecensionsBook Reviews

Vers une transformation des relations industrielles en Amérique du Nord, par Jean-Claude Bernatchez, Québec : Presses de l’Université du Québec, 2006, 202 p., ISBN : 2-7605-1388-2[Record]

  • Renaud Paquet

…more information

  • Renaud Paquet
    Université du Québec en Outaouais

Agréable à lire, formateur, audacieux, voire parfois provocateur, l’ouvrage de Jean-Claude Bernatchez offre au lecteur une remise en question réfléchie du régime de relations industrielles nord-américain. Le questionnement de l’auteur provient du constat des différences importantes entre la qualité des conditions de travail nord-américaines lorsque comparées aux conditions de travail en Europe, l’avantage étant clairement en faveur des salariés européens. Le régime nord-américain ne pourrait générer des conditions de travail d’une qualité qui reflète la prospérité économique américaine ou canadienne. Prenant appui au chapitre 1 sur un survol historique du régime, l’auteur présente aux deux chapitres suivants les contextes et les caractéristiques du régime nord-américain en allant plus en détails quant aux particularités québécoises. Il s’agit là d’une synthèse intéressante qui permettra entre autres au lecteur européen de saisir les particularités du mode de régulation et de détermination des conditions de travail outre-mer. Certes, on comprend bien en Europe que le régime nord-américain est décentralisé, mais on ne saisit pas toujours sur une base opérationnelle comment le tout fonctionne. À tort, on qualifie souvent ce régime de régulation de laissez-faire et l’analyse offerte par l’auteur permet d’en comprendre le fonctionnement. Ces chapitres, tout comme les autres d’ailleurs, se terminent par des séries de questions qui suscitent une poursuite de la réflexion ou permettent, dans un contexte d’enseignement universitaire, de vérifier la compréhension des concepts et des analyses qu’ils contiennent. Intitulé « Les modèles internationaux de relations industrielles », le chapitre 4 introduit en une quinzaine de pages une série de comparaisons internationales eu égard aux divers niveaux de négociation (local, sectoriel, national), aux taux de syndicalisation ainsi qu’au temps de travail et au temps de congé payé. Ces données sont suivies d’une explication sommaire sur les diverses formes de représentation syndicale. Ces informations s’avèrent utiles pour appuyer l’argument de l’auteur sur la déficience des conditions de travail nord-américaines, mais elles nous semblent un peu trop sommaires. Il aurait sans doute fallu aller plus loin afin de mieux saisir les différences dans les régimes et les résultats qu’ils produisent. Au chapitre 5, l’auteur présente différentes thèses relatives aux effets de la mondialisation sur les relations industrielles. D’une part, la mondialisation contribuerait à niveler par le bas les conditions générales de travail, à renforcer le pouvoir des multinationales et à accentuer une distribution inéquitable de la richesse entre les pays. Mais, en contrepartie, les États conservent le pouvoir de légiférer en matière de normes minimales du travail afin de minimiser les pressions à la baisse sur les conditions de travail, les multinationales deviennent plus vulnérables à la concurrence accrue et les déplacements de la production vers les pays plus pauvres pourraient amener une hausse de leurs standards de vie. Quelle que soit la thèse retenue, il est clair que la mondialisation pose un défi au maintien des valeurs et des régimes de régulation nationaux. La présence de mécanismes régulateurs qui protègent les salariés est remise en question au nom de la capacité concurrentielle. Les travailleurs deviennent alors craintifs de perdre leur emploi et de devoir se recycler pour avoir accès à un marché du travail transformé. S’ajoute à l’ouverture des frontières commerciales la révolution technologique qui se poursuit à un rythme effréné, transformant ainsi les procédés de fabrication et de prestation de services et, ultimement, le travail humain. C’est dans ce contexte de différences entre les systèmes nationaux et d’écarts dans les conditions de travail sur fond de mondialisation que l’auteur propose une série de remises en question, certaines mineures, d’autres radicales, des modes dominants d’organisation et de régulation du travail et des relations du travail. Il y consacre cinq chapitres de …