Abstracts
Abstract
Using the micro-data from Human Resources and Social Development Canada (HRSDC) on the 23,944 stoppages in Canada between 1960 and 2004, this article introduces a labour militancy perspective on work stoppages, that is, from the point of view of workers. It explores patterns of militancy with a focus on strike duration, strike size and strikes for first contracts, and supports re-interpretations which help make visible the significance of such stoppages for workers, unions and communities. A labour militancy frame presents an alternative to the employer perspective on time lost, the government concern to measure the economic impact of stoppages, and the scholarly emphasis on strike determinants. As part of re-examining the HRSDC work stoppage data from a labour militancy perspective, the paper considers the source of these data. It juxtaposes the statistical data with interviews with the provincial correspondents who collect the information for HRSDC. Examining the data in this light underscores the political nature of data collection (what is seen to be germane and not), data presentation (what is made visible and what is not), and data sources (whose voices are heard).
Résumé
En utilisant les micro-données sur les arrêts de travail colligées par le Ministère des ressources humaines et du développement social du Canada, cet essai introduit la perspective du militantisme syndical dans l’étude des arrêts de travail. C’est une approche qui vient enrichir notre compréhension des arrêts de travail au Canada et qui aide à éclairer les expériences de grève chez les travailleurs. Les travailleurs ont eu recours aux grèves pour bonifier leur rémunération et leurs conditions de travail, et pour défendre leur droit à une protection syndicale. Ils se sont servis de l’arme de la grève pour résister non seulement aux attaques des employeurs, mais aussi à celles des politiques gouvernementales. Sans l’ombre d’un doute, les travailleurs canadiens ont fait preuve de militantisme. Le ministère fait état de 23 944 arrêts de travail au cours des années 1960–2004.
L’article est divisé en trois parties : la première offre une vue rapide des données du ministère sur les arrêts de travail et examine comment ces données ont été habituellement utilisées; la deuxième analyse la façon dont les données ont été recueillies en se basant sur des entrevues avec les correspondants des provinces; enfin, la dernière section s’intéresse à trois exemples particuliers : la durée des grèves, leur envergure et les grèves lors des premières conventions collectives.
Nous distinguons d’abord entre le militantisme syndical, le militantisme des travailleurs et le militantisme des syndiqués (Briskin, 2006). Le militantisme syndical s’intéresse avant tout aux politiques des syndicats eux-mêmes; le militantisme des travailleurs est plutôt centré sur l’action collective et la résistance des travailleurs non syndiqués et souvent marginalisés. Le militantisme des syndiqués s’adresse à l’activisme collectif et organisé des travailleurs syndiqués impliqués dans des conflits sur les lieux de travail. Quoique cet essai soit avant tout centré sur les arrêts de travail, il ne tient pas pour acquis que les grèves soient la seule forme militantisme des syndiquées. Hebdon (2005) reconnaît d’autres types de militantisme. Ainsi, il établit une distinction entre les actions collectives informelles (les ralentissements de production, la grève du zèle), d’autres actions collectives telles que des plaintes de pratiques déloyales ou des formes individuelles de militantisme, par exemple, le dépôt de griefs.
En général, les spécialistes des relations industrielles reconnaissent les tendances suivantes concernant les activités de grève : modérée jusqu’au milieu des années 1960, à des niveaux extrêmement élevés au cours de la période 1970-1981, modérée et en diminuant au cours des dix années suivantes, une chute drastique au cours des années 1990 jusqu’au début des premières années de la présente décennie (Gunderson et al., 2005 : 348.). Pour évaluer le temps perdu en raison des grèves, des moyennes et des totaux ont été retenus, tels que le nombre moyen de travailleurs impliqués dans une grève, la moyenne des jours perdus par travailleur en arrêt de travail, des données d’ensemble tels que les jours-personnes perdus en pourcentage du temps travaillé.
Un cadre d’analyse du militantisme des syndiqués offre une alternative à la vision de l’employeur du temps perdu, à la préoccupation des gouvernements qui veulent mesurer l’impact économique des arrêts de travail et à l’emphase que les universitaires mettent sur les déterminants de l’activité de grève. Ce cadre donne une visibilité à ce qui se déroule en particulier à un niveau local et apporte également un appui à des nouvelles manières d’aborder les modèles généraux de militantisme des syndiqués, en mettant en évidence les grèves de très longue ou de très courte durée, les grèves où quelques travailleurs sont impliqués ou bien celles menées par des milliers de travailleurs. À ceci viennent s’ajouter les grèves lors de la négociation d’une première convention collective. Cette analyse permet de mieux percevoir l’importance des grèves pour les travailleurs, les syndicats et les communautés.
Nous avons examiné les statistiques en relation avec les données des entrevues avec les correspondants provinciaux qui recueillent l’information pour le ministère. L’analyse des données à la lumière de ces entrevues sous-estime la nature politique de la collecte des données (ce qui est perçu comme approprié ou pas), la présentation des données (ce qui rendu visible et ce qui ne l’est pas), enfin, les sources des données (les voix qui ont été entendues). Une meilleure compréhension de la source des données et du processus de collecte fournit un rappel de l’aspect qualitatif ou subjectif des statistiques. Malgré cela, l’ensemble de données présente beaucoup de potentiel pour une analyse sur les arrêts de travail dans une perspective de militantisme des syndiqués car, contrairement à bien d’autres pays, des exclusions importantes n’apparaissent pas dans la collecte des données au Canada.
Une analyse détaillée de la durée des grèves, de leur envergure et des grèves associées à une première convention collective dans une perspective de militantisme des syndiqués enrichit la configuration qui émerge des moyennes et des totaux et démontre tout le potentiel de cette perspective pour mettre en évidence l’importance des arrêts de travail pour les travailleurs, les syndicats et les communautés. Le passage du calcul des jours-personnes perdus en termes d’un pourcentage du temps travaillé à celui du nombre de travailleurs à l’emploi en grève contribue à donner de la substance à l’expérience de grève. Le passage des moyennes de la taille des grèves aux données détaillées montre que 55,7 % de tous les arrêts de travail entre 1960 et 2004 implique moins de 100 travailleurs et 6,4 % plus de 1000 travailleurs. De plus, quoiqu’en retenant des mesures de moyenne, le Canada a toujours eu des grèves plus longues que celles observées dans d’autres pays. En fait, des données ventilées montrent qu’entre 1960 et 2004, 35,6 % des grèves ont duré entre un et cinq jours. Et même si les grèves associées à des premières conventions collectives comportent une proportion importante de jours-personnes perdus, il est révélateur que 21,1 % du total des jours de travail perdus à cause des grèves impliquent de tels conflits. Les données sur les grèves lors d’une première convention vont dans le même sens que d’autres études sur la résistance de l’employeur à l’accréditation syndicale (Bentham, 2002). Par le biais d’une attention particulière aux lockouts, on observe que le militantisme des syndiqués sert de rempart aux modes d’agression de la part des employeurs.
Une vision du militantisme des syndiqués qui retient les données sur les arrêts de travail se situe, d’un côté, entre des études historiques détaillées de grèves particulières qui donnent une voix aux travailleurs en grève et la présentation de moyennes et de totaux, d’un autre côté. Quoiqu’une telle perspective nous permette une compréhension plus profonde des grèves au Canada, il n’en demeure pas moins que des nombres ne peuvent traduire correctement la colère, le risque, la lutte et la solidarité qu’on retrouve dans une expérience de grève.
Resumen
Basándose en los micro-datos de Recursos Humanos y Desarrollo Social de Canadá (HRSDC) sobre las 23,944 paralizaciones de trabajo en Canadá entre 1960 y 2004, este artículo introduce una perspectiva de militancia laboral en el estudio de las paralizaciones de trabajo, es decir, el punto de vista de los trabajadores. Se explora los modelos de militancia con un enfoque en la duración de la huelga, la amplitud de la huelga y las huelgas por un primer contrato. Se apoya así las re-interpretaciones que permiten de visualizar el significado de ese tipo de paralización para los trabajadores, los sindicatos y las comunidades. El modelo de militancia laboral presenta una alternativa a la perspectiva empresarial basada en el tiempo perdido, a la preocupación del gobierno por medir el impacto económico de las huelgas y al énfasis académico sobre los determinantes de la huelga. Desde una perspectiva de militancia laboral y como parte de esta re-evaluación de los datos de paralizacion laboral provenientes del HRSDC, este articulo considera la fuente de tales datos. Se yuxtapone los datos estadisticos con entrevistas efectuadas con corresponsales provinciales que colectan la información por el HRSDC. Examinar los datos de esta manera hace resaltar la naturaleza política de la colecta de datos (vistos como pertinentes o no), la presentación de los datos (que deviene visible y que no lo es) y las fuentes de los datos (cuyas opiniones no son consideradas).
Appendices
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