Abstracts
Abstract
This paper examines the dynamics and the impact of the Free Trade Agreement (FTA) between Canada and the United States within the context of Canada's primary steel industry. It is argued that Canada's leading primary steelmakers supported the FTA because of their belief that steel markets were increasingly continental, and, because of their ideological adherence to the neoconservative agenda of corporate business and the federal Progressive Conservative government. Steelworkers and their union, the United Steelworkers of America, opposed the FTA because of the loss of jobs that would ensue with its implementation and because of its larger "right wing" economic and political direction. The paper concludes that while — to this point — it is difficult to differentiate the specific impact of the FTA from factors associated with industrial restructuring in the steel industry as a whole, the FTA is increasingly the central economic and political factor in the deepening crisis of the Canadian steel industry.
Résumé
Le projet d'accord de libre échange (ALE) avec les États-Unis présenté par le gouvernement Mulroney a provoqué un débat national eu égard à ses avantages et inconvénients économiques et sociaux. L'ont supporté ces organisations et compagnies représentant le grand capital au Canada. Parmi elles, on retrouvait les propriétaires et dirigeants de compagnies d'acier primaire. Après avoir souffert de la dépression du début des années 1980, le monde de l'acier était convaincu que sa reprise à court terme et, de façon plus importante, sa viabilité à long terme passait par un plus grand accès aux marchés américains de l'acier. Donc, leur support pour l'ALE était basé sur leurs perceptions de leurs propres intérêts économiques. Il était également basé sur une adhésion idéologique à l'agenda économique et politique néoconservateur présenté par les organisations d'affaires représentatives et par le Parti progressiste-conservateur fédéral. Alors que l'élection fédérale de 1988 approchait, les hauts dirigeants de la Steel Company of Canada (Stelco) à Hamilton, Ontario, ont envoyé une lettre à leurs employés les prévenant de la perte possible de marchés, et donc d'emplois, si l'accord de libre échange n'était pas implanté.
Les métallurgistes canadiens et leur syndicat, les Métallurgistes unis d'Amérique (MUA) s'opposèrent décidément à l'ALE. Dans sa campagne contre l'ALE, les MUA ont présenté en détail les problèmes et obstacles que les métallurgistes canadiens rencontreraient en accédant aux marchés américains et que le résultat serait à l'opposé des prétentions courantes, c'est-à-dire que les importations au Canada d'acier fabriqué aux États-Unis s'accroîtraient. Ils ont également prédit d'importantes pertes d'emploi dans l'industrie de l'acier, dans l'industrie manufacturière reliée à l'acier et dans les industries secondaires canadiennes, suite à la décision des américains de fermer leurs filiales canadiennes et de retourner chez eux où le climat était meilleur pour les investissements.
Finalement, les MUA considérait l'ALE comme une application des politiques de l'aile droite du gouvernement progressiste conservateur fédéral, concentrées sur les intérêts comparatifs aux dépens des travailleurs.
Quatre ans après l'entrée en vigueur de l'ALE, l'industrie canadienne de l'acier primaire est dans un état de crise continue. Dans un contexte de surcapacité mondiale, au lieu de permettre un plus grand accès au marché américain, la circulation nord-sud de l'acier a été obstruée par les aciéries américaines et le gouvernement américain qui accusaient les producteurs d'acier canadien de faire du dumping et de diverses contraventions à l'ALE. Ces difficultés ont engendré colère et frustration chez les dirigeants d'aciéries canadiennes, eux qui se présentaient comme des échangistes honnêtes.
Les dirigeants locaux et nationaux des MUA place l'ALE au centre de leur analyse de la crise prévalant dans l'industrie canadienne de l'acier. En résumé, ils prétendent que leurs prédictions eu égard à l'accès aux marchés et la perte consécutive des manufacturiers secondaires ont agi ensemble pour produire de massives pertes d'emplois chez les métallurgistes et ainsi causer une préoccupation réelle quant à la viabilité de l'industrie canadienne dans sa forme actuelle. En réaction, les dirigeants nationaux et locaux des MUA et les dirigeants des compagnies d'acier se sont joints pour faire pression sur le gouvernement canadien ou bien pour forcer le gouvernement américain de respecter l'ALE ou bien pour établir des barrières légales similaires à celles érigés par les américains. En même temps, ils réclament un accord commercial sectoriel pour l'acier similaire à celui de l'automobile. Finalement, ils ont entrepris une campagne visant à convaincre les employeurs de l'importance de la qualification et du perfectionnement de la main-d’œuvre permettant alors de produire de l'acier à plus haute valeur ajoutée dans des marchés hautement compétitifs des années 1990 et au-delà.
Cet article conclut en affirmant qu'évaluer le nombre d'emplois perdus dans l'industrie de l'acier primaire dû à l'ALE est un exercice difficile, sinon impossible. Les technologies modernes et la machinerie implantée à la fin des années 1970 et durant les années 1980 ne visaient pas à accroître la capacité de production de l'acier. C'est plutôt aux changements technologiques et aux transformations organisationnelles qu'ils ont provoqués (v.g. l'élimination de divisions complètes, fusions d'emploi, la formation d'équipes, etc.) qu'il faut imputer la plus grande partie des emplois perdus pendant cette période. Cependant, comme le démontre la décision récente de deux compagnies de bâtir des usines aux États-Unis, le contexte politique et économique plus large et les changements reliés à la « nouvelle économie globale » qui affecte l'industrie canadienne de l'acier sont de plus en plus reliés à la réalité du libre échange.
En résumé, le libre échange — avec les États-Unis et le Mexique — sera le contexte le plus important pour l'industrie canadienne de l'acier dans les années à venir. Si tel est le cas, alors non seulement plus d'emplois seront perdus, mais la viabilité même de l'industrie de l'acier primaire au Canada sera en jeu.