Abstracts
Abstract
The impact of new technologies on clerical workers has been intensely debated. This paper assesses current research on the key issues of employment, skill and quality of working life, drawing implications for Canadian clérical workers. The author argues that a reliance on deterministic research models has produced unduly pessimistic forecasts about the impact of new office technologies. Research which is sensitive to the mediated nature of automation is necessary for improving forecasts for the Canadian office. So too is the consideration of employer, union and state activity in influencing automation outcomes.
Résumé
Au cours des dernières années, les bureaux sont devenus le lieu principal des changements technologiques, ce qui a soulevé d'importantes interrogations touchant les perspectives d'avenir des employés de bureau au Canada. Même s'il y a eu beaucoup de recherches sur le sujet, on n'en a guère fait l'analyse critique. Cet article s'efforce de combler cette lacune en se préoccupant surtout de trois points: l'emploi, la qualification et la qualité de vie au travail. La présente recherche utilise la distinction établie par Glenn et Feldberg (1983) entre les modèles de recherche suivants: l'acceptation par consentement (consensus) et l'attitude d'opposition (critique). Ceci constitue une méthode expéditive pour considérer les hypothèses sous-jacentes tirées d'études particulières. Les modèles fondés sur le consensus assument que les travailleurs et les employeurs partagent des opinions comparables concernant le processus d'automation. Les tenants des modèles dits critique estiment qu'il existe un phénomène d'affrontement tendant de la part de la direction à centraliser et à contrôler l'exécution du travail. Même si la littérature traite de l'un et de l'autre modèles, le plus souvent soutenu est le modèle critique. Ceci est source de débats marquants qui masquent le jeu des divers facteurs relatifs à l'automation. L'objet principal de l'article porte, en conséquence, sur la nécessité d'une approche critique révisée, sensible à la nature même de l'automation.
Cet article est divisé en trois parties qui correspondent aux questions spécifiques ci-dessus indiquées. La première traite de l'emploi, sujet le plus controversé dans les discussions sur l'automation. Décrivant l'ampleur et la vitesse des déplacements de main-d'oeuvre, les tenants de l'approche critique dominent nettement et ils ont fait des prédictions pessimistes sur les pertes massives d'emplois et sur les bouleversements sociaux (Downing, 1981; McDermott, 1981; Booth et Plowright, 1981; Armstrong, 1984; Menzies, 1981). Cependant, ce type de recherche fait de l'extrapolation à partir d'études partielles sur l'automation et ignore la diversité des emplois de bureau et des applications des technologies nouvelles. Des études plus récentes, utilisant un modèle critique révisé (Osterman, 1986; Leontiff et Duchin, 1986; Conseil économique du Canada, 1987), suggèrent que les déplacements sont tempérés et circonscrits par la réorganisation des bureaux, l'adaptation de la main-d'oeuvre et la répartition inégale des technologies nouvelles. Ces travaux indiquent que les conséquences sur l'emploi varient selon les postes, l'entreprise et le secteur industriel. D'autres recherches, utilisant ce modèle critique révisé, seraient nécessaires pour déterminer les effets de l'automation sur l'emploi du personnel de bureau au Canada.
La deuxième section de l'article traite de l'impact sur la qualification. L'enjeu principal a trait à l'influence des technologies nouvelles sur la véritable complexité du contenu des tâches et le niveau possible d'autonomie pour le personnel de bureau. La majorité des chercheurs adoptent la thèse critique fondamentale énoncée par Braverman (1974) qui met l'accent sur la standardisation et le caractère routinié des tâches ainsi que sur la perte d'autonomie résultant de l'utilisation des moniteurs et du rythme des machines. La recherche au Canada, même si elle se développe, suit cette voie; cependant, les débats sont fort abstraits et manquent d'assises empiriques. On considère les problèmes relatifs à la qualification d'un point de vue déterministe en supposant qu'ils résultent naturellement de l'utilisation de la technologie. On trouve des recherches plus valables, utilisant le modèle critique révisé qui explorent comment des facteurs tels la réorganisation du travail, le type de technologie utilisé, l'importance de l'entreprise et les coutumes peuvent tempérer le processus de déqualification (Evans, 1982; Glenn et Feldberg, 1983; Crompton et Reid, 1982; Crompton et Jones, 1984). Ces études laissent entendre que le travail de bureau n'est techniquement déqualifié que dans des conditions précises et que la technologie, alliée au sexe de l'employé, agit de façon à créer des postes tant «qualifiés» que «non qualifiés». La recherche canadienne de ce genre est fondamentale pour comprendre les conséquences possibles de l'automation sur la qualification.
Dans la troisième partie, l'auteur aborde le sujet de la qualité de la vie au travail et plus particulièrement les questions de la santé et de la sécurité au travail, des relations sociales et de la stabilité de l'emploi. Les études sur la santé et la sécurité au travail tiennent la première place chez les tenants du modèle critique (CLC, 1982; ILO, 1975). Elles confirment les dangers posés par le «monitoring», les déficiences ergonomiques et les aménagements du travail mal conçus. La recherche future doit faire la lumière sur ce point en se demandant si ces risques proviennent des nouvelles technologies mêmes ou de la réorganisation du travail qui les accompagne. La recherche sur les relations sociales porte sur l'isolement et la spécialisation de l'employé, mais elle est restée jusqu'ici théorique. Enfin, les travaux traitant de la stabilité des emplois explorent les questions du travail à temps partiel, du travail par quart et du travail à domicile. Les recherches basées sur le modèle de consensus prévoient une flexibilité plus grande dans le travail de bureau, alors que celles fondées sur le modèle critique avancent une possible exploitation dans l'aménagement du travail. Sur ce dernier point, la recherche future devrait considérer comment les contextes législatif et socio-politique peuvent exercer une influence sur l'agencement du travail de bureau.
En conclusion, l'accent est mis sur l'avantage d'un modèle critique révisé. On discute également d'un manque important dans la littérature, en particulier en ce qui a trait au rôle que doivent jouer les travailleurs, les employeurs et les gouvernements par rapport aux effets de l'automation. On néglige ce dernier point, surtout chez les tenants du modèle critique qui estiment que l'environnement est statique. L'importance du climat des relations du travail, en ce qui concerne les conséquences de l'automation, est souligné avec références aux expériences d'autres pays (Lane, 1985; ILO, 1985). Enfin, l'article décrit brièvement la situation au Canada. On y indique que la façon dont les syndicats, les employeurs et les gouvernements vont relever le défi du phénomène de l'automation dans les bureaux est la prochaine question urgente à mettre au programme de recherche au Canada.