Abstracts
Abstract
The purpose of this paper is to offer an analysis and overview of the causes and implications of the renaissance of homeworking in many industries in Western Europe, North America and Australia since the 1960's
Résumé
Le travail à domicile et le marchandage, dont on pouvait croire qu'ils appartenaient à une époque révolue, font leur réapparition dans les économies avancées et se développent depuis les vingt dernières années dans les secteurs traditionnels, tout en se diffusant avec rapidité dans certains des secteurs les plus modernes.
Le travail à domicile peut être défini comme la production, à domicile, de biens ou de services, aux fins de rémunération, pour un employeur ou son agent, quelle que soit la source des matériaux utilisés par le travailleur à domicile. La thèse de cet article peut se résumer ainsi: le travail salarié à domicile est de nouveau en train de se développer pour la première fois depuis plus d'un siècle dans les pays capitalistes développés. Son essor est lié à plusieurs changements à long terme de la division internationale du travail. Parmi ces changements figure la croissance d'une réserve urbaine de femmes en chômage chronique, grossie par l'exode rural, par une immigration issue des pays sous-développés, ou par la combinaison de ces phénomènes. Il faut ajouter que d'importantes industries manufacturières utilisatrices de travail intensif dans les pays de salaires élevés sont devenues incapables de soutenir la concurrence des producteurs des zones de travail à bas prix de l'Asie. En outre même les industries et les services utilisant du travail intensif, qui ne souffrent pas la concurrence du tiers monde, tentent de remplacer les emplois à temps complet par diverses formes d'emploi précaire, tels qu'arrangements à temps partiel, contractuels ou cycliques, salaire à la pièce, embauche d'immigrants clandestins et travail à domicile. Ainsi le travail à domicile est-il en train de jouer un rôle dans trois domaines des économies développées: un rôle modernisé et étendu dans l'industrie légère traditionnelle en stagnation du textile, du vêtement, de la chaussure; un rôle nouveau mais limité dans l'industrie moderne à technologie de pointe de l'électronique, de l'électricité, des plastiques, des accessoires automobiles et enfin un rôle expérimental mais potentiellement crucial dans les services concernant le traitement de texte de l'information.
À travers des industries et des économies nationales très différentes, les employeurs se tournent vers le nouveau travail à domicile pour une raison identique: réduire le coût du travail en décentralisant la production et en isolant la main-d'oeuvre afin de revenir, en d'autres termes, à deux siècles de conquêtes syndicales. Le nouveau travail à domicile force les travailleurs des usines et des bureaux à rentrer chez eux, et renforce l'isolement social de la main-d'oeuvre féminine prisonnière de la maison, pendant qu'il déclenche une radicale transformation des méthodes de production et de l'organisation du travail dans les industries utilisatrices de travail intensif. Corrélativement, il passe à travers la division du travail manuel et du travail de bureau, mettant dans le même sac main-d'oeuvre hautement qualifiée et main-d'oeuvre non qualifiée. Quelles sont les limites de sa croissance?
Les limites de l'expansion du travail à domicile dans les industries où il est déjà présent, son introduction dans celles où il ne l'est pas encore, le degré auquel il révolutionnera les méthodes de production et les limites de son impact sur la main-d'oeuvre, dépendront de choix économiques et politiques plutôt que d'un déterminisme technologique inévitable. Ces choix seront faits par les principaux acteurs institutionnels: syndicats, entreprises et État. Dans les économies de marché développées, trois facteurs gouverneront ces choix: jusqu'où les gouvernements sont-ils prêts à aller et comment interviennent-ils effectivement pour revigorer les secteurs manufacturiers nationaux; quel sera le degré de profit ménagé à l'employeur par le travail à domicile dans le secteur des services; quelle mesure de créativité y aura-t-il dans la réaction des syndicats vis-à-vis des conséquences de la marginalisation progressive de la main-d'oeuvre syndicalisable.