Abstracts
Abstract
This paper specifies a model of trade union membership growth in Canada. Because union growth affects and is affected by wage and price inflation, the model incorporates simultaneous equations with these three variables in endogeneous roles.
Résumé
Les apports récents aux études qui mettent en relief les causes déterminantes de la croissance des syndicats indiquent que leur développement est relié au comportement de l'activité économique et de l'inflation. Plusieurs spécifications n'ont que la croissance des syndicats comme seule variable endogène, les autres permettent de déterminer simultanément la croissance des syndicats, l'augmentation des salaires et la variation des prix. La recherche sur le développement du mouvement ouvrier au Canada en a été une de type d'équation simple.
Le présent article constitue une tentative en vue de combler le manque d'équations simultanées pour apprécier la croissance des syndicats canadiens. Il présente une analyse empirique des variations dans le temps des effectifs des syndicats et des conséquences qui s'y rattachent. Les données analysées portent sur la période qui va de 1947 à 1970.
Dans la première partie de l'article, on explique la variation des effectifs des syndicats par le pourcentage de changement dans l'indice des prix à la consommation, le taux d'emploi dans l'industrie manufacturière, le chômage chez les travailleurs et la proportion des effectifs syndicaux par rapport aux emplois « syndicables », la variable indépendante étant le pourcentage annuel de changement dans le taux des effectifs syndicaux.
Ainsi, le pourcentage de changements dans l'indice des prix à la consommation est positif, car les travailleurs ont la perception que les syndicats sont plus efficaces pour maintenir les salaires en période d'inflation rapide et que, par conséquent, les effectifs des syndicats ont tendance à s'accroître.
De même, le pourcentage de changement dans les taux d'emploi a également un effet. Le développement des syndicats varie en fonction de l'emploi. Par exemple, la hausse du taux d'emploi favorise les campagnes de recrutement, d'une part, et, d'autre part, l'application des clauses de sécurité syndicale apporte de l'eau au moulin des syndicats.
Par contre, le chômage donne un résultat plutôt négatif, car les employeurs peuvent plus facilement contrer l'action syndicale lorsqu'il y a chômage marqué, mais certaines forces économiques peuvent atténuer cet effet négatif du chômage sur le taux de croissance des syndicats.
Enfin, dans certains secteurs fortement syndicalisés, le recrutement est rendu plus difficile, parce que le nombre des travailleurs « syndicalisables » décroît.
Une deuxième équation consiste à choisir comme variable dépendante le pourcentage annuel de changement dans les taux de salaires et, dans ce cas, on retient comme variables indépendantes le taux de chômage, les changements dans l'indice des prix à la consommation, la croissance des syndicats et les grèves. On y voit que plus il y a de chômage, moins les taux de salaires ont tendance à s'accroître. De même, l'augmentation de l'indice des prix à la consommation a un effet sur les taux de salaires. Le taux annuel de changement des salaires est directement relié au taux de changement des effectifs syndicaux. Quand les effectifs syndicaux s'accroissent, la moyenne des salaires augmente à son tour, tandis que les grèves favorisent la croissance des salaires.
La troisième équation retient comme variable dépendante l'indice des prix à la consommation et le taux de croissance des salaires et le taux de la productivité comme variables indépendantes. On constate que, par exemple, la hausse des taux de salaire a une influence sur l'inflation. Quant au taux de croissance de la productivité, s'il est positif, il est de nature à faire infléchir l'inflation.
On peut donc conclure de ce qui précède que plusieurs forces exercent une influence sur le développement des syndicats ainsi que sur l'augmentation des salaires et des prix. Les trois variables dépendantes s'influencent les unes les autres.
Parce que la seule analyse antérieure de la croissance des syndicats canadiens en est une de type d'équation simple et qu'il s'agit ici de la première analyse d'un type d'équations simultanées relativement à la croissance des syndicats, à l'augmentation des salaires et à la hausse de l'inflation, les résultats doivent être considérés avec beaucoup de circonspection. Toutefois, on peut en tirer certaines conclusions. En premier lieu, on peut noter que l'inflation des prix, contrairement aux constatations de Swidinsky, est une cause très importante du développement des syndicats au Canada et ceux-ci doivent être considérés comme un organisme de défense, même si, fait intéressant, il peut arriver que des syndicats pris individuellement puissent subir une diminution dans leur taux de croissance. En deuxième lieu, le chômage dans son ensemble ne paraît pas exercer d'influence sur le degré de croissance des syndicats. Finalement, bien que l'on puisse dire que les syndicats influencent les salaires, il est apparent que c'est la croissance des salaires qui a le plus d'effet sur la syndicalisation. Cela est d'autant plus intéressant que l'on est porté à penser le contraire, c'est-à-dire que les travailleurs adhèrent aux syndicats pour améliorer leurs salaires.