Abstracts
Abstract
The purpose of the study is to empirically verify the Marxian proposition that increased (decreased) control and decreased (in-creased) professional incentives bear a positive (negative) relation to alienation; and to look for possible differences between Canadian and American engineers with regard to the relationship between alienation and control-incentive structure.
Résumé
Le concept d'aliénation, tel qu'on l'utilise couramment en sciences sociales, peut se rattacher à deux traditions théoriques: la théorie de l'aliénation exposée par Marx et la théorie de l'anomie établie dans les travaux de Durkheim. Toutefois, la tradition marxienne a exercé une influence plus marquée en ce qui a trait à la substance même de l'aliénation et aux périmètres de la recherche sur le sujet. La dimension historique et empirique de la théorie de l'aliénation chez Marx comporte des exemples de situations antérieures comme des salaires inéquitables, des conditions physiques et psychologiques inhumaines consécutives aux exigences des employeurs et du monde des machines qui conduisent à un état d'aliénation.
En particulier chez des hommes de profession, des facteurs comme une science spécialisée au contenu intellectuel considérable, une grande autonomie d'action, la responsabilité, l'influence et un engagement marqué envers la profession sont vivement valorisées. Si la structure de contrainte ou de stimulation au sein d'une entreprise tend à amoindrir de telles valeurs, les hommes de profession peuvent en arriver à ressentir une privation du sens et de la fierté dans leur travail et adopter à son endroit une attitude de laisser-aller avec toutes les conséquences qui en découlent. Ainsi, la perspective théorique précédente pourrait inciter à formuler l'hypothèse selon laquelle une contrainte moins forte et une stimulation plus grande auraient pour résultat de diminuer l'aliénation ressentie par les hommes de profession. Dans la pratique, une contrainte moins forte se traduit par la décentralisation des prises de décision, la participation à la supervision et une liberté professionnelle accrue. Les autres stimulants professionnels sont le climat au sein de l'entreprise et l'appui accordé à l'activité professionnelle. En ce qui a trait à l'aliénation, on a soutenu que l'insatisfaction personnelle, définie comme la privation du sens et de la fierté dans le travail et une attitude de laisser-aller à son endroit, est une définition adéquate de l'aliénation dans un contexte de travail tel que la chose ressort fidèlement de la conception marxienne et que, en conséquence, elle doit être considérée comme l'élément principal dans les études sur l'aliénation beaucoup plus que simplement l'un de ses aspects. Aussi, l'insatisfaction personnelle a-t-elle été choisie comme mesure de l'aliénation dans la présente étude.
On a également signalé récemment qu'une enquête comparative au sein des institutions et des sociétés peut favoriser beaucoup les interrelations entre elles. Cependant, la plupart des travaux qui font des comparaisons entre les employeurs de différents pays négligent totalement le Canada et considèrent les milieux de langue anglaise qui vivent en Amérique du Nord comme une unité homogène sans noter les différences entre les conditions canadiennes et américaines. Les observateurs ont présenté la société canadienne comme une société moins égalitaire, moins tournée vers la conception et moins individualiste que la société américaine, la première s'appuyant sur le système européen des valeurs et s'écartant des attitudes américaines. La présente étude tente de vérifier cette affirmation en comparant les ingénieurs canadiens et américains quant à la perception qu'ils ont de l'effet de la structure de contrainte ou de stimulation sur leur degré d'aliénation.
La méthode suivie
Les données canadiennes ont été obtenues de 189 ingénieurs qui étaient membres de l'Association des ingénieurs de la Colombie Britannique et qui travaillaient pour diverses entreprises de la province. L'échantillon américain, extrait d'un travail de Miller, regroupait 211 ingénieurs qui oeuvraient au sein d'une grande société aérospatiale. Fondamentalement, le présent travail est une réplique partielle de l'étude initiale de Miller et les résultats sont juxtaposés aux résultats de l'étude canadienne aux fins de comparaison. Les données furent recueillies au moyen d'un questionnaire envoyé par la poste à la résidence des ingénieurs canadiens. Les variables spécifiques utilisées dans l'évaluation du degré d'aliénation consistaient dans le type de supervision, la liberté de s'adonner à la recherche, le climat professionnel et les encouragements de la part de l'employeur. Les échelles de mesure sont celles qu'on retrouve dans l'étude de Miller.
Les résultats obtenus
L'étude a démontré que la dimension empirique de la théorie d'aliénation de Marx a beaucoup de valeur comme fondement d'une analyse du phénomène d'aliénation. Elle offre une armature sérieuse pour comprendre les facteurs explicatifs pertinents au groupe observé et elle permet de procéder à la vérification empirique de diverses hypothèses. La notion marxienne, en tenant compte de la diminution des contraintes et du développement des stimulations, permet un amoindrissement de l'aliénation de même qu'elle apparaît soutenable quand on l'applique à des groupements professionnels.
En outre, les résultats obtenus ont révélé que les ingénieurs canadiens se sentent moins aliénés que les ingénieurs américains. Pour les ingénieurs canadiens, l'impression d'aliénation semble porter sur la liberté de s'adonner à la recherche, sur le climat professionnel et sur le soutien qu'ils reçoivent de l'entreprise. Tandis que, pour les ingénieurs américains, elle est imputable à la liberté de s'adonner à la recherche et au climat professionnel. Cette observation accrédite l'idée qu'il existe une différence entre les valeurs et les préférences des Canadiens et des Américains.
Bien que l'étude dont il est rendu compte soit de caractère modeste, les résultats sont de nature à favoriser la distinction entre les aspects les plus et les moins susceptibles d'engendrer l'aliénation dans une structure tendant à favoriser les contraintes ou les stimulations à l'intérieur d'une entreprise de telle sorte qu'il est possible de les modifier si l'on veut diminuer l'impression d'aliénation chez les ingénieurs. En restreignant leurs investigations à un seul groupe professionnel, les auteurs furent en mesure de jauger plus précisément l'impact d'une structure contraignante sur l'aliénation. On peut considérer que cette recherche, envisagée d'une façon surtout conceptuelle, est un pas vers une meilleure compréhension de l'effet des facteurs d'aménagement sur l'aliénation d'où il reste à poursuivre cette recherche empirique avant qu'on puisse en comprendre clairement les fonctions.
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