Abstracts
Abstract
The author examines Joan Robinson 's views on the role of unions in the modem mixed economy.
Résumé
Beaucoup d'auteurs ont traité du rôle des syndicats dans l'économie mixte moderne. Mais aucun ne leur a imputé un rôle aussi décisif que Joan Robinson l'a fait. Selon elle, la survivance du capitalisme pivote autour de syndicats qui disposent de la juste mesure de pouvoir économique. S'ils en ont trop peu, le système tombe dans la stagnation; s'ils en ont trop, éclate le phénomène de la surinflation.
Selon le point de vue du professeur Robinson, le capitalisme est un système contradictoire de sa nature. Sa tendance au monopole restreint la souveraineté des consommateurs et accentue le degré d'exploitation des travailleurs et des consommateurs. Mais, de ce fait, il réduit aussi les bénéfices des investissements nouveaux. De même, en situation de progrès technique, la croissance de la production s'accompagne d'une diminution des coûts de production par unité. Toutefois, un état de concurrence imparfait entraîne la baisse des prix. Ainsi, en l'absence de mécanismes institutionnels qui assurent des augmentations égales des revenus en argent, il y aurait un surplus sans cesse croissant de biens de consommation et partant, une tendance à la stagnation.
Les syndicats sont une pièce essentielle de ce processus de redistribution institutionnelle dans le monde industriel et politique. Le capitalisme ne peut survivre sans un équilibre difficile du pouvoir syndical dans ces deux sphères.
Le système économique de Joan Robinson
Le modèle de l'économie de Joan Robinson distingue deux secteurs: un secteur de consommation et un secteur d'investissement. Le premier produit des biens qu'on peut acheter pour consommer; le second produit des biens de capital qu'on peut utiliser dans les deux secteurs, mais dont la fonction est de faciliter la production de biens de consommation. Le travail se partage entre les deux secteurs suivant les techniques de production. Les salaires réels touchés par les travailleurs dans les deux secteurs reposent sur le niveau des salaires nominaux par rapport aux prix des biens de consommation. L'écart entre les niveaux des salaires nominaux et les prix sera plus élevé, a) si la main-d'oeuvre dans le secteur de l'investissement est plus grande par rapport à la main-d'oeuvre engagée dans le secteur de la consommation; b) si la consommation des capitalistes à même les profits est plus grande; c) si le taux d'épargne des travailleurs à même les salaires est plus bas; d) si le degré de monopole des entreprises sur les marchés de production et de monopsone sur les marchés du travail est plus grand; e) si le pouvoir de marchandage des travailleurs est le plus faible.
Dans le système d'interdépendance que Robinson décrit, les syndicats négocient directement le niveau des salaires nominaux et, indirectement, la part des salaires dans le revenu global. Les prix sont fixés par la hausse des prix de revient lesquels sont formés principalement des salaires. L'écart supérieur aux prix de revient détermine les taux de projet sur les actions et il est, en conséquence, le résultat d'une négociation. Compte tenu du taux du taux de l'intérêt, le taux de profit détermine le volume des investissements. Si le taux de profit est trop bas, les investissements sont moindres et le pouvoir de négociation des travailleurs s'en trouve diminué par la hausse du chômage. Dans le processus de négociation, des taux de profit plus élevés favorisent des taux d'investissement plus élevés, mais ils reposent sur l'acceptabilité de prix plus hauts et, en conséquence, de taux des salaires réels plus bas.
Le syndicalisme dans le système Robinson
La fonction des syndicats dans le système Robinson est de contrer la tendance vers une monopolisation croissante sur les marchés des produits et de contrebalancer les effets de la concurrence imparfaite en empêchant les fléchissements des prix en période de progrès technique. Plus les syndicats sont puissants, plus ils peuvent contrer les monopoles de producteurs efficacement, donc ouvrir un marché pour un approvisionnement plus considérable de biens de consommation et, partant, augmenter les salaires réels et l'emploi.
Les syndicats améliorent aussi le potentiel d'une croissance stable grâce au progrès technique en exerçant des pressions pour accroître les salaires nominaux et en réduisant la durée du travail ainsi qu'en retardant le taux du progrès technique.
Commentaires sur la pensée de Robinson concernant le rôle des syndicats
Les syndicats jouent-ils un rôle décisif dans le maintien du capitalisme? DansThe Accumulation of Capital, la réponse de Robinson est affirmative, mais elle ignore la croissance de l'économie mixte. Les investissements dans les infrastructures routières, dans le domaine de l'éducation, dans la recherche et le développement, dans l'habitation ont ouvert de larges avenues en vue de l'absorption des travailleurs face au progrès technique croissant. De même, dans le secteur privé, le développement d'industries à base de main-d'oeuvre a permis d'en arriver à des taux élevés d'emploi. Les faits ne démontrent pas le point de vue selon lequel la part des travailleurs à la valeur ajoutée dans les industries fortement syndiquées soit plus grande que la part des travailleurs dans les industries moins syndiquées, non plus que la part des travailleurs ait tendance à croître dans la première par rapport à la deuxième. Il est aussi évident que la plupart, sinon tous les gains des travailleurs syndiqués, proviennent des travailleurs non syndiqués plutôt que du capital. Donc, il y a lieu de penser que, en attribuant un rôle décisif aux syndicats dans le maintien du capitalisme, Joan Robinson est dans l'erreur.
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