Abstracts
Abstract
The trade unions elections of 1977 in Spain conferred a formal end of four decades of labour authoritarianism and marked the second major electoral process that has been established for the re-establishment of democratic institutions. According to the author, the outcome has important implications for the emerging national political configuration, the restructuring of the labour-management relationship, and the political strategies of the major political parties.
Résumé
Les élections syndicales qui ont eu lieu en Espagne pendant la première moitié de l'année 1978 ont mis définitivement fin aux quatre décennies d'autoritarisme du régime Franco dans les relations de travail et elles ouvrent l'avènement d'un système de relations professionnelles plus en harmonie avec ceux qu'on retrouve dans les sociétés démocratiques de l'Europe de l'Ouest. Les élections en vue du choix des représentants des salariés ont marqué la deuxième consultation populaire (la première ayant consisté dans les élections parlementaires de juin 1977) à avoir lieu depuis la disparition de Franco. Les résultats auront des conséquences majeures sur l'apparition des formations politiques nationales, sur la restructuration des relations professionnelles et sur les stratégies des principaux partis politiques.
Les élections ont commencé à la mi-janvier et se sont poursuivies jusqu'à mai. Sur six millions de salariés inscrits, la moitié d'entre eux environ ont participé au choix des délégués et des comités d'usine en vue de remplacer ceux qui existaient sous le régime du travail franquiste. Les différentes organisations syndicales en lice, récemment légalisées, rivalisèrent pour obtenir l'appui des travailleurs en recherchant l'élection de leurs militants respectifs.
Le gouvernement, désireux d'empêcher l'Union générale des travailleurs (UGT) d'obédience socialiste d'obtenir la victoire et de contribuer à la remontée du parti socialiste des travailleurs (PSOE), qui avait été rétabli, manipula les règles de base afin de tenir les élections de façon à favoriser la Confédération syndicale des comités de travailleurs (CCOO) contrôlée par les communistes.
Un nombre déroutant d'organisations syndicales ont participé aux élections à partir des vestiges des organisations syndicales franquistes jusqu'auxrégionalistes, aux communistes, aux socialistes autonomes, aux maoïstes, aux indépendants et aux syndicats-maison. La Solidarité des travailleurs basques (STV) et LAB qui sont l'extension syndicale du mouvement séparatiste basque ont aussi recherché l'appui des salariés dans ce district. La Confédération nationale du travail (CNT), groupement anarcho-syndicaliste ancien, qui est aujourd'hui une force marginale sur la scène du syndicalisme, a décidé de boycotter les élections, mais, en quelques endroits dispersés, les travailleurs ont quand même voté pour des candidats s'en réclamant.
Les résultats des élections démontrent que ces organisations ont peu d'attrait pour les travailleurs et que la confédération syndicale des comités de travailleurs (CCOO) et l'Union générale des travailleurs (UGT) ont émergé en tant que leurs principaux porte-parole, car soixante-dix pour cent des représentants nouvellement élus dans 30,000 entreprises appuient l'un ou l'autre de ces mouvements. Parmi les groupes régionaux, la Solidarité des travailleurs basques (STV) a eu le plus de succès en se hissant au deuxième rang en pays basque et en se classant première dans la province de Guipuzcoa.
Bien qu'il y ait beaucoup de controverse concernant le calcul des résultats d'ensemble des élections par le ministère du Travail, il est évident que la CCOO a réussi à faire élire le plus grand nombre de ses partisans. Ce qui est plus important, toutefois, c'est le fait que les comités de travailleurs ne peuvent plus se réclamer d'une hégémonie indiscutable et que le mouvement syndical espagnol comprend maintenant deux centrales syndicales principales qui s'équivalent tant en nombre qu'en influence. Le système espagnol de relations professionnelles semble évoluer vers une forme d'alignement de forces qui se compare aux modèles français et italien. La présence à la fois de la CCOO et de l'UGT dans la plupart des industries et des grandes entreprises doit nécessairement conduire à des négociations multilatérales tant au niveau local qu'industriel. En réalité, cela est déjà devenu un fait accompli lors des négociations collectives qui ont eu lieu depuis l'an passé. Il est aussi apparent que l'UGT émergera comme la plus représentative et la mieux organisée parmi les centrales d'allégeance socialiste dans les pays latins d'Europe de l'Ouest.
La parité approximative qu'indique le résultat des élections est le point de départ d'une lutte pour la suprématie syndicale qui ne sera vraisemblablement pas résolue avant de nombreuses années. L'issue finale dépendra de plusieurs facteurs, en particulier, de l'habileté des organisations à représenter efficacement leur clientèle.
Quelle que soit l'issue ultime de la rivalité syndicale, la première élection au niveau de l'entreprise en quatre décennies pour le choix des représentants des travailleurs marque la deuxième expérience électorale qui a eu lieu depuis le rétablissement des institutions démocratiques. Les résultats de cette consultation populaire augurent bien pour le développement futur d'un système de relations professionnelles et de l'organisation syndicale démocratique en Espagne.