Abstracts
Abstract
The authors present a survey of the wage-setting practices of a number of employers of clerk-typists in the city of Calgary to provide additional information concerning the determinants of extra-market wage differentials.
Résumé
Peu d'études ont été faites pour expliquer pourquoi, dans un marché du travail localisé, les différences de salaire sont si grandes et si persistantes, si ce n'est qu'elles résultent d'un manque d'information tant de la part des travailleurs que des employeurs. À partir de cette hypothèse peu justifiée, l'étude ci-dessus rend compte d'une enquête instituée auprès de dactylos et de leurs employeurs au sujet de ces différences dans les traitements.
L'article comprend trois parties: la première partie traite de ce qui s'est écrit sur la caractérisation des différences de salaire ; la seconde décrit la nature de l'enquête et en analyse les résultats; la dernière, enfin, dégage quelques conclusions de ce qu'elle a révélé.
Deux théories existent relativement aux causes des différences de salaire. La première, qu'on désigne sous le nom de « théorie néo-classique » repose sur l'hypothèse que les entreprises cherchent à maximaliser les profits et les travailleurs à maximaliser les avantages économiques. La seconde théorie est dite « théorie institutionnelle » et elle repose sur le fait que les employeurs ne cherchent pas à maximaliser les profits ou que les travailleurs agissent d'une façon non rationnelle dans le sens économique du terme.
Selon la première théorie, dans une situation de marché concurrentiel, les taux de salaire ont tendance à s'égaliser au bout du compte en autant qu'employeurs et travailleurs disposent d'une information parfaite et que les salariés n'ont pas expérimenté les coûts de la mutation d'une entreprise à l'autre. Ce ne sont pas les taux de salaire qui ont tendance à s'équilibrer, mais l'ensemble des avantages et des inconvénients de l'emploi, d'où toute une série d'hypothèses : 1° les taux de salaire seraient plus bas dans les entreprises qui accordent plus d'avantages sociaux; 2° les salaires seraient plus bas là où l'on retire plus de satisfaction du travail et où l'on trouve des conditions plus agréables; 3° les taux de salaire seraient plus élevés lorsque le travail ne s'effectue pas pendant les heures normales; 4° plus le traitement mensuel est élevé, plus les heures de travail sont longues; 5° si les salariés préfèrent travailler dans un territoire donné plutôt que dans un autre, ils seront davantage attirés par les entreprisesde ce territoire, même si les traitements sont moindres; 6° considéré sous d'autres aspects, les taux de salaire augmenteraient en fonction du degré de scolarité; 7° ils augmenteraient aussi selon le niveau d'expérience; 8° ils augmenteraient encore en fonction de l'intelligence et des aptitudes physiques du travailleur; 9° sur un autre plan, on peut observer des différences de salaire persistantes lorsque les salariés ou les employeurs sont peu informés des salaires et des conditions de travail sur le marché; 10° un certain nombre d'entreprises paient des salaires plus élevés afin de réduire le taux de roulement de la main-d'oeuvre et d'abaisser le coût du recrutement; 11° les sociétés en état de croissance peuvent augmenter les salaires afin de réduire le coût du recrutement; 12° enfin, d'un autre point de vue, des salariés syndiqués et des salariés non syndiqués, à l'intérieur d'un même marché, peuvent toucher des traitements différents; 13° un employeur en situation de monopole peut utiliser son pouvoir pour établir de la discrimination parmi ses employés.
Selon la théorie dite institutionnelle, d'autres facteurs seraient à l'oeuvre qui sont incompatibles avec le postulat de la théorie néoclassique selon lequel les participants tendraient toujours à maximiliser les profits et les avantages économiques nets. Suivant cette deuxième théorie, les salaires seraient plus élevés que ne le justifient les différences de qualité et le coût plus considérable dans les grandes entreprises du recrutement. La raison en serait que, à mesure que les entreprises s'agrandissent, il y a dissociation entre les propriétaires et les dirigeants, ceux-ci étant moins enclins à maximaliser les profits et, par le fait même, portés à en distribuer les revenus aux salariés sous forme d'augmentation des salaires ; d'où l'hypothèse : 14° plus une entreprise est considérable, plus les salaires sont élevés. De plus, il peut arriver aussi que les responsables du personnel puissent distribuer une partie des profits en salaires ou en avantages sociaux, surtout s'ils estiment que les profits de l'entreprise se comparent avec ceux d'autres sociétés dans la même entreprise, d'où l'hypothèse suivante: 15° plus une entreprise réalise de profits par rapport aux autres dans une même industrie, plus l'échelle des salaires sera élevée. La même remarque s'applique également aux entreprises monopolisant un marché: 16° l'entreprise qui détient le monopole d'un marché paie des salaires plus élevés que les entreprises concurrentes. Enfin, une dernière hypothèse: 17° les différences de salaire à l'intérieur d'une entreprise peuvent résulter d'écarts dans les grilles de salaire à l'intérieur de l'industrie sans que les forces en présence sur le marché du travail n'en soient responsables.
L'auteur a ensuite tenté de vérifier un certain nombre des hypothèses précédentes, tant celles de la « théorie néo-classique » que celle de la « théorie institutionnelle » auprès du marché des dactylos dans le centre des affaires de Calgary en Alberta après avoir pris contact avec dix pour cent des entreprises. Pour les fins de l'enquête, 92 entreprises employaient une ou plusieurs dactylos et 73 ont permis de procéder à l'entrevue à partir de deux questionnaires, l'un s'adressant aux dactylos pour connaître leurs caractéristiques personnelles et l'autre, à leurs surveillants, pour s'enquérir de la politique salariale des entreprises.
Au moyen de cette enquête, il s'agissait de savoir dans quelle mesure les hypothèses de l'une et de l'autre théories pouvaient expliquer les différences de salaire.
Des résultats de cette enquête, l'auteur dégage les conclusions suivantes.
En premier lieu, par l'utilisation d'un questionnaire technique pour recueillir les informations, il a été possible d'obtenir des données sur les différences de salaire entre les sociétés à la fois dans le secteur secondaire et le secteur tertiaire.
Deuxièmement, il a été également possible de vérifier un certain nombre des hypothèses qui ne l'avaient pas été encore, du moins d'une façon rigoureuse. Par exemple, en ce qui concerne les dactylos de Calgary, l'hypothèse suivant laquelle les taux de salaire payés par une firme seraient reliés à l'utilisation de tests d'embauchage ne se justifie pas statistiquement. De même, on s'est rendu compte que l'importance de l'entreprise et sa connaissance des conditions du marché du travail ont une influence significative sur les décisions prises en matière de salaire. De plus, il a été démontré que le peu d'importance de la variable des avantages sociaux pour expliquer les différences de salaire peut être occasionnée par un manque d'information.
En troisième lieu, il a été démontré que les hypothèses selon lesquelles les variables se rattachant à la théorie dite institutionnelle peuvent contribuer à l'explication des différences de salaire observées. On y a découvert que lorsque les forces institutionnelles influencent les taux de salaire, il est possible que des différences existent même là où la qualité de la main-d'oeuvre et les occasions d'emploi paraissent uniformes.