Relations industrielles
Industrial Relations
Volume 31, Number 3, 1976
Table of contents (19 articles)
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Activité économique, inflation et activité de grève
J. M. Cousineau and Robert Lacroix
pp. 341–358
AbstractFR:
Après avoir discuté les bases théoriques sur lesquelles la majorité des auteurs ont appuyé leurs études des relations entre l'activité économique, l'inflation et l'activité de grève et après avoir spécifié leur modèle, les auteurs résument les résultats empiriques des études antérieures et présentent leurs propres résultats.
EN:
The theoretical explanation of a possible relationship between economic activity, inflation and strike activity must deal with the impact of economic cycle on the behaviour of firms and employees. This behaviour is related to the costs of a wage agreement; since these costs are related to economic activity and inflation, we can expect to find a relationship between the last two and strike activity.
However, our examination of the problem led us to conclude that forces motivating the parties involved, tend to be contradictory for any given level of economic activity and/or inflation. The agressiveness of one of the parties tends to be cancelled by the other's flexibility. Given the present state of knowledge, the final outcome therefore appears a priori, to be undetermined. The impact of economic activity and inflation on strike activity thus becomes an empirical matter.
Our first task was then to define what is meant by strike activity. In so doing, we found that the different statistical data describing this phenomenon could be related into a simple logic and consistant model.
Four equations are needed to integrate, and serve as an analytical basis for the different aspects of strike activity. Two behavioural (functional) equations related to decision-making are based on the number and duration of strikes. The two other equations are identities. The first identity exogenises the average size of strikes. The second, the overall variable of man-days lost, is the simple product of the number, length and average size of strikes.
We used the ordinary least squares for estimating the functional equations. The period studied ranges from the first quarter of 1967 to the second quarter of 1974.
The explanatory factors used in the number of strike equation are the deviations of the GNP (in constant dollars) from its long term trend, inflation, lagged nominal wage variations, and the number of negociations. To the best of our knowledge, this last variable appears for the first time in this type of equation.
The average duration of strike equation is formed from the same variables (economic activity, inflation and lagged wage variations) with the exception that the number of negociations is replaced by the number of employees involved in strikes. This variable should reflect the financial and organizational burden of strike activity upon unions.
The statistical results obtained were quite satisfactory. A negative relationship was found between economic activity and strike activity, which contradicted the findings of previous research. This tends to confirm, in our opinion, the empirical nature of the relationship. On the other hand, we found a positive relationship between the economic cycle and the length of strikes. Since this variable has a considerably greater effect on man-days lost, we finally found a positive relationship between economic activity and strike activity. This reconciles us with the works of Vanderkamp 1.
Furthermore, it was found that strike duration was sensitive to inflation but that was not true for the number of strikes.
Finally, the variable for wage variations was found to have a significant positive influence, both on the number and average duration of strikes. Also, the number of negociations and number of employees involved in strikes both played a significant role. On the whole, 90% of the variance in man-days lost could be explained by the model.
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Managerial Attitutes Toward Industrial Relations : Public and Private Sectors
Mark J. Thompson and Larry F. Moore
pp. 359–367
AbstractEN:
The authors analyse possible differences in managerial attitudes toward unionism and collective bargaining in the public and private sectors in Canada. Distinct patterns of attitudes emerge showing more favorable views in the public se et or.
FR:
Le passage, en matière de fixation des traitements et des conditions de travail, des politiques de la Fonction publique à la négociation collective, s'est fait rapidement. Cependant, les décisions-clés à l'origine de ce changement furent l'oeuvre d'hommes politiques qui ont agi sans connaître les sentiments des cadres moyens sur la question. D'autres études ont montré que les vues des cadres fonctionnels sur le syndicalisme et la négociation collective pouvaient avoir une influence considérable sur la qualité des relations professionnelles. La proximité des cadres de la direction pouvait disposer ceux-ci en faveur des relations professionnelles, mais pas nécessairement davantage que dans le secteur privé. Par contre, la nouveauté de la négociation collective dans la fonction publique incline à première vue à penser que les cadres y auraient montré plus de résistance que leurs collègues de l'industrie privée, où la négociation collective y a une plus longue histoire.
Une enquête antérieure concernant les attitudes patronales en matière de négociation collective était fondée sur un échantillonnage tiré du secteur privé. On y avaittrouvé un sectionnement entre deux facteurs, c'est-à-dire que les réactions étaient différentes selon qu'il était question des aspectsinstitutionnels ouopérationnels des relations du travail. Cet article reprend l'étude antérieure en comparant les attitudes des cadres du secteur privé et celles des cadres de la fonction publique. Les deux échantillonnages étaient autant que possible similaires, chacun comportant un questionnaire en sept points auquel on pouvait répondre en se déclarant d'accord ou en désaccord.
On y retrouve le même fractionnement. Les réponses de l'un et de l'autre échantillonnage ne diffèrent pas sur les deux points où il était question de l'aspectinstitutionnel des relations professionnelles, mais les cadres de la fonction publique étaient plus enclins à accepter le rôle nécessaire et important de la négociation collective et du syndicalisme. Les cadres de la fonction publique se sont montrés plus favorables que leurs collègues du secteur privé au sujet de l'aspectopérationnel des relations de travail.
Les cadres de la fonction publique semblent réagir d'une façon plus positive que les cadres du secteur privé à la négociation collective et ils montrent moins de scepticisme et de désenchantement envers les syndicats, envers leurs revendications et envers leurs tactiques. Le degré élevé d'acceptation des aspectsinstitutionnels des relations professionnelles est conforme au développement rapide de la négociation collective dans le secteur public. Cette constatation augure bien en ce qui a trait à l'établissement de relations professionnelles harmonieuses dans la fonction publique.
Il n'existe pas d'explications toutes faites à l'attitude généralement plus favorable des cadres de la fonction publique. On peut y aller de quelques hypothèses: la tradition de consultation sous les anciens systèmes en vigueur dans la fonction publique et la stabilité des budgets.
Cette étude est la troisième où l'on a découvert ce phénomène du fractionnement des attitudes des cadres au sujet des relations professionnelles, ce qui donne encore plus de poids à l'existence de conceptsinstitutionnels etopérationnels dans le domaine des relations de travail.
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Unemployment Insurance, Unemployment Duration, and Excess Supply of Labour
Dennis R. Maki
pp. 368–378
AbstractEN:
This paper examines the effect of the unemployment insurance scheme on the duration of unemployment spells in Canada in the period 1953-1973.
FR:
Selon la théorie du chômage frictionnel de Reder, le taux de chômage associé à un niveau donné de la demande globale provient en partie de ce que les sans-travail font les « gueules fines » devant les postes qui leur sont offerts. Lorsqu'un travailleur se montre « difficile », il choisit de ce fait un entre-temps de chômage. Reder fait remarquer que « la surabondance d'offre de travail n'existe que dans la mesure où la durée exacte de la période de chômage dépasse l'intervalle de chômage auquel le travailleur s'attendait ». Donc, un changement d'attitude de la part d'un travailleur influencera, toutes choses étant égales, la durée moyenne du chômage et, par conséquent, le taux de chômage sans pour autant avoir d'effet direct sur la surabondance d'offre de travail.
Les modifications dans le régime des prestations d'assurance-chômage, par leur effet sur les revenus perdus pendant la période de recherche d'un emploi, devraient exercer une influence sur les exigences du sans-travail. Se demander si un tel effet s'est fait sentir au Canada est donc une question pratique. Aussi, le but de la présente étude est-il d'examiner le rapport entre la durée du chômage et les caractéristiques du régime d'assurance-chômage par une analyse de régression des séries chronologiques annuelles pour la période de 1953 à 1973.
Cinq variables dépendantes ont été utilisées, toutes tirées des statistiques officielles relatives à la main-d'oeuvre, soit: le pourcentage des travailleurs à la recherche de travail pendant moins d'un mois (PMI), d'un à trois mois (Pl-3), de quatre à six mois (B4-6), plus de six mois (PP-6) et, finalement, la durée moyenne du temps de recherche (DMTR), cette dernière variable étant établie selon l'hypothèse que la durée moyenne était de quinze jours pour la première catégorie, de deux mois pour la seconde, de cinq mois pour la troisième et de sept mois pour la dernière.
On a aussi utilisé cinq variables indépendantes, deux représentant les caractéristiques du régime d'assurance-chômage. La première consistait dans le rapport entre les prestations hebdomadaires moyennes et les salaires hebdomadaires moyens (PHM/ SHM), ceci afin de tenir compte de la part du revenu que les prestations remplaçaient; la deuxième dans le pourcentage des réclamations nouvelles ou renouvelées déclarées inadmissibles (REFUS). Considérant que les prestations (PHM) sont devenues imposables à partir de 1972, leur montant fut diminué de 10 pour cent, et à la suite d'une réévaluation, d'un second 10 pour cent. On introduisit encore d'autres variables indépendantes: le pourcentage de changement du produit national brut en dollars constants (PCPNB), cette variable étant reculée d'un an de façon à tenir compte des effets cycliques. Il en fut de même pour le groupe d'âge 14-24 ans en tant que pourcentage des chômeurs (P14-24) de manière à tenir compte des variations dans la structure des groupes d'âge. À cause de certains problèmes demulticollinéarité, on a substitué aux REFUS dans l'évaluation une nouvelle variable (INEL) qu'on pourrait désigner comme quantité résiduaire de la régression sur le PCPNB.
Les résultats de la régression indiquent que la durée moyenne de l'entre-temps de chômage dépend d'une manière significative à la fois de (PHM/SHM (positivement) et INEL (négativement). En outre, PHM/SHM affecte PMI (positivement) et P4-6 (négativement). Dans les autres catégories, les coefficients de .05 n'ont pas de signification statistique appréciable. Prenant pour acquis que l'imposition de PHM en 1972 et 1973 était de 20 pour cent (c'est-à-dire que 20 pour cent des sommes ainsi reçues retournaient à l'État), les résultats démontrent qu'il n'y avait guère d'écarts dans la durée moyenne de chômage dont les modifications à la Loi sur l'assurance-chômage de 1971 soient la cause.
On ne peut tirer aucune conséquence politique ferme de ces résultats en ce qu'on ne trouve aucune preuve valable que l'accroissement des exigences des salariés conduit à des salaires plus élevés ou des conditions de travail non-monétaires meilleures.
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La complémentarité des approches systémique et scientifique dans le domaine des sciences humaines.
Maurice Landry and Jean-Louis Maloin
pp. 379–401
AbstractFR:
La notion de « système » est largement utilisée dans le domaine des relations industrielles, et cela, depuis fort longtemps. Elle implique un mode de reconstitution de la réalité différent de l'approche causale linéaire sur laquelle se fonde la méthodologie de la recherche empirique. Au lieu d'accentuer les différences entre ces deux modes de réflexion, les auteurs de cet article tentent de démontrer qu'ils sont complémentaires pour l'acquisition des connaissances dans le domaine des sciences humaines.
EN:
In the field on human sciences, the researcher is constantly faced with numerous and difficult methodological problems. Moreover, the methods and techniques, on which he can count, often come from other disciplines and their application to human sciences is not without creating some difficulties.
Particularly in the case of human sciences one can notice in the passed years, the proliferation of a certain literature said to be « systemic ». Such a situation interested the researchers of those fields who, generally, must cope with very complex phenomena and, consequently, are in search of methods better adapted to their problems and capable of maintaining a high degree of scientific exactness.
However, a survey of this literature is worrysome. Beside the writing of which only the title is systemic, it is remarkable to notice the atmosphere of near-religion surrounding this literature: the reader has the impression to be in presence of a second« Discours de la Méthode ». This type of pro-systemic literature has raised many categorical antagonists (D.C. Phillips, 1969, 1972; F. Thayer, 1972). This literature is criticized because of its unpreciseness, its prejudice toward the scientific method, the low predictive value of the models conceived from the approach explosed in this literature. Some will even pretend that the Systems approach has nothing to offer that has not been already offered by the scientific method.
Is the traditional scientific method obsolete? Is it opposed to the Systems approach? If such is the case, where can we find such an opposition? On the other hand, if there is no real opposition between those two approaches, is it possible that they could be complementary and/or have specific fields of application? Such questions are at the origin of this paper.
This paper does not pretend to give a complete and definitive answer to those questions. It merely tries to gather around two main topics (The concept of « connection » and of « reconstruction of reality ») some elements of an answer scattered throughout literature. Moreover, an analysis of the complementarity of the two approaches is made with the help of a model inspired from cognitive psychology.
The scientific method is born from the preoccupation of certain men facing a mode of knowledge acquisition favoring almost exclusively exploration and cristalisation, using a mode of knowledge transmission based on intellectual authoritarianism. The mode of acquisition of this era (and this was the problem facing Descartes) abandoned the rigour of the realisation and specification phases. The scientific method has had so much success (the theories were so numerous), that, for a long time, we mingled scientific method with method of acquisition of knowledge.
This fashion for Systems approach anses from the necessity to take up, in a rigourous manner, the study of the first two dimensions of the cognitive process. Without a well devined System and a verifiable structure, a verification method loses its meaning.
We must notice the fact that many of the supporters of the Systems approach were recruited in some new scientific fields, where phenomena are highly complex and finalised. These scientists were forced to acknowledge the limits of the scientific method.
According to us, the Systems approach completes the scientific method. On one hand, it enlarges the universe of the phenomena that could be studied; on the other hand, it furnishes the descriptive tools permitting the formulation of a frame of reference for the investigated problems. The Systems approach constitutes a serious effort, while still unperfect, to develop a method of exploration. The scientific method and the Systems approach, together, constitute a research methodology which, for the first time, matches the totality of the steps of the cognitive process.
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Job Search and Frictional Unemployment : Some Empirical Evidence
C. J. Bruce and J. H. Marshall
pp. 402–416
AbstractEN:
The purpose of this paper is to report on some recent empirical research undertaken in order to provide additional information concerning the frictionally unemployed.
FR:
L'auteur du présent article expose les résultats d'une enquête destinée à fournir certaines informations supplémentaires au sujet du chômage frictionnel.
Il définit d'abord ce type de chômage à partir d'une formule algébrique, puis indique trois formes de chômage frictionnel: un chômage transitoire résultant de la mise à pied des salariés, un chômage volontaire lorsque ceux-ci quittent volontairement leur emploi, un chômage d'entrée au travail, lorsqu'il s'agit des personnes qui arrivent ou reviennent sur le marché du travail.
Dans un deuxième temps, il soulève un autre élément de cette forme de chômage, soit la période plus ou moins longue au cours de laquelle les travailleurs sont à la recherche d'un emploi. Comme le chômage frictionnel est censé se produire lorsque les offres d'emploi sont égales ou supérieures aux demandes d'emploi, il est important de savoir pourquoi les travailleurs ne se placent pas immédiatement. D'une façon générale, on admet que quatre raisons principales peuvent expliquer le chômage frictionnel: 1° les travailleurs peuvent agir au hasard dans la recherche d'un emploi; 2° ils se peut qu'ils soient insuffisamment informés quant aux emplois vacants; 3° ils peuvent se réserver un temps plus ou moins long afin de recueillir des renseignements plus complets; 4° il peut arriver qu'ils mettent délibérément de côté certains emplois vacants.
L'auteur, comme bien d'autres économistes, se posent un certain nombre de questions relatives au fait du chômage frictionnel. Les travailleurs en chômage sont-ils insuffisamment informés des conditions du marché du travail? Pendant qu'ils sont sans travail, s'efforcent-t-ils de se renseigner davantage sur l'existence des emplois vacants? Selon quels critères, décident-ils de solliciter un emploi? Tiennent-ils compte des conditions de travail et des taux de salaire?
L'auteur a voulu procéder autrement, et voici comment. Il a choisi, aux fins de sa recherche, dans la ville d'Edmonton en Alberta l'endroit où étaient concentrées un grand nombre d'entreprises, soit ce qu'on appelle communément « le centre des affaires. » Il a fait porter son enquête sur une seule occupation, soit celle de dactylo. On leur a demandé combien de temps elles étaient demeurées sans emploi avant d'obtenir leur poste actuel, si elles se trouvaient suffisamment informées lorsqu'elles sont devenues sans travail, quelles furent leurs sources de renseignements au cours de leur périodede chômage et selon quels critères elles ont choisi les entreprises où elles ont postulé des emplois. Enfin, on a tenté de savoir si elles avaient, entre-temps, refusé une offre et si les taux de salaire payés par les employeurs y étaient pour quelque chose.
— 68% d'entre elles ont réussi à obtenir leur emploi actuel en moins de quatre semaines, alors que 12 des 21 qui restaient ne se sont pas mises aussitôt en chômage à la recherche d'un nouveau poste. Dans l'ensemble, la durée de la recherche d'un emploi a été de 5.7 semaines.
— Au sujet des renseignements nécessaires à la découverte de ce nouvel emploi, 42 employées, 12% d'entre elles seulement, ont déclaré qu'elles n'étaient pas suffisamment informées, alors que 30, ou 45%, estimaient posséder de bonnes ou d'excellentes informations.
— Les répondantes estiment aussi qu'elles ne considèrent pas le fait de s'enregistrer aux centres de main-d'oeuvre et aux agences de placement privées comme une activité de cueillette d'information, estimant que ces organismes ne sont que des extensions des bureaux de personnel des entreprises.
Finalement, l'Auteur s'est enquis des critères utilisés par les employées pour décider d'accepter un poste. Fait surprenant, 32 dactylos ont rejeté une offre d'emploi et 12 en ont refusé plus d'un. La principale raison de ces refus étaient que les conditions salariales étaient inacceptables.
De cette enquête, l'Auteur cherche à tirer quelques conclusions générales. L'hypothèse selon laquelle les travailleurs manquent de renseignements lorsqu'ils tombent en chômage n'est pas confirmée par les résultats de l'enquête.
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Changes in Relative Female-Male Unemployment : a Canadian-United States Comparison
P. A. Della Valle and B. Meyer
pp. 417–433
AbstractEN:
This paper seeks to examine the impact of the level of cyclical economic activity and of the relative female-male participation rates on the structure of the relative unemployment rates of women and men.
FR:
L'auteur du présent article se propose d'examiner les principales variables qui déterminent la structure des taux relatifs de chômage chez les hommes et chez les femmes aux États-Unis et au Canada. Ces deux variables sont le niveau de l'activité économique et le taux de participation respectif des hommes et des femmes aux deux marchés du travail.
L'auteur a de plus sectionné les séries statistiques en sous-périodes de façon à détecter et quantifier les changements qui se sont produits au cours des années. Ces changements, il les attribue à trois facteurs: les modifications dans la structure du chômage, les modifications du degré de discrimination dans l'emploi par rapport au sexe de l'employé et les variations dans le taux de participation à la main-d'oeuvre.
Comme premier facteur, on retrouve évidemment le chômage, plus précisément le chômage structurel qui existe lorsqu'une personne est sans travail alors qu'il y a des emplois vacants que cette personne ne peut occuper. À ce propos, on pourrait s'attendre à ce que le chômage structurel soit plus élevé chez les femmes que chez les hommes, si celles-là sont moins qualifiées, moins expérimentées ou moins mobiles que les hommes. Cette conclusion ne s'avère juste que dans la mesure où les taux de participation se rapprochent.
Le deuxième élément serait la discrimination que pourraient exercer les employeurs dans l'embauchage des femmes. Sur ce point, il est vraisemblable que cette discrimination s'accentue en période de récession, mais cette pression a tendance à diminuer du fait que les emplois féminins ont plus de stabilité que les emplois masculins.
Le troisième facteur qui pourrait influencer le rapport entre le chômage chez les hommes et le chômage chez les femmes est le taux de participation à la main-d'oeuvre. Ainsi, une augmentation du taux de participation d'une des deux catégories aurait pour conséquence l'accroissement du chômage au sein de ce groupe. Mais, ici, il faut noter que les hommes et les femmes ne postulent pas les mêmes postes de travail, d'où il s'ensuit qu'un accroissement du nombre de femmes sur les marchés du travail peut être la cause d'un chômage plus prononcé dans certaines occupations et dans certaines industries à prédominance d'emplois féminins.
Quand on compare la situation du Canada à celle qui existe aux États-Unis, on découvre que le taux de chômage est plus élevé chez les femmes que chez les hommes aux États-Unis, alors que l'on observe le phénomène contraire au Canada. L'explication plausible de cette situation provient du fait que le taux de participation des femmes est plus haut aux États-Unis qu'au Canada, alors que le taux de participation des hommes est à peu près le même dans les deux pays.
Au fur et à mesure des années, le taux de participation des femmes s'accroît dans les deux pays, mais il y a une différence marquée dans le taux de croissance. Parti d'un niveau plus bas, le taux de participation croît deux fois plus vite au Canada. On peut dire quand même que les femmes sont moins exposées au chômage au Canada qu'aux États-Unis, la raison en étant un taux de participation plus faible. À mesure que le taux de participation des femmes se rapprochera du taux des États-Unis, on peut penser que le risque de chômage pour elles ira en augmentant.
En regard du chômage cyclique, l'auteur observe que, d'une façon générale, les femmes sont moins touchées que les hommes. Il attribue cette situation aux motifs suivants: la main-d'oeuvre féminine est concentrée dans des secteurs d'activité moins instables; les femmes, en plus grand nombre, appartiennent à ce que l'on désigne sous le nom de main-d'oeuvre secondaire qui se retire du marché dans les périodes creuses de sorte que la position apparemment plus favorable des femmes en périodes de crise économique serait illusoire en un certain sens.
L'auteur remarque que, quand le taux de participation des femmes est très bas par rapport à celui des hommes, l'augmentation initiale du taux de participation des femmes provient de femmes qui, à cause de la discrimination ou de leurs obligations familiales, sont demeurées à l'écart du marché du travail, ce qui explique que celui-ci les absorbe facilement lorsqu'elles décident d'y rentrer. Ce moment passé, une fois que les femmes les plus qualifiées ont trouvé de l'emploi, toute nouvelle addition est formée de sujets de moindre qualification que le marché du travail a plus de difficulté à absorber.
Dans la dernière partie de son étude, l'Auteur étudie l'aspect des changements dans le chômage structurel. Il reconnaît qu'il est difficile de mesurer l'ampleur de cette forme de chômage à cause de l'insuffisance de la demande et des conséquences du chômage cyclique. De plus, étant donné le fait des variations de l'activité économique, il faut tenir compte que le désir d'entrer sur le marché du travail peut influer sur le taux de chômage. Le taux de participation lui-même n'est pas à l'abri des influences structurelles et cycliques. La volonté de la femme d'entrer sur le marché du travail est soumise à deux forces contraires. Elle peut être poussée à y entrer par des contraintes d'ordre économique, pour accroître le revenu de la famille; elle peut également être amenée à s'en abstenir parce qu'elle considère qu'il est trop difficile, dans les périodes de récession, de trouver un emploi. Elle peut enfin décider de ne pas se mettre à la recherche d'emploi parce qu'elle ne se croit pas suffisamment compétente ou à cause de ses obligations familiales.
Bref, sa volonté de faire partie de la main-d'oeuvre subit l'influence de considérations diverses. On peut aussi ajouter qu'elle redoute parfois la discrimination à cause de son sexe.
En conclusion de cette analyse des séries statistiques pour la période de 1950 à 1973, l'Auteur conclut que le niveau du chômage dans son ensemble et le taux de participation respectif des hommes et des femmes au marché du travail expliquent en bonne partie les pourcentages de variations dans le taux de chômage pour l'un et l'autre sexes dans les deux pays. Quand le taux de chômage général s'accroît, la situation des hommesest pire des deux côtés de la frontière. L'examen des statistiques démontre que, en période de récession, l'amélioration relative de la situation des femmes par rapport à celle des hommes est un peu moins marquée au Canada qu'aux États-Unis.
D'un autre côté, le taux de participation à la main-d'oeuvre de l'un et l'autre sexes joue un rôle important au Canada pour expliquer le rapport entre le chômage chez les hommes et chez les femmes. Ce fait est attribuable principalement au bas niveau au départ du taux de participation des femmes, puis à son accélération rapide au cours des dernières années.
Il est difficile d'isoler les changements de structure dans l'économie nationale. Ceci est vrai quand il s'agit d'analyser la situation du marché du travail en tant que les hommes et les femmes sont concernés. Il semble, cependant, que, depuis 1957 environ, des changements structurels plus significatifs se soient produits, changement qui proviennent de l'action combinée du taux général de chômage et la variation des taux de participation à la main-d'oeuvre pour les hommes et les femmes, et qui expliquent les variations dans les taux de chômage pour les travailleurs de l'un et l'autre sexe.
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Company Satisfaction, Company Commitment and Work Involvement : An Empirical Examination of Blue Collar
Vishwanath Baba and Muhammad Jamal
pp. 434–447
AbstractEN:
This study investigates the relationships among Company satisfaction, company commitment and work involvement for a sample of blue-collar workers drawn from packaging, power distribution and manufacturing industries in Canada. Guttman scaling, factor analysis and correlational analysis are the statistical techniques employed to analyze the data. The results confirms the hypothesized positive relationship among the three attitudes.
FR:
On a soutenu que la satisfaction d'un salarié pour l'entreprise qui l'emploie, son engagement dans cette entreprise et sa participation au travail constituent des variables importantes dans l'étude des comportements au travail, variables qui peuvent indiquer des caractéristiques différentes entre les cols bleus et les cols blancs. À partir de là, il fut décidé de faire enquête, en ce qui a trait aux cols bleus, sur les rapports existants entre les trois variables précédentes et différents facteurs démographiques qui s'y rattachent.
Pour les fins de cette étude, on entend par satisfaction le degré de contentement qu'un travailleur retire d'une entreprise et la mesure dans laquelle il s'y identifie. L'engagement résulte du désir d'un employé de travailler plus fort et de montrer plus d'intérêt pour la réussite de l'entreprise. La participation consiste dans l'identification psychologique d'un salarié avec son travail.
On a émis l'hypothèse que la satisfaction, l'engagement et la participation devaient exprimer une relation positive les uns par rapport aux autres. Des recherchistes avaient observé antérieurement que des variables démographiques, telles que l'âge, le sexe, la scolarité, l'état civil, le revenu et l'expérience étaient diversement reliés aux comportements examinés dans le présent article, mais qu'aucun rapport bien structuré n'était apparu. D'où il résulte que la deuxième hypothèse en était une de nature explorative par laquelle les chercheurs ont tenté d'isoler les variables démographiques importantes en vue de nouvelles observations.
Le groupe des répondants était formé de 377 cols bleus travaillant pour six sociétés de Vancouver en Colombie Britannique. Soixante-huit pour cent d'entre eux étaient des hommes. Les entreprises avaient été choisies dans plusieurs secteurs: abattoirs, centrales de production et de distribution d'électricité, diverses branches d'industrie. Les instruments étaient tirés d'un questionnaire extensif utilisé pour l'étude des cols bleus. Ils sont décrits d'une façon plus détaillée dans l'article précédent. Les réponses ont été obtenues au moyen d'une échelle à trois degrés variant d'accord à désaccord. Les sujets furent inversés de telle façon que, en dernière analyse, les comptes élevés indiquent des taux de satisfaction, d'engagement et de participation élevés. On a également recueilli des renseignements sur les variables démographiques: âge, scolarité, sexe, état civil, revenu et expérience.
Au départ, on avait contacté 550 employés de la production. Après un rappel, 377 réponses utilisables, soit soixante-huit pour cent, furent retournées.
Les données furent finales à trois facteurs. Les trois facteurs expliquaient cinquante-huit pour cent de la variance. Les questions de rapport au premier facteur mettaient l'accent sur des attitudes manifestant le contentement, la similitude de but, et on les désigna sous le nom de satisfaction d'appartenir à l'entreprise (Company satisfaction). Le deuxième facteur présentait les points se rapportant à une certaine loyauté envers l'entreprise, un certain intérêt pour sa réussite; ce facteur reçut la désignation d'engagement envers l'entreprise (Company Commitment). Le dernier facteur paraissait indiquer de l'attachement au travail, à une identification psychologique avec le travail, d'où son nom de participation au travail (Work Involvement). Donc, l'analyse des facteurs a établi l'existence de trois « charpentes » distinctes considérées au point de vue expérimental.
L'étude confirma l'hypothèse que satisfaction, engagement et participation sont interreliés chez les cols bleus canadiens. En d'autres mots, suivant cette étude, le travailleur qui participait à son travail était également satisfait de l'entreprise qui lui procurait un emploi. Les résultats rejettent l'idée que l'attachement au travail ou la participation était incompatible avec l'engagement envers l'entreprise. Il se peut que la nature du travail du col bleu explique ce rapport positif entre la satisfaction, l'engagement et la participation. Par ailleurs, les résultats ont montré que l'âge présentait un rapport de corrélation positif avec l'engagement et la participation mais non avec la satisfaction. Le sexe présentait un rapport de corrélation positif avec la participation mais non pas avec la satisfaction et l'engagement, ce qui démontre que les femmes s'identifiaient davantage avec leur travail que les hommes. La scolarité présentait un rapport de corrélatif négatif avec le degré de participation au travail, mais on ne décela aucun rapport significatif pour la satisfaction et l'engagement. L'état civil indiquait un rapport de corrélation positif avec la satisfaction, ce qui montre que les gens mariés sont davantage contents que les célibataires de faire partie de l'entreprise. Le revenu ne paraît pas avoir aucune signification particulière en regard du comportement au travail. Le revenud'une personne n'a en quelque sorte rien à voir avec la satisfaction, l'engagement et la participation. L'expérience au travail qu'on désignait généralement sous le nom d'ancienneté, de stabilité d'emploi, indiquait un rapport de corrélation positif avec l'engagement, mais non avec la satisfaction et la participation.
Pour conclure, on peut dire que les cols bleus canadiens perçoivent la satisfaction, l'engagement et la participation comme des concepts interreliés. Aussi, ces attitudes sont-elles diversement reliées aux variables de base telles que l'âge, le sexe, la scolarité, l'état civil, le salaire et l'expérience. De nouvelles enquêtes sont nécessaires pour connaître les effets que peuvent avoir ces diverses variables sur les trois attitudes précédentes.
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Relations du travail dans le secteur public. Le modèle suédois : mythe ou réalité
Gilles Coulombe
pp. 448–465
AbstractFR:
Après avoir présenté le fonctionnement des institutions politiques nécessaire à la compréhension du système suédois de négociation collective, l’auteur examine la réglementation statutaire propre aux relations du travail dans le secteur public de la Suède.
EN:
There is no doubt that, although strikes do occur in the Swedish public sector, bargaining in Sweden performs well in maintaining peaceful relationships between unions and public employers. The collective bargaining System procedures do not, of them-selves, explain or give a full understanding of the situation and the causes of the generally peaceful and stable labour relations in Swedish public sector. In fact, several factors are at work to create a climate of cooperation which is based mainly on a political determination to associate management and labour in the development of policies affecting workers and their work lives.
The relations between the Government and unions go well beyond the traditional bounds of the collective bargaining known in North America and often involve active participation in the preparation of statutory rules or legislations which in the case of state employees determine their status roles, responsibilities and conduct, protect their security and interest, and promote the social value of work. This cooperative approach is reinforced by the unions' structure, which is highly centralized and favours dialogue between the parties at the national level. Above that, the arrangement of public institutions, which is based on the separation of administration and policy, helps to "de-politicize" the negotiation process. However, such a System does not of itself guarantee industrial peace. Strikes that do occur show that a system based on social consensus has also its difficulties Reaching agreement on the distribution of income is not any easier in the Swedish system of labour management relations.
Before the right to strike was granted to public servants in 1966, agreements were facilitated by a policy linking public sector wages to those in export industries. Since 1966, the national labour organization (LO) succeeded in influencing the government in favour of greater equalisation of wages. This change has created dissatisfaction and subsequent labour unrest among many workers, especially white collar workers and professional. In general, however, state employees have at their disposal powerful means to protect and enhance their interests. They exercise an important and decisive role in the administration of public affairs, which contributes to their work satisfaction.
Three main factors underlying the relatively successful performance of the system are, first, the traditional support by the LO of the Social-Democratic Party, which was in power for over forty years; second, the deeply-rooted respect of political decisions and laws; and, finally, the restriction of bargainable items to mainly monetary issues. The future viability might be partially questioned with the recent defeat of the Social Democratic Party.
New initiatives will likely be taken by the new governing coalition which will affect the social organization of Sweden. Changes in wage policy, the representation and participation of employees in the various agencies, the roles of management and their relationship with the citizens might be expected. Collective bargaining in Sweden will certainly be disturbed. It is entirely possible that increased labour unrest and disruptions in public sector labour relations will occur.
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Recensions / Book Reviews
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Liberté syndicale et procédure de détermination des conditions d’emploi dans la fonction publique, par la Conférence internationale du travail, Rapport VII (1er), 63e session, Genève, Bureau international du travail, 1976, 122 p.
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Les relations industrielles : principes et politiques. Choix de textes commentés (et parfois traduits) par François Sellier, Paris, Presses Universitaires de France, 1976, 365 p.
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L’évolution du professionnalisme au Québec, Québec, Office des professions du Québec, 1976, 145 p.
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Code du travail du Québec, Édition révisée, par Me Philip Cutler, c.r., L.L.D., Montréal, Les Livres Toundra, 1976, 650 p.
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Direction par les objectifs et motivations des hommes par J.D. Batten, Paris, Coll. Gestion, Dalloz, 1976, 89 p.
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Demain la Santé, Québec, Dossier de Québec-Science, 1976, 291 p.