Abstracts
Abstract
The present study investigates the relationship between job involvement (JI) and central life interest (CLI) for a sample of automobile workers chosen from three organizational levels containing unskilled employees, skilled workmen and fore-men. Possible associations of job involvement and work as the« Central Life Interest » with job levels in the occupational hierarchy, age of the individuals and the length of employment were also explored. The results disconfirmed the hypothesized positive relationship between JI and CLI. In fact a low but significant negative relationship was obtained between JI and CLI. Job levels, age and length of employment were found to hâve negligible influence on both JI and CLI. On the basis of the obtained results, directions for future research are indicated.
Résumé
Cette étude a pour objet d'examiner les rapports entre l'engagement de la personne dans son activité professionnelle et ce qui constitue le centre d'intérêt principal de sa vie à partir d'un échantillon d'ouvriers de l'industrie de l'automobile comprenant trois catégories de travailleurs : manoeuvres, ouvriers spécialisés et cadres inférieurs.
Les définitions du concept d'engagement sont diverses et nombreuses. Un élément qu'on y retrouve toujours, c'est la tendance de l'individu à s'identifier psychologiquement à son travail. Aussi utiliserons-nous ce concept dans la présente étude.
Les sociologues ont beaucoup discuté sur ce qui constitue la notion de centre d'intérêt principal dans la vie. Les uns estiment que le travail est ce qui importe le plus ; d'autres sont d'avis que le but essentiel de la vie se situe ailleurs. En fait, ce qui caractérise ce centre d'intérêt principal d'une personne, c'est sa « préférence pour un milieu physique ou social donné considéré en tant que champ d'activité professionnelle ».
Étant donné que, dans la littérature sur le sujet, les deux modèles présentent beaucoup de points de similitude, nous avons pensé qu'il existait un rapport positif entre le degré d'engagement au travail et la réalisation d'un idéal de vie. De plus, nous avons étudié les rapports possibles de l'intensité de l'engagement au travail en regard des trois facteurs suivants : le niveau de poste occupé à l'intérieur de la hiérarchie des emplois, l'âge de la personne et la durée de l'emploi.
Les résultats de cette étude sont tirés de trois sortes d'employés : travailleurs à la production, préposés à l'entretien et cadres. On comptait dans l'échantillon choisi 300 manoeuvres, 200 ouvriers spécialisés et 150 chefs d'équipe.
Les questionnaires ont été expédiés par la poste accompagnés d'une enveloppe de retour affranchie. La participation des répondants était facultative et ceux-ci étaient assurés de l'anonymat. 39.7 pour cent des personnes à qui le questionnaire avait été adressé le retournèrent.
Ce questionnaire se divisait en trois parties distinctes. Une première série de questions avait pour objet le degré d'engagement au travail des participants ; une deuxième visait à déceler leur idéal de vie ; enfin, la troisième série contenait des questions destinées à obtenir certains renseignements de caractère démographique.
On mesura le degré d'engagement en utilisant un modèle abrégé de l'échelle de Lodahl et de Kejner (1965). On avait retenu six des questions de l'échelle originale qui en comptait 20. On compila les réponses sous la forme d'une échelle du type Likert.
On mesura l'idéal de vie en se basant sur le schéma de Dubin qui comporte 40 questions et on compila les points suivant la technique du choix forcé.
À l'égard d'un comportement donné, les répondants avaient le choix entre une réponse orientée vers le travail, une réponse passive ou une réponse orientée vers un centre d'intérêt autre que le travail.
D'autre part, le questionnaire, dans la partie qui cherchait à connaître l'idéal de vie, était divisé en quatre sections : comportement de l'individu à l'intérieur d'une organisation structurée, d'un milieu technique, d'un réseau de relations sociales, dans la vie en général.
On jugea qu'un individu accordait la première place à sa vie professionnelle si, au moins, la moitié de ses réponses mettait l'accent sur son intérêt pour son travail. On conclut dans le même sens lorsque les réponses, dans une proportion de 70 pour cent, mettaient l'accent sur l'aspect travail ou se révélaient indifférentes ou passives. Quant aux autres répondants, on a constaté que leurs aspirations se situaient ailleurs que dans leur travail ou qu'ils faisaient tout simplement montre de passivité. La dernière partie du questionnaire apportait des renseignements relatifs à l'âge des personnes, à la durée de leur emploi et au rang qu'elles occupaient dans la hiérarchie de l'entreprise.
L'analyse de l'ensemble des données fit ressortir que trois facteurs expliquaient 76 pour cent desvariances: la perception du travail comme centre d'attrait principal dans la vie, l'identification de l'individu avec son activité professionnelle ou une attitude d'indifférence à l'égard du travail.
La mesure moyenne de l'engagement, du niveau d'emploi, de l'âge de l'individu et de la durée de l'emploi ne permit pas de déceler de variations significatives eu égard à ces éléments.
Quant à la section du questionnaire portant sur l'idéal de vie, elle révéla que 60.8 pour cent des répondants le plaçait dans leur activité professionnelle. Une analyse plus approfondie des résultats pourrait permettre de douter de la valeur du deuxième critère proposé par Dubin.
L'écart marqué quant au nombre de réponses qui étaient orientées vers le travail suivant l'un ou l'autre critères fit ressortir qu'il pouvait être dangereux d'interpréter un bon nombre de réponses de type passif comme des réponses orientées vers le travail. Par conséquent, on décida de n'utiliser que le premier critère de Dubin pour isoler les réponses orientées vers le travail dans la deuxième partie du questionnaire. Par après, on l'a utilisé en vue de l'analyse corrélative entre l'engagement au travail et l'idéal de vie.
Les mesures de corrélation s'échelonnaient entre —.09 et —.45. On trouva un rapport significatif ou au niveau .01 ou au niveau .05 pour 13 sur 15 répondants d'où il ressort que le rapport hypothétique entre l'engagement au travail et l'idéal de vie est insoutenable.
Les rapports acceptés comme hypothèses entre l'engagement, le niveau d'emploi et l'âge ne ressortant pas, nous avons retenu l'hypothèse du résultat nul. De même, il n'y avait pas non plus de rapport significatif entre l'engagement et la durée de l'emploi. Le rapport entre l'idéal de vie et le niveau d'emploi atteint n'étant pas significatif, on retint sur ce point l'hypothèse nulle. Enfin, on ne découvrit aucun rapport significatif ni entre le centre d'intérêt principal de vie et l'âge du répondant, ni entre son âge et la durée de son emploi.
Les résultats indiquent une corrélation négative entre l'engagement au travail et l'idéal de vie, ce qui contredit le rapport hypothétique entre l'engagement et le centre d'intérêt principal de la vie. Ceci montre en réalité que des travailleursqui ne s'identifient pas psychologiquement à leur emploi peuvent néanmoins placer leur centre d'attrait principal dans leur milieu de travail.
Quand on y regarde de plus grès, on constate que l'erreur des chercheurs concernant l'hypothèse originale réside dans la formulation du problème. Le questionnaire de Lodahl et de Kejner a permis de se rendre compte que l'individu très engagé doit être extrêmement absorbé par les aspects techniques de son activité professionnelle. Des déclarations comme « c'est la plus grande satisfaction de ma vie » ou « j'ai le travail dans la peau » semblent confirmer cette interprétation. Une analyse serrée du questionnaire de Dubin laissait voir, au contraire, une toute autre philosophie du travail, car, dans la plupart des déclarations, on considérait que les relations sociales formaient le centre d'intérêt principal de la vie. Les résultats de la présente enquête ont montré que les répondants savaient faire la distinction entre l'engagement dans le travail en soi et les aspects sociaux du milieu professionnel.
Bien que les résultats obtenus indiquent l'existence d'un rapport négatif entre l'engagement dans le travail et l'idéal de vie recherché, il faut les interpréter prudemment, car elles n'expliquent qu'en partie les variances globales. De plus, il faut noter que ces rapports n'ont pas été confirmés par un deuxième sondage. C'est pourquoi il y a lieu d'adopter une attitude prudente même si l'on peut avancer que les deux modèles, l'engagement et le centre d'intérêt principal de la vie ne présentent aucun rapport entre eux.