Abstracts
Abstract
Analysts of collective bargaining have tended to stress predominant functional characteristics, in general classed as marketing, governmental, and managerial theories. Less emphasis has been placed on the importance of power relation-ships between organizations. A careful review of the development of collective bargaining in the Toronto printing industry in the nineteenth century suggests that the latter is the most significant factor in the historical process.
Résumé
Les analystes modernes de cette institution qu'est devenue la négociation collective ont mis de l'avant beaucoup de théories, chacune d'entre elles énonçant une définition appliquée de la nature fondamentale de cette pratique sociale tant répandue. En général, on a surtout insisté sur ce que le théoricien considère être la fonction prédominante du processus de négociation collective. On peut le considérer sous trois aspects : marchandage, politique, gestion. On a aussi fait valoir que cette triple façon théorique de considérer le processus de négociation collective rend bien compte de son évolution historique.
Toutefois, pour scruter à la fois son fondement théorique et sa valeur historique, il est nécessaire d'en contrôler les résultats par une investigation empirique systématique. Le Syndicat des typographes de Toronto s'est prêté à cette analyse parce qu'il est le plus ancien au Canada et qu'il a conservé ses archives pour la période du XIXe siècle pendant laquelle les principales innovations en matière de négociation collective furent formulées.
Les premières formes de détermination des salaires dans l'industrie de l'imprimerie à Toronto furent caractérisées par l'imposition unilatérale des conditions de travail. Elles se fondaient sur les positions de force relative du syndicat et des employeurs lesquelles en retour dépendaient beaucoup des conditions économiques générales et du degré de contrôle du syndicat sur la main-d'oeuvre. Il est évident que le syndicat considérait insatisfaisante cette façon de fixer les salaires. Alors que la recherche de méthodes plus positives était en voie de réalisation, la fameuse grève des imprimeurs de Toronto en 1872 eut pour conséquence de laisser béant un large fossé entre les employeurs et le Syndicat des typographes de Toronto. En outre, la dépression de la fin de la décennie 1870 nuisit au projet de rétablissement de relations normales entre les parties.
Un nouvel événement se produisit en 1885 qui devait subséquemment amorcer la négociation collective bilatérale dans l'industrie de l'imprimerie à Toronto. L'Union typographique internationale dont le syndicat de Toronto était devenu une section affiliée, institua un fonds de défense professionnelle international. Le fonds servit de courroie de transmission de la force continentale à la section devenue dépendante lorsque des conflits survenaient. Les premières négociations collectives bilatérales eurent lieu dans l'industrie de l'imprimerie torontoise en 1890. La négociation collective véritable commença donc lorsque la puissance de la section locale fut accrue grâce au support qu'elle reçut de l'Union internationale et à la supervision qu'elle exerçait sur ladite section.
Cette analyse fait voir que l'élimination des méthodes unilatérales de détermination des salaires et l'institutionalisation de la négociation collective bilatérale fut le résultat de concessions des employeurs aux travailleurs une fois que le transfert de pouvoir fut apparu clairement. De plus, il est important de souligner que la négociation collective constitue un rapport de forces entre organisations tout autant qu'un processus de marchandage, de décisions patronales et d'intervention gouvernementale.