Abstracts
Abstract
In this paper, the author focuses on analyzing and explaining the widespread emergence of« non-institutional response ».
Résumé
Cet article veut être une tentative d'explication des grèves sauvages dans l'industrie manufacturière au Canada. L'auteur assimile ces grèves aux phénomènes de plus en plus nombreux qui consistent dans un processus par lequel des personnes, encadrées dans une institution qui leur devient de plus en plus insupportable, la rejettent et recourent aux moyens du bord pour changer la situation.
En ce sens, la grève sauvage serait la réaction spontanée et inorganisée des travailleurs contre les organisations syndicales institutionnalisées. Depuis que les syndicats se sont donné des structures, qu'ils ont mis au point des mécanismes pour résoudre les problèmes professionnels, sociaux et économiques des travailleurs, qu'ils sont devenus de vastes organisations, est-ce qu'on n'assisterait pas à la croissance des grèves sauvages ? Est-ce que, avec le temps, les organisations syndicales n'auraient pas perdu le sens des intérêts les plus importants de certains groupes de leurs membres, d'où la naissance de conflits résultant d'appréciations diverses des fins recherchées : responsabilité et militantisme, buts éloignés et buts immédiats ? Est-ce que le syndicalisme ne se serait pas trop bureaucratisé à mesure qu'il croissait ?
Mais une première question se pose : quelle est l'importance des grèves sauvages au Canada ? Il n'y a pas de statistiques sur le nombre des grèves sauvages au Canada. Pour essayer de les découvrir, il faut procéder par voie de déduction. La première caractéristique d'une grève sauvage, c'est qu'on peut la considérer de courte durée. Les grèves de courte durée (cinq jours ou moins) ont subi au Canada une courbe ascendante marquée de 1956 à 1966, puis elles ont beaucoup diminué par la suite pour faire un nouveau bond en 1969. Mais on ne peut affirmer que toutes les grèves de courte durée sont des grèves sauvages. Comme autre caractéristique, on pourrait soumettre que les grèves sauvages se produisent en cours de convention. Mais, encore là, il est certain que toutes ces grèves ne sont pas des grèves sauvages.
À défaut de renseignements satisfaisants, force est donc de se rabattre sur une analyse sociologique. Sur ce point, l'auteur estime que la grève sauvage ressemble à d'autres phénomènes de même nature qui se présentent dans d'autres secteurs de la société par le rejet des canaux normaux et institutionnels pour la solution de problèmes collectifs.