Relations industrielles
Industrial Relations
Volume 26, Number 2, 1971
Table of contents (28 articles)
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Human Adjustment to Technological Change : An Economist’s View
Arthur A. Kruger
pp. 265–307
AbstractEN:
The focus of this paper is to examine how collective bargaining has attempted to cope with the problems of worker displacement and how these developments might indicate future trends in union-management relations as well as the limitations of collective bargaining.
FR:
L'adaptation aux changements technologiques n'est pas un sujet nouveau. La hausse du chômage de 1957-60 et le développement technologique ont amené ce débat, il y a déjà dix ans. Les économistes ont discuté le rôle relatif des facteurs structurels et de l'insuffisance de la demande aggrégative comme cause majeure de ce chômage. Les keynésiens ont prôné des politiques fiscales et monétaires, les structuralistes ont avancé des politiques de main-d'oeuvre comme solutions à ce problème, tandis que d'autres remettent en question la situation en suggérant l'approche de la société des loisirs.
Nous n'avons pas l'intention de régler ces vastes questions ici. Nous faisons l'hypothèse que l'emploi rémunéré va continuer à jouer un rôle important dans notre société et que les changements technologiques et autres vont continuer à causer des déplacements de main-d'oeuvre. Le but de cet article est double : d'abord, examiner comment la négociation collective a traité ce problème de déplacement ; ensuite, voir quel genre de tendance les changements mentionnés peuvent inculquer aux relations du travail et à la négociation collective.
Nous examinons d'abord l'aspect coût-bénéfice des changements technologiques. Nous concluons que la théorie économique de la firme nous porte à croire que, dans la majorité des cas, le côté patronal a tout le temps disponible de planifier en fonction des changements causant de sérieux déplacements. Il est à noter que les entreprises qui font des changements ne sont pas toujours celles qui ont les plus grandes marges de profit. Quand l'entrée dans le marché est facile et la concurrence étrangère sérieuse, la firme qui introduit d'importants changements fait face à de sérieux désavantages vis-à-vis ses concurrents.
Ensuite, vient une analyse de conventions collectives basée sur des inventaires des gouvernements fédéral et ontarien. Il s'agit de vérifier neuf hypothèses afin de voir, entre autres choses, l'influence des différents contextes sur le contenu de la négociation collective et la direction qu'elle prend. L'analyse de cas spécifiques met en évidence quelques-unes des raisons principales pour les faillites et les succès de la négociation collective face aux changements technologiques
La discussion continue par une analyse des principales solutions canadiennes au problème des déplacements de main-d'oeuvre et un résumé des principales conclusions :
a) l'évaluation du taux de changement technologique aux niveaux macro et micro est difficile ;
b) il est presque impossible de distinguer entre l'impact des changements technologiques sur l'emploi et les autres causes de déplacement de main-d'oeuvre ;
c) il y a une grande période d'attente entre l'innovation et l'implantation des nouvelles technologies ;
d) les changements technologiques n'impliquent pas nécessairement des déplacements de main-d'oeuvre ;
e) il y a plusieurs causes à ces déplacements autres que les changements technologiques ;
f) les entreprises qui introduisent les changements technologiques ne sont pas toujours celles qui ont les plus grandes marges de profit;
g) les plus anciennes firmes dans un marché subissent la double pression des innovations technologiques et de l'assistance aux déplacements de travailleurs ;
h) les travailleurs non-qualifiés sont les plus affectés par les changements d'emploi et plus résistants face aux déplacements géographiques ;
i) l'absence de cadre théorique pour étudier l'impact de la négociation collective sur les taux de déplacement empêche toute comparaison et l'intégration des différentes études. Cet article n'est qu'un premier pas dans ce sens. Il semble y avoir une corrélation positive entre certains genres de clauses dans les conventions collectives et certaines variables contextuelles ;
j ) les déplacements de main-d'oeuvre qui n'impliquent pas de mobilité géographique sont les plus faciles à solutionner par la négociation collective ;
k) les travailleurs ne se servent pas des primes à la mobilité. Ceci implique l'impuissance de la négociation collective lorsqu'il y a déplacement de main-d'oeuvre dans une région à basse opportunité d'emploi ;
l) les travailleurs vont accepter le recyclage seulement si un emploi leur est assuré ;
m) l'existence d'unités d'ancienneté limite les possibilités d'adaptation surtout dans les cas de pluralisme syndical ;
n) on devrait faire un plus grand usage des Centres de main-d'oeuvre et des contacts que les syndicats et la compagnie ont avec le marché du travail pour faciliter l'adaptation des travailleurs ;
o) les fonds de déplacement n'ont pas eu d'impact à date ;
p) l'usure de la main-d'oeuvre n'est pas un remède aux déplacements.
Le rapport Freedman et le Conseil économique du Canada ont également étudié ce problème. L'un contient, entre autres, quelques recommandations radicales, alors que le travail du second est très désappointant.
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Collective Bargaining and Wage Equalization in Canada’s Iron & Steel Industry, 1939-1964
Bryan C. Williams
pp. 308–344
AbstractEN:
This paper is one in a series being prepared by the Labour-Management Section of the Federal Department of Labour's Economies and Research Branch. It has three purposes. First, to highlight significant developments and characteristics in collective bargaining in the industry. Second, to determine the extent to which wage equalization is present in the industry. Third, to identify the influences that have contributed to these equalizing tendencies.
FR:
Dans sa publication de 1948,Trade Union Wage Policy, Arthur M. Ross attirait l'attention autour de l'impact des salaires définis par voie de négociation collective sur les théories traditionnelles de détermination des salaires 1. La raison principale de cet intérêt provient de l'incapacité de la théorie actuelle à fournir des réponses satisfaisantes aux cinq questions suivantes.
1. Comment se fait-il que l'importance du mouvement relatif des salaires soit plus cruciale que le salaire qui en résulte ?
2. Pourquoi les taux de salaires ne sont-ils pas égalisés sur le marché local du travail ?
3. Comment expliquer les fréquents arrêts de travail consécutifs à des différences mineures, pour ne pas dire ridicules entre les parties ?
4. Pourquoi plusieurs syndicats insistent-ils sur l'uniformité du taux de salaire pour toute leur unité de juridiction lorsque la théorie économique suggère qu'en situation de monopole, il est possible de maximiser le revenu en faisant de la discrimination entre les acheteurs ?
5. Pourquoi cet effort par les syndicats de consolider leurs structures de négociation ?
Toutes ces questions reflètent les relations entre les taux de salaire occupationnels ou entre le résultat de deux différentes négociations de salaires. De façon plus globale, elles mettent en évidence le caractère et la fonction de deux tendances « égalisantes » dans la détermination des salaires par négociation collective. Dans la théorie économique traditionnelle, il n'y a pas de réponse à ce problème.
Il y a très peu d'études qui fournissent une réponse satisfaisante malgré tous les travaux qui ont été faits. Cependant, on a beaucoup plus insisté sur l'identification et la description des processus institutionnels qui causent ces tendances « égalisantes ». De façon générale, trois approches sont utilisées :
a) la coopération entre employeurs 2 ;
b) la négociation-type 3 ;
c) l'élargissement des unités de négociation 4.
lusqu'à quel point les conclusions présentées pour la situation américaine sont-elles valables pour la négociation collective canadienne ?
L'industrie canadienne du fer et de l'acier fut l'une des industries considérées pour étude du cas canadien. Dans ce cas précis, l'existence de ces tendances « égalisantes » serait le résultat de négociations-type ou de la coopération entre employeurs ; probablement plus le premier facteur que le second. Contrairement au cas américain, l'industrie canadienne du fer et de l'acier n'a connu aucun élargissement d'unité de négociation. Presque toute la négociation dans cette industrie est faite au niveau local.
Quelques conclusions
1. Depuis 1939, la politique de négociation collective des Métallos s'est dirigée vers l'établissement de conventions uniformes à travers l'industrie.
2. Les efforts syndicaux dirigés vers l'uniformisation de l'industrie de l'acier ont été secondés par les contrôles de salaire du gouvernement fédéral durant la dernière guerre.
3. En 1946, les syndicats atteignaient leur objectif d'uniformité des taux de salaire de base et étaient en voie de l'atteindre pour les autres classes d'emploi.
4. La négociation-type d'après-guerre a contribué à conserver l'uniformité acquise durant le conflit mondial.
5. L'effort d'extension de l'uniformité des taux de salaire par le « Coopérative Wage Study Plan » a échoué en 1952. Deux ans plus tard, on obtenait l'uniformité pour des classes similaires d'emploi.
6. Le succès dans l'industrie de l'acier primaire a été le modèle syndical de négociation dans les secteurs de l'acier non-primaire. Cependant le succès fut très limité.
7. L'échec relatif de la tentative d'étendre des unités de négociation dans les industries canadiennes de l'acier primaire et le succès marqué de la négociation-type indiquent qu'il n'y a pas qu'une méthode dont un syndicat puisse se servir pour obtenir l'uniformité dans les conventions collectives.
8. Dans le cas canadien, la négociation est fragmentée mais en même temps on retrouve une grande uniformité entre les différents accords. Il n'y a donc pas de preuve solide à la cause de ceux qui relient directement l'un à l'autre dans l'industrie canadienne de l'acier primaire.
1 Voir les références à l'original anglais.
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Labor Relations in Ontario Hospitals : A Question of Survival
Fraser Isbester and Sandra Castle
pp. 345–362
AbstractEN:
The authors examine the sources of the prevalent unrest among Ontario Hospital employees. As the specific causes of the present situation are outlined separately, their inter-relationships are to be borne in mind.
FR:
Le terme « relations du travail » implique l'existence d'un mécanisme qui, d'une part permet le fonctionnement harmonieux de l'ensemble, c'est-à-dire à la satisfaction mutuelle des parties, et d'autre part fournit une base, voire la solution pour la résolution d'éventuels conflits. Bonne volonté et esprit de coopération sont nécessaires au développement d'une telle entente.
Si l'on considère les événements survenus ces dix dernières années, on peut douter de l'existence de réelles relations du travail dans les hôpitaux d'Ontario.
Accorder le droit de grève aux employés des hôpitaux c'est laisser la porte ouverte à de possibles exagérations et tout ce que cela comporte. D'un autre côté il est difficile de refuser aux employés une arme qui leur est nécessaire, à moins qu'il n'existe une solution de rechange. Y en a-t-il une? C'est le but de cette étude de le démontrer.
À cause de sa signification particulière, elle est à la fois force et faiblesse pour les deux parties, la grève dans les hôpitaux est l'objet de l'attention du gouvernement. En Ontario cela résulta dans le « Hospital Labour Disputes Arbitration Act » (1965) qui impose aux parties l'arbitrage obligatoire et interdit grèves et lock-out, après un délai qui doit être mis à profit pour essayer de trouver une solution!
Cette interférence du gouvernement a un certain nombre de conséquences défavorables aux syndicats.
LE CONTRÔLE DES SALAIRES
Les syndicats cherchent à obtenir la parité des salaires avec les autres secteurs de l'économie. Il arrive souvent que le résultat des efforts dans ce domaine des administrateurs et des syndicats soient réduits à néant par l'intervention d'organismes, tel l'Ontario Hospital Services Commission (O.H.S.C.), qui dans les faits contrôlent la hausse des salaires. Le fait que l'O.H.S.C. ait, parmi d'autres, ce pouvoir, est la source de déception et est une restriction à la liberté de négociation. Les syndicats voudraient voir l'O.H.S.C. soit ne pas intervenir du tout, soit être le seul interlocuteur face aux syndicats.
LE DROIT DE GRÈVE
Dans plusieurs Provinces la législation en vigueur restreint les employés de recourir à la grève pour parvenir à leurs fins. En Ontario les syndicats énoncent l'éventuelle possibilité d'une grève illégale et revendiquent le plein droit de grève, soulignant le fait que l'existence d'un tel droit n'est pas synonyme de mauvaise utilisation.
L'ARBITRAGE OBLIGATOIRE
Du fait de son existence, employés comme directions ont tendance à se reposer sur lui plutôt que de chercher eux-mêmes une solution. Le recours à un arbitrage volontaire devrait rétablir une situation normale où la négociation est effective entre les deux parties.
LES PROBLÈMES DES DIRECTIONS
Manque de préparation pour la tâche à accomplir, trop de responsabilités et pas les pouvoirs nécessaires, caractérisent le groupe des Administrateurs d'hôpitaux. De plus le manque de personnel dans de nombreux hôpitaux, les restreint à la gestion quotidienne de l'établissement. Les ressources financières des hôpitaux ne s'accroissent pas aussi vite que les coûts. Sous la pression de syndicats les salaires ont une part croissante du budget. Puisque les administrateurs n'ont pas le pouvoir de contrôler les ressources et les coûts, la seule façon de garder un budget équilibré est de faire des économies d'échelles, en regroupant les services administratifs., soit des économies de productivité. Cela suppose l'existence de programmes de recyclage et de formation pour les employés. C'est encore un domaine négligé en Ontario. Il existe, dans cette Province, un « Bureau du personnel hospitalier » qui pourrait être utile ici. La condition à cette aide, cependant, est l'application uniforme des mesures à toute la Province, et beaucoup d'hôpitaux ne veulent pas sacrifier une partie de leur autonomie.
Pour la survie effective des relations du travail dans les hôpitaux ontariens, un certain nombre de conditions doivent être remplies. Ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle.
1) Les négociations collectives doivent se faire à l'échelon provincial. Le gouvernement étant un consultant.
2) Des comités paritaires doivent, avant l'ouverture des négociations, déterminer quelles questions seront à traiter.
3) Le droit de grève (conditionnel, dans l'intérêt des malades) doit demeurer entier. Le contrôle des hausses de salaire doit disparaître.
4) Un effort doit être fait du côté de la direction pour améliorer la qualité des administrateurs, dans leur travail comme dans leurs rapports avec les employés.
5) L'éducation des employés en matières syndicales, particulièrement le mécanisme et l'économie des négociations collectives, est à faire.
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Investment-Wages : Theory and Application
Gerhard Reber
pp. 363–398
AbstractEN:
After having defined and explained the goals of investment-wages, the author establishes their social and economic framework and gives an example drawn from the West-German construction industry.
FR:
Dans son sens le plus large, le salaire d'investissement est cette partie du salaire des travailleurs qui ne peut être dépensée pour la consommation pendant un certain temps, parce qu'il est placé pour eux dans l'économie sous forme de capital. Les discussions sur ce sujet en Allemagne ont démontré que cette théorie peut être appliquée selon plusieurs processus et de diverses façons. L'objectif est d'accroître la richesse des travailleurs de façon à leur apporter une plus grande sécurité. En plus de cet objectif à caractère individuel, le salaire d'investissement vise une fin sociale : permettre à tous les agents de l'économie de bénéficier du produit national et diminuer ainsi les écarts économiques. L'épargne individuelle, à elle seule, n'a pas réussi à donner aux travailleurs une part plus grande de l'ensemble de la propriété nationale. C'est à cette lacune que veut pallier la théorie du salaire d'investissement.
Une partie de l'augmentation de salaire ne devrait pas être versée aux travailleurs car elle contribuerait à les pousser à dépenser mais elle serait retenue et convertie en épargnes pour de l'investissement. L'épargne individuelle temporaire et obligatoire semble la seule façon de développer chez les travailleurs une « éducation capitaliste ». Toutefois, il vaut la peine de payer ce prix qu'à la condition que les avantages du salaire d'investissement l'emportent sur ces inconvénients à l'intérieur du processus économique. Cette théorie du salaire d'investissement concorde bien avec les principes et les facteurs fonctionnels de l'économie sociale de marché qui prévaut en République fédérale d'Allemagne.
LES FONDEMENTS DU SALAIRE D'INVESTISSEMENT
Deux ans après la mise en vigueur de l'économie sociale de marché., en 1948, le Conseil scientifique indépendant des affaires économiques du gouvernement fédéral en vint à la conclusion que la distribution de la propriété était très inégale dans le pays. Pendant environ 40 ans, depuis 1925, la part du revenu national total allant aux travailleurs était d'environ 40%. Cependant depuis 1960, cette part a augmenté chaque année, jusqu'à 65.4% alors que celle des employeurs diminuaitde 39.2% en 1960 à 34.6% en 1965. Malgré cela, 2.8 millions de personnes (17%) possédaient 75% de toute la propriété dans le pays.
Les progrès technologiques et les méthodes modernes de production requièrent un capital toujours croissant. La proportion de capital selon le travail dans l'industrie de la RFA en général a atteint une moyenne de 12,800 DM par employé en 1950. Celle-ci a augmenté à 26,200 DM en 1962.
PRINCIPES DE L'ÉCONOMIE SOCIALE DE MARCHÉ
Le principe de l'économie sociale de marché est fondé sur le marché. Cependant, contrairement au principe classique du libéralisme, les conditions et les résultats d'une économie de marché qui fonctionne ne sont pas nécessairement et automatiquement acceptés. Le gouvernement intervient de façon active en coopération avec tous les groupes sociaux afin de suppléer à une harmonie naturelle et automatique. Le concept classique est modifié et complété de la façon suivante.
Le système de fonctionnement de la libre entreprise, compris comme orientation de la production selon les besoins du marché, n'est pas automatiquement stable ; dès lors une politique de stabilisation de la part du gouvernement est nécessaire.
Les résultats du processus du marché ne sont pas automatiquement acceptés, spécialement si l'on considère la répartition du revenu national. Dès lors il faut une redistribution du revenu, mais celle-ci doit se faire sans qu'il y ait nécessairement des atteintes aux forces compétitrices à l'intérieur du marché.
L'interaction de forces du marché n'assure pas le plein emploi ; aussi le gouvernement doit-il avoir une politique active de supervision des affaires. Il essaie d'atteindre simultanément ces trois buts : plein emploi, stabilité des prix et équilibre de la balance des paiements. Il s'agit de trouver un équilibre entre trois choses.
Le gouvernement devrait se servir de son influence pour effectuer une meilleure redistribution du revenu. Ainsi, pour ne pas perturber une saine distribution du revenu, si on s'en tient aux lois du marché libre, le gouvernement devrait en premier lieu utiliser des mesures moins sévères que des augmentations de taxes et qu'une politique du commerce extérieur; il devrait garder pour les cas très sérieux les moyens puissants indirects comme les octrois et ce, aussi longtemps que les difficultés subsistent. Il faudrait réserver uniquement pour les cas d'extrême urgence les interventions directes du gouvernement. Il faudrait la coopération des syndicats et de la direction des entreprises pour réaliser les objectifs gouvernementaux. Cette coopération seule peut permettre à l'économie sociale de marché de fonctionner. Un accroc fort indésirable se produit si le gouvernement détermine le salaire ou si les partenaires sociaux s'entendent sur des salaires et conditions de travail qui mettent en péril la politique du gouvernement. Selon cette conception de l'économie sociale du marché, le rôle et les fonctions des syndicats sont étendus. De simples groupements de pression, ils deviennent les participants dans un effort coopératif à la grandeur du pays. Toutefois il existe des dangers latents à cette nouvelle conception des syndicats.
Les trois questions qui se posent sont les suivantes : est-ce que le principe du salaire d'investissement est compatible avec la théorie de l'économie sociale du marché ? Est-ce que le salaire d'investissement peut être intégré aux négociations collectives ? Quelle est sa force coercitive ?
a) Jamais auparavant les conventions collectives n'avaient déterminé l'utilisation obligatoire d'une partie de la rémunération des travailleurs. Le Parlement adopta la « Seconde loi d'accumulation du capital » qui autorisait les représentants des employeurs et des employés à inclure dans les conventions collectives un certain montant que l'employeur pouvait payer en étant exempté des taxes sur les profits et les salaires de même que des contributions pour la sécurité sociale, à condition que ce revenu des travailleurs serve à l'investissement.
Plusieurs juristes ont émis l'opinion que ce système était légal et en sont venus à la conclusion que le salaire d'investissement était partie intégrante de la rémunération et que le gouvernement ne devrait pas s'en mêler.
b) Après quelques hésitations, les employeurs se rangèrent à cette décision. Leurs préoccupations s'orientèrent sur les aspects de coercition collective de la proposition. En général, on soutint que l'épargne devait être volontaire, encouragé par des stimulants, etc. Toutefois, l'expérience de la « Première loi sur l'accumulation du capital » avait démontré que les mesures à caractère individuel n'étaient pas suffisantes pour en arriver à la redistribution désirée de la propriété. De plus, la publicité poussant à la consommation l'emportait beaucoup sur les encouragements à épargner. Dans quelle mesure, la théorie du salaire d'investissement peut-elle être appliquée dans une économie en croissance si l'on ne perd pas de vue les objectifs de plein emploi et de stabilité des prix ? Il faut conserver un équilibre entre la consommation, l'investissement et l'épargne, afin de pousser le plein emploi et le développement et encore prévenir les tendances inflationnistes et la récession de l'économie.
LE SALAIRE D'INVESTISSEMENT DANS L'INDUSTRIE DE LA CONSTRUCTION OUEST-ALLEMANDE
Le syndicat de la construction avait préparé un plan de salaire d'investissement (Plan Leber) qui aurait utilisé l'Office des rentes supplémentaires de l'industrie de la construction après avoir accru ses fonctions.
Selon ce plan, la convention collective aurait statué que les employeurs verseraient 1.5% de la masse salariale payée en vue de constituer un capital pour leurs employés. Les contributions seraient perçues par l'Office des rentes supplémentaires. Elles seraient distinctes des autres et seraient mises dans un fonds spécial. Il ne serait pas nécessaire qu'elles soient payées en argent mais elles pourraient être retenues dans l'entreprise sous forme d'investissement. Ce fonds fonctionnera suivant les procédés administratifs ordinaires qu'utilisent les sociétés de financement. Il devra investir les contributions en argent comptant de façon à ce qu'elles rapportent des bénéfices et qu'elles suscitent l'activité dans la construction. Ses ressources devront être affectées à des entreprises de la construction afin que celles-ci possèdent plus de capital d'investissement, soit sous forme de prêts ou d'actions. L'argent pourra aussi être utilisé pour des prêts destinés à des projets spéciaux d'intérêt public ; il pourra encore être prêté à des travailleurs de la construction afin de leur permettre d'acheter ou de construire leur propre maison.
Quand les contributions auront été versées, le travailleur recevra une part qui représentera ses droits dans le fonds. Lorsque le travailleur prendra sa retraite ou deviendra impotent, il peut retourner au fonds sa part en échange de son capital accru avec l'intérêt composé. Dans les cas exceptionnels, le travailleur peut recevoir ce qui lui est dû à une date antérieure.
C'est en 1965 que fut négociée pour la première fois une convention collective comprenant un plan d'accumulation de capital pour les travailleurs. Les deux parties se sont entendues pour étendre cet accord à tous les travailleurs dans l'industrie de la construction. La convention s'applique à près de 1.6 million de travailleurs, soit environ 7.5% de tous les travailleurs ouest-allemands en 1966.
Voici quelques-unes des parties de l'accord :
les employeurs accordent à chacun des travailleurs dans l'industrie de la construction une prime de 0.09 DM par heure de travail effectuée si le travailleur en fournit ; le travailleur peut choisir la sorte d'investissement à long terme qu'il désire, lequel sera immobilisé pour une durée de 5 ans.
Un individu aura ainsi une accumulation de capital d'environ 1,300 DM après 5 ans, ceci incluant l'intérêt et la prime que le gouvernement fédéral garantit à tout épargnant ayant un compte d'épargne bloqué pour 5 ans.
Toutefois, les demandes syndicales dépassaient ce salaire d'investissement : au cours de la même négociation ils ont obtenu un accroissement normal de salaire de 6% plus 2.4% de compensation pour la diminution de la semaine de travail durant l'hiver.
Le syndicat fonda une nouvelle banque entre mai 1965 et janvier 1966 et commença une campagne de publicité afin de persuader les travailleurs d'y placer leur argent. Le conseil d'administration de cette nouvelle banque (BSV) compte en majorité les épargnants ; les travailleurs votent, peuvent être élus et partagent les bénéfices ; on y promet un fort taux d'intérêt.
Les effets de cette convention collective coïncidèrent avec un mouvement général de dépression de l'économie ouest-allemande, qui atteignit son point le plus bas en 1967. On a connu alors une baisse dans les investissements, le nombre des entreprises et le revenu des employeurs. Pendant cette dépression, les coûts de travail influencèrent de façon nocive le revenu des employeurs. Lors de la reprise, au milieu de 1968, les prix dans l'industrie de la construction se sont élevés. Parce que le salaire d'investissement avait été appliqué à un seul secteur, ses effets ne furent pas différents de ceux d'une augmentation normale de salaire ; ils n'influencèrent pas la demande d'une façon importante.
Les épargnes des travailleurs doivent être investis dans une banque où les travailleurs eux-mêmes ont le choix ultime du type de placement à long terme qu'ils désirent. Mais est-ce que ce régime ne dirigera pas les épargnes vers les entreprises les plus profitables ? La voie d'accès aux marchés des capitaux est beaucoup plus difficile pour les petites et moyennes entreprises que pour les grandes. Ce genre de banque n'a pas réussi à accroître suffisamment le crédit pour les petites et moyennes entreprises. De cette façon le salaire d'investissement contribue à diriger les ressources financières vers les grandes entreprises et avec la rareté des crédits, les entreprises les plus petites sont désavantagées. Ce danger est mitigé par la « Seconde loi d'accumulation du capital ». Des réductions d'impôt sont accordées à tous les employeurs ayant moins de 50 employés. Cette disposition est significative dans l'industrie de la construction puisqu'un très grand nombre d'entreprises ont peu d'employés.
Jusqu'à janvier 1966, environ 40% des 30.6 millions de travailleurs de l'industrie de la construction avaient demandé de participer à ce programme. Les travailleursmembres du syndicat participent beaucoup plus au programme que leurs confrères non syndiqués. Le programme serait inopérant ou même dangereux si la plupart ou seulement plusieurs des employés retiraient leurs économies. Un sondage effectué en 1965 a montré que 52% des travailleurs interrogés n'avaient aucunement l'intention de retirer leur compte d'épargne au bout de 5 ans ; 18% ne savaient pas et 30% dirent qu'ils allaient dépenser cet argent. Quels que soient les plans actuels des travailleurs concernés, les circonstances suivantes ont différé la consommation éventuelle et la poussée de l'inflation et l'ont répartie sur une plus longue période de temps. En décembre 1966, une loi a été passée pour restreindre les stimulants à l'épargne. La durée obligatoire des contrats d'épargne à long terme a été portée de 5 à 6 ans et celle d'un contrat d'épargne par versement, de 6 à 7 ans.
Dans un contrat d'épargnes par versements, l'épargnant accepte de déposer au moins à tous les trois mois pendant 6 ans un certain montant d'argent. Sept ans après le premier dépôt, le montant total des épargnes, plus la prime du gouvernement, lui est remis pour qu'il en dispose comme il l'entend. Dans un contrat général d'épargne, les dépôts peuvent être faits plus régulièrement durant l'année et il n'y a pas de montant fixe qui doit être déposé. Six ans après la fin de chaque année, seulement le montant accumulé durant cette année peut être retiré sans perdre les avantages des diminutions d'impôt et de la prime.
Il reste à voir ce que les travailleurs diront lorsqu'ils sauront que ces contrats d'épargnes par versements devront être changés en contrat général d'épargne à long terme. La BSV et les syndicats sont conscients de ce danger et de cette déception possible. Les syndicats espèrent que ce programme de salaire d'investissement deviendra de plus en plus populaire lorsque les travailleurs verront leurs économies augmenter, même si les effets restrictifs sur la demande et les prix ne réussissent pas à protéger suffisamment ces épargnes d'une tendance inflationniste possible.
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Le syndicalisme est-il la réponse au problème des « cadres »?
Roger Chartier
pp. 399–428
AbstractFR:
Après avoir souligné la modification relativement récente, en divers milieux québécois, des attitudes traditionnelles à l'endroit des« cadres » d'entreprise, l'auteur déplore la faiblesse lexicologique du terme« cadres » dans ce contexte, de même que l'ambiguïté de ce vocable globaliste, eu égard à la grande diversité des agents qu'il recouvre. A partir donc d'une esquisse de typologie des« cadres », il s'interroge ensuite sur leursproblèmes présumés ou réels— qu'il s'agisse plus largement d'« aliénation » ou plus spécifiquement de divers malaises concrètement identifiables à partir d'une échelle donnée de besoins. Pour chacun de ces problèmes, l'auteur examine enfin diversessolutions institutionnelles qui sont à la disposition des« cadres » : action patronale, association de cadres, syndicalisme de cadres et législation élargie
EN:
In recent years, managerial and supervisory personnel have elicited quite a bit of interest, not only from top managementwithin the business organization — this is, of course, not a new development, since top management has always seen all their levels of management and supervision as one monolithic block—, but also from various quartersoutside the firm proper, namely :
1)university pofessors (and especially sociologists and industrial relations specialists), who have always been sympathetic and sensitive to collective problems and solutions, to proletarian miseries (are we not now talking and writing more and more about the « new proletarians of knowledge » ?) and to democratic values everywhere, respect and freedom for man ; and who easily see in unions of all types and levels of employees an « irreversible » trend, and a good and necessary one at that, which should be fostered by intellectuals and legislation ;
2)union leaders, who used to blast any and all executives or foremen as capitalistic exploiters or technocrats, and who now discover in them a great reservoir, both strategic and numerous, to be tapped in order to multiply union strength tenfold ;
3)government people, who are quite ambivalent about management and. supervision, since they act as both employer and lawmaker ; in the first rote, they are stuck with very difficult problems of an administrative nature : assaults by politicians, a history of nepotism, and an increasingly large bureaucracy spread over a broad territory ; in the second, they are tempted to enact all-embracing legislation (for all employees of all sectors, whether public or private) to solve problems which initially and basically could and should be solved at home.
This newly-oriented interest in management and supervision from outside groups coincides with some aspirations of some levels of management, mainly in the public and para-public sectors, toward some form of unionization, especially in the Province of Quebec.
All this interest, however gratuitous or selfish, should blind no executive to the basic postulate that he, and he alone, should be the one to define his problems and to find appropriate solutions for them, according to the great variety which is evident among his ranks : does he act in a line or a staff capacity, and then, at what level of supervision or management ? Obviously, problems and solutions will differ in kind and intensity according to the nature of the function held by the executive.
And then, if one turns to theproblems of managers or supervisors, one should not « overkill » with such broad diagnoses as « alienation », which today means just about everything and then nothing, not being specific enough and leading nowhere in terms of remedies. What needs are not met by managers and supervisors : are they, or do they feel, relatively powerless, meaningless, normless, isolated, and self-estranged ? Is it a problem of not having enough of the primary needs satisfied : physiological-hygienic or safety (not enough money, not enough security) ? Or does it go deeper and more diffuse in terms of lack of belonging, esteem, and self-achievement ?
And finally, if we now turn to solutions.
Which are the ones most closely adapted to the specific problems diagnosed ? Will it be a new realization by top management, aided by lower levels, of the need for more of the behavioral satisfactions : more communication, more information, more participation in decision-making, more warmth in the day-to-day relation-ships ? Should this fail, will it lead to in-firm managerial or supervisory associations ? Should these appear inadequate, will they be turned into regular unions, with the standard paraphernalia of collective bargaining ? And then, will these affiliate to an outside federation of managerial people exclusively, or rather will this affiliate with a central labour body ?
Before deciding, managerial and supervisory personnel should first evaluate their problems realistically, and then reach first for the means closest to their reach. Unions carry their own brand of bureaucracy and « alienation » ; they are not a dogma or a postulate any more, even among their own membership ; they have not yet made much headway in North America, at the professional and managerial levels ; for the time being, at least, they may seem like a jack-hammer cracking a nut. So, legislation at this level of personnel seems at this time inopportune and would create much ambiguity.
Commentaires
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La négociation sectorielle : une panacée?
Bernard Brody
pp. 429–450
AbstractFR:
L'auteur commente l'article de Normand Cinq-Mars« Négociation locale et négociation sectorielle » Relations industrielles, volume 25, numéro 3, 1970.
EN:
There seems, over the past few years, to have arisen in Canada a grawing interest in Industry-wide bargaining. In Québec the government has explicitly stated its intention to encourage (through legislation) such a type of structure.
A large number of advantages are alleged to flow from this « rational » approach as compared the traditional plant or local bargaining relationships.
The author recognizes that such a shift could result in certain improvements, In the event of layoffs or complete plant shutdowns older workers may obtain wider bumping rights if the seniority unit is thereby enlarged. In this way the average age of the disemployed may drop, the age mix of the unemployed having been altered. Since retraining and mobility programs are likely to be more successful with younger workers, this change could represent a social gain. There remains of course the thorny issue of equity and compensation for the losers.
Industry-wide certification - accompanied by appropriate changes in the majority requirements - may also extend the opportunity of collective bargaining to new sectors where plants are too small, turnover rates too high, and employer power too extensive to permit workers to even think seriously of unionization under the present regime.
We should not underestimate the attachment of workers to seniority as the only meaningful proxy for job security. Enlargement of the seniority unit, to the extent that it heightens the state of insecurity of all but the older workers, will have to be compensated for by other ingredients of the job security concept. One such response might be that the (federal) government adhere honestly and explicitly to its 1946 commitment to maintain a full employment. Tight full employment combined with a meaningful and active manpower policy program would create the kind of environment in which workers do not fear dilution of their present seniority arrangements. Recent performance of our governments, mysteriously stricken with a pathological inflation phobia, have driven worker job securitybelow tolerable levels !
One of the « advantages » seen to flow from industry-wide bargaining is a reduction in the number of strikes. This is a simplistic mathematical truism. The strike unit would of course be larger and the man-days lost would thus not be expected to fail. Of great interest here is that strikes would shut down entire industries rather that single plants. This more complete interruption of product flow would surely increase the « public interest » element in such a conflict. This would promote greater direct government intervention in collective bargaining, an undesirable development on almosta priori grounds alone. While on the subject of eliminating or reducing strike activity, it is necessary to point out that it is wholly illusory to pretend that this is necessarily desirable. Surely strikes are but one form of costly industrial conflict. Indeed, if enlargement of the bargaining unit does mean a reduction of strike activity we should anticipate that conflict will merely change its form. Among these other (substitute) forms of conflictual activity we find ;
(1) a lowering of worker morale (frustration) ;
(2) a reduction in effort or productivity ;
(3) an increase in grievances;
(4) an increase in turnover rates ;
(5) an increase in absenteeism ;
(6) an increase in spoilage and breakage ;
(7) an increase in accident rates ;
(8) an increase in thefts;
(9) an increase in sabotage ;
(10) strikes that do break out (legal and illegal) will tend to be more violent.
These aggressive manifestations result in increased costs of production, and where possible, increased prices. In the end, all parties in the market pay the price whether the conflict is open and explicit or hidden and implicit
The most potent argument against industry-wide bargaining is that it inevitably results in an upward displacement of the locus of power within the union hierarchy. The many advocates of the broader structure underestimate the dangers for the trade union movement of an even greater centralization of power than exists today. Most members are already alienated as citizens, as workers, and we are asked to witness a further alienation of the individual as union member. If a more concentrated power base is indeed imposed, this author predicts that the lower echelon leaders and the rank and file will create a (n) (informal) parallel structure while the existing unions will care for the « social » welfare rather than the narrow members' interests. Unions are institutions whose first (and almost only) role is to advance the interests of their members. They are not intended to occupy themselves with the « common good ». It is a matter of the allocation of private resources on the basis of a priority ranking.
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Le Livre blanc sur l’assurance-chômage : une évaluation
Yvon Valcin
pp. 451–470
AbstractFR:
En plus d'une appréciation générale, l'auteur examine quelques points spécifiques du Livre blanc sur l'assurance-chômage.
EN:
The value of the White Paper submitted by the Honorable MacKasey depends, both absolutely and even relatively, on one's conception of unemployment insurance. The principles and criteria governing private insurance plans (degree of the risk, frequency of the risk, amount of the premiums, etc.) are definitely different from those of social security. Therefore, an analysis of the White Paper should previously define its author's outlook.
First, unemployment insurance is in my opinion a social security concept, purporting to sustain and provide for a short period of time a minimum income for every worker. In this respect, it should be considered as a segment or an element of the government's social policy. Consequently, its implementation and its financing should not in any case be ruled according to the same principles or criteria as a private insurance.
Secondly, unemployment insurance, as a social security scheme as well as any other scheme of that kind should be based on sound economic conditions, that should prevail not only in the different economic regions, but as well in the different industrial sectors. The soundness of the Canadian economy is a sine qua non condition, the foundation of a progressive social security policy. Our conception of social security and ipso facto of unemployment insurance pointing towards a more equitable income redistribution and a guaranteed minimum income for all, commands a policy to sustain the growth of the Canadian economy.
So that a progressive social security policy implies a dynamic economic policy. Otherwise, social security might become a too heavy liability on the economy and, as such, it would bring about a lot of problems, without solving any.
Third, the unemployed, both seasonal and permanent (in some Québec and Maritime regions) are the victims of unemployment and not the responsible for it, due to their total absence from the economic decisions centers. It is the overall economic conditions that bring about their unacceptable situation ; it is the carelessness of the government authorities which have left different regions of the country in a permanent unemployment situation. It follows that the Canadian population as a whole should bear the social cost of unemployment in conjunction with the employers, the only decision makers at the firms level as well as the industrial sector level.
Thus, unemployment insurance should be financed by a general tax levied upon the rate payers and by the contribution of the employers. In this respect, any category of workers would not be excluded from unemployment benefits, but every one would be compelled to contribute to a universal plan.
Fourth, and finally, unemployment insurance should be essentially an income maintaining scheme. This last position of the CNTU on unemployment insurance does put the emphasis on the temporary character of unemployment insurance, onits palliative objective, and on the role essentially complementary it has to play. In other words, any unemployment insurance program, however valuable, is a temporary solution to unemployment consequences or aftermaths : the objective is to combat unemployment itself.
In general, the White Paper on unemployment insurance is a document of great and sound value. It contains proposals which are by far more than an improvement of the actual program. The White Paper establishes quite a new system in better accordance with the requirements and problems facing all categories of workers in a modem economy. This metamorphosis of the actual program and the very characteristics of the new one proposed by the While Paper, in so far as the legislation to come will be based on adequate administrative regulations will lead Canada to the forefront in matter of unemployment insurance, on condition that government does accept to fill up the gaps and omissions of the new scheme proposer by the White Paper.
The extension of the scheme from 80 to 96% of the labour force (broader coverage), the lower entrance requirements, the higher benefit payments, the provision for people unemployed due to sickness or pregnancy are some among many positive features of the new scheme proposed by the White Paper.
It is also interesting to note that the proposals go farther away from the insurance concept at least according to the prevailling conception so far. In effect, the benefits are partly linked to the national and regional economic outlook and the government depending on this outlook accepts explicitely a greater financial responsability towards the unemployed workers. The employers contributions depend also on the lay off experience rating : « The basis for experience rating will be related to the lay off pattern in his establishment and compared to the pattern of all establishments across the country ». This feature will provide an incentive for employers to stabilize their employment patterns as much as possible. The quasi-universalisation of the new scheme will permit a more equitable distribution of the unemployment insurance cost between all the categories of workers instead of keeping the burden on the low income earner likely to be unemployed relatively more often than others.
However, the scheme proposed by the White Paper has shown some very serious and deceiving shortcomings. They are of two kinds. First, those which, in spite of the soundness of the proposals, undermine seriously their impact. This category includes : the relative sticking of the proposals to the insurance concept, the regressive rate system for the employees the inadequate and twisted justification of the federal government exclusive competence in matter of unemployment insurance and finally some omissions in the White Paper. The second category includes those problems which the White Paper will bring about if the proposals are not backed up by adequate economic policies. Among the problems to be listed in the second category are the following : the problem of full employment, the4% rate as an indication of the necessity for the Federal government to contribute to the plan, the absence of the sectoral dimension, the regressive way to levy the employees contributions and the constitutional aspect.
Droit du travail
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Judicial Review of Labour Arbitration in Ontario
Mark Thompson
pp. 471–489
AbstractEN:
Courts in Ontario have been increasingly willing to quash grievance arbitration awards. This article analyses the services of this conflict between the judiciary and arbitrators, the role the courts have assumed because of the compulsory use of arbitration, and the judges' reliance on precedent established British commercial arbitration. Most Ontario cases have involved one of four issues — evidence of intent, procedural violations of grievance clauses, disciplinary penalties, and denial of natural justice. In the first three areas especially, the courts have favoured narrow interpretations of collective agreements, limiting arbitrators' jurisdiction. This problem illustrates the difficulty in attempting to legislate a complex institution like grievance arbitration based on foreign experience, i.e. the United States.
FR:
Au cours des dernières années, les conflits entre les arbitres du travail et les tribunaux se sont accentués en Ontario. Il en est résulté un nombre croissant d'arrêtés judiciaires cassant les sentences arbitrales. Bien que ce phénomène soit relativement récent, les fondements juridiques sont beaucoup plus anciens. Dans cet article, nous en analysons les facteurs et nous étudions les décisions récentes afin de mettre en lumière les tendances de la pensée juridique en Ontario.
L'arbitrage des griefs a été institué en Ontario pendant la deuxième guerre mondiale, en particulier lorsque la législation fédérale extraordinaire était en vigueur. Après la guerre, la Loi sur les relations professionnelles (OLRA) a rendu le recours à l'arbitrage obligatoire pour régler les griefs restés sans solution. Ce fait a encouagé les tribunaux à contrôler les arbitrages de près, et a contribué, entre autres, à asseoir l'autorité des tribunaux de se prononcer sur les arbitrages.
Bien que la OLRA déclare les sentences arbitrales être des jugements définitifs, la loi reconnaît des moyens de recours pour renverser les sentences arbitrales par les tribunaux. Généralement, un tel renversement s'appuie sur le manque de juridiction de l'arbitre.
C'est en 1956 que les tribunaux d'Ontario ont, pour la première fois, affirmé leur pouvoir de réviser les sentences dans le cas de International Nickel Company and Rivando. La Cour d'appel a décidé qu'en raison de la nature obligatoire de l'arbitrage pour régler les griefs, elle n'avait d'autre solution que d'exercer une surveillance du processus. En déclarant être investie de pouvoir judiciaire, la Cour s'est basée sur des cas tirés de l'arbitrage commercial britannique. Cette institution est liée plus étroitement au droit que l'arbitrage des griefs ne l'est généralement en Amérique du Nord, et elle s'appuie sur l'interprétation littérale des termes du contrat.
Depuis le cas Rivando, les tribunaux se sont montrés réticents dans l'exercice de leur autorité. Dans quelques cas, des sentences ont été maintenues quand l'interprétation du contrat par l'arbitre a été jugée raisonnable. Par la suite, les cas ont été divisés en deux catégories : 1) les sentences arbitrales contenant des questions spécifiques de droit, par exemple l'interprétation de clause d'une convention, 2) celles concernant les questions matérielles de droit, par exemple lorsque l'arbitre décidait des questions de fait et de droit Selon les principes de droit commun exprimés dans un cas britannique, Absalom v. Great Western (London) Garden Village Society, seules les sentences arbitrales de la deuxième catégorie ont été considérées par les tribunaux. Au début, l'application de la décision d'Absalom a limité l'exercice du pouvoir judiciaire, mais la distinction n'a pu être appliquée à l'arbitrage canadien, processus bien différent de l'arbitrage commercial britannique dont celui-ci tire pourtant son origine. Du reste, la revendication même des droits des tribunaux dans le cas Rivando mit en question la convenance de considérer certains cas hors du domaine juridique.
Les deux facteurs : le droit commercial britannique et l'arbitrage obligatoire, se sont trouvés réunis dans le cas Regina v. Barber, qui a mis fin à l'application de la décision d''Absalom. La Cour d'appel n'a pas fixé clairement les critères qu'elle désirait adopter pour juger les sentences d'arbitrage, mais elle semblait accorder un large pouvoir de se prononcer sur l'arbitrage uniquement dans les cas où les sentences ne répondent pas aux questions soumises aux arbitres ou celles où l'interprétation du contrat semble être trop libre. Le cas Barber apporta un autre changement dans l'arbitrage d'Ontario : la formation de tribunaux d'arbitrage. Auparavant, la majorité des arbitres neutres étaient des juges des tribunaux de comté, mais en 1967 le Parlement a restreint les activités extra-judiciaires de ces juristes. Ce phénomène devait encourager la professionnalisation de l'arbitrage mais également accentuer les conflits entre les arbitres et les tribunaux.
En raison de la tendance des tribunaux à intervenir dans l'arbitrage des griefs, un examen des récentes décisions pourrait indiquer les lignes de la pensée juridique. Il y a quatre domaines dans lesquels les arbitres et les tribunaux n'ont pu parvenir à définir leur juridiction respective.
Les questions concernant les preuves d'intention ont peut-être été les plus difficiles. Les tribunaux admettent de considérer les preuves extrinsèques telles que les usages et coutumes indigènes seulement lorsque les termes du contrat ne sont pas clairs. Le cas Barber a accentué la nécessité de s'appuyer sur les textes mêmes des conventions plutôt que sur les preuves extrinsèques. Il en est résulté une réticence des tribunaux à accepter les conclusions des arbitres lorsque celles-ci sont tirées des termes ambigus de la convention et ainsi ils ont cassé une série de sentences arbitrales reposant sur « des preuves extrinsèques ».
Des infractions dans les formalités requises pour les clauses de grief et d'arbitrage ont été une deuxième source de difficultés. Avec l'accord de la Cour suprême du Canada, les tribunaux d'Ontario ont restreint les pouvoirs des arbitres dans les limites de la stricte interprétation littérale de ces clauses même si l'intérêt du plaignant a été compromis sans qu'il y ait faute de sa part.
Des clauses de contrat prévoyant le congédiement seulement pour « cause justifiée » qui sont courantes dans les conventions collectives en Amérique du Nord, ont été fréquemment l'occasion de désaccords entre les tribunaux et les arbitres. Les arbitres se trouvent souvent en accord avec l'employeur sur le fait que le travailleur a violé son contrat, mais ils ordonnent une réduction des sanctions prises surtout là où le renvoi d'un employé a été ordonné. Malgré le principe déclaré par la Cour suprême dans le cas de Polymer à savoir que les arbitres ont le pouvoir de régler ou d'ajuster les sanctions, ce tribunal a refusé aux arbitres d'Ontario le droit d'atténuer les sanctions disciplinaires si le contrat ne le prévoie pas spécifiquement.
Les tribunaux d'Ontario ont pris soin de protéger les droits des plaignants individuels en cas d'infractions au principe fondamental de justice naturelle. La Cour suprême du Canada a déclaré que tous les membres ayant un intérêt en cause, y compris ceux qui n'ont pas été signataires, devraient avoir la possibilité d'accéder à la procédure d'arbitrage.
Cet examen du développement du droit montre que l'élément d'obligation qu'on trouve dans l'OLRA a conduit les tribunaux à intervenir en matière d'arbitrage ; en plus, leur utilisation du droit britannique leur a donné la possibilité d'intervenir plus largement dans le processus d'arbitrage. Ceci met en lumière la difficulté d'appliquer au Canada une institution étrangère qui est aussi complexe et subtile que celle de l'arbitrage.
À cause des racines américaines du droit de l'Ontario, quelques arbitres auraient accordé une trop grande influence aux pratiques suivies aux États-Unis. Pour encourager le caractère professionnel de l'arbitrage au Canada, les signataires devraient préciser dans les conventions collectives les pouvoirs des arbitres.
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Le bilan de l’année 1970 en droit du travail français
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L’unité d’accréditation appropriée et la langue du travail : l’affaire de la Régionale Le Royer
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L’embauchage d’un salarié lié par une convention collective
Recensions / Book Reviews
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Trends in Industrial Relations Systems of Continental Europe, by Paul Malles, Study no 7, Task Force on Labour Relations, Ottawa, Privy Council Office, 1970, 215 pp.
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The Legal Status of Collective Agreements in England, the United States and Canada, by B.L. Adell, Kingston, Queen’s University, Industrial Relations Center, 1970, xxxi et 240 pp.
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The Growth of White-Collar Unionism, by George Sayers Bain, Don Mills, Ont., Oxford University Press, 1970, 233 pp.
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Labor-Management Relations in the Public Service, by Harold S. Roberts, Honolulu, Hawaii, University of Hawaii Press, 1970, 617 pp.
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Lexique du calcul économique et de l’économétrie, par André Olmi et Fortuné July, Paris, Entreprise Moderne d’Édition, 1970, 183 pages.
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Industrial and Organizational Psychology, by Abraham K. Korman, New Jersey, Prentice-Hall Inc., Englewood Cliffs, 1971, 398 pp.
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Quantitative Analysis of Modernization and Development, by Frederick H. Harbizon, Joan Maruhnic and Jane R. Resnick, New Jersey, Industrial Relations Section, Princeton University, 1970, 224 pp.
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Le potentiel de développement des cadres, Organisation interentreprise pour la coordination de la recherche sociale, Paris, Entreprise Moderne d’Édition, 1970, 77 pp.
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Les méthodes d’intégration dans l’entreprise à Grenoble, par Colette Verlhac, Grenoble, Université des Sciences sociales de Grenobles, Institut de recherche économique et de planification, 1970, 205 pp.
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De la prévision économique à la gestion financière, par Jacques Gervais, Paris, Entreprise Moderne d’Édition, 1970, 351 pp.
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Comment concevoir un système intégré de gestion, par P. J. Yvon et C. Semin, Paris, Entreprise Moderne d’Édition, 1970, 260 pp.
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Valeurs économiques et valeurs juridiques dans les fusions d’entreprises, par Philippe Comte, Paris. Entreprise Moderne d’Édition, 4, rue Cambon, 1970, 269 pages.
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L’audiovisuel au service de la formation, méthodes-matériels, par Robinson P. Rigg, Paris, Entreprise Moderne d’Édition, 1971, 220 pp.
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Science and Society, The Meaning and Importance of Scientific Method, by Michael Bassey, London, The University of London Press Ltd., 1968, 96 pp.
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Western European Labor and the American Corporation, by Alfred Kamin, Ed., Washington, D.C., Bureau of National Affairs, 1970, 546 pp.