Abstracts
Abstract
The author defines in general terms, to the English-speaking businessman, the complex concepts and problems of language as an essential part and vehicle of culture, the relationship of language to nationalism, and the insertion of bilingualism in the business organization of today, especially in Québec.
Résumé
Je ferai, dans les lignes qui suivent, quelques remarques sur l'aspect humain du bilinguisme et du biculturalisme, sur les systèmes de valeurs et idéaux, sur les différences culturelles et surtout sur cet élément culturel de base qu'est la langue.
Au-delà des différences psychologiques, statistiques et politiques, je suis porté à conclure que les hommes ont, et ce partout dans le monde, un certain nombre de caractéristiques communes d'une façon telle que ce qui les unit est toujours plus fort que ce qui les différencie. La nature humaine est la même partout : ce qui est différent, ce sont ses manifestations.
Pour ce qui est de la situation québécoise, nous nous devons en premier lieu d'établir la différence entre la réalité et les différents mythes traditionnels qui existent quant à la personnalité et aux aspirations des Québécois. Il existe cependant dans le cas du Québec une différence certaine qu'on ne peut pas nier : on y trouve à la fois une culture et surtout une langue propre.
Les québécois combattent pour conserver leur identité, et leurs valeurs culturelles : encore il faudra noter qu'ils recherchent non seulement la survie mais encore le progrès dans l'éducation, un meilleur contrôle de leur vie économique et une grande part d'autonomie politique.
Le Québec est membre d'une entité politique dont il ne se veut pas dépendant. Quoiqu'étrangers ou hostiles à l'autre culture, les québécois en subissent une influence certaine. Il n'est alors pas surprenant que le québécois se sente parfois étranger ou plutôt membre minoritaire dans plusieurs parties du monde des affaires ou de l'industrie.
LE BILINGUISME DANS L'INDUSTRIE QUÉBÉCOISE
Le bilinguisme exige au départ une définition de la LANGUE qui à son tour présuppose une juste compréhension de la Culture dont l'élément de base est la langue. Ce n'est qu'après avoir suivi ce cheminement qu'il sera possible de considérer l'industrie avec ses caractéristiques et de déterminer si la possibilité de coexistence des deux langues risques ou non d'en ébranler la base.
La culture
Disons en résumé qu'en plus d'être un caractère attribué à une communauté, la culture représente la sommation des traits propres à tout groupe humain tels la langue, les us et coutumes, la façon de vivre, les idées, les pratiques, les sentiments, les idéaux, les opinions, la philosophie, et les moyens techniques et rationnels par lesquels les hommes ont toujours cherché à maîtriser leur environnement et à se contrôler eux-mêmes.
La langue
De tous les aspects de la culture, la langue fut la première à recevoir une forme hautement développée : sa perfection essentielle est un prérequis à la culture en tant que tout. En fait, c'est un système de symboles phonétiques utilisés pour l'expression de pensées et de sentiments communicables.
Le nationalisme et la langue
Depuis toujours, des différences de langue ont reflété des différences culturelles. La langue principale est un symbole d'identité pour une entité politique et nationale donnée. La langue est le facteur le plus important dans le nationalisme moderne, parce qu'elle est la somme de toute existence spirituelle et intellectuelle. C'est donc la pierre angulaire de l'existence nationale.
Les différences de culture (surtout de langue) ne doivent pas être considérées à la légère. Au contraire, elles atteignent ce qu'il y a de plus fondamental chez les individus et les groupes.
Le bilinguisme
Si on entend par bilinguisme la coexistence de deux langues dans un pays, une province ou même en affaires, nous n'y voyons pas d'objection. Mais nous devrons noter que la survie des deux langues exige pour chacune d'elles un statut égal sinon on aboutira en pratique à l'unilinguisme.
Si on entend par bilinguisme l'usage habituel des deux langues, ou la capacité d'en parler une et de comprendre l'autre avec presqu'autant de facilité, nous devrons noter qu'aucun individu n'est jamais parfaitement bilingue quelles que soient ses illusions sur le sujet.
Nous croyons que le bilinguisme parfait au niveau des individus est un mythe et que la personne soi-disant parfaitement bilingue est coincée entre deux cultures qui toutes les deux la rejettent.
Si de telles considérations s'avèrent vraies pour une élite culturelle donnée, il est facile de concevoir jusqu'à quel point elles s'appliquent à la population en général. Ni l'économie ni aucune autre réalité ne devrait forcer les membres des échelons inférieurs de l'entreprise à maîtriser les deux langues surtout si ce bilinguisme n'est pas imposé à l'autre groupe culturel.
L'industrie
Nous devons tous reconnaître que la préoccupation principale de toute organisation industrielle et bureaucratique est d'être conçue comme une institution rationelle principalement centrée sur l'efficacité technique et administrative. Mais ces éléments techniques et administratifs de l'efficacité sont autant reliés au social, à l'économique et à la politique que l'organisation elle-même. En d'autres termes, l'efficacité est essentiellement une valeur. Mais en fait une organisation ne peut pas être entièrement rationelle et efficace : on y remarquera toujours un certain nombre d'éléments irrationnels qui entrent en ligne de compte. (La tradition, les us et coutumes, les considérations personnelles et les sentiments.)
Le bilinguisme vs la compétence ou l'efficacité peut être autant un faux problème que l'unilinguisme vs compétence ou l'efficacité vu qu'à la fin ce ne sont que les résultats qui comptent. Ce qui peut sembler inefficace, dangereux ou même irrationel d'un point de vue interne peut devenir absolument nécessaire face à une certaine pression de l'extérieur de la part d'un grand groupe de fins de la même culture. J'irais même jusqu'à dire que les compagnies agiraient intelligemment en considérant les Canadiens français autant comme des clients et des consommateurs éventuels que comme des employés possibles et ce autant au Québec que dans le reste du Canada. Pour ce faire, elles devront évidemment les engager sur un même pied que leurs collègues de langue anglaise en ne les obligeant pas plus à être bilingues qu'ils ne l'exigent des Canadiens anglais.
Tant et aussi longtemps que cette égalité de traitement ne sera pas atteinte, il y aura toujours quelque chose qui ira mal avec l'industrie et le Canada surtout au Québec.
Nous savons tous que des étrangers ont établi l'industrie au Québec et qu'ils se sont traditionnellement entourés de gens de même langue pour les seconder. Même si c'est compréhensible, nous pouvons nous demander si cela est encore efficace même en termes techniques et administratifs. La langue ou le groupe ethnique comme seul critère de promotion ne serait-il pas faux et coûteux? Combien de talents ont ainsi été perdus ? Cela n'explique-t-il pas la frustration profonde et la protestation au nom du nationalisme ?
Il n'y aurait alors pas à se surprendre que le critère d'évaluation des employés canadiens-français ait été leur adaptabilité à la façon de travailler de leurs employeurs.
L'industrie canadienne et le monde des affaires en général est forcée par la protestation politique croissante et par une pression économique à faire un examen de conscience, à penser les problèmes de langues et de cultures. Tout ceci aurait dû être commencé depuis très longtemps : il n'est cependant pas trop tard pour que le tout soit changé.
A l'avenir, il devra être rendu possible au Canadien français de se joindre à l'industrie sans sacrifier ses valeurs humaines et culturelles de base, sans être constamment en désavantage parce que même s'il est bilingue, il ne parle pas l'autre langue aussi bien que son semblable de langue anglaise et parce qu'il est jugé et évalué selon des critères injustes, souvent non pertinents, et étrangers.
Aujourd'hui, les maisons d'éducation de langue française préparent des individus plus compétents et plus sensibilisés aux problèmes de l'industrie. Ceci rend l'argument du manque de compétence complètement désuet.
Toutes les organisations canadiennes, autant publiques que privées, se doivent de faire de leur mieux pour conserver un Canada bilingue et fort en plus de fournir les mêmes chances et opportunités à tous les Canadiens quelle que soit leur langue maternelle.
CONCLUSION
La réalité culturelle québécoise exige certaines formes de bilinguisme et de biculturalisme intelligents et flexibles.
On devra en autant que possible améliorer le caractère bilingue des communications dans l'industrie : les dirigeants devront s'assurer que le recrutement, la formation, les négociations, etc., sont faits dans une ou des langues qui conviennent aux employés des différents niveaux.
Tout ceci n'est pas une idéologie, c'est du sens commun de la courtoisie. En fait, c'est la façon efficace de faire des affaires et de fournir des services au Québec.
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