Abstracts
Abstract
It remains that the main problem of an incomes policy as a mean of restraining inflation in a full employment economy is that of the long run. It is, I believe, fair to point out that this problem has hardly been tackled so far and that the tendency to look at incomes policy in the light of temporary emergencies has blocked rather than opened the road to a solution.
Résumé
L'expérience prouve que la politique des revenus ne peut pas être considérée comme un des fondements d'un programme anti-inflationiste. Elle n'est tout au plus qu'un mécanisme auxiliaire de courte période.
Il y a eu beaucoup de littérature sur le concept d'inflation due à la poussée des coûts. Mais, en fait, la motivation à tout ce travail est due d'une part à la tendance inflationniste à long terme qui a suivi la seconde grande guerre et d'autre part encore plus aux nombreuses crises de balance des paiements qui ont caractérisé la conjoncture économique durant cette période de croissance qu'ont constitué les deux dernières décades.
Les questions que l'on peut se poser sur la valeur des théories du « cost push » et le manque de clarté quant aux buts poursuivis par une politique des revenus rendent encore plus difficile l'évaluation des résultats d'une telle politique. Une comparaison entre les programmes américains et français illustre ces difficultés.
Il serait bon ici d'insister sur les différences entre les diverses politiques de revenus :
a) disons qu'il semble que notre pays soit particulièrement sensible à l'inflation quoique beaucoup moins au chômage comme la plupart des pays de l'Europe de l'Ouest ;
b) la portée de ces politiques peut différer selon qu'elles visent à influencer exclusivement les salaires ou les autres revenus ;
c) les différences observées peuvent aussi être dues à la multiplicité des méthodes d'approche utilisées.
Résumons les données permettant l'évaluation des diverses politiques de revenu.
TABLEAU I
CHANGEMENTS ANNUELS MOYENS (EN %) DANS LES COÛTS DE TRAVAIL PAR UNITÉ DE PRODUCTION DANS L'INDUSTRIE MANUFACTURIERE
1952-58 1948-65 1952-58 1948-65
Allemagne O. 1.8 3.2 Irlande 1.9 2.3
Autriche 0.7 2.7 Italie — 1.8 2.6
Belgique — 0.4 Norvège 1.4 1.4
Danemark 2.0 3.9 Royaume Uni 3.6 2.3
Etats-Unis 1.2 —0.8 Suède 2.0 2.0
France 4.5 1.2 Suisse — 2.0
Hollande 3.2 3.0
Nous pouvons, à partir de ces chiffres, dégager un certain nombre de conclusions :
a) l'efficacité de la politique des revenus semble s'être atténuée avec le temps ;
b) les restrictions ont perdu de leur efficacité entre la table de négociation et l'atelier ;
c ) l'effet destructeur du « wage drift »sur la politique des revenus est quelque peu incertain ;
d) l'expérience ne démontre pas que les pays avec des politiques de revenus ont mieux réussi que les autres.
Plusieurs politiques de revenus se sont servies de différentes façons de la productivité comme unité de mesure dans la détermination des augmentations de salaires permises. Supposant l'élimination dans les différences d'utilisation de cette mesure, les implications possibles de son utilité ont certaines significations.
a) La première alternative est celle de l'économie concertée. Mais cela ne vaut pas à l'infini.
b) l'action politique syndicale est une autre alternative.
La politique des revenus traite d'un des problèmes fondamentaux d'une société de plein emploi, à savoir sa tendance inflationiste interne.
Après considération des diverses expériences à travers le monde, il reste que le principal problème de ce moyen d'enrayer l'inflation dans une économie de plein emploi est celui de la longue période. Cette difficulté n'a pas encore été surmontée et la tendance à considérer la politique des revenus dans une perspective de courte période a plutôt été défavorable à la découverte d'une solution.
Elaborons quelque peu :
a) il y a eu, dans le domaine des restrictions de salaires et de prix, un divorce entre l'idéologie et l'action ;
b) les politiques de revenus représentent un retour aux méthodes dirigistes des années '30 ;
c) on ignore l'effet en longue période de la politique des revenus sur la productivité
Il semble donc que nous avons traditionnellement considéré notre société de plein emploi de longue période simplement comme une société traditionnelle exempte de chômage substantiel à long terme. Nous constatons de plus en plus que l'absence d'emploi substantiel de longue période peut affecter certaines des bases de nos institutions. Il n'est aucune institution sacrée et même en l'absence d'une politique de revenus l'existence du plein emploi de longue période a radicalement changé l'attitude des syndicats et des employeurs.
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