Abstracts
Summary
In this article, the Author addresses himself to answering tentatively the following questions. What is the situation regarding the evolution of the wage structure, or relative wage rates, and the general level of money or real wages? To what extent can unionism be insolated as a causal factor in such movements, apart from traditional "market forces" or government action? In what ways, if at all, is the TLCC-CCL merger likely to bring about changes in the present wage situation?
Sommaire
La fusion du CMTC-CCT, survenue il y a un an au Canada et cinq mois seulement après celle de la FAT et du COI aux États-Unis, soulève de nouveau et avec plus d'intérêt la question des conséquences du syndicalisme sur les salaires. En premier lieu, quelle est la situation actuelle en regard de l'évolution de la structure des salaires, ou des taux relatifs de salaires et du niveau général de salaires? Deuxièmement, jusqu'à quel point le syndicalisme est-il un facteur causal de tels mouvements dans les salaires? Troisièmement, cette fusion amènera-t-elle des changements dans la situation économique actuelle?
Comme une connaissance empirique de l'évolution des structures et des niveaux de salaires s'avère nécessaire avant de pouvoir déterminer des influences causales et qu'au Canada les chiffres dans ce domaine sont malheureusement rares, il faut jeter un coup d'oeil du côté des autres pays, et des États-Unis, en particulier, la nouvelle étude de Reynolds et Taft, intitulée The Evolution of Wage Structure et publiée en 1956, résume les récentes recherches faites dans ce domaine en France, en Suède, en Grande-Bretagne, au Canada et aux États-Unis. En France, la politique joue un rôle très important dans la détermination des salaires; ceci s'explique car c'est le gouvernement qui est le plus gro3 employeur du pays.
En Suède, au contraire, cette intervention gouvernementale est minime et les organisations de travailleurs et d'employeurs sont puissantes; la négociation à l'échelle industrielle est très répandue. La Grande-Bretagne se rapproche de la Suède. Quant aux États-Unis, son système de négociation collective est moins étendu et moins national d'envergure; le pouvoir de décider des salaires est dans les mains des chefs ouvriers des fédérations surtout, et la centrale FAT-COI n'y a aucune influence directe; de plus l'intervention du gouvernement est plutôt limitée. Enfin, le Canada possède des institutions économiques semblables à celles des États-Unis; il se développe rapidement au point de vue économique et démographique; quelques-unes de ses sociétés industrielles sont étroitement reliées aux entreprises américaines, et la plupart des unions canadiennes, sauf celles de la CTCC, sont des succursales d'organisations-mères situées aux États-Unis; la négociation collective influe sur les salaires surtout dans les transports et communications, pulpe et papier, acier, automobile, construction, etc., et le gouvernement n'exerce qu'un faible rôle sur la structure des salaires.
Les taux des salaires sont fixés en s'appuyant sur certaines différences occupationnelles (entre occupations qualifiées et non-qualifiées, par exemple), géographiques, inter-industrielles, inter-usines et enfin personnelles (âge, sexe, race, etc.). En ce qui concerne le niveau général des salaires, nous ne disposons que de très peu de chiffres pour le Canada et les autres pays, même si les théories sur le sujet sont nombreuses.
La plupart des unions ouvrières ont tendance à modifier les « forces du marché » au moyen des décisions collectives en ce qui a trait à la structure des salaires; elles font converger leurs efforts vers une structure systématique et stable; elles essayent d'établir une certaine égalité concurrentielle dans les salaires et les coûts du travail et enfin, elles font tout en leur possible pour hausser les niveaux de vie au moyen d'augmentation de salaires qu'elles négocient. Toutefois, on ne peut alléguer que le syndicalisme (qui ne devrait pas toujours complètement être assimilé à la négociation collective dans ses effets) soit le seul facteur pouvant jouer sur la structure des salaires...; il y a aussi comme facteurs possibles, les fluctuations dans les conditions d'offre et de demande, l'inflation, certains' contrôles gouvernementaux, certaines politiques utilisées par les employeurs et les unions dans le procédé de la négociation collective.
D'après les économistes du travail, il semble que les unions, surtout en Amérique du Nord, n'ayant peu de politique de diminution des différences occupationnelles, ne peuvent recevoir tout le crédit des bons résultats obtenus en ce sens; il en est ainsi pour les différences géographiques et les différences inter-industrielles et inter-usines. Par contre, leur revient le crédit d'avoir considérablement contribué à réduire les différences « personnelles » dans les établissements et les occupations.
Quelle que soit l'influence que le syndicalisme ait pu exercer sur la structure des salaires ou les niveaux de salaires, en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou au Canada, elle a été le résultat d'efforts d'unions individuelles et non d'un corps central. La constitution de la nouvelle centrale exprime clairement son désir de reconnaître l'intégrité de chaque union affiliée. Toutefois, une politique en vue de la coordination des questions de salaires par un corps central a été prônée par un certain nombre d'économistes et de réformateurs sociaux, surtout en Grande-Bretagne; le but est de parfaire les politiques et tentatives individuelles dans ce sens et d'atteindre une hausse réelle de revenus des travailleurs. Cependant, contrairement à l'ancien CCT, le CTC ne possède pas ce comité de coordination des salaires.
Le CTC continuera d'appliquer la plupart des mesures législatives et politiques entreprises antérieurement et poursuivies individuellement par chaque congrès constituant; il n'y a aucun doute que la force morale et politique de ce nouveau corps sera plus grande et plus vigoureuse, à cause du nombre imposant de ses membres et de son sens de responsabilité économico-politique en plus de son grand désir d'unité durable.