Abstracts
Résumé
Selon une position dominante, les employés, les clients et les fournisseurs des entreprises fédérales présentes au Québec, notamment les banques, les entreprises de télécommunications et de transport interprovincial, et les sociétés d’aéronautique, ne peuvent se prévaloir des droits prévus par la Charte des droits et libertés de la personne du Québec à l’encontre de ces entreprises. Il en serait ainsi parce que l’application de la Charte constituerait un empiétement inacceptable sur les compétences fédérales exclusives. Une jurisprudence bien établie reconnaît toutefois que les lois provinciales valides peuvent s’appliquer aux entreprises fédérales, et ce, même pour des matières relevant du coeur des compétences fédérales. Nous soumettrons ainsi que, généralement, la Charte québécoise s’applique aux entreprises fédérales. Puisque la Charte fait partie du droit de la responsabilité civile et que ce dernier a déjà été jugé comme ne faisant pas, sauf exception, partie du coeur des compétences fédérales, il ne fait aucun doute que, dans ce contexte, la Charte s’applique. L’on ne peut non plus présumer que dans ses fonctions préventive et coercitive, la Charte ne puisse s’appliquer, puisque depuis l’arrêt Banque canadienne de l’Ouest, il ne suffit plus qu’une loi provinciale touche le coeur d’une compétence fédérale pour être déclarée inapplicable; encore faudra-t-il que l’entreprise ne souhaitant pas respecter une loi provinciale valide démontre une entrave à l’exercice des activités relevant du coeur de cette compétence, sur la base de faits caractéristiques.
Mots-clés :
- Charte des droits et libertés de la personne du Québec,
- entreprises fédérales,
- doctrine de l’exclusivité des compétences,
- partage des compétences,
- banques,
- télécommunications,
- transport interprovincial et aéronautique,
- responsabilité civile
Abstract
It is widely assumed that the application of the Quebec Charter of Rights and Freedoms to federal undertakings operating in Quebec would be an impermissible encroachment on exclusive federal jurisdiction. According to this view, those who deal with undertakings doing business in banking, telecommunications or interprovincial transportation and those who work for them or are affected by their activities should have neither rights nor remedies under that Charter. However, the case law now recognizes that valid provincial legislation can apply to federal undertakings in a wide range of situations even when core federal powers are affected. In this paper, it is argued that the Charter constitutes an integral part of the law of delicts in Quebec and that such law has been held not to touch on the core of federal power regarding federal undertakings, except in rare cases. In addition, it is submitted that it should not be assumed that federal undertakings are immune from the Charter as a preventive and coercive instrument. Since the Supreme Court ruling in Canadian Western Bank, it is acknowledged that valid provincial legislation will be applicable to a federal undertaking unless the latter demonstrates not only that such law touches on the protected core of a federal power but effectively impairs the exercise of such core power. As a result, the Charter will apply whenever such proof of actual impairment is not made out.
Keywords:
- Quebec Charter of Rights and Freedoms,
- federal undertakings,
- interjurisdictional immunity doctrine,
- division of powers,
- banking,
- telecommunications,
- interprovincial transportation and aeronautic,
- law of delicts
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