L’ouvrage collectif Une bâtisseuse remarquable. Francine Descarries et le féminisme québécois découle du colloque « Francine Descarries, figure de proue du féminisme québécois », tenu en octobre 2021 par le Réseau québécois en études féministes (RéQEF) à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Sous la direction de Chantal Maillé, le livre contribue à l’historicisation de la vision de cette grande sociologue et vise à « pallier l’absence d’attention apportée au legs de bâtisseuses d’exception comme Francine Descarries » (Maillé 2023 : 9). Il offre une analyse multidimensionnelle, interdisciplinaire et transversale de l’oeuvre intellectuelle et politique de cette professeure-chercheuse d’exception. En introduction de l’ouvrage, Chantal Maillé relève l’importance du travail pionnier de Descarries en le contextualisant dans les fondements patriarcaux des universités. Les établissements d’enseignement supérieur ont longtemps « produit un discours pour prouver l’infériorité des femmes » (Maillé 2023 : 11), tenant des propos péjoratifs sur leurs capacités, excluant leurs paroles et leurs savoirs. En documentant de manière éloquente les événements socio-historiques qui ont contribué à l’insaturation des études féministes dans les universités, Maillé dévoile l’adversité à propos de laquelle Descarries a décrié les inégalités des femmes, saluant sa prise de position tant intellectuelle que politique. Le livre est divisé en trois parties. La première section, « Essor des études féministes », débute avec un chapitre qui propose une biographie condensée de Descarries à travers l’énumération de ses réalisations marquantes dans le contexte exigeant d’une professeure-chercheuse universitaire. Multidimensionnel, ce parcours biographique permet de saisir l’étendue du travail de la sociologue qui a oeuvré, envers et contre tous, à l’instauration d’études féministes universitaires au Québec, notamment avec la fondation de l’Institut de recherche et d’études féministes (IREF) en 1990. Deux champs de recherches essentiels au développement du travail de Descarries sont présentés. En réaction aux changements sociodémographiques du Québec, le premier champ de recherche s’est grandement intéressé à « l’évolution du discours féministe sur la maternité depuis les années 1960 » (Corbeil, dans Maillé 2023 : 32) et aux réalités des mères sur le marché du travail. Le deuxième champ, en réponse à l’historiographie androcentrée, touche à l’analyse des discours et des mouvements des femmes au Québec, signalant que, malgré l’effervescence des mouvements féministes dans les années 70 et 80, « seuls de rares écrits témoignaient de leur existence et de leur spécificité » (Corbeil, dans Maillé 2023 : 35). Ce texte offre également une incursion dans l’univers intime de la sociologue, révélant des informations sur sa vie personnelle qui permettent de découvrir d’autres facettes de sa personnalité. Le deuxième chapitre, « Le combat partagé d’une sociologue engagée », témoigne de son influence sur celles qui l’ont côtoyée, par ses réflexions théoriques et son engagement militant. L’implication de Descarries est plurielle, car « elle mène son combat pour l’égalité des sexes et des genres par des actions à large portée, qui permettent à des universitaires et à des intervenantes des groupes féministes d’unir leurs forces et de s’attaquer à des problèmes qu’elles considèrent comme des sujets prioritaires communs » (Kurtzman et Lampron, dans Maillé 2023 : 48). Les autrices font état de trois de ses compétences importantes : celles de gestionnaire, de pédagogue et d’organisatrice. Elles démontrent sa contribution à la reconnaissance scientifique des études féministes via la myriade de financements qu’elle a obtenus au cours de sa carrière universitaire. Le troisième chapitre, « Autour de Relais-femmes : une alliée d’exception » propose un entretien de Chantal Maillé avec Lise Gervais et permet de découvrir ce groupe et la marque indélébile que Francine Descarries y a laissée. La deuxième section de l’ouvrage, « Contribution aux théories féministes », met réellement en …
Appendices
Références
- DESCARRIES, Francine, 2018 « L’antiféminisme, expression sociopolitique du sexisme et de la misogynie : “ C’est la faute au féminisme! ” », dans Diane Lamoureux et Francis Dupuis-Déri (dir.), Les antiféminismes : analyse d’un discours réactionnaire. Montréal, Les éditions du remue-ménage : 75-90.
- DESCARRIES, Francine, 2005 « L’antiféminisme ordinaire », Recherches féministes, 18, 2 : 137-151.
- DESCARRIES, Francine, 1980 L’école rose... et les cols roses : la reproduction de la division sociale des sexes. Montréal, Éditions coopératives Albert Saint-Martin et Centrale de l’enseignement du Québec.
- DESCARRIES, Francine, et Shirley ROY, 1988 Le mouvement des femmes et ses courants de pensée : essai de typologie. Ottawa, Institut canadien de recherches sur les femmes.