Comptes rendus

Micheline Dumont, De si longues racines. L’histoire d’une historienne, Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2022, 267 p.

  • Magda Fahrni

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  • Magda Fahrni
    Université du Québec à Montréal

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Bien connue des lectrices et des lecteurs de Recherches féministes pour ses travaux pionniers en histoire des femmes, Micheline Dumont a pris sa retraite de l’enseignement à l’Université de Sherbrooke il y a un quart de siècle. Depuis, elle ne cesse de multiplier les écrits et les publications : des livres sur l’histoire des femmes au Québec, sur l’épistémologie féministe et sur la didactique de l’histoire, mais aussi des textes autobiographiques pour la Canadian Historical Review et pour des ouvrages collectifs. Elle explique dans l’épilogue de son nouveau livre, De si longues racines. L’histoire d’une historienne, qu’à force de recevoir des invitations à raconter son parcours, il lui est venu l’idée de rédiger son autobiographie. C’est ce qu’elle fait dans ce livre, du moins partiellement : on trouve dans ces pages des réflexions stimulantes et détaillées sur les quarante premières années de sa vie, suivies d’un court épilogue dans lequel elle brosse les grandes lignes de son cheminement depuis les années 70. Au tout début de ce livre, les lectrices et les lecteurs découvriront quelques souvenirs dispersés de la petite enfance de l’autrice. Le récit autobiographique plus structuré commence par une description de sa famille et du monde de son enfance, à Dorion, à quelque 45 kilomètres à l’ouest de Montréal. Née à l’hôpital de Verdun en 1935, Dumont grandit au sein d’une famille instruite (son père est formé en génie civil, sa mère a obtenu son « diplôme d’école modèle », ses seize tantes et oncles ont fréquenté l’école jusqu’à l’âge de 16 ans au moins). C’est une famille de six filles, dont Dumont est l’aînée. Ce récit, dont le premier événement marquant est la première rentrée scolaire de l’autrice, en septembre 1941, se termine au mitan des années 70, lorsque la lecture du livre de Benoîte Groult, Ainsi soit-elle, déclenche chez l’autrice un « irrésistible élan vers la conscience, le désir de liberté, la recherche, l’engagement, la conviction et la dénonciation » (p. 262) et qu’elle prend la décision de créer à l’Université de Sherbrooke un nouveau cours, intitulé Histoire des femmes au Québec. Ce livre, qui couvre donc plus d’une quarantaine d’années, est jalonné d’événements personnels et familiaux. Deux fils conducteurs en émergent. Le premier est le désir d’apprendre et de s’instruire : de l’école de Dorion au pensionnat de Vaudreuil, de sa licence en lettres à l’Université de Montréal jusqu’aux études supérieures en histoire à l’Université Laval, l’éducation et l’instruction sont au coeur de ce récit. Les lectrices et les lecteurs des travaux historiens de Dumont reconnaîtront dans sa description détaillée de ses années au pensionnat plusieurs thèmes chers à cette historienne, dont le quotidien des couventines et les conditions de travail des religieuses enseignantes. Le deuxième fil conducteur est la manière par laquelle les normes genrées se sont manifestées dès la très jeune enfance de l’autrice et ont déterminé, jusqu’à un certain point, les possibilités de son épanouissement au sein de sa famille, à l’école, au sein de ses réseaux de sociabilité et à l’université. Au fil de son récit, l’autrice se révèle être une fille, puis une jeune femme ayant une soif inextinguible de connaissances, et qui a pris de grands moyens pour les obtenir, que ce soit au pensionnat, au sein de la Jeunesse étudiante catholique (JEC), pendant son cours classique, à l’université, ou par l’entremise de livres et de pièces de théâtre. « [L’]impératif d’être “ bonne à l’école ” semble avoir tracé mon destin », écrit Dumont (p. 165). En même temps, c’est une fille puis une jeune femme aux prises avec son ignorance de la sexualité. Les …