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Le Québec a perdu, le 5 septembre 2018, une des figures les plus marquantes du féminisme à l’Assemblée nationale et dans les médias, une femme très engagée en politique et dans la société.

Journaliste et animatrice, Lise Payette n’hésite jamais à traiter de sujets tabous pour informer le public. À l’émission de radio Place aux femmes, à la fin des années 60, elle parle de la pilule contraceptive et crée aussi le Concours du plus bel homme du Canada, élu par des femmes, pour inverser les rôles avec humour. Au cours des années 70, à la télévision, elle continue de multiplier les actions en faveur de l’égalité, notamment au programme de fin de soirée Appelez-moi Lise, qui rejoint un million de personnes du lundi au vendredi. 

L’action de Lise Payette devient politique en 1976. Élue députée et nommée ministre des Consommateurs, des Coopératives et des Institutions financières au sein du premier gouvernement du Parti québécois, puis ministre d’État à la Condition féminine (1979), elle somme publiquement le chic Club de la garnison de Québec – qui obligeait les femmes à passer par la porte d’en arrière – d’accueillir ces invitées de la même façon que les hommes. Partisane de la féminisation des titres, elle se fait appeler « Madame la ministre ». Elle incite tous les ministères à adopter un plan d’action pour l’égalité des droits des femmes. Elle lutte pour la préservation du patronyme de la mère; elle bataille aussi afin que les femmes n’aient plus à prouver l’adultère de leur mari pour demander le divorce.

Ministre d’État au Développement social en 1981, Lise Payette fait voter la réforme du droit de la famille et celle de l’assurance automobile. Les améliorations des lois du travail lui tiennent à coeur, comme les congés de maternité ou le retrait préventif pour la protection des femmes enceintes. Elle appuie enfin plusieurs causes sociales loin d’être gagnées, comme les garderies, les centres d’aide pour les femmes et l’augmentation des fonds accordés aux mères monoparentales.

Le combat féministe de Lise Payette se transpose ensuite dans ses téléromans qui marquent l’imaginaire québécois, pensons à La bonne aventure et aux Dames de coeur, ainsi que dans ses livres, de type autobiographique, comme Le pouvoir? Connais pas!, qui lui permettent de communiquer son expérience.

Lise Payette a reçu de nombreuses distinctions, dont le prix Florence-Bird du Centre international des droits de la personne et du développement, le Grand Prix de l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision, la médaille d’or du Mouvement national des Québécois, le prix Réalisations 2003 du Réseau des femmes d’affaires du Québec, et elle a été nommée officière de l’Ordre national du Québec. La Faculté des sciences humaines de l’Université du Québec à Montréal lui a aussi rendu hommage en lui décernant un doctorat honoris causa.

Nous joignons notre voix à celle de Pauline Marois, ex-première ministre qui a été chef de cabinet de Lise Payette, pour dire que le travail n’est pas terminé; il faut continuer d’encourager les femmes extraordinaires qui, à la façon de Lise Payette, s’investissent et croient que l’on peut changer les choses.

Remercions Lise Payette des grandes avancées qu’elle a permises pour les Québécoises.