Comptes rendus

Maria Eldström et Ragnhild Mølster (dir.), Making Change. Nordic Examples of Working Towards Gender Equality in the Media, Göteborg (Suède), Nordicom, 2014, 216 p.[Record]

  • Dominique Payette

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  • Dominique Payette
    Université Laval

Nous sommes habituées – depuis plusieurs décennies ‒ à regarder avec une certaine envie et beaucoup d’admiration les efforts déployés dans les pays scandinaves pour assurer une véritable égalité entre les hommes et les femmes. C’est sans surprise que l’on constate, au vu des résultats du Global Gender Report 2014 produit par le Forum économique mondial, que les cinq pays scandinaves – dans l’ordre : l’Islande, la Finlande, la Norvège, la Suède et le Danemark ‒ se classent aux cinq premières places de ce palmarès de 142 pays qui mesure les écarts entre hommes et femmes dans quatre domaines : l’économie, le pouvoir, l’éducation et la santé. Pendant les six années précédentes, quatre des cinq pays scandinaves occupaient les premières places. Le Danemark a, depuis, rejoint le peloton de tête. Devant ces résultats enviables, il est intéressant de noter qu’un secteur subit aujourd’hui encore beaucoup de pression pour réussir à s’inscrire dans ce mouvement, pour finir par faire plus de place aux femmes, et s’attaquer vigoureusement aux stéréotypes : l’univers des médias. Dans cette industrie, ainsi que le rapportent les auteures de l’ouvrage Making Change. Nordic Examples of Working Towards Gender Equality in the Media, la prédominance masculine persiste à la fois dans l’industrie en tant que telle et dans la production médiatique. Pour illustrer cette dernière, on examine le cinéma, le journalisme, le jeu vidéo et la publicité. Il en résulte un intéressant portrait. Du côté pratique, des descriptions d’expériences prometteuses, des difficultés de parcours ou des erreurs commises et des échecs. Du côté théorique, une réflexion en filigrane : « The lack of gender equality in the Media is often an echo of lack of gender equality overall » (p. 12). L’intérêt pour les études féministes scandinaves concernant ce secteur qui résiste encore à l’égalité hommes-femmes se manifeste dans la recension que fournit l’ouvrage des thèses de doctorat traitant du thème « genre et médias » : un total de plus d’une centaine en cours en 2014 dans quatre des cinq pays scandinaves. Dans le domaine du cinéma, les pays scandinaves se comparent tristement au reste du monde occidental. Anne Gjelsvik a intitulé son texte : « The Nordic Celluloid Ceiling », soit le plafond de celluloïd, plutôt que le plafond de verre… Ainsi, 100 % des films réalisés en Islande le sont par des hommes; c’est le cas de 93 % en Suède. En Norvège, on compte 78 % d’hommes à la réalisation cinématographique, mais ce pays présente tout de même un résultat inférieur aux cibles retenues puisqu’en 2006 le gouvernement norvégien est intervenu, par l’entremise de subventions à la production, pour fixer à 40 % la représentation minimale de chaque sexe dans les fonctions importantes du monde du cinéma, et ce, dans un délai de quatre ans. Sans être un échec complet, les résultats ne sont tout de même pas au rendez-vous. À vrai dire, il faut se réjouir, car le nombre de femmes dans les postes de décision a augmenté notablement, passant de 18 % en 2006 à 33 % en 2012. De l’autre côté de la caméra, les résultats ne rassurent pas non plus. Ainsi, selon Gjelsvik, (p. 17) un nombre alarmant de films scandinaves ne se qualifie pas au test de Bechdel. Rappelons que, pour réussir ce test, un film doit comporter au moins deux personnages féminins, désignés par un nom, qui parlent ensemble d’un autre sujet que d’un personnage masculin. L’auteure rapporte que, des dix films norvégiens les plus populaires de 2010 à 2013, six ne passent pas le test. Parmi les réponses concrètes à cette absence des femmes des …

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