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Le présent article s’intéresse à la façon dont les journalistes québécoises correspondantes à l’étranger négocient le genre, soit leur identité et les rapports sociaux sexués, dans le contexte de leur pratique professionnelle. Cette spécialisation, la plus prestigieuse du journalisme et chasse-gardée masculine, fait face, comme l’ensemble du métier, à une transformation en profondeur au tournant du xxie siècle. Les nouveaux points de repère journalistique s’éloignent du modèle de l’objectivité, lourdement connoté au masculin dans l’histoire de la profession. Ils valorisent désormais une dynamique intersubjective se rapprochant des conceptions dominantes de la féminité. Notre questionnement, qui s’inscrit dans une approche féministe et non essentialiste utilisant le concept de genre, prend sens dans ce contexte.

Nous examinerons sous deux angles le processus de « bicatégorisation hiérarchisée des sexes » auquel fait référence ce concept (Bereni et autres 2012) : d’abord, ses manifestations telles qu’elles sont décrites par les correspondantes dans la salle de rédaction; ensuite, celles qui sont remarquées à l’occasion d’affectations à l’étranger. Analysés à partir des huit entretiens semi-dirigés que nous avons réalisés à la fin 2014 et au début de 2015, ces phénomènes seront donc contextualisés dans le milieu journalistique, qui englobe toutes les étapes du processus de production d’information pour sa diffusion dans l’espace public.

Le genre comme processus social

Notre démarche articule le genre comme le processus social de construction de la différence sexuée qui se manifeste à travers différents discours, comportements, attitudes et attentes envers les individus. Nous l’avons considéré sous cinq aspects (Bereni et autres 2012) afin d’exploiter toute sa puissance théorique et d’appréhender avec nuances l’expérience de nos répondantes.

Le genre comme construction sociale

Premièrement, nous voyons le genre comme une construction sociale dans la mesure où les rapports qui en découlent ne sont pas naturellement existants : ils sont reconduits ou contestés par les individus, les groupes et les institutions d’une société donnée. De ce fait, le genre est aussi une critique directe de la conception du rapport homme-femme fondée sur la biologie : il conteste les discours qui créent deux catégories de sexe et qui attribuent les différences perçues entre elles à des caractéristiques physiologiques[1].

Au sein du journalisme, la construction de deux groupes sexués est particulièrement flagrante, en ce que les femmes y ont été marginalisées depuis les débuts de la profession. Au commencement du xxe siècle, elles représentaient environ 5 % des journalistes québécois (Gosselin 1995 : 28), pour atteindre 16 % en 1975 (de la Garde 1975). Aujourd’hui encore, elles se trouvent en situation minoritaire dans les salles de nouvelles : en 2012, elles ne forment que 44,7 % des journalistes en exercice dans la province, selon l’Observatoire de la culture et des communications du Québec (2009), ce qui s’avère toutefois un progrès notable par rapport aux décennies précédentes. Comment cette bicatégorisation sexuée se transpose-t-elle dans le milieu professionnel des journalistes correspondantes québécoises?

Le genre comme processus relationnel

Deuxièmement, nous abordons le genre comme un processus relationnel au cours duquel masculinité et féminité sont coconstruites dans une dynamique d’interdépendance, en opposition ou en continuité (Laqueur 1992). Ainsi, certains sujets de couverture sont considérés comme « masculins » (politique, affaires internationales, économie, etc.), alors que d’autres sont étiquetés comme « féminins » (arts, éducation, environnement, etc.) (Robinson et Saint-Jean 1998).

Par ailleurs, le journalisme se trouve dans une période de transformation qui rappelle, d’une certaine manière, l’opposition entre féminité et masculinité telle qu’elle a été voulue par les conceptions traditionnelles. D’un côté, on trouve le journalisme d’information, paradigme en vigueur depuis le début du xxe siècle (Charron et de Bonville 2004). Le ou la journaliste fait ici office de caméra : son travail, dénué d’émotion, consiste à montrer les événements le plus objectivement possible, en présentant des faits bruts (Esser et Umbricht 2014). De l’autre côté, on assiste au tournant du xxie siècle à l’émergence du journalisme de communication (Charron et de Bonville 2004), paradigme particulièrement intéressant eu égard au genre en ce qu’il modifie la typification du journalisme : d’un modèle stéréotypé masculin, qui allie objectivité et rationalité, on passe à un modèle s’approchant de l’idéal féminin traditionnel, où l’on met en avant subjectivité et émotion. On conçoit le ou la journaliste comme un être humain qui doit maintenir le contact avec le public pour attirer son attention : il ou elle présente son propre point de vue, à travers un univers de sens partagé (Charron et de Bonville 2004; Charron 2016). L’objectivité est ainsi reléguée au second plan au profit d’un rapport intersubjectif entre le journaliste-énonciateur ou la journaliste-énonciatrice et le public-sujet (Charron 2016 : 13). De quelles manières ce paradigme s’actualise-t-il dans les perceptions qu’ont les journalistes correspondantes de leurs pratiques professionnelles?

Le genre comme rapport de pouvoir

Troisièmement, le genre est considéré ici comme un rapport de pouvoir hiérarchisant les groupes de sexe, où l’on place généralement les hommes (et le masculin) en position dominante. L’une des manifestations de cette caractéristique du genre est évidente dans la correspondance à l’étranger. Un média envoie le correspondant ou la correspondante dans un pays étranger pour couvrir une situation (crise humanitaire, etc.) que sa rédaction juge digne d’intérêt et transmettre ainsi une information exclusive, personnalisée et d’intérêt public à la population (Bastien 1998; Marthoz 2012). Les femmes sont peu nombreuses dans cette spécialisation, la plus prestigieuse du journalisme (Marthoz 2012), même si elles couvrent des conflits à l’international depuis les années 60 (Hosley et Yamada 1987). Selon une étude réalisée auprès de journalistes correspondants de guerre, 70 % des journalistes de ce domaine sont « des hommes aux alentours de la quarantaine » (Feinstein 2013 : 34). En 2015, la Société Radio-Canada comptait une seule correspondante pour sept hommes (Baillargeon 2015). De quelles façons ce rapport de pouvoir teinte-t-il l’expérience vécue par les journalistes correspondantes québécoises?

Le genre intersectionnel

Quatrièmement, nous envisageons le genre comme un rapport social à l’intersection d’autres rapports sociaux. Ces derniers, comme la race et la classe, s’entremêlent en effet au genre pour créer une situation particulière, oppressive ou non, à chaque individu, groupe et institution. Par exemple, nous verrons que les femmes journalistes en début de carrière doivent redoubler d’efforts pour faire leur place : âge et genre s’imbriquent pour créer une situation spécifique qui met en évidence l’hétérogénéité des groupes de sexe. Comment cette intersection se transpose-t-elle dans l’expérience des correspondantes?

Le genre performatif

Cinquièmement, le genre est défini dans notre démarche comme performatif : il se construit à travers des performances répétées, des actions accomplies fréquemment qui donnent l’impression d’une identité figée derrière les gestes (Butler 2006; 2011). Par exemple, une journaliste pourrait adopter une approche différente de ses confrères dans ses affectations, en mettant en avant une démarche plus lente pour bien appréhender la situation sur le terrain. À long terme, ceux-ci pourraient en venir à croire que « c’est dans sa nature » (ou dans celle des femmes) de faire des reportages de cette manière (Löfgren-Nilsson 2010), alors qu’au contraire elle construit cette facette de sa personnalité à chaque nouvel entretien. Chez les correspondantes, quels sont les comportements qui peuvent être considérés comme des « performances de genre »?

La démarche méthodologique

Pour examiner la manière dont les journalistes québécoises correspondantes à l’étranger négocient le genre dans leur pratique professionnelle, nous avons adopté une épistémologie féministe, ancrée dans la théorie du « point de vue situé » de Sandra Harding, selon une démarche méthodologique basée sur le constructivisme.

La théorie du point de vue féministe veut donner la parole à tous les groupes sociaux : l’idée est d’examiner institutions et groupes de perspectives différentes pour éclairer de nouvelles facettes des problèmes (Harding 2008). On cherche ici à ouvrir des avenues de réflexion et de recherche en mettant au premier plan l’expérience vécue par les individus et leurs perceptions de leur situation sociale particulière, celle-ci limitant et structurant leur horizon de connaissances et d’expériences. Ce faisant, cette théorie souligne également la complexité et la multiplicité des expériences des membres d’un groupe : les divergences individuelles aident à défaire l’essentialisme, tandis que les convergences tissent la trame d’une expérience commune (Harding 2005; Hartsock 2003).

Cette théorie rejoint notre orientation constructiviste, qui met l’accent sur le caractère construit de la connaissance (Denzin et Lincoln 2011) : subjectivité des sujets de recherche et de la chercheuse prennent une importance fondamentale dans la compréhension de l’expérience des journalistes correspondantes à l’étranger.

Nous avons réalisé huit entretiens semi-dirigés avec des journalistes étant ou ayant été correspondantes à l’étranger pour le quotidien La Presse et la Société Radio-Canada. Ce choix a été fait en raison du contingent de journalistes à l’étranger que comptent ces deux médias, le plus grand dans la province. Avant les entretiens, nous avons préparé un questionnaire abordant quatre thèmes : le parcours professionnel, les dynamiques de genre dans la salle de rédaction, celles qui sont observables à l’étranger et la place des femmes dans le journalisme[2]. Nous avons choisi d’interroger seulement des femmes afin de pouvoir explorer en profondeur le caractère situé et particulier de l’expérience de chacune.

Nous avons ensuite fait appel à l’analyse critique de discours en vue de comprendre la manière dont féminité et masculinité sont construites dans les propos de nos répondantes (Wodak 2001; van Dijk 2005), dans une lutte de sens et de pouvoir (Coulomb-Gully 2010).

Nous avons procédé à l’analyse des transcriptions (verbatims) avec le logiciel HyperResearch. Nous avons d’abord transcrit les entrevues de manière semi-intégrale, en conservant mot à mot les éléments les plus importants et en décrivant en général les autres sections. Pour ce faire, nous avons élaboré un système catégoriel basé sur le questionnaire et sur les transcriptions. Cela nous a permis, d’une part, de rejoindre la littérature et, d’autre part, de laisser la place aux préoccupations de nos répondantes.

Un machisme structurel au pays

Nous tirons de notre analyse trois constats principaux en ce qui concerne le contexte particulier de la salle de nouvelles :

  • premièrement, les femmes ressentent un malaise indéniable à l’idée d’une nature différenciée qui entraînerait chez elles une écriture féminine justifiant des affectations sexuées;

  • deuxièmement, la profession journalistique est typifiée masculine, ce qui en fait un domaine sexiste jusque dans ses structures; à l’étranger, le genre colore aussi l’expérience vécue par les correspondantes. Pour ces raisons, les journalistes que nous avons interrogées utilisent différentes stratégies (se conformer au modèle typifié masculin en vigueur, le contester ou quitter la salle de rédaction) pour négocier le genre dans leur milieu professionnel;

  • troisièmement, malgré les progrès observés, les correspondantes interrogées craignent des reculs.

Une écriture « féminine »?

Selon la littérature, les rédacteurs et les rédactrices en chef entretiendraient des attentes particulières envers les femmes à leur embauche : on s’attendrait de leur part à une plus grande sensibilité, à une intuition plus développée et à un intérêt marqué pour les relations humaines et la vie personnelle (van Zoonen 1998 : 42). Ainsi, une différenciation sexuée se perpétuerait au moment de l’embauche des journalistes, en raison des attentes différenciées qui sont nourries selon le sexe de l’individu. Comme nous n’avons pas interviewé de rédacteurs ou de rédactrices en chef pour notre recherche, nous ne saurions dire leurs attentes à ce sujet. Pour leur part, nos répondantes nourrissent un malaise clair devant cette différenciation sexuée.

Lorsque nous avons abordé de front l’idée selon laquelle il existerait une écriture « féminine », celle-ci a été niée en bloc : hommes et femmes réaliseraient le même travail sur le terrain. « Je ne peux pas dire, tu sais, que les gars sont plus centrés sur les faits et que les filles sont plus centrées sur les émotions […] le terrain a cette capacité de […] niveler, vraiment », affirme ainsi une de nos répondantes.

Malgré cette position tranchée, plusieurs traits associés à l’écriture « féminine » ont émergé au fil des entretiens : une sensibilité différente, la revalorisation de la subjectivité du ou de la journaliste, la création de l’empathie chez le public et une approche plus humaine.

La sensibilité différente se manifesterait dans la manière de traiter l’information, selon l’une de nos répondantes : « Normalement, une femme va être moins froide dans son traitement qu’un homme […] Il y a toujours des cas d’exception, là […] mais c’est une espèce de touche personnelle que je trouve que les hommes ont moins. » L’association de la « froideur » à l’homme rappelle la masculinité traditionnelle, rationnelle et dénuée d’émotion (Préjean 1994).

La revalorisation de la subjectivité journalistique entraîne nos répondantes à « créer l’empathie » chez leur public, à partir de leur expérience personnelle de la situation. En effet, il est important pour les correspondantes interviewées que le public puisse se « mettre dans les souliers » de ceux et celles qui font l’actualité afin de lui faire comprendre la portée concrète des événements dont on parle. Pour ce faire, elles utilisent des histoires individuelles glanées sur le terrain faisant voir la réalité telle que l’ont vécue les gens touchés par les événements.

Les aspects mentionnés par nos répondantes rappellent le journalisme de communication : les journalistes deviennent des énonciatrices subjectives, cherchant à attirer l’attention du public à travers l’émotion plutôt que les faits. Ce faisant, elles adoptent une forme de mise en récit (storytelling) (Salmon 2007), où les journalistes racontent des histoires qui mettent en scène des personnages réels afin d’intéresser leur public.

Ainsi, la perspective particulière des femmes démontre bien les transformations que connaît le milieu journalistique depuis quelques années : nos répondantes incarnent à leur manière ces changements, grâce à leur expérience située de femme et de correspondante.

Il nous est cependant impossible de savoir, par cette simple étude, si les hommes partagent la même vision d’un journalisme subjectif, ce qui appuierait la thèse du journalisme de communication. Au contraire, si les femmes sont seules à privilégier cette approche, il serait possible de voir s’esquisser une forme de journalisme « féminin », prenant racine dans la situation particulière des femmes en tant que groupe social et en tant qu’individus.

Par ailleurs, cette perspective rejoindrait davantage les attentes des lectrices et des jeunes lecteurs d’information : en effet, ce lectorat considérerait désormais que le ou la journaliste doit mettre en avant une vision subjective, démontrant sa présence sur les lieux des événements et ses observations à partir de sa propre expérience (Debras 2003). Ces lectrices et ces jeunes lecteurs attendraient un journalisme plus complexe, où l’on fait davantage de place à la contextualisation plutôt qu’à la présentation des faits bruts désincarnés (Debras 2003). L’information internationale bénéficierait aussi de ces modifications : les lectrices espéreraient une information internationale « moins austère dans la forme, et dans le fond » (Debras 2003 : 123). C’est ce que permettrait l’approche préconisée par nos répondantes, tout en rejoignant un public plus large, composé de femmes et de jeunes hommes.

Des attentes sexuées

Il ressort de la littérature que les attentes par rapport aux comportements sont aussi genrées : les hommes étant historiquement majoritaires dans les salles de rédaction, les comportements valorisés sont typifiés masculins. On attend des journalistes une forme d’agressivité (Löfgren-Nilsson 2010) et une détermination sans faille dans l’espoir d’obtenir des promotions (Gobeil 2016), comme le remarque une correspondante : « Il faut vraiment donner des coups, il faut foncer énormément, et il ne faut pas avoir peur de piler sur les pieds des autres. »

La valorisation de tels comportements peut causer certains problèmes aux femmes : pour asseoir leur autorité, elles doivent parfois adopter des comportements qui leur semblent excessifs. C’est ce que nous a expliqué l’une de nos répondantes : « Malheureusement, je me souviens de m’être chicanée avec quelqu’un, tu sais, engueulée, et après, je pense que cette personne-là me respectait [davantage]. Ça m’avait un peu abasourdie. »

Même lorsque les femmes journalistes se trouvent en position de pouvoir, leur autorité, perçue différemment puisqu’elle est incarnée par une femme, est sapée par leurs collègues. Ainsi, l’une de nos répondantes ne se voyait pas reconnaître sa compétence pour effectuer des changements dans le bureau qu’elle dirigeait, ses supérieurs ignorant systématiquement ses commentaires.

Les femmes en position de désavantage

Plusieurs éléments placent les femmes journalistes dans une situation désavantageuse : « système à deux poids, deux mesures » les forçant à redoubler d’efforts, réseaux officieux fermés et horaires atypiques ont été relevés par nos répondantes.

Un système à deux poids, deux mesures se perpétue dans la salle de rédaction : pour obtenir la même reconnaissance, les femmes doivent travailler plus que leurs confrères, particulièrement lorsqu’elles sont jeunes (Gobeil 2016; Damian-Gaillard, Frisque et Saitta 2010). À ce sujet, nos répondantes sont divisées : certaines affirment qu’elles n’ont aucun problème en raison de leur sexe, tandis que d’autres déclarent l’inverse, indépendamment de leur âge.

Une correspondante décrit bien une situation vécue lors de l’obtention d’un emploi de prestige : « [Tes collègues masculins] critiquent toujours ton travail […] “ C’est pas bon ce que tu fais, t’es poche ”, tes idées sont jamais bonnes […] Même, à un moment donné, quelques-uns se sont ligués contre moi. »

De tels problèmes sont particulièrement fréquents lorsque la journaliste est en début de carrière, ce qui démontre l’intersectionnalité du genre, celui-ci se conjuguant à l’âge pour créer une situation particulière : « Je n’avais vraiment pas le respect de mes collègues masculins, qui étaient plus vieux que moi », raconte une répondante.

Enfin, les réseaux officieux sont un autre obstacle pour les femmes journalistes. Développés hors des heures de travail, à l’occasion de rencontres où les hommes sont souvent les seuls présents (Löfgren-Nilsson 2010), les réseaux officieux permettent aux journalistes de cultiver des affinités avec leurs collègues qui joueront éventuellement un rôle dans l’attribution des promotions, situation qu’ont remarquée nos répondantes : « Ce n’est que des vieux copains, gars, qui se nomment entre eux », affirme l’une d’entre elles.

Par ailleurs, les horaires irréguliers et la disponibilité quasi permanente exigée des journalistes rendent la profession difficile pour les femmes. Étant donné qu’elles assument souvent la plus large part des tâches domestiques et familiales, les horaires imprévisibles peuvent rapidement devenir un problème, voire les empêcher d’accepter des promotions. Ainsi, plusieurs répondantes ont quitté leur poste de correspondante pour fonder une famille : « Je suis revenue, pour avoir des enfants […] Fait que c’est sûr que c’est un sacrifice pour moi. Parce que ça allait super bien, mon affaire. C’est sûr que […] j’en aurais fait beaucoup plus [de reportages à l’étranger] si je n’avais pas eu d’enfants », illustre une correspondante.

Cette situation souligne une fois encore le caractère intersectionnel du genre : ce dernier et la parentalité s’imbriquent pour produire une situation spécifique, dans ce cas, oppressive, qui colore l’expérience vécue par les femmes.

Enfin, le harcèlement sexuel est un problème bien réel pour les femmes journalistes, même dans la salle de rédaction. Amy Blackstone et Heather McLaughlin (2009 : 763) définissent ainsi le harcèlement sexuel :

[U]nwanted sexual attention that occurs at work or in school. Specific behaviors that may qualify as sexual harassment include unwanted touching or sexual advances, invasion of one’s personal space, offensive sexual joking or other remarks, and the display of offensive sexual materials such as posters or calendars.

Chez nos répondantes, le harcèlement prend la forme de blagues à caractère sexuel, comme celle que nous a racontée l’une des correspondantes : « L’autre fois, je parlais avec un boss […] il m’a parlé de son gros pénis. Mouais. Pis c’était vraiment comme, out of nowhere […] Il a essayé de faire une joke. » Certaines répondantes parlent de faveurs sexuelles demandées par des patrons à de jeunes employées, comme celle-ci : « [Il y a] des patrons masculins qui voulaient coucher avec des employées féminines […] C’est ça […] Des hommes qui font sentir à des femmes [qu’ils] ont plus de pouvoir et puis qu’il faut se plier à leur façon de voir les choses si on veut obtenir quoi que ce soit. »

Notre recherche permet de confirmer plusieurs phénomènes relevés dans la littérature et de les actualiser dans le contexte particulier des journalistes québécoises correspondantes à l’étranger : attentes sexuées, valorisation de comportements masculins, système à deux poids, deux mesures, réseaux officieux, difficile conciliation travail-famille et harcèlement sexuel sont toujours pertinents pour comprendre la situation des journalistes québécoises.

À l’étranger : une situation particulière

À l’étranger, les rapports sexués sont tour à tour des avantages et des inconvénients. D’un côté, les femmes sont considérées comme plus sympathiques et moins menaçantes que leurs collègues masculins, et elles obtiennent, de ce fait, un accès plus facile aux sources. De l’autre, elles doivent négocier avec des formes plus ou moins subtiles de harcèlement sexuel et adopter un habillement spécifique.

Des avantages

Ainsi, le statut de femme devient parfois un avantage sur le terrain pour les correspondantes à l’étranger (Nivat 2000; Jentile 2001; Dietrich 2002; Feinstein 2013). Elles sont considérées comme moins menaçantes par leurs interlocuteurs, ce qui leur permet d’obtenir plus facilement des informations, tant de leaders que dans la population en général (Nivat 2000; Jentile 2001), ou encore des droits de passage.

De ce fait, les femmes journalistes approchent plus facilement des leaders de groupes insurgés, comme l’explique une correspondante : « De façon générale, j’ai l’impression que, quand on essaie d’entrer quelque part, dire, “ Je suis journaliste ”, [si c’est] une femme, bof, on va la laisser passer. » Ainsi, cette répondante a réussi à parler à des sources auxquelles ses collègues masculins n’avaient pas eu accès.

De plus, les femmes journalistes réussissent parfois à sortir leur équipe du pétrin, en paraissant moins dangereuses que leurs collègues, comme l’explique une de nos répondantes dans une anecdote où des gardiens de passage refusaient l’accès à son caméraman dans une zone de conflit armé :

Alors je suis allée voir [le gardien], avec le casque, le gilet pare-balles et tout, et […] je lui ai dit exactement la même chose que le caméraman. “ La logique c’est que vous nous avez laissés entrer, on n’est pas entrés clandestinement […] ils nous tirent dessus, mais ils vont nous tuer! [rires] We’re gonna die! ”, j’ai dit. Et je le regarde, je lui dis […] “ Appelez votre collègue de l’autre côté pis […] dites-leur ils vont vous dire qu’ils nous ont laissés passer, nous tout ce qu’on veut, c’est partir! ” Ah là il m’a regardée, et il a dit […] au gars : “ OK, bouge les tanks ”.

Une caractéristique similaire a été relevée par les correspondantes interrogées : elles semblent davantage sympathiques, ce qui leur donne accès à des sources plus variées, notamment les femmes. Dans certaines sociétés, celles-ci ne peuvent pas s’adresser directement aux hommes, ce qui prive les hommes journalistes de leur témoignage. Ainsi, les correspondantes ouvrent une nouvelle perspective en donnant la parole aux femmes. Leur point de vue est crucial, augmentant l’équité de la couverture et répondant mieux aux impératifs journalistiques d’intérêt public (Beauchamp 1987).

L’âge des correspondantes joue aussi dans leur accès aux sources sur le terrain, ce qui montre de nouveau le caractère intersectionnel du genre : lorsqu’elles sont jeunes, il leur est plus facile d’approcher des informateurs ou des informatrices. « Entre moi qui débarque de la voiture, [30] ans, pis un homme de 55 ans, journaliste, un peu tu sais, cynique parce que ça fait 30 ans qu’il fait ça, je pense que c’est clair que, les gens, ils vont avoir moins peur de moi », illustre une répondante.

Des inconvénients

La situation des correspondantes n’est pas toujours facile à l’occasion d’affectations à l’étranger : elles composent alors avec différentes formes de harcèlement sexuel et adoptent un habillement spécifique.

Un harcèlement sexuel aux multiples facettes

Le harcèlement sexuel se manifeste sous plusieurs formes. D’une part, les correspondantes font face à des questions indiscrètes sur leur état civil, parfois même à des propositions de mariage. Si elles sont célibataires ou non mariées, elles doivent souvent mentir pour se protéger, affirmant qu’elles sont mariées, comme le fait une répondante : « Que j’aie un mari ou pas, je dis que j’ai un mari, pis j’ai des enfants, et tout, pour ne pas me faire achaler. » Une autre informatrice, non mariée, utilise une stratégie semblable : à l’étranger, elle porte toujours une alliance. D’autre part, elles font face à du harcèlement classique, notamment des attouchements : « Une fois, [il y avait] vraiment des ados qui me suivaient et […] il y en a un qui m’a pincé les fesses en passant », raconte une répondante.

Un habillement genré

Par ailleurs, les femmes journalistes doivent être prudentes dans leur choix vestimentaire. Lorsqu’elles se trouvent dans certains pays où les droits des femmes sont réduits, il leur est impossible de réaliser leurs reportages en s’habillant comme elles le feraient en Occident, affirment-elles. Elles doivent recourir à des vêtements qui les aident à « effacer leur sexe » afin de ne pas heurter les sensibilités de leurs sources : elles espèrent ainsi obtenir de meilleures informations.

Une répondante nous fournit un exemple de cet habillement genré : « Moi, j’avais des uniformes : jupes longues avec t-shirts à manches longues même s’il faisait 40 […] Je voulais effacer mon sexe pour pouvoir faire mon travail. » Son choix s’est porté sur une jupe, vêtement connoté féminin par excellence, afin de respecter la différenciation sexuée telle qu’elle est admise dans son pays d’affectation. Les manches longues lui ont permis de couvrir son corps féminin, ce qui a réduit ainsi les tensions résultant de cette intrusion dans un espace public et lieu de pouvoir lourdement connoté masculin.

Une conciliation travail-famille quasi impossible

Entre vie familiale et vie professionnelle, le choix semble inévitable, et la conciliation, presque impossible pour les correspondantes. Ainsi, plusieurs quittent leurs fonctions pour avoir des enfants, ou refusent des affectations dans d’autres pays (Dietrich 2002; Scharnberg-Hampton 2009; Feinstein 2013). « Je pense que c’est un sacrifice énorme […] On voit énormément de femmes célibataires ou en tout cas de femmes qui n’ont pas d’enfants [chez les correspondantes], parce que on s’entend qu’il n’y a jamais un bon moment, […] pour avoir des bébés, quand tu es une femme. Mais d’autant plus quand tu es journaliste », affirme une répondante. Une autre déclare que sa décision d’avoir des enfants a été un frein pour sa carrière : si elle n’avait pas eu d’enfants, elle aurait certainement accepté plus d’affectations à l’étranger, alors qu’aujourd’hui elle se contente d’un départ de temps à autre, préférant faire du travail régulier pour éviter les longs déplacements.

Les propos des correspondantes interrogées rejoignent la littérature : presque les deux tiers des journalistes canadiennes, quelle que soit leur spécialisation, n’ont pas d’enfant, alors que seulement un tiers de leurs confrères sont dans la même situation (Robinson 2005 : 181)[3].

Des stratégies pour négocier le genre

Les journalistes correspondantes doivent être créatives pour faire leur travail malgré les obstacles sexués qu’elles rencontrent. Nos répondantes utilisent plusieurs stratégies à cet effet.

Plusieurs femmes journalistes s’inscrivent dans la stratégie du one of the boys et se conforment aux normes masculines en vigueur (sous des apparences de neutralité) pour s’extirper des stéréotypes féminins (Melin-Higgins 2004). Refusant les attributs dits féminins, elles acceptent le modèle préétabli et nient totalement l’impact du genre sur leur expérience. En affirmant qu’être femme ne change rien à leur pratique, elles cherchent à construire un monde non genré pour échapper aux contraintes potentielles qu’il entraîne, comme le fait cette répondante en assimilant les comportements masculins valorisés à de « fortes personnalités » : « Je pense que c’est surtout un milieu de fortes personnalités […] Donc, quand tu mets une gang de fortes personnalités ensemble, ça peut donner des clash [conflits]. » Toutefois, ce n’est pas parce qu’elles ne relèvent pas d’effets du genre sur leur expérience qu’il n’y en a aucun : tout est une question de perspective, comme le montrent les constats présentés ci-dessus.

Plusieurs répondantes cherchent plutôt à modifier de l’intérieur les pratiques genrées en subvertissant le modèle dominant : ce faisant, elles privilégient ainsi la stratégie dite one of the girls (van Zoonen 1998). C’est ce que font nos répondantes lorsqu’elles s’opposent aux affectations genrées : elles refusent le statu quo et démontrent une volonté de changement. D’accepter des affectations à l’étranger une fois mère, comme le font quelques-unes de nos répondantes, est une manière de devenir one of the girls, en affirmant à la fois son identité de mère et son identité de journaliste, démontant du même coup les stéréotypes associés à la première et défiant les contraintes découlant de la seconde. L’une de nos journalistes illustre bien cette situation : « Quand je pars en reportage, tout le monde me demande : “ Oui, mais tes enfants? ” […] Mon chum va s’en occuper, de mes enfants, tu sais! »

Certaines des correspondantes interviewées choisissent de quitter leur travail à l’étranger pour reprendre un travail régulier dans la salle de rédaction. Ce faisant, elles adoptent la stratégie du retrait. Selon la littérature, cette stratégie se limite aux cas où les femmes journalistes quittent la salle de rédaction pour se lancer en tant qu’indépendantes (Melin-Higgins 2004). Nous nous permettons d’y ajouter les journalistes qui refusent des affectations à l’étranger puisque ces comportements sont analogues à celui que Margareta Melin-Higgins a relevé : ce que les correspondantes refusent lorsqu’elles adoptent ces comportements, ce sont les contraintes associées aux emplois en question, pas le journalisme en soi. Plusieurs de nos répondantes ont eu recours à de telles stratégies, en rentrant au pays ou en réduisant la fréquence de leurs voyages.

Aucune de nos répondantes n’a choisi la ghettoïsation, stratégie exigeant qu’elles acceptent les stéréotypes en vigueur et répondent aux attentes sexuées envers les femmes journalistes (Melin-Higgins 2004).

Des stratégies novatrices

Deux nouvelles stratégies émergent de notre recherche : la « nunuche » et la séduction. La première consiste à faire semblant d’en savoir moins pour en apprendre le plus possible : « Il ne faut pas trop avoir l’air nunuche, mais tu sais, jusqu’à un certain point, “ Dites-moi tout, là, je ne comprends rien ” », illustre une correspondante. Cette stratégie permettrait d’amadouer des sources, particulièrement des hommes en position de pouvoir : la journaliste paraît moins menaçante, et il est plus facile d’obtenir des informations.

Du même coup, cette tactique révèle le machisme ambiant, dans la salle de rédaction où elle est acceptée et dans la société où elle est mobilisée. Il est encore mal vu de nos jours pour une femme d’aborder un homme d’égale à égal, et cela se transpose jusque dans les entrevues journalistiques.

La seconde stratégie, la séduction, répond d’abord à la nécessité de faire parler les sources : « Des fois, il y a une forme de séduction […], je ne pense pas à une séduction sexuelle, mais il faut que les gens aient envie de nous parler », explique une répondante. Une autre renchérit : « Souvent, si tu es intelligente en plus et que tu te présentes bien, et que tu as du charme, [les hommes vont] se livrer beaucoup plus. » Cette stratégie influence parfois le choix des vêtements : une répondante a vu certaines de ses collègues s’habiller « avec des petites jupes » pour rencontrer des policiers, considérés comme très machistes.

Ces stratégies s’avèrent intéressantes en ce que les femmes journalistes qui y font appel subvertissent des stéréotypes genrés, et ce, en utilisant les perceptions traditionnelles à leur avantage. De plus, ces attitudes enrichissent la compréhension de la performativité du genre et des stratégies de négociation qui l’accompagnent.

Des risques de recul

Malgré le machisme ambiant dans les salles de rédaction, nos répondantes plus âgées sont catégoriques : le sexisme n’est plus aussi lourd, tout en étant toujours présent. « Chez nous, les relations sont devenues beaucoup plus neutres. OK. À cause du politiquement correct, tu trouveras jamais un collègue qui te dit ouvertement : “ Ah non, vous êtes des filles, vous ne pouvez pas faire ça ” », explique une répondante.

Malgré ces avancées, les répondantes qui travaillent depuis les années 80 craignent le recul : « Dans ma génération, [les affectations réservées aux femmes], ça a changé complètement, mais j’observe qu’on est en train de revenir un peu à [ça] », souligne une correspondante. Certaines répondantes vont jusqu’à discuter de ces enjeux avec leurs consoeurs pour trouver des solutions, notamment en ce qui concerne les postes de direction, qui sont le plus souvent occupés par des hommes. De telles stratégies pourraient prévenir le recul et assurer les acquis chèrement gagnés par les générations précédentes.

Une expérience genrée multidimensionnelle

Qu’il se présente comme un avantage ou un inconvénient, le genre colore l’expérience des journalistes québécoises correspondantes à l’étranger.

En tant que construction sociale, le genre varie d’une société à l’autre. À l’occasion d’affectations à l’étranger ou dans la salle de rédaction, il ne prend pas le même sens et ne se manifeste pas de la même manière : à l’étranger, certains aspects des rapports sexués prennent l’allure d’avantages pour nos répondantes.

En tant que processus relationnel, le genre souligne les différences sexuées attendues des hommes et des femmes, comme l’illustrent les attentes différenciées des rédacteurs et des rédactrices en chef, et même de certaines correspondantes à l’étranger interviewées, convaincus que les femmes sont porteuses d’une écriture « féminine » portée par une intuition plus grande et un intérêt pour les histoires individuelles (van Zoonen 1994). Ces attentes sexuées causent cependant un malaise chez nos répondantes, qui refusent une telle différenciation. Elles semblent tout de même porteuses d’un journalisme empreint d’humanité, d’équité et de complexité. À l’étranger, l’obligation de revêtir des vêtements différents souligne la construction sociale des normes sexuées.

Le genre en tant que rapport de pouvoir teinte toutes les interactions dans la salle de rédaction et à l’étranger. Par exemple, les comportements typifiés masculins sont valorisés dans la salle de rédaction, ce qui dévalorise du même coup le travail des femmes, associé à un idéal traditionnel différent, et empêche souvent celles-ci d’obtenir une promotion. Certaines de nos répondantes ont relevé, à cet égard, les comportements agressifs qu’elles ont dû adopter pour obtenir leur place dans la salle de rédaction et la moindre reconnaissance de leurs compétences et de leur autorité. D’autres ont mentionné des épisodes de harcèlement sexuel de différente nature, tant au Québec qu’à l’étranger : ici, blagues sexistes sont fréquentes; ailleurs, attouchements et questions indiscrètes se multiplient. Par ailleurs, la structure même des salles de rédaction, alliant horaires irréguliers, réseaux officieux fermés aux femmes et système à deux poids, deux mesures, témoigne de la situation oppressive dans laquelle elles se trouvent. Même les stratégies originales de négociation du genre témoignent de ce rapport de force : pour obtenir des informations, les correspondantes se donnent l’air « nunuche », faisant semblant de ne rien connaître à leur sujet afin d’amadouer les hommes, ou elles font appel à une forme de séduction pour les convaincre de leur parler – séduction qui les confirme dans leur position dominée de femme, dans un monde fortement connoté masculin.

Enfin, comme rapport social intersectionnel, le genre teinte différemment l’expérience selon les contextes : le plus souvent, le genre et d’autres rapports de domination, comme l’état civil ou l’âge, s’imbriquent pour créer une situation de domination particulière, ce qui entraîne des conséquences variables. En début de carrière, par exemple, les femmes journalistes redoublent d’efforts pour faire valoir leurs compétences. Lorsqu’elles sont mères, la structure même du journalisme rend difficile la conciliation travail-famille, particulièrement lorsqu’elles occupent un poste de direction ou de prestige; certaines de nos répondantes ont même abandonné la correspondance pour des raisons familiales. À l’étranger, elles accèdent à plus de sources, notamment les femmes, en raison du caractère moins menaçant et plus chaleureux traditionnellement associé au féminin (Préjean 1994).

Ainsi, le genre colore de différentes manières l’expérience vécue par les femmes journalistes. Comme concept féministe, il constitue un outil d’analyse puissant pour circonscrire les dynamiques de bicatégorisation hiérarchisée qui s’exercent le plus souvent, mais pas toujours, au détriment des femmes.

Dans notre recherche, nous n’avons pas vérifié si la démarche particulière des correspondantes interrogées se transpose dans les contenus qu’elles produisent. Ultérieurement, il serait intéressant de se pencher sur la question pour comprendre les manières dont les impératifs du journalisme d’information se conjuguent aux possibilités du journalisme de communication, et les façons dont les professionnelles naviguent entre les deux dans leurs reportages.

Plusieurs répondantes nous ont dit avoir pris conscience d’inégalités de genre au cours des entretiens que nous avons réalisés. De telles remarques, qui répondent aux fins émancipatoires des recherches féministes, pourraient, à long terme, encourager les femmes journalistes à prendre des mesures pour modifier les rapports de force dans la salle de rédaction et modifier la structure organisationnelle typifiée masculine qui les désavantage, comme le font d’ailleurs déjà certaines de nos répondantes. Au final, cela pourrait permettre d’instaurer des pratiques plus égalitaires et d’atténuer ainsi les effets contraignants du genre sur l’expérience des femmes journalistes, que ce soit au pays ou à l’étranger.