FR:
À l’occasion d’une élection opposant des chefs de parti de sexe différent, il se peut que la couverture médiatique reflète une conception du leadership politique marquée par la spécificité de genre. Les auteures ont cherché, dans leur étude, à vérifier la présence et l’ampleur de ce phénomène par la comparaison de la couverture médiatique de Kim Campbell et celle de son principal adversaire, le chef libéral Jean Chrétien, lors de l’élection fédérale de 1993, dans le quotidien anglophone national The Globe and Mail. À l’aide de techniques d’analyse de contenu et de critique du discours, elles ont analysé les représentations de la personnalité de chaque chef, ainsi que de son comportement et de ses discours durant la campagne. Bien que la couverture fasse état du sexe de Campbell, le discours journalistique l’inscrivait néanmoins dans une arène mâle, où elle était présentée comme étant aussi combative et pugnace que son adversaire masculin. L’effet du genre était particulièrement évident dans les descriptions des discours électoraux des chefs, où les auteurs ont observé que Campbell était plus souvent jugée sur des questions de style oratoire que son adversaire. De plus, ces jugements marqués par le genre étaient profondément négatifs. Se basant sur ces résultats, les auteures soutiennent que la représentation médiatique des prestations électorales de Kim Campbell a pu affaiblir la perception de sa légitimité en tant que chef politique et de sa capacité à diriger le pays à titre de première ministre.
EN:
Media coverage of elections contested by competitive male and female party leaders may reflect gendered norms of political leadership. To determine the presence and extensiveness of gendered mediation of political leadership, our study compared coverage of Kim Campbell and her primary opponent, Liberal leader Jean Chrétien, by Canada’s English-language national newspaper, the Globe and Mail, during the 1993 Canadian federal election. Using content and critical discourse analysis techniques, we analyzed representations of the two leaders’ personas, campaign performances and speech acts. We found that although Campbell’s sex was noted in the coverage, she was written into the masculine game frame for election reporting and presented as equally combative and pugilistic as her male opponent. Gendered mediation was most clearly revealed in descriptions of the leaders’ campaign speeches, as Campbell’s speaking style was significantly more likely than Chrétien’s to be described and evaluated and assessments of her public speech were gendered and profoundly negative in tone. Based on these findings we argue that representations of Kim Campbell’s campaign performances may have damaged perceptions of her legitimacy as a political leader and capacity to succeed in the prime ministerial role.