Comptes rendus

Francine Richer et Louise St-Cyr, avec la collaboration de Nicole Beaudoin L’entrepreneuriat féminin au Québec. Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2007, 306 p.[Record]

  • Vivi Koffi

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  • Vivi Koffi
    Université de Moncton

Francine Richer et Louise St-Cyr, deux spécialistes qui, depuis des années, se sont consacrées à la recherche sur les entrepreneures, ont voulu, par cette publication, répondre à un besoin de faire connaître les entrepreneures du Québec. Elles ont choisi de documenter ce phénomène important de façon originale, en présentant dix études de cas qui mettent en vedette des entrepreneures québécoises. À noter que ces études de cas dépassent le contexte habituel des rapports de recherche qui exposent souvent des comptes rendus statistiques des résultats. En effet, elles permettent de circonscrire de façon plus large l’expérience de ces femmes » (p. 12) : Écrit dans un style clair et accessible à un lectorat initié ou non initié, cet ouvrage « s’adresse d’abord aux entrepreneures ou à celles qui aspirent à le devenir, qui se demandent comment bien s’y prendre, qui sont à la recherche d’idées ou de stratégies gagnantes » (p. 13) : À notre avis, ce pari est réussi. La partie centrale de cet ouvrage porte sur les dix études de cas annoncées (p. 71-271). Nous y reviendrons plus loin. L’intérêt à lire ce livre réside en outre dans la filière historique entrepreneuriale de ces femmes contemporaines et dans le contexte sociétal au Québec que les auteures ont tenu à rappeler au chapitre 1 qui s’intitule « Tout d’abord, se souvenir du chemin parcouru… » (p. 15) : Afin de rappeler ce contexte sociétal en Nouvelle-France jusqu’à nos jours, les chercheuses se sont alimentées aux travaux des historiennes féministes québécoises, principalement de ceux du collectif Clio (1982). Cette partie est particulièrement intéressante et passionnante, car, comme cet ouvrage « s’adresse d’abord aux entrepreneures ou à celles qui aspirent à le devenir », elle permettra aux lectrices et aux lecteurs qui ne connaissent pas bien l’histoire du Québec, et encore moins l’histoire des femmes qui ont contribué à le bâtir, de se rappeler ou de comprendre, par ce survol historique de 400 ans, l’apport de ces pionnières, de ces femmes de caractère, déterminées et indépendantes et dont les livres d’histoire n’ont vanté généralement que leur mérite d’être venues en Amérique pour peupler la colonie. Ce sont ces femmes qui ont ouvert la voie à d’autres, qui se sont battues, imposées et investies. Leurs initiatives et leurs luttes nous permettent de mieux comprendre leur contribution à la société québécoise, et la raison pour laquelle certains obstacles mentionnés dans les écrits sur l’entrepreneuriat au féminin se sont relativement amoindris dans les années récentes. De Marie Rollet à Agathe de Saint-Père Legardeur de Repentigny, en passant par Jeanne Énard, Marie-Anne Barbel, Marie Guyart, Marie-Thérèse de Chauvigny, Jeanne Mance et Marguerite Bourgeois, le chemin a été parsemé d’embûches. Cependant, grâce à la ténacité de ces pionnières, les femmes propriétaires ont obtenu le droit de vote le 26 décembre 1791. Ce droit leur a toutefois été retiré en 1849. Et en 1866, le nouveau Code civil du Bas Canada consacre la déchéance légale de l’ensemble des femmes. Malgré cette perte de droit, ouvrières, institutrices, infirmières et autres groupes de femmes vont trouver les moyens d’avoir un impact sur la vie économique, politique et sociale du Québec et d’y faire changer les conditions de vie et le statut des femmes. Dorimène Roy Desjardins, instigatrice, avec son mari, du mouvement coopératif Desjardins, et Justine Beaubien-Lacoste, fondatrice de l’Hôpital Sainte-Justine à Montréal, sont de ces pionnières. Et nous avons apprécié le rappel de leur contribution. Le chapitre 2 a pour titre : « L’apport spécifique de la recherche sur les entrepreneures ». Bien que les recherches sur les entrepreneures, écrivent les auteures, ne se distinguent pas « des recherches …

Appendices