Comptes rendus

Marie-Blanche Tahon (dir.), Famille et rapports de sexe., Montréal, Les éditions du remue-ménage, 2007, 234 p.[Record]

  • Renée B. Dandurand

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  • Renée B. Dandurand
    Institut national de la recherche scientifique

Les textes de ce recueil sont issus du 4e Congrès international des recherches féministes dans la francophonie plurielle (t. 2), qui s’est tenu à l’Université d’Ottawa en juillet 2005. L’appel de textes de ce congrès s’intitulait « Femmes et famille entre science et droit ». Comme la référence au droit a été largement privilégiée par les participantes, Marie-Blanche Tahon a choisi de donner un titre plus général à son recueil : Famille et rapports de sexe. L’introduction de Tahon est plus qu’une présentation de l’ouvrage. Intitulée « La présomption de maternité », elle est largement axée sur la loi québécoise sur l’union civile (loi 84), adoptée en 2002. Outre qu’elle est ouverte, comme le pacte civil de solidarité (PACS) français, aux couples hétérosexuels et homosexuels, cette loi se prononce en matière de filiation : les couples homosexuels, comme hétérosexuels, peuvent recourir à l’adoption et à l’assistance à la procréation. Or, précise Tahon, sur ce dernier point, les couples homosexuels d’hommes et de femmes n’ont pas les mêmes privilèges. Dans le cas de couples de lesbiennes ayant contracté une union civile, « l’assistance à la procréation aboutit à ce que, sur l’acte de naissance de l’enfant ainsi conçu, il soit inscrit qu’il est le fils ou la fille de deux mères […] il existe donc une « présomption de maternité », à l’instar de la « présomption de paternité » dans un couple hétérosexuel marié » (p. 20-21). S’il en est autrement des couples homosexuels masculins, c’est que, en matière d’assistance à la procréation, ils ne peuvent recourir à la mère porteuse, pratique interdite par le Code civil du Québec. Il y a donc « deux poids, deux mesures » et le projet de loi no 84 crée ainsi de l’inégalité. Cependant, plus largement, et Tahon reprend ici les mots d’une juriste, cette loi « constitue un tremplin vers une redéfinition du lien parent-enfant » (p. 22). La loi sur l’union civile a suscité des débats au Québec. Tahon formule plusieurs questions, notamment en ce qui a trait au concept nouveau d’homoparentalité. N’y a-t-il pas confusion entre parenté et parentalité? Le législateur québécois ne s’est-il pas émancipé de toute « fiction anthropologique » en faisant qu’une femme soit considérée comme co-mère? « La revendication de la procréation « pour tous » est-elle compatible avec le déni des corps procréateurs [p. 28]? » La présomption de maternité à la québécoise ne repose-t-elle pas sur le seul « projet parental », le législateur privilégiant ainsi une filiation fondée sur la « volonté » au détriment du « corps » ? Le « droit à l’enfant » n’est-il pas en passe de devenir un « droit du citoyen »? Autant de questions qui, selon Tahon, devraient davantage interpeller la réflexion féministe. Les articles qui suivent portent sur l’encadrement juridique et religieux de la vie conjugale. Dans la France contemporaine, les choix d’union – mariage, PACS et cohabitation – apparaissent fluctuants mais sans être aléatoires pour autant. Ainsi, Catherine Pugeault-Cicchelli s’appuie sur une enquête qui montre que, « si le choix du conjoint reste ordonné socialement, le choix du mode de vie conjugal n’est pas plus le fruit du hasard : il se définit au fil d’un processus de conjugalisation révélateur des motivations et des valeurs des enquêtées, mais aussi des contraintes humaines et matérielles auxquelles les femmes se heurtent dans leur vie quotidienne » (p. 38). En s’intéressant aux remariages en France sous l’Ancien Régime, l’historienne Sylvie Perrier montre que, contrairement aux préjugés souvent entretenus par nos contemporains sur les sociétés traditionnelles du passé, « le législateur ne peut pas imposer à …