Comptes rendus

Pierrette Bouchard, Natasha Bouchard et Isabelle Boily La sexualisation précoce des filles. Montréal, Éditions Sisyphe, 2005, 80 p.Élaine Audet Prostitution, perspectives féministes. Montréal, Éditions Sisyphe, 2005, 120 p.Vida Amirmokri, Homa Arjomand, Élaine Audet, Micheline Carrier et Fatima Houda-Pépin Des tribunaux islamiques au Canada? Montréal, Éditions Sisyphe, 2005, 96 p.[Record]

  • Catherine des Rivières-Pigeon

…more information

  • Catherine des Rivières-Pigeon
    Université du Québec à Montréal

Ces trois petits livres, publiés simultanément aux Éditions Sisyphe, proposent des essais sur des sujets controversés et d’actualité pour les lecteurs et les lectrices féministes : la sexualisation précoce des filles (Bouchard, Bouchard et Boily), la prostitution (Audet) et les tribunaux islamiques au Canada (Amirmokri, Arjomand, Audet, Carrier et Houda-Pépin). Premiers d’une nouvelle collection, ces livres d’un tout petit format « à glisser dans sa poche ou dans son sac à main », comme l’écrit la maison d’édition, ont pour objectif de faire réfléchir, d’exposer un point de vue, de susciter la discussion. Disons-le d’emblée : ce sont des essais. Bien que les auteures puissent provenir, comme Pierrette Bouchard, du milieu universitaire, ces livres très courts ne peuvent prétendre exposer une analyse scientifique complète ni une réflexion théorique poussée. Ils proposent toutefois une argumentation intéressante, basée en partie sur des résultats d’études, susceptibles de toucher un large public qui s’intéresse aux enjeux traités. Le livre de Bouchard, Bouchard et Boily (2005) présente la synthèse des résultats d’une étude portant sur le contenu de magazines pour préadolescentes. Le premier chapitre fait le lien entre le titre de l’ouvrage, soit la sexualisation précoce des filles, et le sujet de l’étude. La thèse soutenue par les auteures est que les jeunes adolescentes constituent un nouveau groupe ciblé par l’industrie de la mode et des cosmétiques. Différents supports publicitaires, dont les magazines, veulent « sexualiser » ce nouveau public, pour inciter les jeunes filles à adopter des comportements (charmer, séduire et plaire) qui en feront de fidèles consommatrices. Les auteures, qui s’inquiètent de l’impact potentiel de ces nouveaux messages sur les jeunes filles, ont choisi d’analyser le contenu des magazines pour comprendre le processus par lequel ces médias « sexualisent » les fillettes. Dans le deuxième chapitre, les auteures exposent la question de recherche, les grands traits de la démarche méthodologique et les principaux résultats de l’étude. Ceux-ci indiquent que les jeunes filles adhèrent largement au contenu diffusé dans les magazines, bien que le message envoyé soit souvent empreint de paradoxes. Par exemple, les filles sont invitées à se détacher des diktats de la mode pour se créer un style unique, « bien à elles », mais ce style unique est, lui aussi, largement imposé. Le chapitre se termine par l’analyse des propos des quatre jeunes filles qui ont présenté un regard plus critique à l’égard du contenu de ces magazines. Au troisième chapitre, les auteures s’intéressent aux chroniques « amoureuses » proposées, chroniques constituées de conseils adressés aux jeunes filles sur la manière de se comporter auprès de leurs petits copains. L’analyse fait ressortir un message très traditionnel, qui incite les filles à s’effacer, alors que les garçons sont décrits d’une manière très flatteuse, en tant qu’êtres indépendants, libres et responsables de donner le rythme de la relation. Le quatrième et dernier chapitre reproduit le texte d’une brochure d’information, destinée aux préadolescentes, qui reprend dans un langage adapté à ce public, les grands traits de l’analyse présentée dans les chapitres précédents. Le livre d’Élaine Audet, qui s’intitule Prostitution, perspectives féministes, se présente comme une synthèse des perspectives féministes sur ce sujet. L’auteure ne cache toutefois pas son opposition à la légalisation de la prostitution et son ouvrage constitue plutôt un argumentaire contre le mouvement de décriminalisation porté par certains groupes de « travailleuses du sexes », comme l’organisme Stella, à Montréal. Cet argumentaire s’appuie sur des ouvrages ou des propos de féministes comme ceux de Yolande Geadah, au Québec, ou de Florence Montreynaud, en France. Dans le premier chapitre, qui s’intitule « Des positions incompatibles », les arguments suivants sont avancés : …