Comptes rendus

Lorraine Dennerstein (dir.)Droit des femmes et bioéthique. Paris, Unesco, 2002, 238 p.[Record]

  • Dominic Desroches

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  • Dominic Desroches
    Centre d’éthique et droit
    Copenhague (Danemark)

Nul doute que cet ouvrage sous la direction de Dennerstein réjouira les sociologues et les bioéthiciennes féministes qui, en général, reçoivent bien la critique commode de l’universalité de l’éthique. Car ici on a décidé de présenter, sous le couvert des vocables « droit » et « bioéthique », le point de vue féminin sur la réalité des femmes dans le monde. De surcroît, par le traitement du sujet, qui fait constamment un aller-retour heureux de la théorie à la pratique, l’ouvrage devrait aussi trouver chez les anthropologues une partie de son lectorat, puisqu’il se penche avantageusement sur la situation des femmes en tenant rigoureusement compte de la multiplicité des cultures. Réunissant les travaux de plusieurs chercheuses et chercheurs venant d’une pléiade de sous-disciplines des sciences humaines, l’ouvrage est une traduction de la version originale anglaise. Sa publication résulte des efforts de l’Unesco pour faire connaître ses préoccupations et ses travaux, et elle se trouve entièrement assumée par cet organisme. Ce livre comprend les articles et les études de cas préparés par des auteures et des auteurs des cinq continents répartis en plusieurs sous-sections. Les thèmes abordés vont de la santé des femmes à travers le cycle de vie à la condition des femmes d’âge mûr, en passant par la santé génésique des femmes, les relations familiales, la violence faite aux femmes et la situation des femmes dans leur milieu travail. Le point de départ en est la table ronde organisée par le Comité international de bioéthique de l’Unesco sur le thème «Femmes et bioéthique» en 1996. Au sortir de cette rencontre, l’Unesco avait décidé de mettre sur pied un comité de travail chargé de rédiger un rapport sur la condition des femmes dans le monde. C’est ainsi que L. Dennerstein, directrice du Département de psychiatrie de l’Université de Melbourne, qui agissait alors à titre de rapporteuse, a accepté de diriger l’ouvrage. Les premiers textes du recueil mettent en évidence la nouvelle réalité de la femme à partir d’une attention propre à ses besoins suivant les différentes périodes de sa vie : enfance, adolescence, âge adulte et vieillesse. Sur ce large thème, qui concerne autant la démographie, l’histoire, l’éducation ou la nutrition que la médecine, on trouvera surtout des textes qui s’intéressent à la santé génésique des femmes. On utilisera, parfois à bon escient, de nombreuses statistiques et quelques tableaux comparatifs censés dire la vérité sur la situation des femmes. Les articles et les études de cas qui suivent peuvent être regroupés sous le thème de la violence faite aux femmes, qui, certes, prend de multiples expressions. Elle sera notamment physique, psychologique et sexuelle. Une question si délicate aura le bonheur d’être abordée avec sérieux et rigueur dans cet ouvrage. Quelques pages seront aussi consacrées aux différentes facettes de la réalité de la femme mûre et à la santé de la femme au travail. Les sujets traités sont donc variés. C’est que l’ouvrage Droit des femmes et bioéthique espère rejoindre toutes les femmes, peu importe leur âge ou leur condition. À noter que, dans ce livre synthèse des travaux de l’Unesco, la santé des femmes y est mesurée à l’aune des avancées scientifiques et sociales en Europe, en Asie, mais aussi en Océanie, en Afrique et en Amérique, ce qui assure une vision d’ensemble riche, plurielle et actuelle sur la situation des femmes. Or, le premier aspect qui frappera la lectrice ou le lecteur sera de ne pas y voir exposés les problèmes de «bioéthique» en tant que tels, bien que l’ouvrage soit logé, en première et en quatrième de couverture, à cette enseigne. En effet si, au fil de la …