FR:
Les différentes vagues d’immigration qui ponctuent l’histoire canadienne ont toujours comporté un nombre important de femmes venues s’engager comme domestiques. Après la Première Guerre mondiale, la pénurie de ce type de main-d’oeuvre n’ayant cessé de croître depuis le xixe siècle, le gouvernement canadien crée, à l’intérieur du ministère de l’Immigration et de la Colonisation, une division spéciale afin de recruter des femmes d’origine britannique qui acceptent de venir s’établir au Canada comme domestiques. Cette nouvelle structure administrative, composée d’un personnel presque exclusivement féminin, a comme mandat de sélectionner les candidates, puis de les prendre en charge en les surveillant et en les protégeant. Dans cet article, l’auteure démontre que le gouvernement canadien, dans les années 1920, a mis en place une politique fondée sur le « genre » qui lui a permis d’exercer un contrôle sur les domestiques immigrantes et de favoriser, par l’entremise de cette politique restrictive d’immigration qui dirige les femmes immigrantes non accompagnées essentiellement vers la domesticité, le maintien des femmes dans leur rôle traditionnel de ménagères.
EN:
The different waves of immigration marking the history of Canada have always included a significant number of women landing in Canada to be hired as domestic workers. In response to a steadily increasing shortage of this type of worker since the 19th Century, the Government of Canada after the First World War created a special division within the Department of Immigration and Colonization to recruit women of British origin who would agree to settle in Canada as domestic workers. The mandate of this new administration, almost exclusively composed of women, was to select candidates and assume responsibility for watching over them. In this article, the author will show that in the 1920s the Canadian government put into effect a policy founded on “gender” permitting it to exercise control over immigrant domestics and to favour immigration practices which, through the built-in bias of a restrictive immigration policy, directed unaccompanied females towards employment, essentially as household labourers, and this for the purpose of maintaining women in their traditional role as housewives.